Cancers différenciés de la thyroïde : le traitement chirurgical initial.

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J.L. Peix, J.C. Lifante
Cancers différenciés de la thyroïde : le traitement chirurgical initial.
J.L. Peix, J.C. Lifante
Service de Chirurgie Générale - Hôpital de l'Antiquaille
- Lyon -
Résumé
Le traitement chirurgical des cancers différenciés de la thyroïde reste encore sujet à controverse. Mais on constate une évolution des pratiques de plus en plus concordantes : la thyroïdectomie totale qui permet de simplifier la surveillance post opératoire (contrôle du lobe restant
après lobectomie, dosage de thyroglobuline plus précis) tend à s’imposer comme le geste de choix
concernant le corps thyroïde.
Elle constitue le préalable indispensable à l’administration éventuelle d’iode radioactif
complémentaire.
Cependant, d’excellents résultats à long terme sont obtenus avec des gestes moins étendus dans les formes de bon pronostic.
En l’absence d’adénopathie décelable, plusieurs attitudes restent discutées entre les partisans de la simple thyroïdectomie et ceux qui proposent un curage prophylactique et diagnostique du compartiment central du cou. En cas d’adénopathies décelables, lors de la cervicotomie,
tous les auteurs s’accordent à proposer un curage au minimum du compartiment central et selon
les lésions, élargi aux compartiments latéraux du cou. Ces gestes doivent consister en un évidement cellulo-lymphatique complet du compartiment.
Ils seront systématiquement suivis d’un complément d’iode radioactif. Ils doivent être
conservateurs et non mutilants, compte tenu de la lenteur d’évolution et du très bon pronostic de
ces cancers différenciés.
Cancers différenciés du corps thyroïde / Chirurgie / Thyroïdectomie totale / Curage compartiment central /
Curage compartiment latéral / Curage cervical complet
Correspondance : Jean-Louis PEIX
Service de Chirurgie Générale - Hôpital de l’Antiquaille – 69321 Lyon Cédex 05
Tél : 04 72 38 50 36 - Fax : 04 72 38 65 40
Médecine Nucléaire -
Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2003 - vol.27 - n°3
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Cancers différenciés de la thyroïde : le traitement chirurgical initial
ðLes cancers différenciés de la thyroïde (CDT) sont constitués dans nos
régions par plus de 90 % de cancers
papillaires et moins de 10 % de cancers vésiculaires.
Ces cancers sont classiquement de
bon pronostic mais le traitement chirurgical reste encore débattu pour des
résultats globalement comparables [1,
2, 3]
Quelle que soit l’intervention, les
patients porteurs d’un CDT guéris-
sent de leur cancer dans plus de 90
% des cas et meurent de leur cancer
dans environ 5 % des cas. Les débats
concernant la stratégie chirurgicale
idéale ne concerne donc que moins
de 5 % [4] des patients, si l’on ne se
réfère qu’à la mortalité liée au cancer
et non au risque de récidive loco-régionale et aux problèmes posés par
la surveillance post opératoire.
Au cours de l’année 2001, nous avons
traité 252 CDT dont 80 micro-cancers
tableau II).
papillaires (tableau
Ta b leau I - Cancer
fér
enciés opérés en 2001
Cancerss dif
différ
férenciés
Le geste thyroïdien a consisté chez
197 patients en une thyroïdectomie
totale (THT).
Seuls 57 patients ont bénéficié d’une
thyroïdectomie moins que totale, essentiellement une lobo isthmectomie.
Soixante seize pour cent des patients
porteurs d’un micro-carcinome
papillaire et 78 % des patients porteurs d’un cancer ont subi une THT.
Le nombre important de THT réalisé
devant un micro-carcinome papillaire
correspond à notre attitude actuelle
face aux pathologies bénignes diffuses de la thyroïde (goitre multi nodulaire, maladie de Basedow) et n’est
pas liée à une indication d’ordre
carcinologique.
Trente cinq patients (14 %) ont bénéficié d’un curage cervical réglé et
étendu, associé à la thyroïdectomie.
La morbidité a consisté en 3 paralysies récurrentielles (1,2 %) auxquelles il faut ajouter une paralysie liée à
la résection de principe du nerf pour
des impératifs carcinologiques.
