A B S T R A C T S Résumés de la littérature Caractéristiques des syndromes coronaires aigus lors de l’infection à VIH ■ Le taux d’événements coro n a riens est plus important ch e z les patients VIH positifs. Le but de cette étude est d’examiner les particularités cliniques associées. De 1993 à 2003, 68 patients VIH positifs ont été admis en card i ologie à San Francisco pour un syndrome coronaire aigu. Leurs caractéristiques cliniques et leur devenir ont été comparés avec ceux de 68 patients ap p a riés sans infection VIH fo rmant le groupe contrôle. Les patients VIH positifs sont plus jeunes (en moyenne de plus d’une décennie : 50 ans contre 61 ans), et plus souvent de sexe masculin. Ils présentent plus souvent comme facteurs de risque un tabagisme et un cholestérol HDL plus bas, et moins souvent un diabète ou une hypercholestérolémie. Lorsque l’on comp a re les 33 p atients VIH positifs traités par antiprotéases aux 35 autres patients VIH positifs ne prenant pas ces traitements, les p re m i e rs ont plus souvent des antécédents de dyslipidémie (13 contre 4, p = 0,008) et consomment plus habituellement un traitement hypolipémiant (11 contre 2, p = 0,004). La coronarographie initiale des patients VIH positifs objective un meilleur score TIMI et les lésions coronaires sont moins souvent pluritronculaires (sténoses coronaires > 50 % : 1,3 vaisseau contre 1,9 vaisseau pour les sujets contrôles, p = 0,007). Les patients VIH positifs sont plus sujets à la re s t é n o s e : 15 patients sur 29 patients dilatés, soit 52 %, contre 3 patients sur 21 patients contrôles dilatés, soit 14 %, p = 0,006. En présence de stents, le taux de resténose est de 50 % pour les patients VIH positifs et de 18 % pour les sujets contrôles (p = 0,078). Conclusion. Dans ce cadre pat h o l ogique de s y n d romes coronaires aigus, les cara c t é ristiques cliniques individualisant les patients VIH positifs sont le jeune âge, la prédominance des hommes ; les principaux facteurs de risque sont le tabagisme ainsi qu’un cholestérol HDL bas. Le contrôle de ces facteurs de risque paraît primordial. En dépit d’un score TIMI initial plus favorable et d’une maladie coronaire moins diffuse, la réalisation d’une angioplastie coronaire (même avec mise en place d’un stent) est grevée par un fort taux de resténose (environ 50 % à un an) qui fait de l’infection à VIH un facteur prédictif indépendant de resténose pour la population étudiée ici. Cela pourrait justifier le recours aux stents actifs, mais aucune étude n’a évalué pour le moment cette indication spécifique, et le devenir à long terme de ces patients reste inconnu. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil Clinical features of acute coronary syndromes in patients with human immunodeficiency virus infection. Hsue PY, Giri K, Erickson S et al. ● Circulation 2004;109:316-9. Troponine IC et péricardite aiguë ■ L o rs de péri c a rdites aiguës idiopathiques, on peut constater une élévation de la troponine IC. Sa signification pronostique reste inconnue. Cent dix-huit patients consécutifs ont été évalués lors des 24 premières heures d’une péricardite aiguë idiopathique ou vira l e, avec épanchement liquidien dans 60 % des cas : la troponine IC était détectée chez 38 p atients (32,2 %), avec une valeur moyenne de 1,02 ± 1,21 ng/ml. Il s’agissait alors de sujets plus jeunes (p < 0,001), plus souvent de sexe masculin (p = 0,007), avec sus-décalage du segment ST (présent dans 97,4 % des cas si troponine élev é e, p < 0,001), et épanchement péri c a rdique liquidien en échocardiographie (p = 0,007). Une troponine IC supéri e u re ou égale à 1,5 ng/ml – valeur seuil re t e nue pour le diagnostic de l’infarctus du myo c a rde (IDM) – a été constatée pour 9 patients (7,6 %), associée à une augmentation de la créatine kinase fraction MB (CK-MB), avec une évolution comparable à celle d’un IDM, et à des anomalies de la cinétique segmentaire ventriculaire ga u che alors que la coronarographie était norm a l e. Après un suivi de 24 mois, le taux des complications est similaire, que la troponine IC ait été initialement normale ou augmentée (récidives de péricardite : 18,8 % contre 18,4 % ; évolution ve rs la constriction : 1,3 % contre 0 %), et il n’y a pas eu de tamponade ou de dy s fonction ventriculaire ga u che résiduelle (troubles de la cinétique ventriculaire ga u che réversibles). 