Notions de base : Nombres, Structures et Fonctions

Chapitre 1
Notions de base : Nombres,
Structures et Fonctions
Dans ce chapitre, nous passons en revue les propri´et´es ´el´ementaires des en-
sembles des nombres naturels, entiers, rationnels, r´eels et complexes avec lesquels
nous travaillerons en analyse et en sciences.
Notions `a apprendre. Ensembles et op´erations bool´eennes, relations et fonc-
tions, fonction indicatrice, relation d’´equivalence et ensemble quotient, les en-
sembles N,Z,Q,R, axiomes, supr´emum, infimum, ensembles ouverts et ferm´es,
l’int´erieur, le bord et l’adh´erence d’un ensemble, point isol´e, point adh´erent et
point limite d’un ensemble, valeur absolue, fonction r´eelle, C, formule d’Euler,
formule de De Moivre.
Comp´etences `a acqu´erir. Maˆıtriser le calcul avec des fonctions ´el´ementaires,
faire une d´emonstration par r´ecurrence ou par l’absurde, d´eduire des relations
simples `a partir des axiomes, comprendre et savoir appliquer les notions ci-
dessus aux exemples, calculer avec le symbole d’une somme ou d’un produit fini,
comprendre la signification de la valeur absolue dans R(resp. du module dans
C), savoir r´esoudre des in´equations et appliquer les in´egalit´es dans les nombres
r´eels, calculer les racines d’un nombre complexe, r´esoudre une ´equation de degr´e
2 `a coefficients complexes, r´esoudre une ´equation de degr´e 3 `a l’aide de la formule
de Cardan et sa g´en´eralisation, comprendre l’interpr´etation g´eom´etrique des
op´erations alg´ebriques et des applications lin´eaires dans C.
1.1 Ensembles et Fonctions
1.1.1 Ensembles et sous-ensembles
Un ensemble Eest une collection d’objets appel´es ´el´ements. Si aest un
´el´ement de E, on dit que aappartient `a Eou que Econtient a, et on note
aE. Si an’est pas un ´el´ement de E, on note a /E. Si les ´el´ements a, b, . . .
forment l’ensemble E, on note E={a, b, . . .}. Un ensemble Epeut avoir un
nombre fini ou infini d’´el´ements. L’ensemble vide, not´e { } ou , n’a aucun
´el´ement. L’ensemble Eest un sous-ensemble (on dit aussi partie) de l’ensemble
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CHAPITRE 1. NOTIONS DE BASE 6
Fsi chaque ´el´ement de Eest un ´el´ement de F. On note EF. Si EFet
FE,Eet Fcontiennent les mˆemes ´el´ements. On note E=F. On a toujours
∅ ⊂ E. A partir d’un ensemble Eet ses sous-ensembles, on peut d´efinir un
ensemble P(E) contenant l’ensemble Eet ses sous-ensembles. On appelle P(E)
l’ensemble des parties de E.
Exemple. Noter que {a, b}={b, a}(un tel ensemble est appel´e aussi une
paire) mais {a, b} ̸={{a},{b}}. Si E={a, b}, alors P(E) = {∅,{a},{b},{a, b}}.
Exemple. Si aE, alors {a} ⊂ Eet {a} ∈ P(E).
1.1.2 Op´erations bool´eennes
Si Eet Fsont des ensembles, on d´efinit la eunion de Eet de Fcomme
l’ensemble des ´el´ements appartenant `a Eou `a F:
EF={x:xEou xF}
On d´efinit l’intersection de Eet de Fcomme l’ensemble des ´el´ements qui ap-
partiennent `a Eet `a F:
EF={x:xEet xF}
Si Eest un sous-ensemble de F, on d´efinit le compl´ementaire de Edans F
comme l’ensemble des ´el´ements de Fqui ne sont pas des ´el´ements de E:
Ec=F\E={x:xFet x /E}
Plus g´en´eralement, si Sest un ensemble et E, F Son d´efinit la diff´erence de
Eet Fpar :
F\E={x:xFet x /E}=FEc
o`u Ecd´esigne le compl´ementaire de Edans S:Ec=S\E.
