É D I T O R I A L Proposition de lecture rapide de l’ASCO 2002 ● J.F. Morère* CE QUI PEUT CHANGER NOTRE PRATIQUE DEMAIN L’utilisation précoce des taxanes dans le cancer du sein En situation adjuvante, la combinaison docétaxel-adriamycinecyclophosphamide permet en effet de réduire le risque de récidive de 32 % (p = 0,0011) par rapport à la combinaison classique FAC. Ce bénéfice clinique se traduit par une amélioration significative de la survie chez les patients ayant un envahissement ganglionnaire modéré (de un à trois ganglions atteints). En traitement néoadjuvant, l’adjonction d’un taxane à une chimiothérapie classique augmente les chances de réponse complète pathologique (obtenue chez plus d’une malade sur quatre avec un schéma de paclitaxel hebdomadaire). La chimiothérapie du mésothéliome pleural Une chimiothérapie combinant du cisplatine au nouvel antifolate pemetrexed permet une régression de la maladie chez près d’un patient sur deux ouvrant l’espoir d’une stratégie plus efficace. L’absence d’impact de la chimiothérapie adjuvante dans les cancers du poumon Elle ne modifie par la survie dans l’étude italienne ALPI sur 1 209 patients. La chimiothérapie utilisée est cependant actuellement considérée comme une combinaison ancienne (mitomycine-vindésine-cisplatine). La chimiothérapie du cancer bronchique chez les patients fragiles (PS2) en situation avancée Celle-ci semble utile, contrairement à l’idée classique (étude du CALGB utilisant la combinaison carboplatine AUC 6-paclitaxel : 225 mg par m2). La chimioradiothérapie des cancers de l’œsophage Elle s’affirme comme un nouveau standard dans les maladies localement avancées mais théoriquement résécables (étude FFCD 9102), tout au moins pour les cancers du tiers supérieur et moyen. Elle représente en effet comme une option face à la chirurgie avec une survie médiane similaire. Le patient pourra participer à la décision. Glivec® Il devient la référence du traitement de première ligne des LMC en phase chronique. * Hôpital Avicenne, Bobigny. La Lettre du Cancérologue - volume XI - n° 3 - mai-juin 2002 CE QUI PEUT CHANGER NOTRE PRATIQUE BIENTÔT La combinaison docétaxel-estramustine Elle peut être en passe de remplacer la combinaison classique mitoxantrone-prednisone dans les cancers de prostate. Une nouvelle classe de médicaments, les épothilones Prenant pour cible la tubuline avec induction de la polymérisation et arrêt en phase G2, ces molécules entraînent une apoptose. Dans les cancers du sein, un taux de réponse de 53 % peut être atteint. Les effets secondaires sont d’ordre neurologique. Les inhibiteurs de l’EGF Une petite molécule, la ZD 1839 (Iressa®), en inhibant la tyrosine kinase du récepteur de l’EGF est capable chez des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules en échec thérapeutique de donner une régression tumorale dans 20 % des cas et un contrôle symptomatique chez près d’un malade sur deux. Cette amélioration symptomatique est d’apparition très rapide en quelques jours. On attend avec intérêt les études combinant ce nouveau médicament à la chimiothérapie classique. CE QUI CHANGERA PEUT-ÊTRE NOTRE PRATIQUE À L’AVENIR Les inhibiteurs de farnesyl transférase Zarnestra® apporte un espoir dans les leucémies myéloïdes aiguës avec des réponses objectives chez des patients en rechute ou réfractaires. Dans les tumeurs solides, malgré des résultats cliniques plus modestes, un effet biologique est observé avec accumulation de protéines farnesylées. Les traitements antiangiogéniques Le bevacizumab (Avastin®) donne une augmentation significative de la survie sans progression chez des patients atteints de cancer du rein métastasé en échec des traitements conventionnels. CE QUI EST FAISABLE MAINTENANT Traiter les patients ! Une prise en charge suboptimale alourdit le pronostic des patients atteints de cancer bronchique. CQFD… au Royaume-Uni. Penser aux biphosphonates dans le cancer bronchique Zometa ® retarde et diminue le risque de complication des métastases osseuses. Il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer L’arrêt du tabagisme semble doubler les chances de survie à 5 ans des patients atteints de cancer bronchique anaplasique à petites cellules. ■ 71