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La Lettre du Neurologue - Vol. XI - n° 6 - juin 2007
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Les anévrysmes intracrâniens :
diagnostic et traitement endovasculaire
Intracranial aneurysms: diagnosis and endovascular treatment
L. Picard*, R. Anxionnat*, S. Bracard*
* Service de neuroradiologie diagnostique et thérapeutique, pôle neuro-tête et cou, CHU de
Nancy.
POINTS FORTS
Le diagnostic clinique précoce de l’hémorragie par rupture
d’un anévrysme intracrânien reste l’élément essentiel, seul
capable de réduire la mortalité et la morbidi fonctionnelle.
À la phase aiguë, la scanographie associée à l’angioscanner
permet, dans d’excellentes conditions, de poser le diagnostic
de l’hémorragie et de dépister l’anévrysme responsable. L’IRM
associée à l’angio-IRM donne des résultats comparables.
De plus en plus d’anévrysmes sont découverts avant
rupture, alors qu’ils sont asymptomatiques. Cela incite à
aliser des traitements préventifs chez des sujets normaux. Le
risque thérapeutique doit par conséquent être très faible.
L’anévrysme intracrânien est la conséquence d’une lésion
de la paroi vasculaire dont les étiologies sont multiples. Les
indications doivent être adaptées à l’étiologie. Le traitement
endovasculaire est dominé par l’occlusion endosacculaire par
microcoils, mais l’occlusion du vaisseau porteur et l’inversion
de fl ux gardent des indications. Le traitement neurochirur-
gical par clip reste indiqué lorsque le traitement endovas-
culaire n’est pas possible en raison de l’angioarchitecture
ou lorsque lévacuation d’un hématome associé à la rupture
est impérative.
Le vasospasme, fréquente conséquence du saignement,
bénéficie de moyens de prévention efficaces grâce à la
nimodipine. Si, malgré cela, le vasospasme devient symp-
tomatique, l’angioplastie doit alors être réalisée en extrême
urgence.
Le risque de récidive est apprécié de façon variable. Un
traitement complémentaire est réalisé dans une proportion
qui varie de 10 à 30 % des cas.
Mots-clés : Anévrysmes intracrâniens – Diagnostic –
Traitement – Embolisation.
SUMMARY
Because of the risk of brain hemorrhage due to its rupture,
intracranial aneurysm remains a serious disease involving
major vital and functional risks. The hemorrhage unfor-
tunately is not always diagnosed at the time of the rst
acute episode of headache, often evocative but sometimes
very misleading. The indication of CT scan or MRI must be
extensive in order to avoid any diagnostic delay. More and
more asymptomatic aneurysms are fortuitously discovered;
this raises the problem of the therapeutic indication to
prevent rupture and its justifi cation. Despite the progress
related to improvment of endovascular treatments, the
therapeutic risk cannot be neglected. The embolisation
using microcoils replaced 80% of the classical neurosurgical
indications. The indications must be discussed according
to angioarchitecture and etiology as well as the patients
personality. Associated with a better prevention of vasos-
pasm, the new techniques improved the vital and functional
prognosis in a disease whose screening must be carried
out with discernment.
Keywords: Intracranial aneurysms – Diagnosis –
Treatment – Embolization.
L
es anévrysmes intracrâniens ont bénéfi cdes progs
techniques alisés au cours des dernres cennies,
tant dans le domaine de la réanimation médicale que
dans celui des techniques d’imagerie. Bien sûr, l’hémorragie
intracrânienne par rupture anévrysmale continue d’être respon-
sable d’un lourd taux de mortalité et de morbidité. En dehors
de la mort subite, il existe encore des retards au diagnostic
qui expliquent les états cliniques plus graves secondaires à la
deuxme, voire à la troisième hémorragie. Cela pose le problème
des indications de la scanographie dans les céphalées brutales.
La multiplication des examens de pistage scanographiques
ou IRM augmente le nombre des anévrysmes de couverte
fortuite. Le schéma thérapeutique de base reste identique : traiter
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les conséquences de l’hémorragie, ce qui ressort de la réanima-
tion au sens large, et traiter parallèlement le plus vite possible
l’anévrysme responsable afi n d’éviter la récidive de l’hémorragie.