Tableau : Propri´et´es des op´erations bool´eennes
Commutativit´e EF=FE E F=FE
Associativit´e D(EF)=(DE)F D (EF) = (DE)F
Distributivit´e D(EF) = (DE)(DF)
D(EF) = (DE)(DF)
Lois de De Morgan (EF)c=EcFc(EF)c=EcFc
CHAPITRE 1. NOTIONS DE BASE 7
1.1.3 Une premi`ere description d’ensembles de nombres
On d´esigne par Nl’ensemble des entiers naturels ou nombres naturels
N:= {0,1,2, . . .},
(o`u ”:=” signifie ”est d´efini par”), Zl’ensemble des entiers
Z:= {. . . , 2,1,0,1,2, . . .},
Ql’ensemble des nombres rationnels
Q:= {p
q:p, q Z, q ̸= 0}
et Rl’ensemble des nombres r´eels. On a les inclusions suivantes :
∅ ⊂ NZQR.
Pour donner une caract´erisation simple de Qet de R, nous passons par le
d´eveloppement d´ecimal :
Proposition 1.1.1. Un nombre r´eel est rationnel si et seulement si son d´eveloppement
ecimal devient p´eriodique.
Ici on applique la convention que, par exemple, 0.25 = 0.250.
emonstration. Exercice.
Exemple.
41
70 = 0.5857142,0.5857142 = 5
10 +857142
9999990 =41
70,
1
17 = 0.0588235294117647,0.0588235294117647 = 588235294117647
9999999999999999 =1
17,
π= 3.141592653589793238462643 . . . ,
e= 2.718281828459045235360287 ...
On note ´egalement Z+={1,2, . . .}(ou N) l’ensemble des entiers (stricte-
ment) positifs. Evidemment
Z+N,Z+∪ {0}=N.
Le compl´ementaire de Z+dans Nest {0}.
1.1.4 Ensemble produit cart´esien.
Soit E, F deux ensembles. On d´efinit le produit cart´esien de Eet de Fcomme
l’ensemble des couples (x, y) o`u xEet yF:
E×F={(x, y) : xEet yF}.
De mˆeme, on d´efinit le produit cart´esien des nensembles (Ei)1in:
E1×. . . ×En={(x1, . . . , xn) : x1E1, . . . , xnEn}.
Si Ei=Epour tout i, on note Enle produit cart´esien des Ei.
CHAPITRE 1. NOTIONS DE BASE 8
Attention : noter que couple et paire sont des notions diff´erentes et donc
E×F̸=F×E.
Relations, Relation d’´equivalence. Nous pouvons interpr´eter tout sous-
ensemble de E×Fcomme une correspondance ou une relation entre les ´el´ements
de Eet de F. En particulier, si E=F, tout sous-ensemble RE×Eest
appel´e une relation sur E. Les signes ”=” ou ”” sont des exemples de relations
dans les ensembles N,Z,Q,R(voir 1.2). On a besoin des relations d’´equivalence
pour d´efinir formellement les ensembles Z,Q,R(voir 1.4 et 1.5). L’objectif est
de classer les ´el´ements de Esuivant leurs types. RE×Eest une relation
d’´equivalence, not´ee xypour (x, y)Rsi elle a les propri´et´es suivantes :
1. xxpour tout xE(reflexivit´e),
2. xyimplique yx(sym´etrie),
3. xyet yzimpliquent xz(transitivit´e).
L’ensemble [[x]] := {yE:yx}est appel´e la classe d’´equivalence de x. On a
[[x]] = [[y]] si xyet x[[x]] est appel´e un repr´esentant de la classe d’´equivalence
[[x]]. L’ensemble quotient, not´e E/est l’ensemble des classes d’´equivalence. La
relation donn´ee par le signe ”=” d´efinit toujours une relation d’´equivalence.