136
Trente six patients (14 %) ont présenté
une hypocalcémie nécessitant un traitement calcique ou vitamino-calcique
lors de la sortie. Vingt deux sont survenues après 162 THT sans curage (13
%) alors que quatorze (42 %) sont
survenues après 33 THT associées à
des curages étendus intéressant dans
tous les cas, au minimum, le compartiment central du cou. Seuls deux
patients (0,8 %) ont présenté une
hypoparathyroïdie définitive nécessitant un traitement vitamino-calcique
au-delà de 6 mois. (Un patient sur 162
THT sans curage (0,6 %), un patient
sur 33 thyroïdectomies totales avec
curage (3 %)).
La discussion concernant le traitement chirurgical dans les CDT concerne trois points principaux : le type
d’abord chirurgical dans les formes
avec extension ganglionnaire, l’étendue de l’exérèse thyroïdienne et
l’étendue du curage ganglionnaire.
Médecine Nucléaire -
L’abord chirurgical
ðL’abord thyroïdien que nous réalisons de principe est une cervicotomie de Kocher située à deux travers
de doigts au-dessus des clavicules, si
possible dans un pli du cou. Cette
incision s’étend latéralement jusqu’aux bords externes des muscles
sterno-cléïdo-mastoïdiens (Mac Fee).
Elle est suffisante à la réalisation d’une
thyroïdectomie totale et d’un curage
ganglionnaire complémentaire. Lorsqu’il existe une extension ganglionnaire au niveau de la partie haute de
la gouttière jugulo-carotidienne ou
de la région spinale, cette incision
risque d’être trop limitée vers le haut.
Plutôt que de réaliser une extension
remontant latéralement en J ou en L,
nous effectuons une seconde incision latéralisée, parallèle à la cervicotomie, dans la région haute du cou,
figure 1
selon Clark (figure
1). Ce type d’incision présente un avantage esthétique marqué chez les sujets jeunes [5].
- Figure 1 Seconde incision latéralisée parallèle à
la cervicotomie dans la région haute du
cou, afin d'accéder à la partie haute de
la gouttière jugulo-carotidienne.
Le geste thyroïdien
ðL’analyse des données de la littérature permet de défendre toutes les
attitudes possibles ou presque depuis la simple lobectomie jusqu’à la
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ture papillaire avec un score MACIS
ta
b leau II : cclassif
lassif
icainférieur à 6 (ta
tab
lassification MACIS
MACIS), les résultats à long
terme concernant la mortalité induite
par le cancer ne sont pas meilleurs
après THT qu’après une simple lobo
isthmectomie ou thyroïdectomie sub
thyroïdectomie totale associée à un
curage cervical étendu de principe
[1,2,3,6,7]. Il est acquis que dans les
cas considérés comme de bon pronostic, correspondant à des sujets jeunes, porteurs de tumeurs intra-thyroïdiennes, de moins de 2 cm, de na-
totale [8]. Le seul facteur pronostique
important en terme de récidive et de
mortalité induite par le cancer est le
caractère complet ou non de la résection tumorale cervicale, lors de
l’intervention initiale [9,10].
Ta b leau II - Classif
ication pr
onostique MA
CIS
Classification
pronostique
MACIS
M
A
C
I
S
GROUPE
GROUPE
GROUPE
GROUPE
GROUPE
I
II
III
IV
V
Mo = 0,
M+ = 3
Age < 39 = 3,1 ;
Age x 0,08 si > 39 ans
Résection complète = 0 ; +1 si incomplète
Intra thyroïdien = 0
;
+1 si extra
Taille en cm x 0,3.
SCORE
SCORE
SCORE
SCORE
SCORE
Si la réalisation d’une THT ou quasi
totale associée à un complément isotopique de principe conditionne
pour Mazzaferi [11] et De Groot [12]
le pronostic à long terme, l’expérience globale de la Mayo Clinic concernant les cancers papillaires montre que l’administration d’iode radioactif, qui a concerné 61 % des patients
opérés de 1985 à 1990 , n’a pas amélioré les résultats qui étaient déjà excellents avant cette période. L’administration d’iode complémentaire à la
chirurgie, dans cette série, n’a intéressé que 42 % des patients au cours
de la période 1995 – 2000 [13].
Dans un autre travail, la lobectomie
simple n’était pas associée à un taux
plus important de mortalité liée au
cancer que la THT ou quasi totale ; la
lobectomie était, par contre, associée
à un risque plus important de récidive loco-régionale et de réintervention. Ils en concluaient que la THT
représentait le meilleur traitement à
proposer, y compris aux patients à
faible risque [6].
