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Revue Marocaine de Rhumatologie
cholesteryl et sont ingérés par les macrophages. Il
s’agit de molécules composées de multiples auto-Ag
qui engendrent la prolifération des Ly T spécifiques et
la production d’autoanticorps.
Des anticorps (Ac) anti-oxLDL sont retrouvés chez
des patients avec une ATS des carotides ou une
coronaropathie. On retrouve également la présence
d’«Ac anti-HSP 60/65». Les HSP 60/65 (Heat shock
protein) sont des molécules chaperonnes impliquées
dans la réparation et l’élimination des protéines altérées
et sont exprimées par les cellules en réponse au stress.
Elles représentent des auto-Ag pour les Ly T engendrant
la réponse immunitaire. La présence d’«Ac anti-bêta 2
glycoprotéine 1» (anti-bêta2GP1) a également été mise
en évidence dans les lésions d’ATS. Le polypeptide
bêta2GP1 joue un rôle dans l’élimination de cellules
apoptotiques et dans l’inhibition de la coagulation. Il
s’agit par ailleurs de l’Ag, cible principale reconnue
par les Ac anti-phospholipides fréquemment observés
dans les maladies auto-immunes systémiques. Ainsi, les
cellules immuno-compétentes et la réponse immunitaire
participent activement au processus menant à la
formation de la plaque d’ATS.
Polyarthrite rhumatoïde et risque cardiovasculaire
Dans l’étude prospective NHS [3] (Nurses health study),
les patients avec une PR avaient un risque d’infarctus
du myocarde plus de deux fois supérieur comparé aux
patients sans PR. Une méta-analyse [4] a indiqué que
le risque de décès associé à une maladie CV pouvait
être jusqu’à 50% plus élevé chez les patients atteints
de PR comparés aux autres, avec un risque de maladie
ischémique et d’événement cérébro-vasculaire tout
aussi élevé. La majeure partie de la mortalité CV est
due à la cardiopathie ischémique, secondaire à l’ATS
coronarienne. Il a été démontré, chez les patients avec
une PR, une prévalence augmentée d’ATS subclinique
avec une incidence plus grande de plaque sur les
artères carotidiennes avec une épaisseur média/intima
augmentée à l’ultrason carotidien.
Mécanismes de l’athérosclérose propres au cours
de la polyarthrite rhumatoïde
L’ATS s’avère accélérée dans la PR par l’accumulation dans
cette pathologie de facteurs de risque cardiovasculaire
(FRCV) traditionnels et d’autres, relativement complexes,
non encore élucidés, faisant attraits à l’inflammation
chronique et à la dysrégulation du système immunitaire
(auto-Ac/Ag, cytokines pro-inflammatoires) .
Facteurs de risque traditionnels
Les patients avec PR présentent une fréquence globalement
augmentée de FRCV traditionnels (hypertension, diabète,
dyslipidémie, tabac, âge, sexe, antécédent familial,
hyperhomocystéinémie). L’hypertension est favorisée
par certains médicaments tels que les stéroïdes ou la
cyclosporine A ou par la pathologie d’organe (néphrite).
Le tabagisme actif est un facteur de risque important
pour le développement de la PR et est associé à une PR
sévère, plus érosive avec plus d’atteintes extra-articulaires.
Les lésions radiologiques sont plus fréquentes chez les
fumeurs [5].
Les patients atteints de PR ont une plus haute prévalence
de syndrome métabolique. D’une part parce qu’ils ont
une activité physique moindre, d’autre part leur profil
lipidique se révèle altéré et pro-athérogène. Le faible taux
de lipoprotéines de haute densité (HDL) montre une forte
corrélation inverse avec les événements CV, même en
présence de LDL basses ou de traitement par statines. Les LDL
petites et denses, forme de LDL associée à une prévalence
accrue de maladies CV [6], sont augmentées au cours de la
PR [7]. Des taux élevés de lipoprotéines A ont été détectés
tout comme des taux élevés de oxLDL circulants.
Inammation et polyarthrite rhumatoïde
Une maladie active, le nombre d’articulations atteintes et
la présence de facteur rhumatoïde sont des FRCV dans la
PR, tout comme l’atteinte extra-articulaire sévère.
Les marqueurs d’inflammation systémiques confèrent un
risque additionnel statistiquement significatif de mortalité
CV aux patients avec une PR, même après avoir contrôlé
les FRCV traditionnels et comorbidités [8]. Ainsi la CRP
apparaît comme un important prédicteur de mortalité
CV dans la PR [9]. Par ailleurs, les taux des cytokines
TNF, IL-6, IL-17 sont également augmentés et ont montré
un rôle prédictif indépendant d’événements CV futurs
[10]. Dans une étude [11] comparant des sujets avec
PR aux cas contrôles, les taux de TNF-α et IL-6 étaient
significativement associés au degré de calcification des
coronaires, indépendamment du score de risque de
Framingham.
Le stress oxydant, associé à l’état inflammatoire, intervient
dans la physiopathologie des maladies CV.
Les radicaux libres de l’oxygène accélèrent la prolifération,
l’apoptose et la migration des cellules vasculaires
musculaires lisses, de même qu’ils modulent la fonction
endothéliale. Les radicaux libres de l’oxygène ont aussi
Le risque cardiovasculaire dans la polyarthrite rhumatoïde