Polynômes de Tchebychev
Pafnoutïi Lvovitch Tchebychev, mathématicien russe , est né à Borovsk en 1821 et mort à Saint-Pétersbourg en 1894.
1) Définition et existence
a) Polynômes de Tchebychev de 1ère espèce : Tn.
Soit nun entier naturel. Il existe un et un seul polynôme noté Tntel que
θR, Tn(cos θ) = cos().
Unicité. Tnest déterminé sur [−1, 1]qui est infini et donc uniquement déterminé.
Existence. Soient nun entier naturel et θun réel.
cos() = Re(einθ) = Re((cos θ+isin θ)n) = Re n
X
k=0
Ck
n(cos θ)nk(isin θ)k!
=
E(n/2)
X
p=0
(−1)pC2p
n(cos θ)n2p(sin θ)2p =
E(n/2)
X
p=0
(−1)pC2p
n(cos θ)n2p(1cos2θ)p
et le polynôme
E(n/2)
X
p=0
(−1)pC2p
nXn2p(1X2)pconvient.
nN, Tn=
E(n/2)
X
p=0
(−1)pC2p
nXn2p(1X2)p.
b) Polynômes de Tchebychev de 2ème espèce : Un.
Soit nun entier naturel non nul. Il existe un et un seul polynôme noté Untel que
θR,sin θ×Un(cos θ) = sin().
Unicité. Unest déterminé sur ] − 1, 1[qui est infini et donc uniquement déterminé.
Existence. Soient nun entier naturel et θun réel.
sin() = Im(einθ) = Im((cos θ+isin θ)n) = Im n
X
k=0
Ck
n(cos θ)nk(isin θ)k!
=
E((n1)/2)
X
p=0
(−1)pC2p+1
n(cos θ)n−(2p+1)(sin θ)2p+1=sin θ
E((n1)/2)
X
p=0
(−1)pC2p+1
n(cos θ)n2p1(1cos2θ)p
et le polynôme
E((n1)/2)
X
p=0
(−1)pC2p+1
nXn2p1(1X2)pconvient.
nN, Un=
E((n1)/2)
X
p=0
(−1)pC2p+1
nXn2p1(1X2)p.
2) Relation entre Tnet Un
Soit nun entier naturel non nul. Pour tout réel θ, on a Tn(cos θ) = cos(). En dérivant cette relation, pour tout réel θ
on obtient
sin θT
n(cos θ) = −nsin(),
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ou encore
θR,sin θ1
nTn(cos θ) = sin().
Par unicité de Un, on a donc
nN, Un=1
nT
n.
3) Relation de récurrence
Pour tout réel θet tout entier naturel n, on a
cos() + cos((n+2)θ) = 2cos θcos((n+1)θ),
ce qui fournit encore
θR, Tn(cos θ) + Tn+2(cos θ) = 2cos θTn+1(cos θ).
ou enfin
x[−1, 1], Tn(x) + Tn+2(x) = 2xTn+1(x).
Ainsi, les polynômes Tn+Tn+2et 2XTn+1coïncident en une infinité de valeurs et sont donc égaux.
nN, Tn+22XTn+1+Tn=0.
4) Premières expressions de Tnet Un
A partir de la relation de récurrence ou à partir de l’expression de Tndu 1)a) ou encore en calculant directement cos(),
cos(), . . . , on obtient :
T0=1,T1=X,T2=2X21,T3=4X33X,T4=8X48X2+1et T5=16X520X3+5X.
De même, à partir de l’égalité Un=1
nT
n, on obtient
U1=1,U2=2X,U3=4X21,U4=8X36X et U5=16X412X2+1.
5) Graphes des premiers Tn
1
1
11
T0
T1
T2
T3
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6) Degré, coefficient dominant
1 ère solution. Soit nN. On rappelle que
Tn=
E(n/2)
X
p=0
(−1)pC2p
nXn2p(1X2)p.
Puisque pour tout entier naturel pJ0, E(n
2)K, on a n2p +2p =n,Tnest un polynôme de degré inférieur ou égal à n.
