La Lettre du Cardiologue - n° 343 - mars 2001
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L’équipe de Massy relate une activité d’angioplastie pour resté-
nose chez 68 patients présentant 81 lésions. Une population repré-
sentative est constituée de 73 % d’hommes, avec des atteintes sur
l’IVA dans 35 % des cas et la CD dans 40 %. Quarante angio-
plasties au ballon seul et 41 avec mise en place d’une nouvelle
endoprothèse furent pratiquées. Le suivi permet de constater une
récidive de la sténose dans 30 % des cas quelle que soit la tech-
nique utilisée. En revanche, l’équipe de recherche retrouve une
tendance à la significativité en ce qui concerne l’aspect des lésions
qui semblent plus diffuses et prolifératives dans le groupe “bal-
lon seul”.
Au total, la resténose après angioplastie reste un réel problème
étant donné la crainte d’une nouvelle récidive dans un tiers des
cas. Cette dernière semble favorisée par le tableau clinique ini-
tial (75 % des angors instables présentent une resténose), l’as-
pect diffus de la lésion intrastent, le pourcentage de sténose rési-
duelle après nouvelle angioplastie et le calibre plus petit des
artères.
ANGIOPLASTIES EN FRANCE EN 2000
(D. Blanchard)
Depuis 1991, la cardiologie interventionnelle a connu une forte
croissance. En dix ans, le nombre de coronarographies a doublé
(tableau II). L’analyse de cette croissance spectaculaire nous
amène à constater une disparité entre les secteurs public et privé.
Ce phénomène est expliqué par la logique budgétaire de limita-
tion des dépenses dans le secteur public. Cette différence d’acti-
vité est actuellement corrigée.
L’état actuel de l’activité interventionnelle révèle un nombre de
procédures en phase aiguë d’infarctus toujours en pleine crois-
sance, supérieur à 10 % (7 % en 1997). Le stenting direct est réa-
lisé dans un tiers des procédures. Les angioplasties dites “ad hoc”
représentent 33 %. En moyenne, 1,4 stent est utilisé par procé-
dure. Les autres techniques restent peu utilisées, dans moins de
1 % des cas, avec une exception pour le rotablator qui serait uti-
lisé dans 2 % des cas. Enfin, les angioplasties pour resténoses
représentent 10 % des procédures de dilatation.
Disparité des centres
Ceux considérés comme importants, effectuant au moins
800 angioplasties (et 2 000 coronarographies), semblent avoir
une croissance atténuée depuis 1998, contrairement aux centres
dits “petits”, pratiquant moins de 400 actes par an. En 1998, 24 %
des centres faisaient moins de 200 dilatations par an et 50 %
moins de 400. D’autre part, le nombre de centres de cathétérisme
(210 actuellement) a augmenté de 20 % en dix ans. Enfin, on note
une répartition géographique disparate avec une prépondérance
d’actes réalisés dans la région Midi-Pyrénées et en Lorraine.
L’analyse de la répartition de la population n’explique pas ces
différences et d’autres phénomènes interviennent en effet : l’ef-
fet “pool” de la région lié à son dynamisme économique et à ses
activités professionnelles ; un effet “offre” émanant de centres
cardiologiques importants et connus du grand public ; enfin, un
rapport direct entre le nombre de cathétériseurs et le nombre
d’actes accomplis.
Position de la France
Actuellement, l’accroissement des angioplasties reste stable (à
9 %) dans notre pays, contrairement à nos voisins, cela étant lié
à un retard relatif dans leur pratique de la coronarographie (12 %
en Allemagne, 29 % en Grande-Bretagne et 42 % en Espagne).
Toutefois, les Français utilisent plus fréquemment les endopro-
thèses (87 % des cas).
Par ailleurs, la France se situe dans la moyenne quant à l’usage
de la coronographie rapportée à la densité de la population, mais
avec moins de la moitié de procédures par rapport aux États-Unis
(1 400 actes avec stent par million d’habitants par an versus
3 000).
Au total, l’angioplastie coronaire en France continue à croître
avec un usage accru des endoprothèses, sans différence entre les
secteurs privé et public. En revanche, une différence entre les
régions est notable, partiellement explicable par plusieurs phé-
nomènes.
SYNDROME CORONARIEN AIGU : ANGIOPLASTIE ET/OU
MÉDICAMENTS
(J. Puel, N. Danchin)
La validation des actes et des pratiques combine l’état et les symp-
tômes du patient, l’efficacité et la sécurité des moyens mis en jeu
et les dépenses de santé. Par ailleurs, une nette distinction est faite
entre les lésions de petit calibre sujettes à l’inflammation (connues
pour leur instabilité et un risque important de rupture) et les
lésions de gros calibre plus ou moins fibrosées, athéromateuses,
qui sont considérées comme stables.
L’étude FRISC II a mis en évidence l’intérêt de l’angioplastie par
rapport au traitement médical dans les SCA instables. En
revanche, dans la prise en charge de l’angor stable, le traitement
médical reste prioritaire. Dans les nécroses myocardiques, la
prise en charge est combinée et complémentaire. Rappelons qu’un
des objectifs reste la prévention secondaire des récidives et des
complications. Concernant les médicaments, l’usage de l’Aspi-
rine comme antiagrégant plaquettaire a largement été validé ainsi
que les bêtabloquants et l’héparine. Les anti-GpIIb/IIIa font
encore l’objet de nombreuses études. Pourtant, dans GUSTO IV
ACS, aucune différence n’a été rapportée concernant le pronos-
tic et les symptômes des patients. Les grosses séries en cours per-
mettront probablement de trancher la question de l’usage des anti-
GpIIb/IIIa dans les infarctus. Les statines concernent à la fois la
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NFORMATIONS
Tableau II. Évolution de la cardiologie interventionnelle en France.
Années Nombre Nombre Nombre
de coronarographies d’angioplasties de stentings
1991 132 000 3 000
1992 1 000
1998 61 000
1999 228 000 84 000
2000 73 000