La neurochirurgie à crâne ouvert laisse de plus en plus de place
au traitement endovasculaire. Mais, si les progrès ont permis
d’améliorer le pronostic, il persiste des risques thérapeutiques
qui expliquent la diffi culté des indications dans les anévrysmes
asymptomatiques.
DÉFINITION : ANATOMIE PATHOLOGIQUE,
ÉPIDÉMIOLOGIE (1)
Un anévrysme correspond à une dilatation artérielle localisée.
Les anévrysmes ne sont pas des malformations congénitales,
mais des lésions acquises dont l’origine se situe au niveau de
défauts de la dia, plus fquents chez les sujets âgés. Ces
lésions sont favorisées par une dégénérescence de la limitante
élastique interne provoquée par l’athérosclérose et/ou par une
prédisposition génétique. D’autres facteurs favorisants sont
d’ordre hémodynamique ; s’y ajoutent l’hypertension et les
angiodysplasies.
Il est classique d’opposer les anévrysmes sacculaires aux
anévrysmes fusiformes. Les anévrysmes sacculaires, caractérisés
par leurs diff érents paramètres (taille, forme, localisation…), se
retrouvent préférentiellement au niveau des bifurcations arté-
rielles, au sommet de l’angulation d’une courbe ou en regard
d’un fl ux dominant. Ils se veloppent au niveau d’une zone
de fragilité de la paroi vasculaire, qui devient alors particu-
lièrement fi ne. Ces sacs anévrysmaux communiquent avec le
vaisseau porteur par l’intermédiaire d’un orifi ce, appelé collet,
dont la taille par rapport au diamètre du sac anévrysmal va
conditionner les possibilités, les diffi cultés et les risques du
traitement endovasculaire. Les parois des anévrysmes ont une
architecture anatomique altérée : l’analyse microscopique y
retrouve l’intima et l’adventice alors que, à partir du collet, la
média et la limitante élastique interne ont souvent disparu. Dans
les anévrysmes anciens ou géants, on retrouve une prolifération
brohyaline, des calcifi cations et parfois des phénomènes de
thrombose intrasacculaire.
CLASSIFICATION DES ANÉVRYSMES SACCULAIRES
La classi cation des anévrysmes sacculaires, souvent considérés
à tort comme congénitaux, est un élément majeur de la stratégie
thérapeutique. Elle repose sur la taille, la forme, la localisation
et l’étiologie.
La taille est facile à déterminer en raison de la grande préci-
sion des techniques modernes d’imagerie. La classifi cation la
plus simple distingue trois groupes en fonction du diamètre :
les petits avrysmes, inférieurs à 10 mm ; les gros, de 10 à
25 mm ; les géants, supérieurs à 25 mm. Certains distinguent
quatre groupes : les petits anévrysmes, inférieurs à 7 mm de
diamètre ; les moyens, de 7 à 12 mm ; les gros, de 13 à 24 mm ;
les géants, au-dessus de 25 mm.
Les anévrysmes
géants
sex-
priment par leur eff et de masse, mais leur paroi joue un rôle
actif, responsable de microhémorragies intrapariétales et de
réactions œdémateuses du tissu cérébral périanévrysmal. Ces
anévrysmes peuvent générer des microthromboses périanévrys-
males, justifi ant parfois un traitement antiagrégant.
La forme d’un anévrysme sacculaire, di cile à classer,
permet parfois de localiser la rupture. Un anévrysme arrondi
ou ovalaire cemment rompu psente souvent une petite
protubérance distale correspondant au lieu de la rupture. En
présence d’une morragie sous-arachndienne et d’anévrysmes
multiples, laspect irrégulier d’un anévrysme sera un argument
en faveur de la responsabilité de cet avrysme vis-à-vis du
saignement.