14 Conclusion. Cette étude prospective met en évidence une élévation de troponine IC pour près d’un tiers des patients admis dans le cadre d’une péricardite aiguë idiopathique ou virale, et ce dosage n’atteint la valeur seuil re t e nue pour les IDM (> 1,5 ng/ml) que pour 7,6 % des patients. Il s’agit alors de myopéricardites avec élévation associée des CK-MB et anomalies de la cinétique ve n t riculaire ga u che réversibles en éch o c a rd i ographie, la coronarographie étant normale. L’élévation de la troponine est at t ri buée à des phénomènes infl a mmatoires touchant le myocarde de proximité, plus souvent notés ici pour les sujets jeunes, de sexe masculin, avec sus-décalage de ST et épanchement liquidien. Quoi qu’il en soit, c o n t ra i rement à ce qui est observé pour les s y n d romes coro n a i res aigus, en cas de péri c a rdites aiguës, cette anomalie biologique ne constitue pas un marqueur pronostique péjoratif sur l’évolution à long terme (24 mois). C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil Cardiac troponin I in acute pericarditis. Imazio M, Demichelis B, Cecchi E et al. 2003;42:2144-8. ● J Am Coll Cardiol La Lettre du Cardiologue - n° 375 - mai 2004 A B S T R A C T S Intérêt d’un contrôle glycémique optimal pour les diabétiques de type 2 traités par angioplastie coronaire programmée ■ Le diabète est un facteur prédictif de resténose ap r è s angioplastie coro n a i re. Dans le contexte d’angi o p l a sties coro n a i res programmées pour 179 p atients diabétiques de type 2, les auteurs ont évalué l’impact de l’équilibre préalable du diabète re flété par l’hémoglobine glycosylée (HbA1C) sur la nécessité ultéri e u re de nouvelles revascularisations des lésions coro n a i res initialement traitées. Un groupe contrôle de 60 patients non diabétiques a été inclus dans l’étude. L’équilibre du diabète a été estimé sat i s faisant lorsque l’HbA1C était égale ou inféri e u re à 7 % (52 patients), et incorrect si elle était plus élevée (127 p atients). Le suivi a été réalisé à six et douze mois. Les patients mal équilibrés pour leur diabète étaient plus souvent sous insuline que sous antidiabétiques oraux (54 % ve rsus 27 %), et étaient plus fréquemment des femmes (75 % ve rsus 59 %). Les sujets diabétiques présentant un bon équilibre de leur diabète (HbA1C 7 %) ont un taux de nouvelles revascularisations coronaires à douze mois similaire à celui des sujets non diabétiques (15 % versus 18 %, p = 0,68). En revanche, les sujets diabétiques mal équilibrés (HbA1C > 7 %) ont une augmentation significative des nouvelles revascularisations in situ : 34 %, p = 0,02 par rapport aux sujets diabétiques bien contrôlés. Ces résultats sont identiques lorsque l’angioplastie coro n a i res’est accompagnée de la mise en place d’un stent (un peu plus des deux tiers des patients). Ainsi, une HbA1C supérieure à 7 % représente un facteur prédictif indépendant d’une nouvelle revascularisation de la lésion coronaire dilatée, avec un odds-ratio à 2,87 et p = 0,03. Un mauvais équilibre du diabète est également associé à une augmentation des réhospitalisations à motif cardiaque (31 % versus 15 % si HbA1C 7 %, p = 0,03) et des récidives d ’ a n gor(37 % ve rsus 13 % si HbA1C 7 %, p = 0,002) à 12 mois. Conclusion. Le diabète est un facteur de risque reconnu de coronaropathies et de complications après revascularisation myocardique. Cette étude démontre l’impact d’un équilibre optimal du diabète (HbA1C 7 %) sur le devenir post-angioplastie coronaire, p e rmettant aux sujets diabétiques d’atteindre les résult ats d’une population non