LA CONQUETE DE LA DEMOCRATIE (1840-1880)
Les hiérarchies de la France censitaire (les années 1840)
Le "système Guizot"
Un libéralisme inégalitaire
Guizot, protestant, devient, au tournant des années 1840, ministre des affaires
étrangères, ouvre la voie à conciliation européenne, veut aussi apaiser tensions intérieures.
Le "système Guizot" reconnaît égalité juridique, des chances, mais hiérarchie sociale forte,
élite riche au point de fendre ordre et propriété mais intelligente pour comprendre "inté-
rêts généraux de la société" dirige, peuple tenu à l'écart (Victor Cousin "aristocratie légitime
et sans cesse renouvelée de la société moderne"). Libéral, mais refuse "Etat minimum".
Le long pouvoir du centre droit
Ministère de Soult, dirigé en fait par Guizot, avec ses fidèles Duchâtel à l'Intérieur,
Humann aux Finances, Villemain à l'Instruction Publique du 29 octobre 18401848. Long
car paix dehors et dedans, prospérité, baisse chômage et donc des conflits sociaux. Majorité
fragile en 1842 (266/469 députés), stable en 1846 (295168). Affaibli le 13 juillet 1842
lorsque meurt le duc d'Orléans, héritier du trône, libéral et populaire ; le nouvel hériter,
comte de Paris, n'a que 4 ans. Thiers (centre gauche conservateur, défend 1789 mais pou
monarchie) veut donner régence au fils cadet, duc de Nemours, conservateur, Odilon Barrot
(gauche dynastique, réformes pour + de droits et libertés) à duchesse d'Orléans, libérale. A
cause du cens, républicains et légitimistes ne sont représentés à juste valeur. La majorité
achète députés (par places etc).
Guizot, défenseur de l'équilibre européen
Depuis 1830, Louis-Philippe désire les grandes puissances conservatrices (Russie,
Autriche et Prusse) reconnaissent monarchie des Orléans, alors qu'elles jugent France en dé-
sordre. De Broglie s'était rapproché de l'Angleterre pour sortir de l'isolement, Guizot fait al-
liance Entente cordiale, aussi car liens financiers et courant anglophile chez libéraux
(mais toujours prohibitions douanières), mais échec car G trop hégémonique (tente d'instal-
ler un Orléans en Espagne, traité de commerce avec Piémont-Sardaigne, intervient dans
Empire ottoman).
Des ambitions coloniales nouvelles
Depuis 1830 France à Alger, Oran et Bône. Gal Clauzel veut dominer pays, mais
puissant Abd el-Kader en Oranie traité de Tafna laissant à l'émir majeur partie Oranie et
Algérois. Gal Bugeaud le rompt en 1840, vainc Abd el-Kader en août 1844 sur bords de
l'Isly. Colonisation militaire, mais administration algérienne (3 provinces : Alger, Oran,
Constantine). Problème des Antilles : sucre cher, opposition libnérale contre esclavage.
Bouet-Willaumez établit comptoirs fortifiés au Gabon, Amiral Dupetit-Thouars annexe îles
Marquises, dsevant colère anglaise, G annule, en fait un protectorat. Nationalisme,
anglophobie se développe à Paris, colère quand G aide Metternich qui soutient ligue
réactionnaire du Sonderbund et annexe Cracovie, dernier lambeau de Pologne libre.
Les notables : une nouvelle élite
Les contours de la "classe moyenne"
Mélange de propriété foncière (surtout), de richesse mobilière et de connivence
avec l'Etat. C'est en payant la contribution foncière qu'elle peut voter. Etre propriétaire
foncier rapporte le + d'argent. Au tournant des 1840, noblesse toujours importantes (2/3 des
+ imposés, 1/3 députés, dans les affaires : marquis de Louvois), mais se fond dans cette
notabilité. Terre conquise par bourgeoisie. Richesses colossales se font désormais dans la
banque (Casimir Perier, Jacques Laffitte, James de Rothschild). G veut que ce soient des
personnes brassant les intérêts généraux qui fassent de la politique, des intellectuels, certes
riches : G, Victor Cousin (profs), Thiers (avocat, journaliste), Rémusat (publiciste).
