Médecine du Maghreb 1996 n°57
et la reprise est fait après un intervalle de 15 jours.
3ème groupe : Malades ayant eu une thyroïdectomie totale
d’emblée (26 patients).
Elle est réalisée chaque fois que l’E.H.E. a montré un foyer
carcinomateux évident.
Sur le plan de technique chirurgicale, nous opérons sous
anesthésie générale avec intubation orotrachéale, qui s’avè-
re difficile en cas de compression. Elle peut être source
d’œdème et de dyspnée postopératoire et qu’il faut distin-
guer d’une vraie atteinte récurrentielle.
On reprend l’ancienne incision ou on pratique une incision
de Kocher prolongée en L ou en U en fonction du curage à
faire.
Après un abord médian à travers la ligne blanche, les
muscles sous hyoïdiens sont généralement respectés et un
temps d’exploration de la loge thyroïdienne et des aires
ganglionnaires permettra de faire le bilan lésionnel. Ce
bilan conduira au geste chirurgical qui doit être à la fois
fonctionnel et radical.
RÉSULTATS ET COMMENTAIRES
Impératifs d’ordre fonctionnel :
Sur le plan fonctionnel, il faut préserver les nerfs récurrents
et les glandes parathyroïdes.
Vis-à-vis des récurrents :
On procède par une dissection première des nerfs, la plus
basse possible. Après avoir repéré l’artère thyroïdienne
inférieure, celui-ci se trouve à droite, au niveau de la bis-
sectrice qu’elle forme avec la trachée, et à gauche, au
niveau de l’angle trachéo-oesophagien (2). Une dissection
du nerf est alors effectuée jusqu’à son point de pénétration
dans le larynx, sous la petite corne du cartilage thyroïde.
La dissection du nerf récurrent doit être toujours prudente.
En effet, une paralysie récurrentielle unilatérale préopé-
ratoire exige plus de vigilance pour sauvegarder le nerf
controlatéral et éviter ainsi une diplégie laryngée. En cas
de reprise chirurgicale pour une totalisation ou un curage,
le nerf peut être noyé dans un magma de fibrose étendue
rendant sa recherche difficile.
En dehors des difficultés anatomiques relatives à la dissec-
tion du nerf récurrent, comme le trajet aberrant, essentiel-
lement le nerf récurrent non récurrent, d’autres facteurs
sont propres à la chirurgie cancérologique et sont dominés
surtout par les adhérences péri tumorales qui rendent la
dissection laborieuse.
Enfin, il faut rappeler que de l’agressivité du geste dépend
le risque de lésion du nerf récurrent qui atteint 4% en cas
de thyroïdectomie totale et 18% en cas de ré interventions
(3). Dans notre série, quatre cas de paralysies récurrentiel-
les ont été déclarés en post opératoire, soit 7%. L’évolution
a été favorable dans deux cas après 3 ou 4 mois de réédu-
cation appropriée.
Vis-à-vis des parathyroïdes :
Le second point important du volet fonctionnel de cette
chirurgie, est la conservation des parathyroïdes. Ceci exige
de la part du chirurgien une bonne connaissance anatomi-
que, concernant surtout leur situation qui est variable (4) et
qui les rend vulnérables au cours de la dissection.
Cette conservation nécessite également leur intégrité
anatomique et la préservation de leur vascularisation qui
est de type terminale tributaire de l’artère thyroïdienne
inférieure dans 87% des cas (4).
Notre attitude est de les repérer macroscopiquement et de les
éloigner doucement du champs opératoire en préservant au
moins une artère thyroïdienne inférieure si c’est possible,
sinon, en faisant une ligature sélective de ses branches
terminales respectant la branche destinée à la parathyroïde.
La préservation du retour veineux de la glande est aussi capi-
tal pour éviter son infarcissement. Ceci est parfois possible
pour les parathyroïdes basses qui se drainent toujours vers
les veines thyroïdiennes inférieures. Il est plus délicat pour
les parathyroïdes moyennes et impossible pour les parathy-
roïdes hautes qui se drainent toujours vers le corps thyroïde
(4).
Il apparaît donc à l’évidence que malgré toutes les précau-
tions, les parathyroïdes peuvent être lésées, faisant apparaî-
tre des insuffisances parathyroïdiennes estimées de 2% à
20% selon les séries (5, 6). Ce chiffre de 2% est dû au
moins à l’utilisation de techniques modernes de coloration
per opératoire, de microchirurgie et d’auto transplantation
des parathyroïdes.
Le risque parathyroïdien est estimé dans notre série à 8%.
Ce chiffre ne reflète que les insuffisances immédiates, car
nos malades sont suivis par la suite dans les services de
radiothérapie, de radio isotope et d’endocrinologie.
Impératifs Carcinologiques :
Vis-à-vis de la thyroïde :
Le geste chirurgical sur la thyroïde est variable en fonction
M.A. BENBOUZID, F. ALAOUI, L. BENCHAKROUN,
N. LAZRAK, N. JAZOULI, M. KZADRI.
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