La localisation exacte, intra- ou extradurale, d’un anévrysme
constitue un élément fondamental. Au niveau carotidien, il
faut déterminer si l’anévrysme est intra- ou extracaverneux,
en sachant qu’un anévrysme intracaverneux peut déborder les
limites du sinus caverneux et entraîner une hémorragie sous-
arachnoïdienne. Parmi les
anévrysmes sacculaires intraduraux
,
environ 90 % siègent au niveau de la circulation antérieure, sur
le cercle de Willis ou à proximité immédiate. La localisation
la plus fréquente reste l’artère communicante antérieure (30 à
35 % des cas). On trouve ensuite la partie distale de la carotide
interne (30 %), incluant lorigine de la communicante posrieure,
puis les anévrysmes carotido-ophtalmiques (5 % des cas). Les
anévrysmes du siphon carotidien sont bilatéraux dans 20 % des
cas. Par ordre de fréquence décroissant, on trouve ensuite la
trifurcation de l’artère cérébrale moyenne, puis la fosse posté-
rieure, avec en premier lieu l’extrémité supérieure du tronc
basilaire, et enfi n l’artère cérébelleuse postéro-inférieure.
Le lieu
dimplantation
de l’anévrysme sur la paroi vasculaire participe
à la compréhension de la forme du sac anévrysmal et parfois de
la physiopathologie. Les anévrysmes sacculaires se développent
souvent au niveau des bifurcations artérielles ainsi qu’en regard
de courbures particulièrement marquées, ce qui correspond au
maximum des contraintes hémodynamiques qui s’exercent sur
des zones de fragilité pariétale.
Les étiologies. Les anévrysmes se développant au niveau d’un
tronc vasculaire, indépendamment de toute bifurcation, sont
plus fréquemment
fusiformes
, ce qui constitue un argument en
faveur de leur origine athéromateuse ou disséquante. Cepen-
dant, d’authentiques dissections peuvent avoir l’apparence d’un
anévrysme sacculaire. Dans le doute, l’angiographie ne suffi ra
pas toujours, et il faudra savoir recourir à l’IRM pour tenter de
préciser l’étiologie.
Lanévrysme disséquant
est la conséquence
d’une rupture de l’intima et de la limitante élastique interne,
responsable d’un hématome intrapariétal. Si la rupture s’étend
à la média et à l’adventice, elle peut entraîner une hémorragie
sous-arachnoïdienne, puis, secondairement, la formation d’un
faux anévrysme. Tout ce qui peut léser la paroi artérielle peut
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entraîner des lésions anévrysmales de nature, de localisation et
de forme très variées : artériosclérose, hypertension artérielle,
traumatismes, artérites, infections, angiodysplasies, etc.
Les
anévrysmes infectieux
, regroupés sous le terme de “mycoti-
ques, sont rares (2 à 4 % des cas). Secondaires à des emboles
septiques, ils se rencontrent dans certaines pathologies telles
les endocardites infectieuses. L’infection est favorisée par le
syndrome d’immunodéfi cience acquise. Lembolie septique sera
souvent distale au niveau des artères de très fi n calibre, ce qui
va provoquer une infl ammation avec crose des diff érentes
tuniques, aboutissant à la formation d’un sac anévrysmal. Le trai-
tement repose sur l’antibiothérapie, parfois associée à locclusion
sélective.
Les anévrysmes métastatiques
sont exceptionnels,
en relation soit avec des myxomes cardiaques soit avec des
choriocarcinomes.
Les anévrysmes traumatiques
, rares chez
l’adulte (1 % des cas), sont plus fquents chez l’enfant (15 %
des cas). Étant donné la variété des anévrysmes traumatiques,
le traitement doit être adapté à la lésion : l’occlusion vasculaire
totale de l’axe principal reste parfois la meilleure solution.
DIAGNOSTIC NEURORADIOLOGIQUE (2)
De nombreux examens permettent de détecter la présence d’un
anévrysme intracrânien : les ultrasons, la scanographie, l’IRM et
l’angiographie sélective. Leurs indications ne sont pas les mêmes
s’il s’agit de rechercher un anévrysme rompu ou de tecter
un anévrysme non rompu. Il importe d’utiliser l’examen qui
permettra à la fois de détecter tous les anévrysmes existants et
de déterminer au mieux la stratégie à proposer aux patients :
abstention, approche endovasculaire ou neurochirurgie à crâne
ouvert ?
L’ultrasono graphie Doppler
n’est ni un examen de
dépistage ni un examen de première intention.
