Clinique des manies mixtes S147
les scores d’anxiété au cours des états mixtes, sont corrélés
positivent, de façon robuste, à ceux des facteurs psychotique
et dysphorique [5,17-19].
Au total, le pronostic est moins bon que dans les autres
formes d’états thymiques aigus d’autant que la réponse
médicamenteuse est plus difÀ cile à obtenir, les intervalles
libre plus courts et le retentissement fonctionnel plus
important [17,20-22].
Conclusion
Les manies mixtes, qui apparaissaient jusqu’alors dans la
littérature dans le champ des états mixtes, bénéÀ cient dans
la dernière version du DSM d’une critériologie spéciÀ que.
En dehors de cette actualité, de nombreux éléments
issus d’approches dimensionnelles sont individualisés, en lien
avec la présentation clinique spéciÀ que de la mixité. Celle- ci
implique les notions de sévérité, d’éléments psychotiques,
anxieux et dysphoriques conduisant souvent à des erreurs
de diagnostic, de comorbidités plus nombreuses, d’un risque
suicidaire élevé, de rechutes plus fréquentes, d’une réponse
au traitement moins bonne.
La nouvelle approche du DSM- 5 est globalement plus
ouverte que la précédente, et permet de mieux colorer
la catégorie de sa présentation clinique. Les prochaines
études utilisant cette nouvelle grille pourront, si la validité
des critères est bonne, permettre d’élaborer des stratégies
thérapeutiques plus afÀ nées [1,23].
Liens d’intérêts
Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt pour cet
article.
Références
[1] Angst J, Gamma A, Clarke D, et al. Subjective distress predicts
treatment seeking for dépression, bipolar, anxiety, panic, neu-
rasthenia and insomnia severity spectra. Acta Psychiatr Scand
2010;122:488-98.
[2] Angst J. Bipolar disorders in DSM- V: strengths, problems ans
perspectives. Int J of Bipolar Disord 2013;1:1-3.
[3] Henry C, M’Bailara K, Desage A et al. Towards a reconceptua-
lization of mixed states, based on a reactivity dimensional
model. J Affect Disord 2007;23:35-41.
[4] American Psychiatric Association. Diagnostic and Statistical
Manual of Mental Disorders. 5th ed (DSM5): Washington, DC:
American Psychiatic Association 2013.
[5] Pacchiarotti I, Mazzarini L, Kotzalidis GD, et al. Mania and
depression. Mixed, not stirred. J Affect Disord 2011;133:105-13.
[6] Bertschy G, Gervasoni N, Favre S, et al. Phenomenology of
mixed states: a principal component analysis study. Bipolar
Disord 2007;9:907-12.
[7] Swann AC, Moeller FG, Steinberg JL, et al. Manic symptoms
and impulsivity during bipolar depressive episodes. Bipolar
Disord 2007;9:206-12.
introduit une certaine part proportionnelle de clinique
dimensionnelle, fragmentant le continuum en catégories
plus ouvertes, plus À nes, et donc plus prometteuses.
Approche dimensionnelle
Au- delà de l’actualité catégorielle, l’entité clinique de
manie mixte ou d’état mixte a été explorée par de nom-
breuses équipes. Certaines se sont intéressées à différentes
dimensions, pour partie communes, et ont fait émerger des
symptômes ou cohortes de symptômes, ou de dimensions
assorties d’une validité clinique incontestable.
Trois principales contributions sont évoquées ci- dessous.
• La dimension dysphorique de Bertshy. Qui associe trois
symptômes fondamentaux déÀ nissant la dysphorie :
Tension interne, Impulsivité et Irritabilité [6].
• L’index de mixité de Swann : cet index, déÀ ni à partir
de plusieurs variables cliniques de mixité, est corrélé
positivement aux scores d’anxiété et de psychose lors
d’un épisode [7].
• La notion de réactivité émotionnelle développée par Henry,
en particulier des liens entre l’hyper réactivité émotion-
nelle et la composante maniaque de la mixité [8,9].
Épidémiologie et clinique
Globalement, un état mixte est un tableau schématiquement
sévère. Sévère dans sa présentation et potentiellement dans
son évolution.
Compte tenu de la grande inhomogénéité des critères
retenus et de la disparité des seuils de déÀ nition, les données
épidémiologiques et cliniques sont parfois très différentes.
Elles sont dans la plupart des cas cependant orientées dans
la même direction [5].
La prévalence est estimée en moyenne à 31 %, elle est
comprise selon les études entre 7 % et 66 %, cette importante
différence est directement liée à la plus ou moins grande
ouverture des critères diagnostiques utilisée [10].
Leur fréquence est signiÀ cativement supérieure chez la
femme, avec des résultats plus homogènes de 63 % à 67 %
des cas [8,11].
L’âge de survenue d’un premier épisode est généralement
admis comme plus précoce, de plus, la survenue d’un état
mixte antérieur augmente signiÀ cativement le risque d’en
présenter un ultérieurement [12,13].
La présence de comorbidités est fréquente, prin-
cipalement addictives et anxieuses, elles grèvent le
pronostic [11,14].
Les rechutes sont plus fréquentes [15].
Le risque suicidaire est élevé [3,16].
Sur le plan strictement symptomatique, la mixité, est
souvent associée à des éléments psychotiques ainsi qu’à un
niveau d’anxiété élevé [17]. Ce noyau anxieux, du moins