ment car, au moment du diagnostic, le patient vit une période
de révolte et ne serait pas réceptif. Ce n’est pas conforme à
notre expérience. Il nous semble qu’il faut au contraire infor-
mer et éduquer le patient le plus tôt possible pour lui montrer
qu’il est possible de lutter efficacement contre cette maladie
et lui enseigner les éléments qui vont l’aider dans ce combat.
L’éducation vient compléter les données apportées par l’in-
formation sur la maladie, ses aspects cliniques et ses trai-
tements. Il faut éduquer le patient sur le suivi des traitements
médicamenteux généraux et locaux, leur tolérance, leurs effets
secondaires éventuels, sur les traitements chirurgicaux, sur les
techniques d’appareillage et de rééducation. Il faut penser à la
vie quotidienne en lui expliquant différentes astuces pratiques
qui améliorent la qualité de vie (par exemple, douche chaude
le matin pour diminuer la durée de la raideur matinale, pos-
ture anti-flexum pour le genou, comment utiliser les appa-
reillages de repos). L’éducation doit également porter sur les
régimes alimentaires, et cela d’autant plus que certains patients
se soumettent à des régimes sans substratum scientifique
reconnu, aboutissant à des carences graves.
Dans le domaine de la rééducation, kinésithérapeutes et ergo-
thérapeutes jouent un rôle important, non seulement en pre-
nant en charge les patients mais aussi en leur apprenant des
exercices qui luttent contre la raideur articulaire ; il faut les
commencer le plus tôt possible pour prévenir l’enraidissement
(1,13,14).Bien entendu, l’éducation comporte également des
données sur les aides techniques, mais leur prescription doit
être très parcimonieuse. En effet, ces aides, même si elles sont
très populaires, sont souvent beaucoup plus nocives qu’utiles,
car elles aboutissent à une non-fonction articulaire. En pra-
tique, tant qu’il est possible de récupérer une fonction articu-
laire, soit médicalement, soit par des moyens chirurgicaux, il
faut éviter au maximum les aides techniques. Ces dernières ne
doivent donc être conseillées que si la fonction articulaire ne
peut en aucune manière être récupérée (1).
Finalement, l’information et l’éducation doivent permettre au
patient de vivre en bonne intelligence avec sa PR (c’est ce que
les Anglo-Saxons appellent le coping). Les patients bénéfi-
cient d’exercices quotidiens adaptés à leur état articulaire et
doivent savoir comment planifier les périodes de repos ou d’ac-
tivité, surveiller leur traitement et, à la rigueur, modifier la
posologie en fonction de leur état (après avis de leur rhuma-
tologue). Tout cela nécessite évidemment un niveau de
connaissances suffisant qui ne peut être obtenu que par un pro-
gramme d’éducation correctement réalisé.
INFORMATION ET ÉDUCATION SONT-ELLES
UTILES ?
De nombreuses études ont montré que l’éducation du malade
augmente ses connaissances (15, 16, 17). Dans une revue de
la littérature portant sur 34 études, Lorig note une améliora-
tion des connaissances dans 94 % des cas (18). Il a également
été montré (19) que, 6 mois après une période d’information-
éducation, les patients avaient amélioré leurs connaissances
sur la maladie et ses traitements par rapport à une série de
malades témoins. Ces connaissances augmentaient encore
après 12 mois. Dans un travail en cours (20) concernant l’évo-
lution des connaissances des malades atteints de PR pris en
charge dans l’équipe pluridisciplinaire du service d’immuno-
rhumatologie de Montpellier, nous avons montré, en utilisant
un questionnaire de connaissances spécifique à la PR, que la
moyenne de pourcentage de bonnes réponses, initialement de
49,6 ± 23,4 % avant toute prise en charge, passait à 66,5 ± 22,5 %
à la sortie de l’hospitalisation, et qu’elle était de 63,1 ± 24,1 %
à 3 mois et de 69,8 ± 22,1 % à 6 mois. Cette amélioration, sta-
tistiquement significative au cours du temps, intéresse tous les
domaines de connaissance explorés. Des résultats similaires
ont été rapportés par le service de rhumatologie de l’hôpital
Saint-Antoine à Paris (2).
L’éducation semble avoir des effets positifs. La majorité des
études rapportées dans la littérature indique que l’éducation
du patient peut améliorer de façon significative son état de
santé. Ainsi,Lorig (18),reprenant 76 études concernant l’édu-
cation des patients avec différentes modalités, note-t-il que
l’éducation modifie de façon substantielle le comportement
des patients : il signale une augmentation de la réalisation des
exercices d’entretien articulaire dans 79 % des cas, une
meilleure protection articulaire chez 33 % des patients, et une
amélioration de différents indices de mesure comme la dou-
leur, la raideur et la gêne fonctionnelle dans 61 % des cas.
Hirano (21), après avoir revu 45 études, note que l’éducation
du patient apporte un supplément d’amélioration de 15 à 30 %.
En 1993, Lorig (22) a montré qu’un programme d’éducation
permettait de réduire les douleurs de 20 %, de diminuer les
visites médicales de 40 % et aboutissait à une économie sur
4 ans de 648 dollars, ces résultats étant maintenus à 4 ans.
Il y a peu d’études à long terme sur l’effet de l’éducation du
malade atteint de PR. D’après notre expérience, le niveau de
connaissances du malade tend à s’améliorer dans le temps,
mais avec un recul de 6 mois seulement (20). Selon Linroth
(23),les connaissances sont maintenues à 12 mois. Pour Lorig,
l’éducation entraîne une diminution de la douleur et du syn-
drome dépressif, mais la capacité fonctionnelle tend à se dété-
riorer un peu au vingtième mois (22).
CONCLUSION
Information et éducation du patient atteint de PR font partie
intégrante de la prise en charge de ce type de maladie. Le rhu-
matologue occupe ici une place de choix. Il faut prendre le
temps d’informer et d’éduquer les patients. Une information
et une éducation bien conduites améliorent les connaissances
des malades et sont susceptibles de modifier le comportement
de ces derniers vis-à-vis de leur PR. Dans les formes sévères,
La Lettre du Rhumatologue - n° 274 - septembre 2001
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MISE AU POINT
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