1 Une première approche de l’analyse
1.1 C’est quoi l’analyse ?
L’analyse naît dans les années 1600, avec les travaux de Newton et Leibniz entre autres,
mais des idées—surtout de l’intégrale—remontent à Archimède autour de 250 avant J.-C.
Il s’agit d’un des domaines des mathématiques les plus importants, ayant des applica-
tions partout dans les sciences ainsi qu’une influence énorme sur les autres domaines des
mathématiques.
Le concept central de l’analyse est celui de la variation d’une quantité. En science on
s’intéresse souvent à l’évolution d’un système : étant donné sa position initiale comment
prédire son état dans l’avenir ? Évidement les variations—et donc l’analyse—jouent un
rôle primordial. Historiquement, l’analyse était conçu pour mieux comprendre la méca-
nique : les mouvements des planètes, la trajectoire d’un boulet de canon, etc. Plus ré-
cemment l’analyse se retrouve partout. En économie (prix d’un bien), en biologie (taille
d’une population), en écologie (niveau de la mer) ainsi que dans d’autres sciences, on
s’intéresse à des quantités qui évoluent dans le temps et donc à l’étude des variations,
c’est à dire à l’analyse !
Pour définir la variation instantanée d’une quantité qpar rapport au temps t, on considère
d’abord les valeurs q(t)et q(t+h)de la quantité qen deux instants tet t+h. La différence
q(t+h)−q(t)est la variation totale après hunités de temps. La variation moyenne est
donc
V(t, h) = q(t+h)−q(t)
h.(1.1)
Pour trouver la variation instantanée de qen t, on considère la quantité V(t, h)lorsque
hdevient de plus en plus petit. Autrement dit, on prend la limite de V(t, h)lorsque h
tend vers zéro. Si on met simplement h= 0 simultanément dans le numérateur et dans le
dénominateur, on arrive à zéro divisé par zéro, qui n’a pas de sens. On doit donc trouver
une manière plus raffinée de donner du sens à cette limite.
Dans ses début, l’analyse se basait sur l’intuition géométrique. Les premiers analystes
réussirent à résoudre des problèmes spectaculaires, y compris la prédiction de l’orbite
elliptique d’une planète ainsi que la construction des télescopes nécessaires pour vérifier
cette prédiction. En revanche, il a été rapidement reconnu que les mêmes arguments
qui avaient donné ses résultats remarquables peuvent mener à des conclusions complète-
ment absurdes (voir plus tard pour des exemples). Comment donc savoir si on utilisait
correctement les techniques de l’analyse ?
Le problème majeur venait de l’usage des quantités « infinitésimales ». Au début, les
concepteurs de l’analyse traitaient hdans (1.1) comme étant « infiniment petit, » mais
pas zéro. C’est dans l’usage de telles quantités infinitésimales que toutes les erreurs
pouvaient se cacher. Ce n’est que dans les années 1800 qu’un traitement tout à fait
rigoureux (selon les standards modernes) des limites a été développé et que l’analyse a
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