diabétique comparabl e. À l’inve rs e, un mauvais équilibre du diabète (HbA1C > 7 %) s’accompagne d’une majoration signifi c ative des nouvelles reva s c u l a ri s ations in situ, des récidives d’angor et des réhospitalisations pour motif card i a q u e. Une prise en charge “agressive” du diabète est donc nécessaire, destinée à obtenir une HbA1C i n f é ri e u re ou égale à 7 % pour limiter le risque de resténose après angioplastie coronaire et améliorer le devenir cardiologique à long terme (un an). Il reste des progrès à faire, puisque moins de 30 % des patients diabétiques i n clus dans cette étude (52 des 179 p atients) étaient effe c t ivement bien équilibrés... C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil Optimal glycemic control is associated with a lower ra te of target vessel revascularization in tre a ted type 2 diabetic patients undergoing elective percutaneous coronary intervention. Corpus RA, George PB, House JA et al. ● J Am Coll Cardiol 2004;43:8-14. Influence de l’utilisation d’un échocardiographe portatif lors des consultations cardiologiques intrahospitalières sur la prise en charge des patients ■ Point du sujet. Les échocardiographes portatifs, parfois qualifiés de stéthoscopes ultrasonores, apportent des informations diagnostiques sur l’anatomie et la fonction cardiaque, mais ils ont été critiqués en raison de l’absence de doppler spectral et de doppler couleur de qualité sur les appareils de première génération. But. Le but de cette étude a été d’apprécier l’apport d’un examen par échocardiographe portatif au lit du patient lors de consultations cardiologiques intrahospitalières. Patients et méthodes. L’étude a porté sur 235 p atients hospitalisés nécessitant une consultation card i o l ogique intrahospitalière, motivée dans environ 25 % des cas par une intervention de ch i ru rgie extracard i a q u e. Dans un premier temps, les décisions concernant la prise en ch a rge des patients, prises à partir des données habituelles (anamnèse, examen clinique, ECG, dossier médical), étaient consignées par écrit. Dans un deuxième temps, un éch oLa Lettre du Cardiologue - n° 375 - mai 2004 c a rd i ographe portatif était utilisé pour un examen bre f, destiné à préciser la fonction ventriculaire ga u che à partir de l’estimation visuelle de la fraction d’éjection, la présence d’une asynergie segmentaire, l’existence d’une hypertrophie ventriculaire ga u che ou d’un épanchement péricardique. Les modifi c ations éventuelles de la prise en charge des patients suite à cet examen étaient notées. Un examen éch o c a rd i ographique complet était ensuite réalisé dans un délai de 24 h e u res avec un échocard i ographe conventionnel. Résultats. L’échocardiographe portatif a fourni les informations demandées chez 90 % des patients et a conduit à une modification de la prise en charge diagnostique ou thérapeutique dans 63 % des cas (149 patients sur 235). Chez 5 % des patients, cette modification de stratégie a conduit à une indication immédiate de cathétérisme ou d’évacuation péricardique. Une éch ogénicité insuffisante a été notée chez 10 % des patients. L’agrément entre les examens par échocardiographe 15 A B S T R A C T S portatif et échocardiographe conventionnel était de 98 % pour l’évaluation de la fonction ventriculaire gauche, de 96 % pour la mise en évidence d’asynergies segmentaires, de 97 % pour le diagnostic d’hypertrophie ventriculaire gauche, et de 100 % pour celui d’épanchement péricardique. Conclusion. L’utilisation d’éch o c a rd i ographes port ables lors de consultations card i o l ogiques intrahospitalières a conduit à une modification de prise en ch a rge chez plus de la moitié des pat i e n t s i n clus dans cette étude. Il faut souligner que les techniques doppler n’ont pas été utilisées lors des examens par éch o c a rd i ograp h e portat i f, que ces examens étaient réalisés par un observateur entraîné, ce qui en a nécessairement conditionné les résultat s , et que seule une étude