pie et de la radiothérapie. Si cette association semble mainte-
nant reconnue pour de nombreuses localisations tumorales, les
conclusions sont moins claires pour les tumeurs bronchopul-
monaires. Les problèmes techniques tels que ceux de la défini-
tion du volume à traiter ou les problèmes thérapeutiques tels
que l’augmentation significative de la toxicité pulmonaire ou
œsophagienne contribuent probablement à la négativité de cer-
tains essais.
Dans les formes inopérables de CBNPC non traitées par radio-
thérapie, l’étude française vinorelbine contre vindésine platine
contre vinorelbine cisplatine a été revisitée pour une analyse
des facteurs pronostiques (26). Une analyse multivariée a mis
en évidence un impact pronostique pour les paramètres biolo-
giques et cliniques suivants : nombre de neutrophiles supérieur
à 10.103, PS (état des performances OMS) à 2, γGT > 60 UI,
stade IV, index de masse corporelle < 24. Par ailleurs, l’état
des performances selon l’OMS était le seul facteur pronostique
interférant avec le traitement. Les patients avec un PS à 2 ne
tirent pas de bénéfice de la chimiothérapie dans cette étude.
Les résultats d’une étude randomisée, réalisée par le SWOG
(27), comparant deux des standards actuels paclitaxel-carbo-
platine et vinorelbine-cisplatine ont été présentés au congrès
de l’ASCO. Quatre cent quarante-quatre patients de PS 0–1
ont été randomisés (410 éligibles). Deux cent huit patients ont
reçu paclitaxel 225 mg/m2Jl et carboplatine AUC 6 J1 tous les
21 jours, 202 patients ont été traités par cisplatine 100 mg/m2
J1 tous les 28 jours et vinorelbine 25 mg/m2/semaine. Les pro-
fils d’efficacité et la survie obtenue avec les deux associations
sont tout à fait comparables avec, pour chacun des deux traite-
ments, des taux de réponse objective respectivement de 28 %
et de 25 % et une médiane de survie à 8 mois. La survie à un
an ne diffère pas avec 38 % pour l’association paclitaxel et
carboplatine contre 36 % pour cisplatine et vinorelbine. En
revanche, le spectre de toxicité est différent avec plus de neu-
ropathies chez les malades traités par paclitaxel-carboplatine et
plus de neutropénies dans le groupe traité par vinorelbine-cis-
platine. Le choix devra donc prendre en compte d’autres cri-
tères que l’efficacité et en particulier les différences de schéma
d’administration, les toxicités et, bien entendu, les différences
de coût.
La fréquence des progressions tumorales chez des patients en
bon état général après une chimiothérapie de première ligne
conduit habituellement à proposer une chimiothérapie de
seconde ligne. Les recommandations de l’ASCO proposent de
traiter les patients en bon état général qui ont précédemment
répondu à la chimiothérapie de première ligne. Les situations
cliniques du quotidien et en particulier la rechute de patients
ayant été opérés ou irradiés après un traitement d’induction
font de cette seconde ligne un fait de pratique courante. Cepen-
dant, jusqu’à présent, il y avait peu d’arguments venant justi-
fier son utilisation. F. Shepherd (28) a présenté une étude com-
parant une chimiothérapie par docétaxel (100 ou 75 mg/m2) à
l’absence de chimiothérapie (best supportive care, BSC). Cette
étude randomisée est la première évaluant l’intérêt de la chi-
miothérapie dans cette indication. La comparaison de la qualité
de vie par le Lung Cancer Symptom Scale et l’EORTC QLQ-
C30 avec le module L-13 lung cancer est en faveur de l’utilisa-
tion du docétaxel (p < 0,05). De plus, on relève une diminution
nette dans les prises d’antalgiques morphiniques (32 % des
patients traités par docétaxel contre 49 % dans le groupe BSC).
Des constatations similaires pouvaient être observées en ce qui
concerne les antalgiques non morphiniques. Le traitement par
docétaxel (75 mg/m2) apparaît donc supérieur à l’absence de
traitement en ce qui concerne la qualité de vie. En ce qui
concerne la survie, la médiane a été de 9 mois pour le docé-
taxel contre 4,6 mois pour le BSC (p = 0,016), la survie à un
an a été de 40 % pour le docétaxel contre 16 % pour le BSC
(p = 0,016).
Sur le même sujet, l’étude présentée par Fossela (29) concernait
373 patients (350 évaluables) prétraités de stades IIIB/IV et en
progression, randomisés entre docétaxel 100 mg/m2/3 sem.
(125 patients), docétaxel 75 mg/m2/3 sem. (125 patients) et, au
choix, vinorelbine (30 mg/m2/sem.) ou ifosfamide (2 mg/m2J1-
J3/3 sem.) (123 patients). La comparaison donne un avantage
net en faveur du docétaxel en ce qui concerne la survie à un an,
respectivement de 32 % pour le docétaxel 75 mg/m2, 21 % pour
le docétaxel 100 mg/m2et 19 % pour le groupe traité par vino-
relbine ou ifosfamide. Le taux de réponse à la chimiothérapie
était de 7,5 % pour le docétaxel 75 mg/m2, 11,9 % pour le docé-
taxel 100 mg/m2et 1 % pour le groupe traité par vinorelbine ou
ifosfamide. Ce dernier taux de réponse confirme l’absence
d’intérêt de ces deux drogues dans cette indication.
La comparaison de la qualité de vie par le Lung Cancer Symp-
tom Scale est en faveur de l’utilisation du docétaxel (p < 0,05)
et ceci quelle que soit sa posologie. La survie à un an plaide en
faveur du dosage à 75 mg/m2pour ce groupe de patients, ce
qui est concordant avec l’étude canadienne présentée aupara-
vant.
La gemcitabine pourrait aussi être un bon traitement de
seconde ligne (30) chez les patients ayant répondu à une chi-
miothérapie de première ligne contenant du cisplatine. Quatre-
vingt-trois patients de stades IIIB ou IV ont été traités dans un
essai de phase II par gemcitabine à la dose de 1 000 mg/m2
3semaines/4 (ref). Une réponse partielle a été observée chez
16 patients (19 %), au prix d’une toxicité modérée, essentielle-
ment hématologique. Ce taux de réponse dans cette situation
pousse à continuer les investigations sur cette molécule en
seconde ligne.
TRAITEMENT DES CANCERS À PETITES CELLULES
Les résultats à long terme de l’étude de A. Turrisi ont été
récemment publiés dans le New England Journal of Medicine
(31). Dans cette étude, les patients étaient traités par cisplatine
60 mg/m2J1 et étoposide 120 mg/m2de J1 à J3 et recevaient
une irradiation concomitante mono- ou bifractionnée. Cette
analyse à long terme confirme le bénéfice de l’irradiation
concomitante bifractionnée, au prix d’une plus grande toxicité
(figure 4). En dépit d’une chimiosensibilité importante, les
“longs survivants” du cancer à petites cellules sont peu nom-
breux. L’intensification thérapeutique est une hypothèse de
recherche pour améliorer ces résultats à long terme décevants.
Il n’y a pas, pour l’instant, de preuve absolue en faveur de
cette hypothèse et les différentes modalités utilisables pour
CANCERS BRONCHIQUES
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La Lettre du Cancérologue - volume VIII - n° 6 - décembre 1999