Survie globale (%)
80
100
60
40
20
0
0 10 20
HR = 0,45 ; p < 0,001
Contrôle tumoral après les traitements de première
et de deuxième lignes (médiane : 10,3 mois)
Progression tumorale après les traitements de première
et/ou de deuxième lignes (médiane : 4 mois)
Mois
30 40
Figure 2. Courbes de survie en fonction du contrôle tumoral lors des traitements de
première et de deuxième ligne (à partir de la troisième ligne) [16].
396 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 6 - juin 2011
DOSSIER THÉMATIQUE
Cancers du poumon Au-delà de la première ligne : les lignes ultérieures de traitement
des facteurs pronostiques propres au patient et à la
tumeur, la question de l’accès à la troisième ligne
se pose pour certains patients. Sur un effectif initial
de 613 patients traités par chimiothérapie, N. Girard
et al. ont analysé rétrospectivement 173 patients
(soit 28 %) ayant reçu une troisième ligne (16).
Comme facteurs prédictifs de survie sous troisième
ligne, ces auteurs identifiaient l’âge de moins de
70 ans, le PS, l’absence de symptômes lors de l’ini-
tiation de la troisième ligne et, surtout, la notion
de réponse sous première et deuxième lignes. Ces
résultats suggèrent que les patients n’ayant jamais
été contrôlés par les traitements de première et/ou
de deuxième ligne ne seraient pas de bons candidats
au traitement de troisième ligne (figure 2).
Deuxième et troisième lignes,
séquence thérapeutique
L’individualisation des traitements du CBNPC
représente un objectif majeur, et la détermination
du statut mutationnel EGFR constitue une étape
fondamentale de ce mouvement. Mais cette stra-
tégie implique de disposer d’une quantité de tissu
tumoral suffisante pour les recherches moléculaires,
ce qui est encore loin d’être le cas pour tous les
patients. Ainsi, en pratique, chez des patients non
sélectionnés, la question de la séquence thérapeu-
tique de première intention, entre chimiothérapie
et thérapie ciblée, reste importante. L’essai TORCH
(Tarceva® OR CHEmotherapy) apporte une réponse.
Les auteurs ont randomisé des patients non sélec-
tionnés entre cisplatine + gemcitabine suivis à
progression par erlotinib (bras standard) et erlotinib
suivi à progression par cisplatine + gemcitabine
(bras expérimental). L’essai a été interrompu préma-
turément après une analyse intermédiaire révélant
l’infériorité significative du bras expérimental en
termes de SG (8,5 versus 12 mois ; p = 0,002) [17].
Le statut mutationnel EGFR conditionne mainte-
nant la première ligne thérapeutique, puisqu’un
ITK de l’EGFR peut être administré d’emblée chez
les patients EGFR mutés (18). Cet élément va aussi
avoir un impact sur le traitement de deuxième ou de
troisième ligne. Chez les patients EGFR mutés traités
en première ligne par géfitinib, une chimiothérapie
à base de platine sera prescrite lors de la rechute ou
de la progression. Dans le cas où un patient EGFR
muté n’a pas reçu de géfitinib en première ligne, un
traitement de recours par ITK de l’EGFR est alors
recommandé (10).
Si le statut mutationnel EGFR n’a pu être déterminé
au début de la prise en charge, il est conseillé de le
faire avant de débuter un traitement de deuxième
ligne. Il a été démontré que le choix d’une deuxième
ligne par erlotinib s’avérait plus coût-efficace lorsqu’il
se basait sur un critère moléculaire (mutations acti-
vatrices EGFR) [19]. À l’avenir, des méthodes non
invasives comme le monitoring de l’ADN circulant
permettront peut-être d’optimiser la prise en charge
de deuxième ou de troisième ligne (20).
Deuxième et troisième lignes,
évolution de la prise en charge
et nouveaux agents
D’autres évolutions récentes de la prise en charge de
première ligne des CBNPC métastatiques influen-
cent directement la conduite à tenir en deuxième et
troisième lignes. À cet égard, on peut citer l’intro-
duction de la “switch maintenance” par pémétrexed
ou erlotinib, la prise en compte des mécanismes de
résistance aux ITK de l’EGFR ou, encore, le dévelop-
pement de nouveaux agents.
La résistance acquise aux ITK de l’EGFR résulte dans
la majorité des cas de l’émergence de la mutation
inactivatrice T790M (exon 20) ou de l’activation
de la voie cMET (tableau II) [21]. Les agents ITK de
l’EGFR irréversibles actifs in vitro sur la mutation
T790M (afitinib, PF299804) ou les inhibiteurs de
cMET (ARQ 197, MetMab) ouvrent donc des pers-
pectives intéressantes en deuxième et troisième
lignes. L’essai LUX-Lung 1 évaluant l’afatinib versus
placebo en troisième ou quatrième ligne des adéno-