Le scanner X
reste le meilleur examen de première intention pour le diagnostic
de l’hémorragie méningée en situation d’urgence : non invasif,
en dehors de l’injection d’un contraste iodé, il ne cessite ni
sédation ni anesthésie générale. Langio scanner associé permet
d’obtenir rapidement une excellente étude angioarchitecturale du
ou des anévrysmes présents. Lorsqu’une hémorragie méningée
est certaine et que la scanographie reste négative, l’indication
d’une angiographie reste valable, car seule cette dernière est
capable de détecter les quelques rares lésions qui échappent
encore au scanner.
L’IRM
, dont l’acquisition est relativement
longue, est plus diffi cile à utiliser en urgence chez des patients
parfois agités ou confus. Elle peut donc nécessiter une sédation,
voire une anesthésie générale. Le diagnostic d’une hémorragie
discrète est plus di cile qu’au scanner. La présence de l’hyper-
signal à l’hémorragie sous-arachnoïdienne au moment de
la période subaiguë peut masquer certains petits anévrysmes.
En revanche, l’angio-IRM (3D TOF) est un excellent examen de
dépistage des anévrysmes non rompus : sa sensibilité et sa spéci-
cité sont supérieures à 85 % pour les anévrysmes de diamètre
supérieur à 3 mm.
Langiographie 3D
représente toujours le
gold standard de l’exploration des anévrysmes. Le patient doit
être totalement immobile, ce qui cessite une dation ou une
anesthésie générale. Les quatre dicules artériels doivent être
explorés, car des anévrysmes multiples sont décelés dans 20 à
30 % des cas. La série 3D permet d’obtenir toutes les informations
nécessaires (implantation exacte, mensurations précises du sac
et du collet, relations du sac avec les autres vaisseaux, etc.), puis
de déterminer la meilleure incidence de travail pour traiter
l’anévrysme. Même s’il est faible, le
risque angiographique
persiste, car l’angiographie reste une méthode invasive et le
risque zéro n’existe toujours pas. Les principales complications
restant les accidents thromboemboliques et les dissections, il
persiste un risque cumulé variable, de 0,3 % à 1,8 %, de compli-
cations neurologiques transitoires et défi nitives. Les risques
généraux en rapport avec l’injection d’iode (choc anaphylac-
tique, insuffi sance rénale…) doivent, autant que faire se peut,
être prévenus.
DIAGNOSTIC ET STRATÉGIE D’APPROCHE
DE LA RUPTURE AVRYSMALE
Cette rupture va se manifester par la triade symptomatique
classique : céphalées, nausées et/ou vomissements, syndrome
méningé. Décrites comme un coup de poignard occipital, les
céphalées peuvent être frontales, occipitales ou même sacrées,
quelle que soit la topographie de lanévrysme rompu. L’hémor-
ragie peut entraîner des signes neurologiques focalisés, fonction
de sa localisation et de son importance. En dehors de la mort
subite ou trop rapide pour permettre l’hospitalisation (40 % des
cas), le tableau clinique sera très variable. Si certains patients sont
pratiquement normaux, d’autres présenteront des troubles de
la conscience ainsi que des défi cits neurologiques fonctionnels
d’intensité variable. Dès la moindre suspicion d’hémorragie sous-
arachnoïdienne, il faut réaliser en extrême urgence un scanner
ou une IRM afi n de confi rmer le diagnostic d’hémorragie et
préciser l’étiologie en détectant l’anévrysme responsable.
Stratégie thérapeutique
Lorsqu’un anévrysme vient de se rompre, il convient dagir rapi-
dement sur deux fronts : tout d’abord, lutter contre les
consé-
quences néfastes
de l’hémorragie, puis, dans un second temps,
en traiter la cause
, afi n d’éviter la cidive hémorragique. Le
traitement initial visera donc la conservation des fonctions
vitales (respiration, alimentation, déglutition), tout en luttant
contre la fréquente hypertension intracrânienne par la mise en
place d’une dérivation ventriculaire externe et en commençant la
prévention du vasospasme par l’administration de nimodipine.
