La Lettre du Rhumatologue - n° 295 - octobre 2003
constitué par des professionnels de santé autour de leurs
patients. C’est une lapalissade, mais le reste n’est qu’inten-
dance ; si nous sommes bien organisés, si nous prouvons que
nos patients ne connaissent pas de murs entre l’hôpital et la
ville, mais ne connaissent que des médecins, l’intendance sera
obligée de suivre.
CONDITIONS DE RÉUSSITE
Quelles sont les conditions de réussite d’un réseau ? Modes-
tie, consensus, transparence, maîtrise de l’information et temps
nous semblent les éléments essentiels.
Modestie : les objectifs du réseau doivent être clairs et
simples. Un réseau naît souvent d’un père fondateur qui fédère
un petit groupe d’énergies autour d’un projet bien défini et
réaliste.
Consensus : un réseau ne se décrète pas ; tout acteur doit y
trouver un intérêt et pouvoir apporter sa pierre à l’édifice.
Une véritable charte doit être signée entre les membres du
réseau.
Transparence et évaluation : les règles du jeu doivent être
clairement définies et une structure ou un groupe d’acteurs ne
doivent pas jouer un rôle qui déséquilibrerait l’offre de soins,
source de conflit entre les professionnels de santé, ce qui n’est
pas toujours simple lorsque des libéraux adhérents individuels
travaillent avec des structures très organisées et souvent for-
tement hiérarchisées. L’évaluation doit se faire à toutes les
étapes du réseau et être un souci permanent afin qu’on ne fasse
pas du réseau pour du réseau, mais bien dans une politique
d’optimisation des pratiques et de service rendu au patient,
ainsi qu’au praticien.
Maîtrise de l’information : c’est à la profession et à la pro-
fession seule de maîtriser le réseau. Le réseau, quelles que
soient ses sources de financement, ne doit pas appartenir à un
opérateur extérieur, au risque de se retrouver en situation
d’“OPA” de la part d’un acheteur avisé, comme on a pu le voir
dans le système des HMO aux États-Unis.
Enfin, le facteur temps est essentiel : il faut être lucide, l’éla-
boration d’un réseau demande de nombreuses années. Il s’agit
d’une révolution à la fois culturelle et structurelle ; il convient
donc de savoir ne pas brûler les étapes.
UN EXEMPLE VÉCU DE CONSTITUTION
D’UN RÉSEAU : LE RÉSEAU PR-LR
Trois acteurs, trois partenaires principaux : le groupe de rhu-
matologues (le promoteur), l’URML (l’intendance), l’évalua-
teur (le metteur en scène).
Les promoteurs du projet
Un groupe de rhumatologues libéraux et hospitaliers s’est mis
en place pour discuter, de façon approfondie et sans tabou, des
principes du réseau, des bénéfices et des difficultés pressen-
ties. Cette phase initiale est essentielle ; sans consensus fort,
il ne peut y avoir d’adhésion au projet et donc d’implication,
la naissance d’un réseau imposant une volonté affirmée
d’aboutir de la part du petit groupe initiateur du projet.
Une fois les objectifs définis et adoptés par tous les membres
du groupe, la construction du dossier médical commun par-
tagé a pu débuter. Ce dossier médical partagé est conçu sur la
base d’un menu déroulant informatique, son contenu étant
défini par les membres du groupe en dégageant un consensus
sur les habitudes de chacun et en tenant compte des référen-
tiels de pratique. Cette étape rigoureuse est fondamentale, car
elle doit aboutir à un dossier utilisable en pratique le plus
exhaustif possible, sans être trop chronophage, et adapté à une
pratique quotidienne. Dans un second temps, les membres du
groupe testent le dossier médical partagé en temps réel. Dans
un souci pragmatique, les premières étapes se déroulent entre
rhumatologues avec la présence d’un médecin généraliste, dont
l’avis est précieux pour tester la faisabilité. Ce n’est que dans
un second temps que les autres professionnels de santé et les
associations de patients sont impliqués.
L’Union régionale des médecins libéraux (URML)
Son rôle, trop souvent méconnu (alors que tous les médecins
libéraux s’acquittent d’une cotisation obligatoire), est essen-
tiellement facilitateur. En Languedoc-Roussillon comme dans
les autres unions existe une cellule d’aide au montage de
réseau. Le but est de décharger les promoteurs de toute contin-
gence administrative, afin qu’ils puissent consacrer leur éner-
gie à la conception du réseau. Ainsi, l’URML s’occupe de la
constitution du réseau en association 1901, de la recherche
de financements, notamment par le Fonds d’aide à la qualité
des soins de ville (FAQSV), ce financement servant non seu-
lement à la logistique mais aussi à la rémunération des pro-
fessionnels qui remplissent les fiches du dossier, de la logis-
tique de secrétariat, du conseil informatique et, enfin, de la
présence d’un médecin de santé publique, en particulier pour
le dossier Commission informatique et libertés (CNIL) et pour
les autres problèmes juridiques. Enfin, l’URML veille à une
certaine cohérence architecturale entre les différents réseaux,
afin que ceux-ci ne soient pas pour le médecin praticien une
tour de Babel et apportent une protection contre des dérives
de sociétés commerciales tentées de proposer des réseaux en
kits préétablis.
La cellule d’évaluation
C’est le troisième acteur, en charge de la mise en scène. Cette
cellule veille à l’architecture du dossier médical, à son éva-
luabilité. Elle joue un rôle d’interface avec le prestataire exté-
rieur chargé du développement du logiciel, support informa-
tique du dossier médical partagé entre les professionnels,
ÉDITORIAL
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