1848 : une révolution démocratique en France Les révolutions de 48 sont européennes (commencent en Italie, puis Allemagne, puis France) Triple caractère : révolutions nationales, libérales et sociales. En France, l’unité nationale est faite depuis longtemps, la révolution libérale est faite depuis longtemps, elle va prendre un caractère démocratique et social : gouvernement du peuple et par le peuple/présupposé égalitaire. La 2nd République va être malheureuse car coup d’Etat, mais établissement du suffrage universel masculin ; abolition de l’esclavage dans les colonies françaises ; droit au travail (droit social), mal accepté par une partie de l’opinion française I. La révolution démocratique et sociale du printemps 1848 Il n’y a aucun droit social dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Affirmation des dimensions social du politique : on est dans la modernité politique. Quarante-huitard : révolution romantique, on a beaucoup rêvé, révolution lyrique (Malraux à propose de la Guerre d’Espagne), impression qu’on peut tout changer. On la retrouve chez Flaubert et même Baudelaire 24 février 48 : barricade à Paris contre Louis-Philippe, qui doit abdiquer. Le plus grand opposant, Lamartine, représentant de la République, va à l’Hôtel de Ville et du balcon proclame la République pour al seconde fois dans l’histoire de France. Il constitue un gouvernement provisoire de modérés (Ledru-Rollin, Carnot), socialisants (Louis-Blanc, et l’ouvrier Albert). Prend les décisions fondamentales : Suffrage universel masculin : tous les hommes de plus de 21 ans peuvent voter (première fois dans l’histoire) = de 250.000 électeurs à 10M. La République adopte le drapeau tricolore (les hommes des barricades veulent le drapeau rouge). Adopte une nouvelle devise : Liberté, Égalité, Fraternité (rompre avec la terreur = liberté, égalité ou la mort). Abolition de la peine de mort en matière politique. Non intervention = n’intervient pas en Pologne Abolition de l’esclavage à l’initiative de Victor Schoelcher (262.000 nouveaux électeurs) Droit au travail : le travail devient un droit de l’homme. Le gouvernement provisoire crée des ateliers nationaux pour employer les chômeurs (fonctionneront mal). Pour financer ces mesures, impôt des 45 centimes : on augmente de 45% les impôts directs. Va liguer les campagnes contre la ville Aspects culturels et symboliques : liberté de presse et d’association. On voit fleurir des centaines de petits journaux. Il se crée des clubs de tout (même des clubs de femmes), des comités électoraux (ancêtre des partis), on y nomme les candidats. Grande effervescence politique et sociale : époque où l’on plante des arbres de la liberté, unanimité nationale. La voix de dieu est la voix du peuple (vox populi, vox dei), le peuple ne peut se tromper. 23 avril 1848 : élection au suffrage universel, l’extrême gauche est contre. C'est le jour de pâques pour donner un caractère religieux au vote. Élection de modérés, parmi eux les républicains de la veille, mais la majorité : républicains du lendemain. Députés en blouse mais l’essentiel est bourgeoise. Lamartine est chef du gouvernement. À la fin du printemps, l’unanimité se rompt : l’extrême gauche (Blanqui, Barbes) voudrait aller dans un sens plus social, seconde révolution. La majorité de l’Assemblée est au contraire modéré. Pour les bourgeois, le droit au travail n’existe pas, opposition aux travaux publiques. Fin juin 1848 : suppression des Ateliers Nationaux : le Paris ouvrier est couvert de barricades. Cavaignac écrase les barricades au canon. Première insurrection ouvrière. Les vainqueurs suppriment le droit au travail, Cavaignac est chef du gouvernement. Mais la République n’est pas finie. II. La Constitution du 4 novembre 1848 et première élection présidentielle au suffrage universel direct du 10 décembre 1848 La République continue dans une version plus conservatrice. Agulhon montre que cette période va accélérer la politisation des Français. L’Assemblée discute de la constitution : 2 référents : 1ère République et modèle américain. Clé de voute du modèle américain : Président. On va faire une synthèse entre l’Assemblée unique et le Président. Assemblée unique élue pour 3 ans au suffrage