La Lettre du Cardiologue - n° 307 - février 1999
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INFORMATIONS
(suivi angiographique et par échographie endocoronaire), étude
GUIDANT, étude INHIBIT (traitement de la resténose intrastent
chez 320 patients), étude IRIS (qui utilise un stent radioactif,
l’Isostent : 32P - stent Palmaz-Schatz).
Le suivi à long terme conditionnera l’avenir de l’irradiation intra-
coronaire (risque potentiel de resténose tardive, de fibrose, d’ané-
vrisme coronaire). Aux États-Unis, la brachythérapie intracoro-
naire est réalisée dans une centaine de centres. Si les espoirs de
la brachythérapie se confirmaient, ce traitement pourrait être soit
appliqué en cas de résultat incomplet au ballon, en utilisant un
stent radioactif, soit réservé secondairement à la resténose intra-
stent.
TRAITEMENT DE LA RESTÉNOSE INTRASTENT
(H. Eltchaninoff)
Le stent est un progrès majeur en angioplastie, diminuant le taux
d’occlusion aiguë et de resténose à moyen terme. Il est, selon les
centres, utilisé dans 50 à 90 % des procédures. Le taux faible de
resténose des études randomisées (7 % dans BENESTENT 2) ne
reflète cependant pas la pratique courante. Le taux de resténose
intrastent est entre 20 et 30 % dans les registres (35 % dans le
centre de Washington). On peut estimer à 25 % le risque de nou-
velle dilatation après angioplastie avec stent. Cette resténose
intrastent est liée exclusivement à l’hyperplasie intimale. On dis-
tingue les resténose focales (< 10 mm), les formes diffuses
(> 10 mm), et les formes prolifératives (plusieurs centimètres,
dépassant le stent). Plusieurs techniques ont été proposées dans
le traitement de cette resténose, comme le ballon, les techniques
ablatives, et plus récemment le stent dans le stent, le ballon cou-
pant, les radiations ionisantes.
Traitement de la resténose intrastent par ballon
Le ballon agit par surexpansion du stent (56 %) et par extrusion
de la prolifération intimale à l’extérieur du stent (44 %). C’est la
première technique utilisée en raison de sa simplicité et de son
taux élevé de succès primaire (98 à 100 %). Le risque de nou-
velle resténose est cependant entre 50 et 60 % en cas de resté-
nose diffuse (tableau I). Il est plus faible en cas d’angioplastie
au ballon pour resténose focale : 11 % de revascularisation secon-
daire dans l’étude de Reimers (JACC 97).
Traitement de la resténose intrastent par athérectomie
La méthode la plus étudiée est l’athérectomie rotative complé-
tée par ballon. Elle agit par ablation (54 %), surexpansion du
stent (15 %) et extrusion de l’hyperplasie intimale à travers les
mailles du stent (31 %). Il est nécessaire d’utiliser un rapport
fraise/artère > 0,7 et de compléter systématiquement le rotabla-
tor par une angioplastie au ballon. Les taux de nouvelle revascu-
larisation pour deuxième resténose varient entre 19 % et 35 %.
La comparaison avec le ballon seul retrouve une tendance en
faveur du rotablator complété par ballon (tableau II).
Le laser complété par ballon agit par ablation (29 %), surexpan-
sion du stent (40 %) et extrusion de l’hyperplasie intimale à tra-
vers les mailles du stent (31 %). Le taux de revascularisation pour
nouvelle resténose varie de 21 % à 45 % dans quatre études por-
tant sur 25 à 151 patients.
L’athérectomie directionnelle a été utilisée par Cattelaens chez
28 patients (TCT 1998). Le taux de nouvelle resténose était de
50 %.
Autres traitements de la resténose intrastent
L’utilisation d’un second stent déployé dans le premier a été pro-
posée par plusieurs équipes avec un taux élevé de succès primaire
et des taux de nouvelle revascularisation allant de 17 % à 44 %
dans deux équipes françaises (tableau III), et de 8 % à 44 % dans
la littérature.
Le ballon coupant a été utilisé par Nakamura dans 194 lésions
de resténose intrastent, avec 31 % de resténoses angiographiques
et 23 % de nouvelles revascularisations.
L’abstention d’un nouveau geste d’angioplastie est licite en cas
de resténose intrastent asymptomatique. L’hyperplasie intimale
intrastent diminue à long terme dans 40 % des cas.
La chirurgie est proposée dans les resténoses itératives sympto-
matiques, avec ischémie étendue.
Les traitements locaux (thérapie génique) sont en cours d’expé-
rimentation animale. D’autres méthodes comme la radiothérapie
Resténose Nouvelle
angiographique revascularisation
pour resténose
Bauters (Circulation 1998)
série totale (n = 87) 22 % 17 %
resténose diffuse (n = 24) 53 %
Eltchaninoff (JACC 1998)
série totale (n = 57) 53 % 40 %
resténose diffuse (n = 40) 63 % 40 %
Tableau I. Taux de nouvelle resténose après angioplastie au ballon
pour resténose intrastent.
Resténose Nouvelle
angiographique revascularisation
pour resténose
Von Dahl (n = 100)
rotablator + ballon 49 % 35 %
Registre BARASTER (n = 155)
ballon 46 %
rotablator + ballon 32 %
Étude randomisée ROSTER
ballon 36 %
rotablator + ballon 19 %
Tableau II. Taux de nouvelle resténose après angioplastie au ballon ou
au rotablator complété par ballon pour resténose intrastent.
Succès Nouvelle
primaire revascularisation
pour resténose
T. Lefèvre (AHA 97) 100 % 17 %
B. Chevalier (AHA 98) 97 % 33 %
Tableau III. Taux de nouvelle revascularisation après angioplastie avec
second stent pour resténose intrastent.