randomisée, c o m p a rant une prise en charge basée sur les seules données cliniques à une prise en ch a rge s’aidant des données de l’examen par éch o c a rd i ographe port atif, perm e t t rait de concl u re à propos de l’impact réel de cette tech n i q u e. B. Gallet, service de cardiologie, CH Argenteuil LInfluence of hand-carried ultrasound on bedside patient treatment decisions for consultative cardiology. Gorcsan J III, Pandey P, Sade EL • J Am Soc Echocardiogr 2004; 17:50-5. Rétrécissement aortique modérément à moyennement serré : histoire naturelle et évaluation du risque évolutif par échocardiographie ■ Point du sujet. Le rétrécissement aortique (RA) modérément à moyennement serré est généralement considéré comme une affection bénigne et ne nécessitant qu’une surveillance espacée selon les recommandations actuelles. Son histoire naturelle est cependant mal connue. But. Le but de cette étude monocentrique rétrospective a été de préciser l’histoire nat u relle du RA modérément à moyennement serr é et d’identifier les fa c t e u rs prédictifs d’une évolution péjorat ive. Patients et méthodes. L’étude a inclus 176 patients consécutifs ayant un RA modérément à moyennement serré défini par une vitesse maximale comprise entre 2,5 m/s et 3,9 m/s en doppler, asymptomatiques, et sans dy s fonction systolique ve n t ri c u l a i re gauche. L’importance des calcifications valvulaires aortiques a été quantifiée par un score de 1 à 4. La progression du RA a pu ê t re appréciée chez 129 des 176 patients, qui ont eu plusieurs é ch o c a rd i ogrammes. La survie au cours d’un suivi de 48 ± 19 mois a été comparée à celle d’une population témoin appariée selon l’âge et le sexe. Résultats. Il y a eu, au cours du suivi, 33 remplacements valvulaires aortiques, et 34 décès, dont 15 d’origine cardiaque (et une seule mort subite sans apparition préalable de symptômes). La probabilité de survie sans intervention était de 95 ± 2 % à un an, de 75 ± 3 % à trois ans, et de 60 ± 4 % à cinq ans. La probabilité de survie était de 96 ± 1 % à un an, de 84 ± 3 % à trois ans, et de 75 ± 3 % à cinq ans. Il existait une surmortalité de 80 % dans le groupe d’étude par rapport à la population témoin (p = 0,004). Les facteurs prédictifs d’une évolution défavorable étaient, en analyse multivariée, l’importance des calcifications valvulaires aortiques (p = 0,001), une vitesse aortique 3 m/s (p = 0,03), et l’existence d’une maladie coronaire (p = 0,006). La progression de la vitesse aortique au cours du suivi était en moyenne de 0,24 ± 0,3 m/s/an. Elle était plus rapide chez les patients ayant eu un événement au cours du suivi que chez les autres (0,45 ± 0,38 ve rsus 0,14 ± 0,18 m/s/an ; p = 0,0001). Elle était également plus rapide en cas de calcifi c ations valvulaires importantes qu’en leur absence (p = 0,0004), en cas de maladie coro n a i re associée (p = 0,004), et chez les patients de plus de 50 ans (p = 0,0005). Une évolution ve rs un RA serré défini par une vitesse aort i q u e 4 m/s a été observée chez 47 % des patients au cours du suivi. Conclusion. Les patients ayant un RA modérément à moyennement serré ont une évolution moins favorable qu’on ne le considère habituellement. Les facteurs associés à une évolution défavo rable sont l’importance des calcifi c ations va l v u l a i res, la présence d’une maladie coro n a i re et la progression rapide du RA. Les patients ayant ces caractéristiques devraient avoir une surveillance plus rapprochée que celle actuellement recommandée. B. Gallet, service de cardiologie, CH Argenteuil Mild and moderate aortic stenosis: natural history and risk stratification by echocardiography. Rosenhek R, Klaar U, Schemper M et al. ● Eur Heart J 2004;25: 199-205. Devenir clinique à un an des patients inclus dans l’étude SIRIUS ■ Cette publ i c ation issue de SIRIUS étend à un an le suivi d’une population randomisée en double aveugle entre stent actif au siro l i mus (533 p atients) et stent classique “ nu ” (525 