Sans vouloir reprendre les arguments
classiques des partisans de la simple
lobo isthmectomie et de ceux de la
thyroïdectomie totale, nous avons
constaté au fil du temps, dans notre
expérience, l’intérêt de la THT. Elle
simplifie la surveillance post opéra-
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:
:
:
:
:
<
<
<
<
>
6
7
8
9
9
MORTALITE
MORTALITE
MORTALITE
MORTALITE
toire par le dosage de thyroglobuline.
Mais surtout, la généralisation de la
surveillance cervicale par échographie et non plus par le simple examen clinique a contribué à la mise
en évidence de fréquents nodules ou
micro-nodules dans un lobe restant,
conduisant bien souvent à une
réintervention.
Nous avons constaté à propos des
sujets jeunes de moins de 20 ans,
qu’après lobectomie seule, il existait
un risque de réintervention pour totalisation, devant l’apparition d’un
nodule dans le lobe restant, estimé à
14 % avec un recul moyen de 6 ans
[14]. Lorsqu’il n’existait pas de ganglion macroscopiquement envahi,
lors de l’intervention initiale, aucun
patient n’a été soumis à une
réintervention pour récidive ganglionnaire, y compris en l’absence de curage lors de la première intervention.
Dans la mesure où la morbidité liée
à la THT est à des taux très faibles et
acceptables, en particulier en terme
d’hypoparathyroïdie définitive, la THT
de principe nous paraît indiquée devant tout CDT, quelle que soit sa taille
lors de l’intervention.
A l’inverse, chez un sujet jeune, présentant une tumeur unique papillaire
de moins de 2 cm de diamètre, lorsque l’examen anatomo-pathologique
0,9 %
11,3 %
44,4 %
76,5 %
à
à
à
à
20 ans
20 ans
20 ans
20 ans
extemporané n’a pas permis d’obtenir un diagnostic précis et qu’une
simple lobo-isthmectomie a été réalisée, nous n’imposons pas de principe une réintervention chirurgicale
de totalisation.
La THT est le préalable indispensable
à l’administration d’un complément
isotopique, elle doit donc être réalisée impérativement, chaque fois que
l’on se trouve en présence d’un patient âgé de plus de 50 ans, d’un cancer thyroïdien multi-focal, d’une lésion atteignant la capsule thyroïdienne, de métastases ganglionnaires
ou à distance ; tous ces éléments
constituent des indications absolues
d’administration complémentaire
d’iode radio-actif.
La réalisation de principe d’une THT
évite de soumettre le patient à une
réintervention ultérieure, si une indication d’administration d’iode radioactif était secondairement posée.
Le geste ganglionnaire
ðNous n’aborderons que le cas des
cancers papillaires. Les cancers vésiculaires sont en effet rares dans le
contingent des CDT et s’accompagnent classiquement rarement d’adénopathies. Celles-ci lorsqu’elles exis-
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Cancers différenciés de la thyroïde : le traitement chirurgical initial
tent représentent alors un élément
pronostique péjoratif, qui pour certains justifie un curage de principe
lors de la prise en charge de ce type
de cancer [15].
centrale du cou correspond aux classiques chaînes récurrentielles et aux
régions sus et sous isthmiques. Elle
est rarement le siège d’adénopathies
volumineuses, mais est en règle le
Dans le cadre des cancers papillaires
de la thyroïde, l’attitude à avoir face
aux ganglions n’est pas clairement
définie. Certains auteurs défendent les
curages cervicaux de principe [16,
17], d’autres, dont nous sommes, ne
proposent les curages qu’en cas d’extension ganglionnaire décelable lors
de l’intervention thyroïdienne [18]
ou d’atteinte de la capsule thyroïdienne [7].
premier relais en cas d’extension ganglionnaire. Il est indispensable de réaliser un curage complet de cette région lorsqu’on décide d’effectuer un
curage ganglionnaire.
C. central
C. latéral
Nous considérons que les gestes concernant les ganglions doivent être
strictement codifiés : simple prélévement pour un examen histologique
extemporané ou au contraire curage
complet avec évidement cellulo-lymphatique conservateur des éléments
nerveux et musculaires de la région,
lorsqu’un curage a été décidé. En effet, il est essentiel que le curage soit
complet au niveau d’une région pour
éviter au maximum les réinterventions. Si les réinterventions au niveau
des compartiments latéraux sont
techniquement aisées et sans risque
majeur, les réinterventions au niveau
du compartiment central exposent à
une morbidité récurrentielle et
parathyroïdienne importante [19].