Le notable au sommet de la pyramide sociale
Vers 1850, 70% parisiens ne laissent rien en héritage. Notables se confondent avec
censitaires, qui paient + 200F d'impôt (166 000 en 1831, 241 000 en 1846), Paris compte 1
électeur pour 52 habitants. 8% (18 000) notables sont "grands notables", paient + 1000F.
Bourgeoisie : 10-20%. L'ouvrier gagne 300F/an, dès patrimoine de 20 000 on est respectble,
la fortune débute à 500 000 (1%), en haut, tout se cumule (député, banquier, propriétaire,
administrateur : Joseph Perier).
Le notable, homme d'influence
Les notables tiennent tous niveaux administratifs (conseil municipal, chambre de
commerce, caisse d'épargne etc). Le nom, les relations jouent + qu'un programme pour
élections
Valeurs et vertus bourgeoises
Importance de la famille, pouvoir du père. Entreprises familiales. Mariages
d'affaire. Bourgeoisie parisienne paraît, de province ne se consacre qu'à l'entreprise (vie
frugale). Culure pas encore très diffusée, il faut position et argent. Déisme très vague.
La France paysanne
Le "grignotage" du sol
¾ population = rurale en 1840 3/4 vivent du L de la terre. Natalité élevée : 25-
30‰, baisse mortalité (- crises subsistances) morcellement de propriété. Dans 1er 19e,
nombre propriétaires augmente de 55%. Mais + ½ terres appartient à grands propriétaires (5
millions paysans 17% terres, 60 000 1/3). Petites propriétés paysannes dans Nord, Bretagne,
Aquitaine intérieure, massifs du Midi. 85% paysans ont 10 hectares, ce qui ne permet de
nourrir une famille, doit travailler chez gros. Les prix de la terre s'envolent.
Le paysan, un autre ouvrier
Pour vivre, beaucoup de paysans sont aussi artisans, ouvriers à domicile, exode
rurale temporaire (période de L dans villes : bâtiment).
La communauté paysanne
Très sociable : messes, foires, fêtes, marchés. Beaucoup de groupes d'hommes.
Souvent soudée contre autorité étatique (Pyrénées). Mariages au sein du même village.
Conflits dans village, rancunes, cycles vindicatoires sans fin. Nourriture peu variée (pain
dans soupe), mais + abondante.
Campagne patriotes et pays "blancs"
Religion en recul. A l'Ouest, en Vendée, le souvenir des "blancs" soude noblesse,
clergé et paysannerie campagnes "bleues" du Bassin parisien, Nord-est, Centre-est, Alpes
: haine des privilèges, des nobles ; culte napoléonien (ordre, fense des petits, grandeur.
Dans régions protestantes : opposition à droite catholique.
Le monde des "petits"
Le nouveau prolétariat
Dans 1840 : 4,4 millions ouvriers. Beaucoup ont un lopin de terre qu'ils cultivent
en parallèle Indigence dans manufactures (1,2 millions) : 15h/jour, salaire au rendement,
poussière de coton, chaleur, humidité (affections pulmonaires), stricte discipline (cloche,
amendes. Logement sordide (=caves à Lille) forte mortalité. Peu pratique religieuse. Dans
filature (Rouen, Lille, Mulhouse) s'impose le prolétaire ; présence de machines (-dur) per-
met recrutement de femmes (1/3, ½ salaire) et enfants (dès 6 ans, ¼ salaire). Dès maladie,
trop vieux, - de prospérité licenciement, misère. Certain paternalisme à quelques endroits.