p atients). Les angioplasties coronaires concernaient des lésions coro n a i res de novo. Un succès pri m a i re avait été obtenu 16 pour 97,4 % des patients avec stents au siro l i mus et pour 98,5 % des patients avec stents nus. À neuf mois, une resténose clinique aboutissant à une nouvelle revascularisation in situ était surve nu e dans 4,1 % des cas pour le groupe stents au sirolimus contre 16,6 % des cas pour le groupe stents nu s , ce qui était signifi c atif (p < 0,001). La Lettre du Cardiologue - n° 375 - mai 2004 A À douze mois, la diff é rence absolue entre les deux bras concernant la resténose clinique continue à s’accentuer : 4,9 % contre 20 %, p < 0,001. En revanche, il n’existe pas de différence entre les deux groupes en termes de décès ou de survenue d’infa rctus du myo c a rd e. Les indications de nouve l l e s revascularisations in situ sont le plus souvent posées en raison d’angors récurrents (96,2 % et 81 % des cas respectivement pour les groupes stents au sirolimus et stents nus). Pour les sujets à haut risque (définis par la taille du vaisseau dilaté, la longueur de la lésion, la présence d’un diabète, la prévalence du diabète dans la population étant de 26,4 %), on observe une réduction de 70 à 80 % de la resténose clinique à un an pour les stents au sirolimus. Ainsi, en cas de diabète avec diamètre de référence de l’artère inférieur à 2,5 mm et longueur de la lésion supérieure à 15 mm, la réduction des resténoses cliniques est de 71 % avec les stents au sirolimus. Conclusion. Cette extension du suivi de SIRIUS à une année confirme la réduction franche du taux de resténose clinique aboutissant à une nouvelle revascularisation in situ en pré- B S T R A C T S sence d’un stent actif au sirolimus par comparaison au stent nu. Entre 9 et 12 mois de suivi, cette réduction en chiffres absolus continue à s’accroître. Cela est également constaté pour les sujets à haut risque : diabétiques avec petit calibre de l’artère c o ro n a i re et longue lésion à tra i t e r. Par contre, l’incidence des décès et des infarctus du myocarde est similaire pour les deux groupes (stents actifs au siro l i mus ou stents classiques “nus”). Ces résultats confirment ceux de l’étude RAVEL, sans atteindre le 0 % de resténose de cette dernière, probablement en raison du plus haut risque de resténose des patients inclus. Pour le groupe stents au sirolimus, le seul facteur significativement associé à la resténose clinique est le diamètre minimum de la lumière intrastent post-procédure. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil Analysis of 1-year clinical outcomes in the SIRIUS trial. A randomized trial of a sirolimus-eluting stent versus a standard stent in patients at high risk for coronary restenosis. Holmes DR, Leon MB, Moses JW et al. ● Circulation 2004;109: 634-40. Récupération de la fonction contractile après revascularisation myocardique ■ La reva s c u l a ri s ationmyo c a rdique peut autoriser une amélioration de la fonction contractile ventriculaire gauche en présence d’une cardiopathie ischémique avec basse fraction d’éjection (FEVG). Deux cent cinquante-huit patients consécutifs ayant une dy sfonction ve n t ri c u l a i re ga u che systolique d’ori gine ischémique (infarctus du myocarde préalable pour 96 % de la population et FEVG 35 %) et des symptômes d’insuffisance cardiaque ont été évalués par ventriculographie gauche isotopique et échocardiographie avant reva s c u l a ri s ation myo c a rdique par pontages aorto-coronaires, puis 3 à 6 mois après l’intervention. Une augmentation de la FEVG supérieure ou égale à 5 % a été considérée comme cliniquement significative selon une précédente publ ication (Bax JJ et al. J Am Coll Cardiol 1999;34:163-9). Initialement, en échocardiographie transthoracique, 1 330 segments myocardiques (32 %) étaient normaux et 2 775 segments myocardiques (68 %) avaient un épaississement systolique anormal (hypokinétiques à dyskinétiques). Une amélioration a été o b s e rvée