La tension artérielle sera contrôlée, adaptée aux antécédents du
patient. La lutte contre toute forme de stress est extrêmement
importante : le repos dans une ambiance calme, silencieuse, avec
le minimum de lumière participe à la bonne mise en condition
du patient. Ce dernier doit recevoir les informations ces-
saires fondées sur le respect de la gislation mais aussi sur le
bon sens médical. À la période aiguë, il faut savoir répartir les
informations, et par conséquent les prises de décision, entre le
patient et son entourage. Il s’agit d’éviter d’augmenter l’anxiété
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du patient, ce qui ne pourrait que lui nuire, en accentuant
son stress et donc les risques de complications ou de récidive
hémorragique précoce. Lurgence du
traitement
étiologique
s’est modifi ée au cours des dernières années. La quasi-totalité
des équipes ont arrêté d’intervenir de nuit en extrême urgence
au pro t d’interventions caes de 12 à 24 heures, afi n de
réaliser celles-ci dans les meilleures conditions possible. Ce lai
est utilisé pour eff ectuer une réanimation minimale qui permet
souvent de réaliser le traitement étiologique dans de meilleures
conditions hémodynamiques. De plus, il est préférable de décaler
l’intervention de quelques heures si cela permet de travailler
avec une équipe compétente, reposée et au complet plutôt que
de se lancer dans une intervention précipitée, e ectuée avec
une équipe incomplète et fatiguée sur un patient mal préparé.
Traitement étiologique endovasculaire
ou neurochirurgical
Le traitement endovasculaire
(3) vise à exclure le sac
anévrysmal de la circulation, en le remplissant à l’aide de micro-
coils. Dans certains cas, l’exclusion se fait par l’intermédiaire
d’une occlusion totale du vaisseau porteur ou par l’inversion du
ux sanguin (occlusion des deux artères vertébrales pour traiter
un anévrysme du tronc basilaire, par exemple). Le développe-
ment des microstents participe à des tentatives d’occlusion du
collet anévrysmal s’accompagnant ou non de la mise en place de
mariel dans le sac anévrysmal. Les coils pharmacologiquement
actifs ont pour but dassocier au remplissage du sac anévrysmal
la reconstitution d’une paroi endothéliale. Tous ces coils sont
détachablesà l’aide d’un mécanisme électrique, hydraulique ou
mécanique… Sur le
plan technique
, les interventions endovas-
culaires sont réalisées sous anesthésie générale, non pas parce
qu’elles sont douloureuses, mais parce qu’elles sont longues et
nécessitent une immobilité absolue en raison de l’utilisation des
techniques de soustraction. Lanesthésiste module la tension
artérielle en fonction des cessités peropératoires et adapte
au mieux l’indispensable anticoagulation. Les complications
thromboemboliques doivent être prévenues par l’anticoagulation
systématique, même lorsqu’il s’agit d’une rupture anévrysmale
hémorragique cente. Lextrémité d’un microcathéter placée
dans la cavité anévrysmale permet d’y introduire un premier
coil, choisi en fonction des paramètres angioarchitecturaux. Il
conviendra ensuite de remplir au maximum le sac afi n de l’ex-
clure de la circulation. Le remplissage doit être suffi sant pour
éviter une éventuelle recanalisation ultérieure.
Indications.
Le choix entre clippage neurochirurgical de l’ané-
vrysme et traitement endovasculaire tient à de nombreux paramè-
tres, parmi lesquels l’habitude, les rapports entre les intervenants,
leur disponibilité, l’angioarchitecture de l’anévrysme, l’âge du
patient, son désir et celui de son entourage. Langio architecture
est le paramètre le plus important : la situation, la morphologie,
le diamètre du sac et les relations précises de ce dernier avec les
vaisseaux adjacents conditionnent les possibilités du traitement
endovasculaire. De nombreuse équipes, dont nous faisons partie,
traitent actuellement par voie endovasculaire tous les anévrysmes
accessibles à ces techniques. Cela explique pourquoi langiographie
est utilisée pour l’étude angioarchitecturale, immédiatement après
confi rmation de l’hémorragie au scanner, sans passer par l’étape
angioscanographique. La chirurgie ne reste indiquée que lorsque
le traitement endovasculaire est impossible ou trop dangereux
pour des raisons techniques. Le choix du patient, auquel les deux
thodes doivent être proposées et expliquées, est essentiel, mais
bien peu hésitent entre crâniectomie et ponction fémorale !
Suites opératoires et suivi.
