
214
J. Méd. Esth. et Chir. Derm. Vol. XXXIX, 156, décembre 2012, 211-216
L’injection avec compassion :
essai de classification des types d’injections
sur la face, comprendre l’innovation
pour faire évoluer son geste
Car, c’est la flexibilité qui dicte au médecin son geste, si
il veut maîtriser cette flexibilité, il sera contraint d’uti-
liser une grande délicatesse dans son geste
Dans le cas de la micro-canule rigide, c’est la rigidité
qui dicte le geste qui ne peut être que rectiligne. Il peut
être plus ou moins brutal en fonction du médecin, cela
ne change pas le trajet, le geste sera plus ou moins
invasif.
Dans le cas de l’aiguille flexible, le geste ne peut pas et
ne doit pas être brutal, c’est pour cette raison que nous
avons appelé ce nouveau type d injections : « L’injec-
tion avec compassion ».
La flexibilité nécessite d’accorder son geste avec elle,
ce qui signifie ne jamais forcer, ne jamais vouloir pas-
ser en force rapidement. Il faut trouver le bon plan
où l’aiguille canulaire va glisser toute seule, si vous
forcez le passage, vous risquez de plier cette aiguille
si le geste est trop brutal. Quand elle rencontre une
résistance, le bon réflexe est de revenir en arrière et
de revenir toujours avec douceur, 1 fois, parfois 3 ou 4
fois, mais elle finira par passer la zone difficile. Il faut
toujours utiliser le geste de « l’étirement /relâchement
de la peau » : Étirer la peau dans le sens contraire de
l’injection, puis relâcher ce geste, cela permet de faci-
liter le passage de l’aiguille sans forcer. À savoir que
plus on étire la peau dans le sens opposé à l’injection
et plus votre aiguille canulaire aura tendance à glis-
ser vers la superficie de la peau. Il faut « jouer » avec
l’autre main de façon à mobiliser la peau pour faciliter
le passage de l’aiguille.
C - NOUS AVONS TENTÉ D’ÉTABLIR LES NOUVELLES
RÈGLES DE L’INJECTION AVEC COMPASSION
- La compréhension et l’intégration de la flexibilité de
l’aiguille.
- Prendre son temps pour réaliser son geste donc de la
patience pour le contrôle du geste.
- La délicatesse, ne jamais forcer. Attitude difficile à
adopter, car une injection avec une aiguille classique
qui est pointue et coupante, ne résiste jamais.
- Manipuler la peau en utilisant son élasticité « par l’éti-
rement/relâchement » de façon à faciliter le passage de
l’aiguille.
- Placer cette aiguille dans la zone de la peau la plus
sûre, c’est à dire en sous-cutané, là où elle va glisser le
plus facilement dans la plus grande sécurité.
- Comprendre que plus l’aiguille est fine plus elle peut
aller dans les couches superficielles de la peau, plus elle
doit être manipulée avec douceur.
Il faut aussi bien choisir les points d’injections en
fonction de ce que l’on veut obtenir, car ces aiguilles
canulaires flexibles seront de longueur plus courtes,
et donc leur rayon d’action sera limité entre 25 mm et
4
ON VA DÉCOUVRIR UN NOUVEAU CHAMP
D’APPLICATION DE L’INJECTION
DES FILLERS, AU NIVEAU DE LA FACE
PAR L’UTILISATION DES AIGUILLES
CANULAIRES FLEXIBLES
A - C’EST LA NAISSANCE
DE « L’INJECTION AVEC COMPASSION »
On peut, grâce à un bon entraînement réaliser une véri-
table « Injection avec compassion », c’est à dire avec un
traumatisme minimal. C’est tenter de rendre l’injection
non invasive.
Ce n’est pas seulement une question de calibre, comme
on peut être tenté de le résumer, c’est effectivement
une nouvelle façon de pratiquer les injections sur le
visage.
Cette nouvelle façon d’injecter nécessite une bonne
connaissance du visage, et nécessite une pratique douce,
le geste doit être réalisé avec la plus grande délicatesse.
Tout d’abord, c’est évident que le calibre est important
et que plus vous utilisez un calibre fin moins vous êtes
invasif, et donc votre risque de provoquer une ecchy-
mose va tendre vers zéro. Mais aussi, votre délicatesse à
injecter doit être inversement proportionnel à la finesse
du calibre, plus vous utilisez un calibre fin, plus grande
doit être votre délicatesse à l’injection.
L’aspect douloureux de l’injection disparaît presque
complètement et il est remplacé par une nouvelle sen-
sation du patient, décrite comme « particulière ».
Souvent les patients sont intrigués par l’utilisation de
ces nouvelles aiguilles, parfois même angoissés, car les
sensations ressenties ne sont pas décodées par le cer-
veau. Il faut donc faire preuve de grande prudence et
surtout de fournir des explications afin de rassurer les
patients sur cette nouvelle technique d’injection.
B - LA FLEXIBILITÉ EST L’ÉLÉMENT MAJEUR
QUI CHANGE TOUT
Mais elle nécessite d’être complètement intégrée par
le cerveau du médecin, sous peine de rester seulement
un handicap !