S14 Recommandations de la SFCD
si l’intervalle des réponses empiète sur une borne (par •
exemple intervalles [2 à 4] ou [6 à 8]), il existe un accord
qualifié de « relatif » entre les membres du GC ;
en cas d’étalement des réponses sur l’ensemble des 3 zones •
ou de réponses comprises dans les 2 zones extrêmes [1 à
3] et [7 à 9], il existe un désaccord entre les membres du
GC sur le caractère approprié d’une proposition.
Un désaccord entre les experts (étalement des réponses sur
les 3 zones) nous amenait à modifier la recommandation
en fonction des commentaires des experts d’autant que
le niveau de preuves dans la littérature était faible. Cette
situation est d’ailleurs illustré par les recommandations sur
la place de la chirurgie cœlioscopique où la phrase « il est
recommandé de … » a été remplacée par « il est recommandé
de faire des essais randomisés afin d’évaluer les mesures
suivantes » (cf. plus loin).
Vingt-quatre experts sur 40 du GC ont répondu, soit un
taux de réponse de 60 %. Pour l’ensemble des recommanda-
tions, aucune valeur médiane des scores des experts n’était
en dessous de 7. En plus du grade de recommandation, le
consensus formalisé d’experts est noté à la fin de chaque
recommandation.
Seules les recommandations sur les tumeurs stromales
n’ont pas fait l’objet d’un CFE puisqu’elles reprennent in
extenso le texte des recommandations publiées par les
Sociétés européenne (ESMO) et française (Groupe Sarcome
Français-GETO).
Enfin le texte court des recommandations était envoyé à
trois associations de patients pour validation dans le cadre
d’une demande de label INCa-HAS. Une association n’a pas
donné suite. Une association (HNPCC-France et Fédération
des Stomisés de France - FSF) a répondu par l’intermédiaire
de son président (Mr M. Humbert, Rennes) qu’elle n’était pas
compétente pour donner un avis sur ces critères très tech-
niques. Enfin APOGEE (Association d’Aide Psychologique aux
Patients en Oncologie pour Guérison Et Etudes) contactée par
l’intermédiaire de son président Mr B. Bessière n’a répondu
dans les délais impartis.
Chirurgie carcinologique, volume opératoire
et spécialisation
La chirurgie garde une place prépondérante dans la stratégie
thérapeutique, souvent multidisciplinaire, de la plupart des
cancers digestifs. La qualité des techniques chirurgicales est
par conséquent l’une des garanties nécessaires pour obtenir
de bons résultats à court et à long terme. De façon de plus en
plus factuelle dans la littérature, la qualité de ces résultats
semble corrélée d’une part au nombre de patients opérés
par centre ou par chirurgien, et d’autre part à l’expérience
et à la spécialisation du chirurgien.
L’influence positive de l’effet volume sur la qualité des
résultats est suggérée dans la littérature à la fois de façon
générale quel que soit l’organe traité [1] ou de façon plus
spécifique par organe, pancréas [2-9], œsophage [2,3,10-16],
estomac [3,10,16-18], foie [2,16,19-21], côlon et rectum
[2,22-57] (Niveau de preuves - NP 3). Toutes les études sur
ce sujet ne sont pas concordantes puisque certaines ne mon-
trent aucune relation entre le volume de patients opérés par
centre ou par chirurgien et les résultats à court et long terme
pour les cancers colorectaux [2,31,37,38,40,41,44,46-55],
du pancréas [16], de l’œsophage [21,58], du foie [21] et de
l’estomac [59]. On relève également dans ces études une
grande hétérogénéité des seuils utilisés : pour les cancers
colorectaux, les seuils annuels varient de 7 à 61 par an pour
les centres dits à « bas débit » et de 18 à 201 pour les centres
dits à « haut débit [56,57] ; pour les cancers gastriques, les
seuils annuels varient de 6 à 30 patients par an. L’importante
variabilité des seuils utilisés par type d’organe dans ces arti-
cles, ne permet pas de définir un seuil minimal de patients,
critère qui n’est pas, en lui même, garant d’un résultat de
qualité. Par ailleurs, ce critère ne saurait être applicable
qu’à la chirurgie pour cancer en excluant les mêmes gestes
effectués pour des pathologies bénignes.
À la suite des travaux réalisés dans le cadre du plan
cancer, un seuil d’activité annuel minimale par structure
de soin a été défini et publié dans l’arrêté ministériel du 29
mars 2007 (article R. 6123-89 du code de la Santé publique).
Pour notre spécialité, ce seuil a été fixé à 30 patients opérés
quel que soit l’organe, seuil en deçà duquel, hors urgence,
le centre n’a pas l’autorisation d’opérer un patient pour
cancer.
La spécialisation et l’expérience du chirurgien sont
également des facteurs influençant la qualité des résultats
du traitement chirurgical [1,10,56,57,60-63] (NP 2). La
prise en compte de ce critère est difficilement applicable
puisque la définition de la spécialisation est variable d’un
pays et d’un continent à l’autre [1,55,60,64]. Ce critère est
inapplicable en France puisque cette notion de spécialisation
par organe n’a jamais été définie ni pour le chirurgien ni pour
la structure de soin.
De nombreux arguments dans la littérature montrent que
l’équipe chirurgicale et le chirurgien ont une influence sur
les résultats de la chirurgie pour cancer. L’objectif de ces
recommandations est de servir de référence aux chirurgiens
et leur permettre de vérifier que leurs pratiques chirurgicales
soient conformes aux recommandations.
Cancer et chirurgie cœlioscopique
Argumentaire
La place de la voie d’abord cœlioscopique dans le traitement
des cancers digestifs a déjà fait l’objet de recommandation
de pratique clinique par la Commission d’évaluation [65]
et ne sera pas discutée ici. Nous rappellerons simplement
certaines règles ayant fait l’objet d’évaluations cliniques
afin de prévenir le risque de dissémination péritonéale et
de greffe pariétale sur les orifices de trocarts ou au niveau
du site d’extraction de la pièce opératoire. Ces règles ont
été établies à partir des mécanismes présumés des greffes
tumorales mais aucune n’a fait l’objet d’une étude rando-
misée (NP 3-4).
Recommandations
Il est recommandé de faire des essais contrôlés
randomisés afin d’évaluer les mesures suivantes :
1 - éviter toute manipulation tumorale avec les
instruments [66-69] ;
2 - faire une incision d’extraction suffisamment large
pour éviter tout contact de la tumeur avec les 3 - berges
de l’incision [66,68,69-73] et protéger de la paroi avec
une jupe ou extraire la pièce opératoire dans un sac
[66,68,69,72-74] ;