Quelles perspectives pour le Système Monétaire International actuel

Quelles perspectives pour le Système monétaire international actuel ?
Introduction
Le SMI mis en place à Bretton Woods a visé à éviter l’instabilité et l’anarchie qui a
caractérisé les relations monétaires de l’Entre-deux-guerres. Il reposait sur la fixité des
changes et sur l’utilisation du dollar américain comme monnaie internationale. Des difficultés
de fonctionnement de ce système apparaissent dès la décennie 60 et il est abandonné en 1973
après deux ans de crise (crise déclenchée en août et décembre 1971). Au niveau international,
une phase de flottement impur des monnaies démarre dès 1973. La pratique de changes
flexibles est entérinée par l’accord signé par les membres du FMI à la Jamaïque en janvier
1976 : plus aucune règle universelle ne gère les taux de change entre les monnaies. Hormis
quelques accords bilatéraux, chaque pays laisse librement flotter sa monnaie. L'or n'est plus
un instrument de réserve, et n'a plus de prix officiel. A la fin des années 90, le SMI repose sur
trois devises principales : le dollar, le mark puis l'euro et le yen. Cela étant, le dollar exerce
une prédominance nette sur les deux autres devises. La mondialisation commerciale et la
globalisation financière ont permis l’émergence économique de certains pays en
développement (notamment les BRICS) mais les mouvements de capitaux ont eu lieu pour
l’essentiel entre les pays industriels ou les économies à revenu intermédiaire, et non pas entre
les pays riches et les pays pauvres. De plus, une financiarisation progressive des activités
économiques au détriment de la sphère réelle est intervenue. Cette croissance financière a
généré des équilibres instables imputables à la recherche d’une forte rentabilité immédiate
assise sur des politiques et des opérations risquées. Cette situation a renforcé les déséquilibres
monétaires internationaux qui ont parfois amplifié les difficultés réelles des économies (pays
à déficits jumeaux), rendant nécessaire une régulation internationale plus prégnante.
Transition : L'instabilité du SMI s’est nourrie d’un fonctionnement
déséquilibré de l’économie internationale (I) appelant une réforme de ce
système par la création de nouvelles régulations (II).
I - L'INSTABILITE DU SMI CONTEMPORAIN : L'ACCENTUATION DES
DESEQUILIBRES GLOBAUX
Des déséquilibres globaux sont apparus à partir des années 60 et se sont
progressivement renforcés. Dans la période récente, l’absence d’ajustements des taux de
change a entraîné, pour les États-Unis et la Chine, des déséquilibres extérieurs profonds, qui
ont contribué à la crise financière de 2007-2009 et fait obstacle au déplacement de la demande
sans lequel la croissance de l’économie mondiale ne peut se raffermir.
A - La genèse de la crise du SMI : des crises financières
1 - Divergences des économies et instabilité des taux de change
. Les déficits jumeaux de l’économie étasunienne (déficit sans pleurs de J.
Rueff)
. Les déficits jumeaux de la zone euro aujourd’hui (déficit public et de la
balance des transactions courantes)
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. Les différents épisodes de guerre des monnaies (du SME à la période actuelle)
2 - La déréglementation internationale et l’équilibre de financement
. La règle des « 3D » (déréglementation, désintermédiation,
décloisonnement)
. Pays à besoin d’épargne rencontrant des pays à capacité d’épargne
. Equilibre de marché (M. Friedman) et anticipations auto-réalisatrices
. Existence du triangle d’incompatibilité qui aggrave l’instabilité des taux
de change
B … amplifiées par la financiarisation excessive de l’économie mondiale
1 - Les caractéristiques de la financiarisation déséquilibrée de l’économie
. Paradoxe de Lucas (1990). Les mouvements de capitaux allant des pays
riches vers les pays les plus pauvres ne représentent qu’une part relativement
faible des transferts nets d’épargne. Les excédents chinois partiellement
convertis en achats de Bons du trésor étasuniens. Situation atypique découlant
du dilemme de Triffin
. Un développement des eurocrédits, des marchés des produits dérivés non
accessibles aux marchés financiers étroits des pays émergents. Cette carence ne
leur permet pas d’absorber toute l’épargne domestique, surtout lorsque le taux
d’épargne est très élevé (Chine avec 40% de taux d’épargne)
. A noter le recours bénéfique à l’épargne des ménages (Corée du Sud).