En fonction du traitement réalisé,
le patient sera placé sous traitement anticoagulant et/ou anti-
agrégant pour une durée variable au cours de la période post-
opératoire. La surveillance postopératoire immédiate doit être
adaptée à létat clinique initial du patient ainsi qu’à la qualité du
résultat obtenu. Tout cela permet de décider si le patient doit
être placé en soins intensifs ou en secteur tiède. En période
posthémorragique, il conviendra de surveiller et de gérer la
dilatation ventriculaire éventuelle par la mise en place d’une
dérivation, voire par la réalisation de soustractions itératives
de liquide céphalo-rachidien (LCR) par voie lombaire. De plus,
si la surveillance clinique et ultrasonographique des vitesses
circulatoires montre que la prévention du vasospasme par la
nimodipine est insuffi sante, il faudra parfois utiliser la thérapie
“triple H” (hypertension, hypervolémie, hémodilution). Langio-
plastie sera indiquée lorsque le traitement médical ne permet pas
d’empêcher l’apparition de signes neurologiques défi citaires.
DIAGNOSTIC ET STRATÉGIE D’APPROCHE
DES ANÉVRYSMES NON ROMPUS (4-5)
S’ils sont
symptomatiques
, les anévrysmes non rompus se mani-
festent essentiellement par un eff et de masse, lié à leur taille et
à leur localisation. S’ils sont totalement
asymptomatiques
, la
découverte en est alors purement fortuite, à l’occasion d’examens
neuroradiologiques réalisés pour d’autres motifs. Ces anévrysmes
représentent un problème de santé publique majeur en raison
de leur fréquence : 2 à 4 % de la population. Évaluer le risque
de rupture d’un anévrysme de découverte fortuite constitue un
objectif important afi n de déterminer la meilleure stratégie. Il
existe une diff érence entre les patients qui ont des antécédents
d’hémorragie sous-arachnoïdienne et ceux qui nen ont pas : dans
ces deux groupes, la taille de lanévrysme intervient, avec une limite
critique qui se situerait à 7 mm de diamètre. Le risque hémorra-
gique est plus important chez les patients ayant des antécédents
hémorragiques et dont l’anévrysme a plus de 7 mm de diamètre.
La décision fi nale ne peut être prise quaprès concertation avec
le patient et son entourage, car il ne faut pas oublier de prendre
en compte les facteurs psychologiques. En eff et, la découverte
d’un anévrysme intracrânien constitue souvent un traumatisme
majeur pour certains patients, qui veulent absolument s’en débar-
rasser”, car continuer à vivre avec peut gravement perturber leur
vie quotidienne. En dehors de l’indication de principe, les autres
paramètres qui participent au choix du type de traitement sont
identiques à ceux des anévrysmes rompus.
Mise au point
Mise au point
La Lettre du Neurologue
vous souhaite de tout cœur un bel été et vous remercie
de la  délité de votre engagement
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SUIVI À LONG TERME
La reprise du travail devra être envisagée en fonction de l’état
clinique et des éventuelles séquelles. Le suivi ultérieur, qui
dépend de la qualité du traitement initial, pourra, le plus souvent,
être assuré de façon non invasive : angio-IRM réalisée à un an,
puis à 3 ans, et ensuite tous les 5 ans. Le diagnostic de récidive
sera porté sur la reperméabilisation du sac, tout en sachant
qu’une compaction des coils est fréquente et qu’elle ne justifi e
le plus souvent pas de traitement complémentaire. Le taux de
récidive radio-anatomique se situe entre 10 % et 20 % en fonction
des critères retenus. Le risque de cidive hémorragique est
faible, se situant entre 0,15 % et 1,6 %.
CONCLUSION
Les immenses progs technologiques réalisés au cours des
dernières décennies ont radicalement transformé les conditions
de traitement des anévrysmes intracrâniens, et les chances de
guérison sans séquelles se sont considérablement accrues. Il
s’agit dune maladie de la paroi artérielle, paroi que nos moyens
techniques actuels ne nous permettent malheureusement pas
encore d’analyser avec pcision. La prochaine étape devrait
nous faire abandonner les traitements purement mécaniques
actuels au profi t de traitements étiologiques probablement plus
biologiques, plus effi caces et de moins en moins invasifs.
RéféRences bibliogRaphiques
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2. Bracard S, Anxionnat R, Picard L. Current diagnostic modalities for intra-
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participate in a randomized trial. J Neuroradiol 2006;33:211-9.
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