refuse finalement de prendre le pouvoir par un coup d’État, il est écarté de la
sphère politique, et la crise se termine.
En 1892 éclate le scandale de Panama. Lors de la construction du canal, plusieurs
hommes politiques corrompus incitent leurs électeurs à acheter des actions pour
soutenir la compagnie chargée du chantier, alors en grande difficulté. La faillite de
celle-ci ruine des milliers d'investisseurs, et l'affaire est rendue publique dans le
journal La Libre Parole. Suite à ces révélations, les anarchistes menacent la
République. Ceux-ci commettent un attentat à la Chambre des députés en 1893 et
assassinent le Président de la République Sadi Carnot en 1894.
2) Affaire Dreyfus et contestations sociales : un peuple divisé
Le monde ouvrier connaît une importante agitation à partir de la fin des années
1890. Les travailleurs protestent contre des conditions de travail extrêmement
dures : absence de sécurité au travail et de sécurité sociale, durée des journées de
travail, absence de congés. Les contestations aboutissent à de grandes grèves au
début des années 1900, en partie organisées par les premières organisations
syndicales (Confédération Générale du Travail depuis 1895, Section Française de
l'Internationale Ouvrière depuis 1905). Ces mouvements sont sévèrement
réprimés, et l'acquisition des droits sociaux est lente : le repos hebdomadaire n'est
accordé qu'en 1906, la retraite en 1910, et la journée de 8h en 1919.
Une autre grande division du peuple français est révélée par une crise
extrêmement grave : l'affaire Dreyfus. Celle-ci met en lumière l’antisémitisme
d'une importante partie de la population. En 1894, une affaire d'espionnage est
révélée, affaire lors de laquelle des informations stratégiques sont vendues à
l'Allemagne. Le capitaine Dreyfus est alors accusé et condamné. Mais sa famille
sait qu'il est innocent, et celle-ci va faire entrer cette affaire dans le débat public.
De grands intellectuels tels qu'Émile Zola s'y intéressent à partir de 1898, et la
société française se divise progressivement en deux camps : les dreyfusards et les
anti-dreyfusards. Après une longue enquête, le vrai coupable est finalement
identifié, mais Dreyfus ne retrouve son grade qu'en 1906. Cette crise révèle d'une
part un fort sentiment antisémite au sein de la population, mais également
l'existence d'un nationalisme d'exclusion très agressif.