É D I T O R I A L Jusqu’à quand faut-il redilater ? ● J.P. Metzger* Mots-clés Stent - Resténose. L a récidive d’une sténose coronaire après angioplastie percutanée pose la question de la stratégie thérapeutique adéquate. Faut-il revasculariser ? Faut-il faire appel à un geste percutané ou à la revascularisation par pontage ? L’indication d’une nouvelle revascularisation ne se pose pas en des termes différents devant une resténose ou lors de la décision initiale d’aborder une lésion coronaire sténosante. La principale différence entre les deux situations est la rareté des complications thrombotiques des lésions de resténose, dont les manifestations fonctionnelles tiennent d’abord aux conséquences mécaniques de la réduction de calibre du site coronaire concerné. Dans la majorité des cas, la resténose se manifeste par un syndrome angineux d’intensité croissante, qui impose de lever l’obstacle intracoronaire. Ailleurs, c’est une ischémie silencieuse, révélée par l’épreuve d’effort ou la scintigraphie myocardique, qui conduit à une nouvelle dilatation sur la lésion “cible”. Cependant, dans cette dernière éventualité, la date du geste thérapeutique peut prêter à discussion, car la régression spontanée d’une resténose en quelques mois est un fait établi. Les modalités thérapeutiques ne sont donc véritablement complexes que lorsque la situation est celle de la resténose itérative symptomatique. En règle générale, aujourd’hui, il s’agit d’une resténose intrastent, puisque la première mesure à prendre en cas de resténose après angioplastie au ballon est la mise en place d’une endoprothèse, et que la mise sur le marché de stents de 2,25 mm de diamètre étend aux petits vaisseaux l’usage du stenting. LA MORPHOLOGIE DE LA RESTÉNOSE INTRASTENT CONDITIONNE LA STRATÉGIE... Jusqu’à l’ère des stents “coatés”, où la démarche sera radicalement différente, c’est la morphologie de la resténose intrastent * Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, 47-83, bd de l’Hôpital, 75651 Paris Cedex 13. La Lettre du Cardiologue - n° 357 - septembre 2002 qui conditionne la stratégie. La resténose focale, très localisée, relève d’une nouvelle angioplastie au ballon. Impliquant un traumatisme minimal si l’abord artériel est radial, elle comporte un risque très limité, puisque le site de l’inflation est protégé par l’armature métallique. Le taux de guérison définitive approche les 90 % dans cette forme : l’indication trouve confirmation dans ce chiffre. Tout différent est le contexte de la resténose diffuse qui intéresse l’ensemble de l’axe longitudinal de la prothèse, a fortiori si la prolifération intimale déborde les deux extrémités du stent. Le risque de récidive est alors très important. Tous les moyens mécaniques (athératomes rotationnels ou directionnels, stenting intrastent) ou physiques, avec le laser, ont fait la démonstration de leur impuissance à contrôler cette pathologie véritablement maligne. Jusqu’à une date récente et devant une troisième, voire une quatrième resténose intrastent, le seul moyen d’éviter le pontage est la brachythérapie, qu’elle fasse appel au rayonnement gamma ou bêta (1-3). Encore faut-il connaître les risques inhérents à cette approche thérapeutique malgré les progrès accomplis : risque de sténose subocclusive à chaque extrémité du site irradié, possibilité de thrombose intrastent après quelques semaines ou quelques mois, en dépit du traitement antiagrégant continu (4, 5), aléa du très long terme. Aussi, ce n’est que lorsque les moyens mécaniques n’ont pu empêcher une troisième ou une quatrième récidive que le recours à la brachythérapie est invoqué, à moins que l’on ne cède aux sirènes de la chirurgie coronaire mini-invasive pour en finir avec les attaques ischémiques récidivantes dans le territoire de l’interventriculaire antérieure. Cette dernière décision ne peut être prise, de guerre lasse, que si le risque opératoire paraît acceptable, compte tenu de l’état physiologique général, des fonctions rénales et ventilatoires, et de l’anatomie des troncs supra-aortiques. La coexistence d’un diabète favorisant la resténose même après stent pourra inciter à s’y résoudre, ainsi que le contexte anatomique : lésion de bifurcation, longueur supérieure à 22 mm. ... JUSQU’À L’APPARITION DES STENTS “COATÉS” Cependant, il est aujourd’hui permis d’escompter que, dans un proche avenir, le recours à la chirurgie pour resténose coronaire itérative appartiendra au passé. L’apparition des stents “coatés”, libérant des agents bloquant l’hyperplasie intimale, pourrait bien trouver dans la resténose itérative une indication princeps. De tous les agents proposés, la rapamycine semble actuellement dis3 É D I T O R I A L poser des meilleurs atouts. Même s’il s’agit d’une étude à faible effectif (138 patients), l’étude RAVEL fait état de résultats impressionnants, avec un taux de resténose nul face au chiffre habituel de 26 % pour les mêmes stents non “coatés”. Des études d’échographie endocoronaire donnent l’explication du phénomène en objectivant la quasi-disparition de l’hyperplasie intimale au contact du stent au sirolimus. La mise en place d’un deuxième stent “coaté”, dans le premier, siège de la resténose, retrouvera une pratique proposée voici quelques années, le “stentwich”, stratégie sans résultat convaincant à l’époque, mais que l’usage de la rapamycine devrait réhabiliter avec élégance. Bibliographie 1. Waksman R et al. Intracoronary gamma radiation therapy after angioplasty inhibits recurrence in patients with in-stent restenosis. Circulation 2000 ; 101 : 2165-71. 2. Tierstein PS et al. Catheter based radiotherapy to inhibit restenosis after coronary stenting. N Engl J Med 1997 ; 336 : 1697-703. 3. Waksman R et al. Intravascular gamma radiation for in-stent restenosis in saphenous-vein bypass grafts. N Engl J Med 2002 ; 346 : 1194-9. CONCLUSION 4. Costa MA et al. Late coronary occlusion after intracoronary brachytherapy. Circulation 1999 ; 100 : 789-92. Ainsi, il est désormais possible d’espérer que cette avancée thérapeutique majeure puisse mettre un terme à une situation d’extrême inconfort psychologique pour le patient, mais aussi pour le médecin, et entraîner à terme le tarissement d’un recrutement chirurgical qui constituait l’archétype de l’échec du cardiologue interventionnel. ■ ✂ O 5. Waksman R et al. Late total occlusion after intracoronary brachytherapy for patients with in-stent restenosis. J Am Coll Cardiol 2000 ; 36 : 65-8. À découper ou à photocopier UI, JE M’ABONNE AU MENSUEL La Merci d’écrire nom et adresse en lettres majuscules ❏ Collectivité ................................................................................. Lettre ❐ ❐ ❐ à l’attention de .............................................................................. 90 € collectivités 72 € particuliers 45 € étudiants* ❏ libérale 110 € collectivités 92 € particuliers 65 € étudiants* *joindre la photocopie de la carte ET POUR 10 € DE PLUS ! 10 €, accès illimité aux 26 revues de notre groupe de presse disponibles sur notre ❐ site vivactis-media.com (adresse e-mail gratuite) ❏ autre.......................... Adresse e-mail ............................................................................... QU’EUROPE) + M., Mme, Mlle ................................................................................ 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