après reva s c u l a ri s ation pour 736 s egments anormaux (27 %), et, globalement, la FEVG est passée de 29 ± 7 % à 32 ± 9 % (p < 0,0001). Une augmentation de la FEVG supérieure ou égale à 5 % a été constatée pour 101 patients (39 %) : elle est plus fréquemment présente pour les sujets ayant les plus basses FEVG de base. Il a été nécessaire d’obtenir une amélioration de cinétique et d’épaississement systolique sur au moins trois segments myo c a rdiques pour atteindre une telle amélioration de FEVG. Cette valeur seuil de trois segments prédit une augmentation de la FEVG supérieure ou égale à 5 % avec une sensibilité de 66 % et une spécificité de 81 %. La Lettre du Cardiologue - n° 375 - mai 2004 Conclusion. Après reva s c u l a ri s ation myo c a rd i q u e, on observe ici une amélioration de la contractilité myocardique pour 27 % des segments ventriculaires gauches anormaux, et une augmentation cliniquement significative de la FEVG ( 5 %) est constatée pour 39 % des sujets. Ce gain en FEVG nécessite qu’au moins trois segments myocardiques soient améliorés après revascularisation, et il profite en particulier aux patients les plus sévèrement atteints. Il faut noter que les segments myocardiques initialement akinétiques sont moins sujets à une amélioration d’épaississement systolique après revascularisation que les segments hypokinétiques (22 % contre 30 %), a m é l i o ration qui n’est par ailleurs jamais constatée en cas de dyskinésie. Si les auteurs ont choisi un délai maximal de six mois pour réévaluer leurs pat i e n t s , ils rappellent que la récupération myo c a rd i q u e peut prendre jusqu’à une année après revascularisation (Bax JJ et al. Circ u l ation 2001;104[suppl.1]:I314-I318). Une autre limite signalée est l’absence de contrôle coronarographique assurant le caractère complet et efficace de la revascularisation au terme de l’étude. À noter enfin qu’il n’est pas mentionné dans cette public ation d’éva l u ation préopérat o i re de la réserve contractile par échocardiographie-dobutamine. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil Incidence of recovery of contractile function following reva s c ularization in patients with ischemic left ventricular dysfunction. Schinkel AFL, Poldermans D, Vanoverschelde JLJ et al. ● Am J Cardiol 2004;93:14-7. 17 A B S T R A C T S Stents au sirolimus et infarctus du myocarde avec sus-décalage de ST : étude RESEARCH ■ Depuis avril 2002, au Thorax Center de Rotterdam, les stents actifs au sirolimus ont été implantés en routine sans restriction clinique ou anatomique, dans le cadre de l’étude RESEARCH (Rap a mycin Eluting Stent Evaluated At Rotterdam Cardiology Hospital). Cette publication est spécifiquement consacrée aux résultats en cas d’infarctus du myocarde (IDM) aigu avec sus-décalage de ST. Après 6 mois de recrutement, 96 p atients consécutifs ont eu dans ce cadre pat h o l ogique une pro c é d u re d’angioplastie coro n a i re avec pose de stent(s) actif(s) au siro l i mus concernant la coro n a ire coupabl e. Un diabète était présent chez 12,5 % des pat i e n t s , et il existait des lésions coro n a i res mu l t i t ro n c u l a i res dans 46,9 % des cas. L’IDM était de siège antérieur dans 42,7 % des cas ; un choc card i ogénique était présent dans 12,5 % des cas. Un contrôle de coro n a rographie a été réalisé à 6 mois, et l’incidence des événements majeurs (décès, IDM non fat a l , r é i n t e rvention de reva s c u l a ri s ation coro n a i re) a été analysée sur un suivi moye n de 218 ± 75 jours. Une angioplastie pri m a i re a été effectuée pour 89 patients (92,7 %), les autres patients étant dilatés après échec de thrombolyse. Un flux TIMI 3 a été obtenu dans 93,3 % des cas. La mortalité hospitalière a été de 6,2 % (six patients dont cinq admis en choc cardiogénique, et une mort cérébrale après réanimation prolongée sur arrêt cardiaque). Un patient a présenté une récidive d’IDM précoce au premier jour avec dissection distale et occlusion