MODELES COGNITIFS, EVALUATION
I- Définition de la cognition
la cognition est le fait de connaître (connaître, appréhender le monde extérieur avec les informations qu’il contient
mais également le monde intérieur, i.e. le sujet lui-même, qui émane de notre organisme souvenirs, émotions,
sensations…) et de reconnaître (connaître à nouveau, être capable de s’apercevoir qu’il a déjà été en contact avec
des informations qu’il voit une deuxième fois)
la conscience fait partie de la cognition (connaître) (puisque pour connaître il faut avoir un état de conscience qui
permet des activités contrôlées par la volonté, ~écran de l’ordinateur sur lequel va s’afficher des informations
permettant de traiter les informations en temps réel et susceptible d’affecter la conscience, permet l’adaptation à
l’environnement du sujet)
la mémoire fait partie de la cognition (reconnaître, pour stocker les informations puis les ressortir et les afficher sur
l’écran de l’ordinateur)
II- La conscience
les neurosciences (=domaine très important et en expansion) offrent aux approches neuropsychologiques
modernes les ressources des nouvelles techniques d'imagerie cérébrale pour étudier les structures et l'activité
(idéographie = représentation sous forme de graphe d’une ou plusieurs parties de structures cérébrales en activité,
capacité de visualiser les étapes du traitement cognitif ou de la pensée elle-même, en temps réel) consciente ou
inconsciente du cerveau, normale ou pathologique (à la suite de traumatismes ou de dysfonctionnement)
au sein des neurosciences, l'intelligence artificielle propose une simulation informatique des opérations mentales,
sans recourir à la prise de conscience (car on ne peut pas parler de conscience pour un ordinateur) (Johnson-Laird,
1983)
caractéristiques des organismes doués de bioconscience :
-fonctionnement autonome (=indépendant de l’environnement)
-capacité d'auto-construction (= capacité de synthèse protéique membranaire et des systèmes pour développer les
échanges synaptiques, les connections du neurone avec d’autres cellules pour mieux interagir => si atteinte du
« circuit cérébral » il peut en résulter un déficit cognitif important)
-moyens d’autodéfense
-possibilité de maintenir une homéostasie (car si elle est rompue, il peut en résulter des troubles du fonctionnement,
maintien d’un équilibre métabolique)
-lutte contre le désordre thermodynamique = autopoïèse (encadrement du désordre thermodynamique)
présence au monde = « awareness » (Tulving, 1972)
-= état d'alerte généralisée
- attention focalisée
présence à soi = « self-awareness », en rapport avec la mémoire (c’est l’être à soi-même → on se reconnaît et se
construit à partir de ses souvenirs de soi => reconnaissance de soi-même) (Tulving, 1972)
attention focalisée = présence à l'événement dans laquelle le sujet manifeste une vigilance attentive témoignant
d'une présence sélective à l'événement, accessible à la conscience (focalisation sur un ou plusieurs stimuli, les
sortant du bruit de fond, qui permet d’accéder à une information)
composante attentionnelle = associée au plan d'action (planification des actions, activation de la volonté/volition,
succession d’ordres établis dans une séquence ordonnée, sous forme de petits programmes moteurs => coordination),
composantes dispositionnelles de nos activités (qui existent avant l’action, dispositions mentales, personnalité ;
ex : « je ne suis pas du matin »)
conscience réflexive = associée au traitement cognitif sur des données stockées en mémoire conscience
perceptive
III- La perception
permet d'appréhender le monde à partir des organes des sens : vision, audition, sens tactile, odorat, sens gustatif
permet d'entrer en relation avec le monde extérieur
sous-tendue par des processus physico-chimiques et neurologiques
seul le résultat de la perception est conscient
permet de donner une interprétation de la réalité objective qui fait intervenir la personnalité de l'individu
(composantes dispositionnelles)
•met en jeu l'attention
permet de concevoir le monde organisé par rapport à notre corps mais de manière autonome
Gestalt-théorie = psychologie de la forme dont sont issues les lois de la perception
les éléments isolés (saisis par l’individu →goût, aspect…) sont structurés par le sujet et organisés en forme (=
système perceptible) => organisation de divers stimuli en un tout
toute perception d'une forme implique la perception d'une signification
toute forme incomplète est réorganisée pour être cohérente (en forme qui va donner du sens)
perception explicite perception implicite qui ne fait pas intervenir la conscience (par exemple la perception
subliminale = perçu par le cerveau inconsciemment)
processus attentionnels constituent (Logan et Cowan, 1984 ; Schneider et Schiffrin 1984) des concepts
étroitement associés à la prise de conscience, mais il serait possible d'accéder directement au processeur central
sans intervention du système attentionnel (Posner, 1980, Hollender 1986 ; Dickson 1971) comme par exemple dans
les phénomènes de perception subliminale
schèmes perceptivo-moteurs (=séquences entre perception et réponse motrice) sous-tendent l'action (ordonnent
en temps réel les actions, coordonnent la perception et l’action pour réaliser un but)
désignation établit une distance entre le sujet et l'objet et fonde l'existence de l'autre (différence entre soi et le
reste du monde le prof n’est pas une pomme, ni une poire ^^– ex : le bébé n’a pas conscience que son pied est le
sien)
espace corporel (= représentation du corps) fondé sur la proprioception (informations qui donnent la position des
composants du corps), les afférences vestibulaires (pour l’équilibre, les otolithes petits cristaux appuient sur des
récepteurs grâce à la gravité et renseignent alors le cerveau pour lui dire que la tête est en haut), les mouvements du
