nition de l’art donnée par Fried, mais
son point de vue mérite d’être pris en
considération, ne serait-ce que parce
qu’il rejoint une intuition de Diderot
à propos de la peinture.
On conclura avec Laura Pavel
(toujours dans Alternatives théâtrales),
que la meilleure façon d’appréhender
la réception du théâtre par le spec-
tateur est sans doute d’admettre
qu’elle est fluctuante. Dès lors, tous
les concepts qui ont été avancés pour
expliquer ou modifier cette récep-
tion se trouvent, à un moment ou à un
autre, pertinents, et une théorie plus
satisfaisante de l’implication des
spectateurs pourrait résulter de cer-
taines combinaisons de ces concepts.
La tâche, néanmoins, ne sera pas
aisée, vu l’ampleur de la liste (non
exhaustive) retenue par L. Pavel :
plaisir esthétique, identification,
catharsis, distance, empathie, dupli-
cation psychodramatique, jeu de
rôle et inversion des rôles, distan-
ciation brechtienne, rencontre,
absorption, spect-acteur (A. Boal),
identification projective (Melanie
Klein), identification symbolique
(Lacan), expérience de l’identité,
participation, spectateur émancipé
(Rancière), esthétique relationnelle
(Nicolas Bourriaud) !
Selim Lander
Librairie
225
LIBRAIRIE
Jacques Mistral
Guerre et paix
entre les monnaies
Paris, Fayard, 2014, 350 p., 19 €
Au moment où ce livre est sorti,
les monnaies des pays émergents
(Russie, Turquie, Inde…) ont connu
une forte chute, suite à la décision de
la Réserve fédérale américaine de
limiter progressivement sa politique
de facilités monétaires qui a favo-
risé, outre la reprise aux États-Unis,
les investissements dans ces pays.
Cette coïncidence illustre pré-
cisément la démarche de l’auteur,
qui se propose de saisir le moment
actuel, où l’on entrevoit la sortie de
la crise de 2008 mais où l’on perçoit
aussi les premiers déséquilibres qui
risquent d’enclencher un nouveau
cycle de difficultés :
La tragédie économique de notre
temps, c’est que l’économie mon-
diale est artificiellement sortie de
cette crise financière par une
méthode non soutenable, l’explo-
sion des dettes publiques et du bilan
des banques centrales. On a gagné
du temps, tant mieux, mais le
moment de vérité approche (p. 33).
Ce moment de vérité, c’est de com-
mencer à sevrer l’économie améri-
caine de l’argent facile, au risque de
précipiter de nouveaux déséquilibres
globaux. Il manque en effet toujours
un vrai système international moné-
taire qui encadre le développement
des échanges mondiaux. Pour com-
prendre l’importance du risque de
« guerre monétaire », le livre invite à
une double enquête. Il retrace tout
d’abord, dans la première partie,
l’histoire du système monétaire inter-
national depuis la fin de l’étalon-or,
l’équilibre permis par les accords de
Bretton Woods puis le passage à un
système de changes flottants et enfin
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