L’extension ganglionnaire massive
dans les cancers papillaires s’accompagne fréquemment d’une effraction
capsulaire au niveau des noeuds lymphatiques. Le simple prélèvement des
ganglions favoriserait la dissémination locale des cellules néoplasiques
dans le tissu celluleux, source de récidives ultérieures, faussement appelées récidives ganglionnaires, alors
qu’elles ne correspondent qu’à des
greffes néoplasiques liées à des gestes inadaptés.
Le curage ganglionnaire intéresse
figure 2
deux régions (figure
2) : les régions
centrales et latérales du cou.
La région centrale du cou est limitée
en haut par l’os hyoïde, latéralement
par l’axe jugulo-carotidien, en bas par
le tronc veineux innominé au niveau
du médiastin supérieur. Cette région
138
- Figure 2 Curage cervical et cancer thyroïdien : compartiments central et latéraux.
Lors du curage central associé à la
THT, le contrôle récurrentiel doit être
strict avec une dissection du nerf sur
tout son trajet cervical. Cette dissection n’expose pas à une morbidité
récurrentielle accrue par rapport à la
simple thyroïdectomie. Au contraire,
le risque parathyroïdien y est majeur,
avec un taux d’hypocalcémie transitoire estimé jusqu’à 75 % [20]. Il est
souvent impossible de conserver
dans ce type de curage, surtout s’il
existe des ganglions envahis, les parathyroïdes inférieures. Certains
auteurs préconisent une auto-transplantation de principe d’au moins
une glande parathyroïdienne inférieure, voire des deux [21]. En revanche, quelle que soit l’étendue du curage et de l’envahissement ganglionnaire, il est habituellement possible
de conserver les glandes parathyroïdes supérieures avec leur vascularisation.
Ce curage est pour nous le premier
curage en cas de cancers thyroïdiens
de la thyroïde. Si l’on doit réaliser un
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curage latéral du fait d’adénopathies
cliniquement évidentes au niveau de
la région jugulo-carotidienne, un curage central sera systématiquement
réalisé dans le même temps que la
thyroïdectomie en association au
curage latéral.
Le curage latéral correspond aux
chaines jugulo-carotidiennes avec
leurs régions supérieures, sous digastriques et le classique ganglion de
Kutner, moyennes et inférieures qui
s’étendent latéralement vers la région
sus claviculaire. Plus en arrière et latéralement, la chaine scapulaire transverse et la partie basse de la chaîne
spinale appartiennent à cette région
latérale du cou ; le curage complet
concerne la totalité de ces régions.
Cet évidement doit être conservateur
au niveau des nerfs, en particulier du
pneumo-gastrique, du spinal en cas
d’extension ganglionnaire très haut
située, des rameaux cervicaux superficiels et du sympathique cervical, en
arrière.
Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2003 - vol.27 - n°3
J.L. Peix, J.C. Lifante
La veine jugulaire interne est habituellement conservée sauf s’il existe un
envahissement de sa paroi. Il est rare
que le curage nécessite la résection
de la veine jugulaire interne. Celle-ci
est plus fréquemment indiquée en
cas de thrombus, rencontrée, parfois
lors de cancers vésiculaires évolués.
La résection d’une veine jugulaire
interne n’entraîne aucune conséquence néfaste dans la mesure où la
veine controlatérale est conservée. Le
risque majeur d’un curage extensif
du compartiment latéral du cou est
représenté par la lymphorrhée liée à
une plaie méconnue du canal thoracique ou de la grande veine lymphatique. Ces éléments nécessitent un
contrôle chirurgical rigoureux lors du
curage de la partie basse de la chaîne
jugulo-carotidienne et sus claviculaire.