universelle ; un Président de la République élu pour 4 ans au suffrage universel direct, ne pourra pas se représenter immédiatement (risque de dictature). Edgar Quinet et Jules Grévy préféreraient un système parlementaire = peur de la dictature. Les constituants rejettent le droit au travail. La première élection présidentielle aura lieu le 10 décembre 1848. Cavaignac se présentait, soutien de l’État, presse, préfets et maires. En face, il y a quelques républicains plus sociaux, Ledru-Rollin, docteur Raspail, et Louis-Napoléon Bonaparte (neveu de l’autre), fait une mauvaise impression. Thiers déclare que c'est un imbécile et le soutien. Il ne fait pas campagne et n’a pas de parti, mais il a un nom. Il va recueillir l’assentiment des masses populaires, les paysans et les ouvriers ont oublié les guerres et ne retiennent que la propagation de la révolution, LNB a aussi écrit un Traité sur le paupérisme. Il obtient 81% des voix. Guizot est en Angleterre et analyse la victoire de LNB : « c'est beaucoup d’être à la fois une gloire nationale, une garantie révolutionnaire et un principe d’autorité » L’unanimité naît sur l’ambiguïté = le nom de Bonaparte évoque la gloire, la continuité de la Révolution (égalité devant l’impôt et la loi), et l’Empire est une quasi-dictature, c'est l’ordre pour les paysans, mais pour les ouvriers c'est aussi l’opposant de Cavaignac. Le vote paysan n’a pas suivi le vote des notables. Tocqueville : c'est le début de l’autonomie politique du monde rural. C'est aussi le « test et la mesure de l’analphabétisme politique » = on a retenu qu’un nom en 50 ans. III. Logiques du coup d’État du 2 décembre 1851 1er facteur : secondes élections législatives du 13 mai 49 : bipartition de la France : 1ère carte politique significative. Républicains modérés écrasés, il ne reste que les Blancs (parti de l’ordre) et les Rouges (les démocsoc = démocrates socialistes). Parti de l’ordre est composé de conservateurs, monarchistes : légitimistes (petit-fils de Charles X) et orléanistes (petit-fils de Louis Philippe) = 2/3 de l’assemblée. Apparition d’une gauche rurale (campagne du centre et midi de la France). Cela fait peur aux autres (les partageux). Il s’agit de démocrates égalitaires qui veulent une République plus social. 3 pivots : Parti de l’ordre qui gouverne (Tocqueville est ministre des Affaires Étrangères). Structure verticale, appui de l’Église, monarchistes mais pas d’accord sur le roi, peur du peuple et du suffrage universel. La Montagne : les Rouges. Structure horizontale, associative, passe par des clubs, cafés, propagande politique. Mystique du peuple. Chefs : Ledru-Rollin, Quinet, Victor Hugo. Ils sont décapités le 13 juin 49 lors d’une manifestation contre l’Assemblée (on les accuse de vouloir faire un coup d’État) Parti de l’Élysée : LNB = homme secret, retord, cynique. Politique est louvoyante, soutien le Parti de l’ordre mais n’est pas hostile au suffrage universel. Voyage beaucoup, propagande politique. Se donne une petite association politique. Entre ces trois forces va se jouer le destin de la nation. Parti de l’ordre va mener une politique conservatrice : armée française de Oudinot rétablie le pape. Lois scolaires (loi Fallou) : liberté de l’enseignement, hors de l’État, conseil religieux contrôle les écoles, favorise l’enseignement des filles par les religieuse = contrôler l’école par la religion. Loi du 31 mai 1850 : loi qui restreint le suffrage universel = tous ceux qui ne réside pas depuis plus d’un an dans la commune et qui ne paie pas d’impôt direct : on exclue les indigents et les travailleurs saisonniers. Le Président s’en démarque, c'est pourquoi il va pouvoir tenter son coup d’État. Le prépare avec quelques représentants de l’armée (Morny, Maupas…). Fixe le coup d’État le 2 décembre (sacre de Napoléon et bataille d’Austerlitz). Fait des affiches : assemblée est dissoute et suffrage universel rétablie. Indifférence publique. Modérés protestent et sont emprisonnés (Tocqueville et Thiers). Manifestation boulevard des Capucines : l’armée tire. Le coup d’État réussit dans les villes, mais pas dans les campagnes rouges : insurrections paysannes pour la République, écrasées dans le sang. Le 2 décembre 1852, il rétablie l’empire.