Les ouvriers de métier
Les ouvriers de métier sont peu nombreux, il s'agit souvent d'une étape (compa-
gnon, à son compte), il n'y a pas de cause prolétarienne. Le travailleur type est artisan. Ou-
vriers de métier (bijoutiers, ébénistes, verriers) ont salaires + élevés ; très demandés, voya-
gent beaucoup.
Artisans et boutiquiers
Tout ouvrier rêve d'être petit patron. Mais artisan de père en fils. 847 000 patentés
en 1817, 1 443 000 en 1847. Importance de la famille. Communautés de région se retrou-
vent dans secteur. Petits patrons sont très modestes. Forte menace de déclassement.
Pauvres et marginaux
1840, 250 000 mendiants, 1,8 millions indigents, 3 millions inscrits aux bureaux de
bienfaisance, 6 millions (1/6) ont besoin d'être secourus, 20% parisiens doivent être assistés.
Pauvreté de l'AR + paupérisme lié à industrialisation. Rapide basculement dans misère (ac-
cident, maladie, âge). Orphelins, enfants abandonnés (car illégitimes), veuves, filles-mères,
femmes abandonnées. 1er 19e libéral veut réduire dépenses d'assistance (0,3% revenu natio-
nal, 45% municipalités, 52% dotations privées) qui favoriseraient paresse, pas de charité lé-
gale. 1848, 1338 hôpitaux, mais 5% (Pais et régions riches) ont ¾ ressources.
Des "années décisives"
La modernisation de la France
Le progrès économique dans un marché national plus cohérent
Au tournant des 1840, avec système Guizot, il y a expansion. Surtout revenu agri-
cole sous pression démographique (diversification des cultures, prairies artificielles, produc-
tion animale développée) développement industriel (laine). Problème : coût des transports
Thiers lance en 1836 les bases d'un lacis de chemins et de voies vicinales, 1600 km de
canaux sont construits sous Louis-Philippe, 540 km voies ferrées construites en 1841 (très
peu Anglais). Exploitation à des compagnies privées, pour éviter domination, Etat mor-
celle = petites compagnies = peu de moyens = long avancement.
Une économie plus lourde en capital
Avec voie ferrée, transports + rapides. Emergence de SA de grande taille,
d'actionnaires. Environnement très libéral pour développement entreprises, énormes
investissements (mines, métallurgie, usines construction de machines à vapeur).
Modernisation industries traditionnelles (pullullement des métiers mécanique en Alsace et
région rouennaise : 5000 31 000 18361846). Main d'œuvre abondante et peu chère
(Angleterre). DT dans industrie luxe et demi-luxe (Paris). Exportations (soirie, vin, draps).
L'apparition des "couches nouvelles"
Dans expansion, nouvelle "classe moyenne" notables, petits bourgeois. Titulaires
de diplômes. 1838, Balzac fonde avec acteurs et auteurs Société des gens de lettres (entraide
+ défense propriété littéraire). En 1845, docteurs en médecine (11 000) demandent statut et
évincement des officiers de santé (7500) (non diplômés), idem pharmaciens et vétérinaires.
1867 diplôme d'architecte, 1848 statut "d'ingénieur civil" et 1ère ENA.
L'élargissement des horizons culturels
L'effort éducatif
La moitié sud est très analphabète, on parle des patois (Alsace, Bretagne, Pays
basque, Midi). 28 juin 1833 (Guizot) : chaque commune doit entretenir une école primaire,
chaque département une école normale. Gratuité que pour indigents. Dans 1840 : 31
00052 800 ; élèves x2. 1829, 45% des appelés savent lire, 64% en 1848. Instruction im-
prégnée de morale. Lycée pour élite, 3 000 au bac/an (1 personne/10 000). 5000 étudiants.
Développement de sociétés savantes pour ces élites.