aiguë du vaisseau coronaire, justifiant une nouvelle intervention. Par la suite, au terme du suivi, un patient est décédé (insuffisance cardiaque), et on ne note aucune récidive d’IDM, non plus qu’aucune nécessité de réintervention. Sur le suivi angiographique (62 patients, soit 70 %), aucune resténose n’est observ é e. Il n’y a eu aucune thrombose précoce ou tardive de stent documentée. Conclusion. Ces résultats, issus d’une étude monocentrique prospective, sont les premiers concernant l’utilisation des stents au sirolimus dans le contexte d’IDM aigu avec sus-décalage de ST. Ils sont encourageants, confirmant l’efficacité sur la prolifération néo-intimale et la resténose. Le taux très faible de complications, et en particulier la prévention de la resténose (aucune resténose sur 62 patients contrôlés), devra être confirmé par des essais plus larges. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil Sirolimus-eluting stent implantation in ST-elevation acute myocardial infarction. A clinical and angiographic study. Saia F, Lemos PA, Lee CH et al. • Circulation 2003;108:1927-9. Évaluation par échocardiographie transœsophagienne du risque de la fibrinolyse en cas de thrombose de prothèse valvulaire (registre PRO-TEE) ■ Point du sujet. La fibrinolyse peut être une alternative à la réintervention en cas de thrombose de prothèse valvulaire, mais expose à des complications, et notamment au risque d’embolie cérébrale. But. Le but de cette étude rétrospective multicentrique a été de préciser la place de l’échocard i ographie transœsophagienne ( E TO) dans l’éva l u ation du risque de la fibri n o lyse en cas de thrombose de prothèse valvulaire. Patients et méthodes. L’étude a porté sur 107 patients provenant de 14 c e n t res ayant une suspicion de thrombose prothétique (obstruction en doppler et/ou thrombus prothétique en ETO), et ayant reçu un traitement fi b ri n o lytique après réalisation d’une ETO. Les examens échocardiographiques ont fait l’objet d’une relect u recentralisée précisant les cara c t é ristiques des thrombus (taille, mobilité, extension, échogénicité). Résultats. Les prothèses en position mitrale étaient les plus fréquentes (74 %), suivies des prothèses en position tricuspide (14 %) et en position aortique (12 %). Les prothèses à ailettes étaient majo20 ritaires (78 %), suivies des prothèses à disque (21 %) et des bioprothèses (1 %). Un thrombus était visualisé en ETO dans 86 % des cas. Après fibri n o ly s e,un bon résultat hémodynamique était obtenu Figure. Risque de complications ou de décès de la fibrinolyse en fonction de la taille du thrombus en ETO. La Lettre du Cardiologue - n° 375 - mai 2004 A chez 85 % des patients ayant une obstruction prothétique, avec un succès complet dans 76,3 % des cas (norm a l i s ation du gra d i e n t transprothétique) et un succès partiel dans 8,6 % des cas (réduction du gradient sans norm a l i s ation complète). Un bon résultat clinique, défini par un bon résultat hémodynamique sans complication cl inique, était obtenu dans 74 % des cas, plus souvent pour les prothèses en position tricuspide (100 % des cas) que pour celles en position aortique (69 % des cas) ou mitrale (69,5 % des cas). Une complication est survenue dans 17,8 % des cas, correspondant à une complication embolique chez 14 % des patients, et 5,6 % des patients sont décédés. En analyse multivari é e, les deux facteurs prédictifs de complications étaient un antécédent d’accident va s c u l a i recérébral (AVC) et un thrombus de grande taille en ETO. La taille du thrombus était de 2,4 ± 3,4 cm2 en cas de complications et de 0,6 ± 0,6 cm2 en l’absence de complication (p = 0,039). Un thrombus inférieur à 0,8 cm2 était associé à un fa i ble risque de complication (figure), même en cas d’antécédent d’AVC. Un thrombus supérieur B S T R A C T S à 0,8 cm2 était associé à un risque de complication de 14 % en l’absence d’antécédent d’AVC et de 78,5 % en cas d’antécédent d’AVC. Conclusion. En cas de thrombose