De plus, le coefficient de Xndans Tnvaut
C0
n+C2
n+C4
n+...=1
2((C0
n+C1
n+C2
n+C3
n+...) + (C0
nC1
n+C2
nC3
n+...)) = 1
2((1+1)n+ (11)n)
=1
2(2n+0) ((11)n=0car n1)
=2n1.
2 ème solution. Montrons par récurrence que nN,deg(Tn) = net dom(Tn) = 2n1.
On a déjà deg(T1) = 1, deg(T2) = 2, dom(T1) = 1=211et dom(T2) = 2=221. Le résultat est donc vrai
pour n=1et n=2.
Soit n1. Supposons que deg(Tn) = n, deg(Tn+1) = n+1, dom(Tn) = 2n1et dom(Tn+1) = 2nalors
deg(Tn+2) = deg(2XTn+1Tn) = deg(XTn+1) = 1+n+1=n+2,
et
dom(Tn+2) = dom(2XTn+1) = 2×2n=2n+1.
Le résultat est démontré par récurrence.
T0=1et nN,deg(Tn) = net nN,dom(Tn) = 2n1.
Par dérivation , on obtient
nN,deg(Un) = n1et nN,dom(Un) = 2n1.
7) Parité
Pour tout naturel n,Tna la parité de n. En effet,
Tn(−X) =
E(n/2)
X
p=0
(−1)pC2p
n(−X)n2p(1− (−X)2)p= (−1)n
E(n/2)
X
p=0
(−1)pC2p
nXn2p(1X2)p= (−1)nTn.
On peut aussi écrire pour tout réel θ:
Tn(− cos θ) = Tn(cos(θ+π)) = cos(+) = (−1)ncos() = (−1)nTn(cosθ),
et donc, pour tout réel xde [−1, 1],Tn(−x) = (−1)nTn(x). Puisque [−1, 1]est infini, les polynômes Tn(−X)et (−1)nTn
sont égaux.
On peut encore utiliser la relation de récurrence du 3).
Tout d’abord, T0(−X) = (−1)0T0et T1(−X) = (−1)1T1.
Ensuite, si pour n0 Tn(−X) = (−1)nTnet Tn+1(−X) = (−1)n+1Tn+1alors
Tn+2(−X) = 2(−X)Tn+1(−X) − Tn(−X) = 2(−1)n+2XTn+1− (−1)nTn= (−1)n+2(2XTn+1Tn) = (−1)n+2Tn+2.
Pour tout naturel n,Tna la parité de n.
Par dérivation , on obtient encore :
pour tout naturel non nul n,Una la parité contraire de n.
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8) Tn(1),Tn(−1),Tn(0)(=coefficient constant)
Soit nN.
Tn(1) = Tn(cos 0) = cos(n×0) = 1.
Tn(−1) = (−1)nTn(1) = (−1)n.
T2n+1est impair et donc T2n+1(0) = 0. Puis T2n(0) = T2n(cos π
2) = cos() = (−1)n.
En résumé
nN, Tn(1) = 1,
nN, Tn(−1) = (−1)n,
nN, T2n+1(0) = 0et T2n(0) = (−1)nou encore Tn(0) = cos(nπ
2).
9) Equation différentielle vérifiée par Tn. Coefficients de Tn
a) Equation différentielle vérifiée par Tn.Pour trouver les coefficients de Tn, on cherche d’abord une équation
différentielle linéaire dont Tnest solution.
Soit nN. En dérivant l’égalité Tn(cos θ) = cos(), on obtient :
θR,sin θT
n(cos θ) = −nsin(),
puis en redérivant
θR,cos θT
n(cosθ) + sin2θT ′′
n(cos θ) = −n2cos() = −n2Tn(cosθ),
ou encore,
x[−1, 1],xT
n(x) + (1x2)T′′
n(x) = −n2Tn(x).
Ainsi, puisque [−1, 1]est infini,
nN,(1X2)T′′
nXT
n+n2Tn=0(E).
b) Coefficients de Tn.Soit n2. Puisque Tnest de degré net a la parité de n, on peut poser
Tn=X
0kn
2
akXn2k.
Reportons alors cette écriture de Tn, dans le premier membre de l’équation (E).