Exemples
1. Sur des entiers naturels on introduit une classe d’´equivalence par la re-
lation ”avoir la mˆeme parit´e”. Les classes d’´equivalence sont les nombres
pairs et les nombre impairs pour lesquels on choisit les repr´esentants 0 et
1. Alors 0 2, 1 5, et l’ensemble quotient est donn´e par {[[0]],[[1]]}. Pour
faciliter la notation, on identfie souvent toute classes d’´equivalence avec
son repr´esentant priviligi´e. Avec cette convention, l’ensemble quotient est
donn´e par {0,1}.
2. Sur Z, on introduit une classe d’´equivalence par la relation ”avoir le
mˆeme carr´e”. Les classes d’´equivalence sont donn´ees par [[0]] := {0},[[1]] :=
{−1,1}, [[2]] := {−2,2}etc. On peut identifier l’ensemble quotient avec N.
1.1.5 Fonctions
Application ou fonction. Une correspondance qui `a tout ´el´ement xE
associe un ´el´ement yFest appel´ee une application ou encore une fonction de
Edans Fet on la note par f:EF. Pour indiquer que f(x) est l’´el´ement
de Fassoci´e `a x, on utilise la notation x7→ f(x). On dit que f(x) est la
valeur de fau point xou l’image de xpar f. On appelle Ele domaine de
efinition 1et Fl’ensemble d’arriv´ee de f. Le sous-ensemble de Fdonn´e par
f[E] := {f(x) : xE}est appel´e l’image de f(aussi not´e Im(f)). Finalement,
le graphe d’une application, not´e Gfest le sous-ensemble de E×Fdonn´e par
Gf={(x, f(x)) : xE}.
1. Souvent on note f:EFpour une fonction mˆeme si son domaine de d´efintion Df
est plus petit que Esi, par exemple, on veut d´ecrire des propri´et´es g´en´erales d’une classe de
fonctions qui ne d´ependent pas du domaine de d´efinition Df. Avec cette convention on dit
que f:EFest une application si et seulement si Df=E.
CHAPITRE 1. NOTIONS DE BASE 9
En g´en´eral il est repr´esent´e dans un syst`eme de coordonne´es. Par exemple,
pour une fonction r´eelle (i.e. E, F R) le graphe est repr´esent´e par sa courbe
dans le plan muni des coordonn´ees cart´esiennes. On introduit encore les notions
suivantes :
Fonction surjective. Une fonction f:EFest dite surjective si f[E] = F
ou, autrement dit, si tout yFest l’image par fd’au moins un ´el´ement xE.
Fonction injective. Une fonction f:EFest dite injective si x1̸=x2
implique f(x1)̸=f(x2) pour tout x1, x2E. Autrement dit, tout yf[E] est
l’image par fd’un seul ´el´ement xE.
Fonction bijective. Une fonction f:EFest dite bijective si elle est `a la
fois surjective et injective.
Fonction identique (ou identit´e). La fonction IdE:EEefinie par
IdE(x) = xest appel´ee la fonction identique ou fonction identit´e sur E. La
fonction identit´e est bijective.
Fonction constante. Une fonction f:EFest dite constante si f(x1) =
f(x2) pour tout xjE,j= 1,2.
Composition de fonctions. Soit f:EFet g:ABdeux fonctions
telles que f[E]A. Alors la fonction gf:EB, d´efinie par (gf)(x) :=
g(f(x)) est appel´ee la fonction compos´ee de get f. La loi de composition est
associative : soit h:CDune fonction telle que g[A]C, alors
h(gf) = (hg)f,
car pour tout xE
h(gf)(x) = h(gf)(x)=hg(f(x))= (hg)f(x)=(hg)f(x)
Fonction r´eciproque. Lorsque f:EFest bijective, on peut d´efinir une
fonction f1:FEqui `a tout yFassocie l’´el´ement xde Edonn´e par la
solution unique de l’´equation y=f(x). f1est appel´e la fonction r´eciproque de
f. La fonction f1est bijective et f1f= IdE,ff1= IdF.
Tableau : Propri´et´es de f :EF de l’´equation y =f(x)avec y F
f:EFsurjective admet au moins une solution xE
f:EFinjective y=f(x) admet au plus une solution xE
f:EFbijective admet exactement une solution xE
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