de prothèse, un thrombus de petite taille en ETO (< 0,8 cm2) permet d’identifier un groupe de patients chez lesquels la fibrinolyse est à faible risque de complications et peut être envisagée en première intention. B. Gallet, service de cardiologie, CH Argenteuil Transesophageal echocardiography improves risk assessment of thrombolysis of prosthetic valve thrombosis: results of the international PRO-TEE registry. Tong AT, Roudaut R, Ozkan M et al. on behalf of the Prosthetic Valve Thrombosis-Role of Transesophageal Echocardiography (PRO-TEE) Registry Investigators ● J Am Coll Cardiol 2004;43: 77-84. Fibrinolyse préhospitalière et angioplastie primaire : importance des délais sur la mortalité (étude CAPTIM) ■ Face à un infarctus du myocarde (IDM) aigu, le principal avantage potentiel de la fibrinolyse préhospitalière est un gain de temps pour la reperfusion myocardique. L’étude CAPTIM (the Comparison of Angioplasty and Prehospital Thrombolysis In acute Myocardial infarction) a comparé 419 patients randomisés “thrombolyse préhospitalière” et 421 patients randomisés “angioplastie primaire”. Parmi eux, 460 patients ont été inclus lors des deux premières heures d’un IDM avec susdécalage de ST, et 374 dans un délai de 2 à 6 heures après le premier symptôme. L’administration du traitement assigné a été plus rapide en cas de thrombolyse préhospitalière : différence moyenne de 55 minutes pour les patients inclus lors des deux premières heures, et de 63 minutes pour les autres patients. On constate chez les patients randomisés lors des deux premières heures une forte tendance à une diminution de la mortalité à 30 jours lorsqu’ils sont thrombolysés en période préhospitalière (2,2 % contre 5,7 % pour les sujets randomisés “angioplastie primaire”, p = 0,058), alors que, au-delà de deux heures, on ne constate pas de différence sensible entre les deux groupes (5,9 % contre 3,7 %, p = 0,47). Concernant la mortalité à 30 jours, il existe une interaction significative entre l’efficacité du traitement et son délai de mise en œuvre (p = 0,045). Parmi les patients randomisés lors des deux premières heures, les chocs cardiogéniques ont été plus rares avec la thrombolyse préhospitalière (1,3 % contre 5,3 %, p = 0,032), alors qu’ils sont de fréquence similaire pour les patients randomisés plus tardivement (3,9 % et 4,4 %). La Lettre du Cardiologue - n° 375 - mai 2004 Conclusion. Les résultats de CAPTIM suggèrent qu’en cas de prise en charge précoce d’un IDM avec susdécalage de ST (deux premières heures après le début des symptômes), la thrombolyse préhospitalière autorise une forte tendance à la réduction de la mortalité à 30 jours par rapport à l’angioplastie primaire, qui s’accompagne d’un délai supplémentaire d’environ une heure avant la reperfusion myocardique. Au-delà des deux premières heures, aucune différence sensible n’est observ é e. Ce délai d’une heure pénalisant le groupe “angioplastie primaire” pour les IDM vus très tôt explique aussi une majoration des chocs cardiogéniques. Il faut noter que le taux des complications associées (décès, récidives d’IDM, accidents vasculaires cérébraux ave c séquelles) à 30 jours reste statistiquement identique pour les deux modes de prise en charge (lors des deux premières heures de l’IDM : 7,4 % et 6,6 %, p = 0,86, et, pour l’ensemble de l’étude : 8,2 % et 6,2 %, p = 0,29). Ainsi, la thrombolyse préhospitalière pourrait être préférée à l’angioplastie primaire en cas d’IDM pris en charge lors des deux premières heures, permettant au patient de ne pas pâtir d’un allongement du délai de reperfusion. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil Impact of time to treatment on mortality after prehospital fibrinolysis or primary angioplasty. Data from the CAPTIM randomized clinical trial. Steg PG, Bonnefoy E, Chabaud S et al. For the Comparison of Angioplasty and Prehospital Thrombolysis In acute Myocardial i n fa rction (CAPTIM) Inve s t i gators • C i rculation 200 3 ; 108: 2851-6. 21