D. Das sa, et al.S174
Anti- convulsivants
Valproate
Le valproate est une molécule qui a prouvé son efÀ cacité dans
les épisodes maniaques [20] mais aussi dans les états mixtes.
L’étude de Freeman et al. [21] comparant en double
aveugle lithium et valproate a montré une réponse théra-
peutique pour les deux molécules avec une supériorité du
valproate sur les symptômes dépressifs des états mixtes.
L’étude de Swann et al. [22] montre une supériorité
thérapeutique du valproate sur le lithium dans le sous- type
irritable des états maniaques.
Ainsi, il semble exister un certain consensus quant à
l’efÀ cacité thérapeutique du valproate dans les états mixtes
et à son effet antidépresseur.
Cependant, il n’y a pas eu, jusqu’à présent, d’études
spéciÀ ques permettant d’établir des recommandations
pour la prévention de la rechute des états mixtes avec le
valproate [23].
EnÀ n, comme pour le lithium, Atamca [24] montre l’effet
neuroprotecteur et neurotrophique du valproate dans le
trouble bipolaire.
Carbamazepine
Une étude de 2004 [25], multicentrique, sur 3 semaines, en
double aveugle, contre placebo, a évalué la carbamazépine
à libération prolongée en monothérapie chez 30 patients
souffrant d’état mixte.
L’état mixte, comme dans la plupart des études, a été
évalué avec l’échelle de Hamilton pour les symptômes
dépressifs et l’échelle de Young pour les symptômes
maniaques.
Les patients traités par carbamazépine ont montré une
diminution signiÀ cative des scores à l’échelle de Young
(symptômes maniaques) mais pas de diminution à l’échelle
de Hamilton (symptômes dépressifs).
Il est intéressant de noter que lorsque le traitement a
été poursuivi pendant six mois [26], il y a une diminution
signiÀ cative des scores à l’échelle de dépression alors que
les scores à l’échelle des symptômes maniaques restent au
niveau atteint au bout de trois semaines.
Ainsi, ces études semblent indiquer que la carbamazépine
à action prolongée pourrait être utilisée dans la stabilisation
des états mixtes, d’avantage que dans les phases aigues.
Dans l’étude de Greil et al. [27], randomisée, pros-
pective, multicentrique, comparant carbamazépine et
lithium sur une période de deux ans et demi et comprenant
36 patients souffrant d’état mixte, on observe une tendance
statistique non signiÀ cative en faveur de la carbamazépine
comme traitement prophylactique.
En résumé, il semble que, dans les états mixtes, la
carbamazépine soit davantage un traitement prophylactique
qu’un traitement des phases aigües [11].
Aujourd’hui, une seule molécule ne peut répondre à
l’ensemble de ces exigences et la polythérapie est le plus
souvent la règle dans le traitement des états mixtes.
On observe également que les traitements convention-
nels de la manie et de la dépression ne sont pas toujours
efÀ caces dans les états mixtes et peuvent même en aggraver
les symptômes.
Il existe peu d’études dédiées exclusivement à l’évolu-
tion d’une population souffrant d’état mixte ; on peut citer
l’étude de Houston et al. de 2009 [12].
Les études sur le traitement des épisodes mixtes inté-
ressent le plus souvent un sous- groupe ou sont une analyse
post- hoc d’études qui incluent à la fois épisodes maniaques
et mixtes [13,14].
Traitements étudiés
Lithium
Les études au sujet du traitement des états mixtes par le lithium
ont l’inconvénient de comporter un faible nombre de patients.
L’idée généralement admise est que les épisodes mixtes
ne relèvent pas d’un traitement par lithium seul et que
l’association avec un autre traitement thymo- régulateur
doit être discutée au cas par cas [10].
En dépit du fait que les états mixtes répondraient moins
bien au lithium qu’au valproate, il y a, de façon surprenante,
peu d’études sur ce thème [15].
L’étude de Keck et al. de 2009 [16], montre que le lithium
est aussi efÀ cace que l’aripiprazole dans le traitement des
états mixtes et que le lithium atténue l’impulsivité, la
suicidalité et la symptomatologie dépressive et pourrait
ainsi être indiqué pour certains symptômes des états mixtes.
Une étude de Muti et al. [17] montre que les patients
mixtes ayant une lithémie supérieure ou égale à 0,60 Meq/l
ont un taux plus élevé de rémission et une amélioration de
la symptomatologie supérieure aux autres patients.
En outre, les patients bénéÀ ciant de l’association lithium-
valproate ont davantage d’amélioration des symptômes
mixtes, anxieux et psychotiques que ceux qui ont reçu une
monothérapie par lithium. L’étude retrouve également qu’en
association avec le valproate, des taux sanguins de lithium
compris entre 0,4 et 0,6 Meq sont sufÀ sants pour maintenir
un effet thérapeutique.
Muzina [18] montre en 2009 qu’une association du lithium
avec un autre thymo- régulateur peut être envisagée en cas
de résistance chez les patients souffrant d’état mixte.
EnÀ n, l’étude de Moore et al. [19], inspirée des études
sur l’animal montrant un effet neurotrophique et neuro-
protecteur du lithium, et s’appuyant sur l’imagerie par
résonnance magnétique, sur une population de dix patients
traités par lithium, retrouve une augmentation de la
substance grise cérébrale dès la quatrième semaine de
traitement.