corps sur le corps (ex : on peut toucher notre menton alors qu’on ne le voit pas)
-espace juxta corporel fait intervenir le contact, la vision proche, les actions de préhension
-espace extra corporel fait intervenir la vision de loin, l'audition et l'action de visée
-espace conceptuel issu de la perception immédiate, l'image du corps en est la référence implicite
IV- L’attention
•permet la vigilance maintient le système nerveux central à l'affût des stimuli, et les dégage du bruit de fond,
des afférences selon leur signification pour l'organisme
permet de trier les stimuli issus du monde extérieur, du monde intérieur et de la mémoire (en écartant les
informations non pertinentes)
•permet de concentrer l'activité du système nerveux central sur un domaine particulier en privilégiant la
perception d'une modalité sensorielle
se situe entre perception et action => intervient dans la prise de conscience et dans la mise en mémoire
comporte une composante tonique (être attentif) et une composante phasique (faire attention)
attention dirigée (vers un stimulus) et sélective attention tonique (alerte générale)
V- Les fonctions exécutives
interviennent dans la mise en action en se situant à l'interface entre le cerveau et la réalisation d'une action ou
d'une perception
permettent de gérer les informations traitées dans l'exécution d'une tâche (feedbacks)
dépendantes du lobe frontal
•la vitesse de traitement de l'information est une fonction exécutive
•la mémoire de travail (= mémoire à capacité limitée, mémoire à très court terme pour gérer les informations en
temps réel) intervient dans le système exécutif
Le modèle d'Oakley 1985
-premier niveau : vigilance simple (ou "simple awareness") inclut la réactivité comportementale primaire de notre
description dans ce qu'elle implique de prédisposition sensori-motrice innée (reflex system = cerveau reptilien,
système homéostatique) + certaines formes d'adaptation acquises par apprentissage associatif de type Pavlovien
(système associatif) réalisables aux étages sous corticaux du système nerveux
-second niveau : états de conscience proprement dit (conscience), basés sur les modèles internes de
l'environnement qui se constituent dans les mémoires représentationnelles du système cognitif (système
représentationnel) (cortical)
-troisième niveau : intervention de la conscience de soi (self awareness) avec ce qu'elle apporte de capacité d'auto-
observation, d'autocontrôle et d'intentionnalité dans le choix des objectifs de l'action (système de re-
représentation) (cortical)
Le modèle de Norman et Shallice 1986-1988
-introduit l'intervention d’une opération de contrôle par un superviseur
-au niveau de ses entrées (informations sensorielles) : dispositifs spécialisés de filtrage des informations (structures
sensorielles perceptives) de type module Fodoriens
-second niveau : répertoire de programmes d'activités mentales ou motrices (schémas) dont l'agenda
d'intervention (contention scheduling) sera déterminé par sélection des déclencheurs appropriés (Trigger Data
base)
-troisième niveau : système de supervision (supervisory system) dont la fonction est d'opérer la mise en œuvre et la
révision éventuelle de l'agenda des opérations mentales (psychological processing structures) supposées conduire
à l'atteinte des objectifs fixés
-quatrième niveau ferait intervenir deux systèmes subsidiaires, un système de codage symbolique (language
system) et une mémoire épisodique (episodic memory) dont l'intervention serait requise en association avec
l'activité des autres niveaux pour l'émergence d'une expérience consciente
.
Entrées 5 sens
filtrage des informations déclenche
(module Fodoriens) le traitement
de l’information
schèmes = petits programmes moteurs
Episodic
memory
Language
system
atteinte des
objectifs fixés
émergence
d’une expérience
consciente
Le modèle d’Edelman 1989 (modèle évolutionniste)
-se réfère à un darwinisme neuronal qui relève d'une morphogénèse génétiquement programmée (sélection
naturelle)
-se traduit par la constitution d'un répertoire primaire de groupes neuronaux résultant des processus
développementaux de différenciation histo-génétique (différenciation développementale) et dont le code
initialement dégénéré élargit les capacités d'accueil des informations afférentes
-par le jeu des activités contingentes et des convergences d'informations covariantes se constitue un répertoire
secondaire de groupes neuronaux (sélection de groupes neuronaux), notamment dans les aires primaires
corticales
-ces groupes deviennent d'abord le support de la catégorisation perceptive par appariement des catégories de
valeurs de convenance biologique qui régissent les comportements fondamentaux en assurant la survie de
l'individu et de l'espèce
-ces catégorisations perceptives vont progressivement se trouver affectées d'un label de signification affective ou
symbolique (Edelman l'assimile à une indexation conceptuelle, intégrée dans des cartographies globales)
-de cette indexation des percepts naissent les systèmes de valeurs chapotant la conscience primaire non verbale
que peuvent partager l'animal et l'homme
-c'est le symbolisme du langage qui chez l'homme socialisé enrichirait les capacités de catégorisation conceptuelle
et permettrait l'émergence d'une conscience d'ordre supérieur
CONCLUSION
•le modèle cognitif du fonctionnement psychique fait intervenir des travaux de psychologie expérimentale ainsi que
les avancées des techniques d’imagerie cérébrale et d’intelligence artificielle
•le défi est de proposer des hypothèses d’architecture et de fonctionnement des fonctions cognitives validables
expérimentalement chez l’homme normal et en pathologie aussi bien qu’en psychopharmacologie
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