L’épargne domestique y est supérieure au besoin de financement
2 - Des crises financières récurrentes
. Les crises des années 80 et 90 (Asie, Amérique centrale et latine, etc)
Crises de confiance et insolvabilité des débiteurs privés en Asie. A la
différence des années 80, ce ne sont pas les dettes souveraines accumulées par les
pays qui sont le principal déclencheur de la crise mais des crises de confiance via
le taux de change et les taux d’intérêt (surévaluation des principales monnaies de
la zone, attaques spéculatives, fuite des capitaux et dévaluation forte). Les crises
des pays asiatiques en 1997 (Corée du Sud, Thaïlande, Taïwan, Malaisie), sont
des crises différentes des années 80 dans la mesure où elles touchaient des
débiteurs privés (banques) particulièrement endettés et non les Etats
. La crise financière de 2007
. Risque de crise et régime de change (l’exemple de la Chine moins exposée dont
la monnaie n’est que partiellement convertible ; a contrario, cas des Etats-Unis et de la zone
euro)
II - UNE REFORME DU SMI SAPPUYANT SUR DE NOUVELLES REGULATIONS
Pour Greenspan et Bernanke, l’intégration rapide du système financier international
pendant les 10 dernières années a entériné les déséquilibres mondiaux en les finançant. De
nouvelles régulations ou/et une réforme plus fondamentale du SMI ?
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A - De nouvelles régulations micro et macro-prudentielles
1 - Un meilleur contrôle des activités et des produits financiers
. Mise en place généralisée de la taxe Tobin, lutte contre les bonus et les
paradis fiscaux, etc. En résumé des conditions d’une meilleure orientation
géographique de l’épargne mondiale (vers les PED ou les PMA)
. Approfondissement des accords de Bâle (Bâle III)
. Assainissement à moyen terme des activités hors bilan des banques
. Retour à la réglementation Glass- Steagall (loi Dodd-Franck)
. Union bancaire européenne
2 - L’évolution des régimes de change : l’adoption de changes flexibles
. Quel degré de convertibilités des monnaies des BRICS ?
. Fixité versus flexibilité des taux de change
. La solution du système de zones-cibles
. Une gestion concertée de la communication (de nature à influencer les
marchés et les évolutions des taux de change).
B - La définition d’un nouveau SMI
1 - Vers un nouveau SMI axé sur un polycentrisme monétaire
. Poursuite de la normalisation du statut du yuan notamment
. Définition des trois grandes zones monétaires (Europe, Asie, Amérique du
Nord) . Reconsidération du rôle et des fonctions du FMI (nouvelle politique de DTS).
2- Une meilleure régulation du système financier international
. Soutien aux pays encore exclus du financement privé de leur
développement économique (question épineuse car l’enjeu est complexe en
raison d’un paradigme productif parvenu à son stade terminal)
. Nécessité de contrôles et de limites aux échanges d’actifs internationaux.
Conclusion
Le SMI actuel est lacunaire et doit être repensé. De plus, la faiblesse et la lenteur de la
reprise aux États-Unis et en Europe ne font qu’aggraver les problèmes budgétaires et
financiers auxquels ceux-ci sont confrontés. Les membres du G20 et les institutions
financières internationales doivent prendre des mesures afin d’instaurer un système monétaire
international qui repose sur des cadres cohérents en matière de politique macroéconomique et
de réglementation financière à moyen terme propices à une croissance durable et équilibrée à
l’échelle mondiale. Dans les pays d’importance systémique, ces cadres devront s’appuyer sur
une flexibilité accrue des taux de change nominaux et réels, davantage déterminés par les
marchés. Pour aider le SMI à évoluer en ce sens, il faudra mieux coordonner et rendre plus
efficaces les institutions de surveillance de l’architecture financière mondiale. À long terme, à
mesure que l’économie mondiale deviendra une économie multipolaire, des régimes de
changes flottants pourront concourir à assurer une transition vers un système monétaire
international plus résilient et mieux contrôlé par un FMI rénové, plus apte à réguler la
mondialisation financière (scénario optimiste).
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