La formation continue des Français
Essor de la presse depuis 1830 prix baisse (40-80F/an). Feuilletons (Balzac,
Sand, Eugène Sue Les Mystères de Paris). Fabrication industrielle encre et papier. 1000
titres/an en 1788, 8000 en 1825, 12 000 vers 1860. Prolifération des livres, mais toujours
cher. Mais censure. L'éditeur, avec ses écrivains, s'affirme (théâtre pour Michel Lévy,
monde du Palais pour Dalloz, université et école pour Louis Hachette). Développement des
romans populaires illustrés. En ville : cabinet de lecture, bibliothèque ; celui qui sait lire, lit
aux autres, milieux populaires profitent culture.
Le libéralisme en procès
Critiques bourgeoises
Une bourgeoisie de progrès prend connaissance de la conditions des ouvriers, du
paupérisme, grâce à enquêtes (Louis Villermé). Accusation des notables. loi 1841 sur li-
mitation du L des enfants. Accusation du libéralisme éco par courant chrétien de "l'éco cha-
ritable" (vicomte de Villeneuve-Bargemont, baron de Gérando) : concurrence mènerait à bas
prix, à baisse des salaires, pour petite entreprise traditionnelle. Dans 1840, notables ont
peur, ont des remords. Concurrence et initiative individuelle sont contestées.
Les contradictions du libéralisme français
Milieu éco se divisent entre libre-échangisme et protectionnisme. Protectionnisme
utile en 1814 lors développement industriel (protection contre Angleterre), mais désormais
contesté, MP sont chères. Association pour la liberté des échanges (Cobden) : vignobles, in-
dustries du luxe, compagnies chemins de fer Moniteur industriel, protectionniste : coton-
niers, métallurgistes, agriculteurs, craignant concurrence = majorité G ne peut abaisser
droits de douanes ou faire union douanière avec Belgique. Charles Dunoyer et Bastiat prô-
nent "laisser-faire", affirmant que misère est inéluctable. Idéologues libéraux affirment que
paupérisme vient d'une dérive du libéralisme (protectionnisme donnant monopoles : Com-
pagnie des mines de la Loire = prix élevés, menacent petites entreprises, misère ouvrière).
Le libre-échange réduirait puissance de ce grand capitalisme (Lamartine, Adolphe Blanqui =
certains saint-simoniens), car prix étrangers bas prix du pain bas.
Une nouvelle opposition de gauche
Naissance du "radicalisme"
Depuis lois répressives de 1835, substantif "républicain" = interdit, ils s'appellent
alors "radicaux". Meneur : Ledru-Rollin. Pour suffrage universel : "Que tout citoyen soit
électeur, que le député soit l'homme de la nation et non de la fortune", extension, démocrati-
sation de la propriété privée pour faire disparaître prolétariat, nationalisation des grandes ri-
chesses productives (mines, canaux, chemin de fer), protection des faibles contre capita-
listes, extension éducation, crédit bon marché pour petits producteurs.
Le National : citoyenneté nouvelle, éducation gratuite, contre socialisme
La Réforme : élargie à républicains socialistes (Louis Blanc), droit au L, or-
ganisation du L.
Régime et notables tournés en dérision (Daumier), almanachs, brochures… Opposition ré-
publicaine très minoritaire à la Chambre, mais progresse dans local avec bourgeoisie
moyenne et intellectuels.
Socialistes (Etienne Cabet) veulent nouveau rapprochement ouviers-république.
On se souvient avec bonheur de la Révolution (1847 Lamartine Histoire de Girondins, Mi-
chelet Histoire de la Révolution, Louis Blanc Histoire de la Révolution).
"L'association" contre l'anarchie libérale
Le mot "socialiste" apparaît en 1832 dans Le Globe. Certes, avant 1830, courant
autour de Fourier et Saint-Simon, mais éclatement en 1830. Naissent des "corporations ou-
vrières" (défense des salaires et communauté morale de métier face à déréglementation, ni-
veau produits, statut ouvrier, réglementations), affrontement avec patronat, mais aussi ac-
cord. Aussi association ouvrière : chômeurs montant une entreprise, association de secours,
assurance mutuelle etc. Mais en France, projet d'émancipation des travailleurs (Pierre Bu-
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