(1X2)T′′
nXT
n+n2Tn= (1X2)X
0kn
21
(n2k)(n2k 1)akXn2k2XX
0kn1
2
(n2k)akXn2k1
+n2X
0kn
2
akXn2k
=X
0kn
21
(n2k)(n2k 1)akXn2k2X
0kn
2
(n2k)(n2k 1)akXn2k
X
0kn
2
(n2k)akXn2k +n2X
0kn
2
akXn2k
=X
0kn
21
(n2(k+1) + 2)(n2(k+1) + 1)akXn2(k+1)
+X
0kn
2
(−(n2k)(n2k 1) − (n2k) + n2)akXn2k
=X
1kn
2
(n2k +2)(n2k +1)ak1Xn2k +X
0kn
2
(4kn 4k2)akXn2k
=X
1kn
2
[(n2k +2)(n2k +1)ak1+4k(nk)ak]Xn2k.
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Par suite,
(1X2)T′′
nXT
n+n2Tn=0kN,(1kn
2(n2k +2)(n2k +1)ak1+4k(nk)ak=0).
En tenant compte de a0=dom(Tn) = 2n1, pour 1kn
2, on a alors
ak=−(n2k +1)(n2k +2)
4k(nk)×−(n2k +3)(n2k +4)
4(k1)(nk+1)×...×−(n1)n
4×1×(n1)×a0
=(−1)k
4k
(n2k +1)×(n2k +2)×(n2k +3)×(n2k +4)×...×(n1)×n
k×(k1)×...×2×1×(n1)×(n2)×...×(nk)2n1
= (−1)k2n2k1n!/(n2k)!
k!×(n1)!/(nk1)! = (−1)k2n2k1n
nk
(nk)!
k!(n2k)!
= (−1)k2n2k1n
nkCk
nk.
ce qui reste vrai pour k=0.
nN, Tn=X
0kn
2
(−1)k2n2k1n
nkCk
nkXn2k.
10) Racines de Tnet factorisation de Tn
Soient θRet nN.
cos() = 0π
2+πZθπ
2n +π
nZ.
Pour kJ0, n 1K, posons alors θk=π
2n +
npuis xk=cos θk. On a d’une part
0 < π
2n =θ0< θ1< . . . < θn1=ππ
2n < π,
et donc, par stricte décroissance de la fonction x7cos xsur [0, π],
1 > x0> x1> . . . > xn1>1.
En particulier, les nnombres xk,0kn1, sont deux à deux distincts. Mais d’autre part, pour kJ0, n 1K,
Tn(cos θk) = cos(k) = 0.
et les nnombres xk,0kn1sont nracines deux à deux distinctes du polynôme Tnqui est de de degré n. Ce sont
donc toutes les racines de Tn, toutes réelles simples et dans ] 1, 1[. En tenant compte de dom(Tn) = 2n1, on a montré
que
1) nN, Tnanracines réelles deux à deux distinctes, toutes dans ] − 1, 1[.
2) nN, Tn=2n1
n1
Y
k=0Xcos π
2n +
n.
11) Diverses expressions de Tnet Un
a) Pour xdans [−1, 1].
Soit nN. Soient x[−1, 1]puis θ=Arccos x. On a alors θ[0, π]et cos θ=x. L’égalité Tn(cosθ) = cos()s’écrit
encore :
nN,x[−1, 1], Tn(x) = cos(nArccos x).
De même, l’égalité sin θUn(cos θ) = sin()s’écrit encore :
nN,x] − 1, 1[, Un(x) = sin(nArccos x)
1x2.
b) Pour |x|1.
Montrons par récurrence que, pour tout entier naturel net tout réel θ, on a Tn(ch θ) = ch().
C’est clair pour n=0et n=1.
Soit n0. Supposons que Tn(ch θ) = ch()et que Tn+1(ch θ) = ch((n+1)θ). On en déduit que
Tn+2(ch θ) = 2(ch θ)Tn+1(ch θ) − Tn(chθ) = 2(ch θ)(ch(n+1)θ) − ch() = ch((n+2)θ) − ch() + ch()
=ch((n+2)θ).
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