En pratique, lorsqu’il n’existe pas
d’adénopathie, décelable en pré opératoire, ou lors de l’exploration chirurgicale, nous ne réalisons pas de
curage ou simplement un curage central associé à la thyroïdectomie (tumeur atteignant la capsule thyroïdienne). Lorsqu’il existe des adénopathies uniquement décelables dans
le compartiment central, nous réalisons, après confirmation de leur envahissement par l’extemporané, un
curage central associé à un curage
latéral uni ou bilatéral, selon le siège
de la tumeur et l’étendue de l’extension ganglionnaire dans le compartiment central. Lorsqu’il existe cliniquement une extension latérale nous réalisons de principe une THT, un curage
central et un curage latéral uni ou
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bilatéral selon les données des investigations pré-opératoires et de l’exploration chirurgicale. Après la chirurgie, il est important d’administrer un
complément isotopique dans des
délais rapides compte tenu de la nécessité d’obtenir une hypothyroïdie.
Notre expérience récente concernant
les cancers du sujet jeune, a montré
qu’après curage ganglionnaire, nous
avions un taux important de "récidives" ganglionnaires précoces, nécessitant une réintervention dans les
mois qui suivaient l’intervention initiale. Elles correspondent en fait à
l’évolution de résidus tumoraux au
niveau des limites du curage.
Un curage réalisé de façon techniquement rigoureuse, complet au niveau
des régions abordées, suivi de l’administration le plus rapidement possible du complément isotopique devrait permettre de réduire ces
réinterventions.
En revanche, lorsqu’il n’existait pas
d’adénopathie décelable lors de l’intervention initiale, aucun de nos cancers différenciés juvéniles n’a dû être
opéré ultérieurement pour une reprise évolutive ganglionnaire ; ce qui
conforte notre attitude éclectique
quant à un geste ganglionnaire.
En dépit d’une extension ganglionnaire parfois massive et impressionnante lors du diagnostic, le cancer
papillaire de la thyroïde, demeure, en
particulier, chez les sujets jeunes, de
bon pronostic. Il est essentiel que l’intervention initiale n’entraîne pas de
séquelles mutilantes. Il est préférable
de laisser un minime résidu tumoral
au contact du nerf récurrent, s’il
n’existe pas de paralysie récurrentielle constatée sur la laryngoscopie
pré opératoire, et de confier au complément isotopique le soin de stériliser la lésion. Cette attitude "ultra conservatrice" ne concerne que les cancers papillaires des sujets jeunes.
Pour les cancers papillaires des sujets plus âgés ou les cancers vésiculaires, l’intérêt d’une exérèse carcinologique complète lors de l’intervention initiale n’est pas discutable.
En conclusion
ðLa prise en charge chirurgicale des
cancers différenciés de la thyroïde, au
cours de ces dernières années, a lentement évolué vers une attitude qui
sans être consensuelle est de plus en
plus commune dans les centres spécialisés en chirurgie endocrinienne :
un geste d’emblée complet au niveau
de la glande thyroïde associé à un
curage ganglionnaire non systématique mais anatomiquement complet
lorsqu’il est indiqué. Le complément
isotopique systématique pour quelques auteurs [11] reste d’indication
élective pour beaucoup [13]. La découverte, de plus en plus fréquente
sur une pièce opératoire d’un microcarcinome occulte ne doit pas faire
oublier le caractère « bénin » de
l’évolutivité de ces lésions. Une
réintervention pour totalisation n’est
raisonnablement envisageable qu’en
cas de plusieurs foyers de micro-carcinomes après une thyroïdectomie
incomplète et comme préalable à l’administration d’IRA.
Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2003 - vol.27 - n°3
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Cancers différenciés de la thyroïde : le traitement chirurgical initial
Differentiated thyroid carcinoma : initial surgical treatment.
The surgical treatment of differentiated thyroid cancers is still discussed but more and
more the practices are common : total thyroïdectomy allows to simplify the follow up and can be
considered as the gold standard concerning the thyroid.
This operation is indispensable before administration of complementary radio iodine
therapy.
Howewer good results can be achieved for long time with minor procedures in low risk
patients.
If no pathologic lymphe nodes are encountered during surgical exploration, several
approach are discussed : thyroïdectomy alone or systematic lymph node dissection.
In case of proven metastatic lymph nodes, surgeons are advocate of minimally central
compartment dissection isolated or in association with a modified radical neck dissection.
In this case, a complementary radio iodine therapy is systematically proposed. These
surgical procedures have to be conservative with low morbidity rate according to the very good
prognosis of these cancers.
Differentiated thyroïd cancers / Surgery / Total thyroïdectomy / Central compartiment dissection /
Latéral compartiment dissection / Modified radical neck dissection
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