RÉTROSPECTIVE 2011 Cancers bronchiques : quelles sont les nouveautés depuis septembre 2010 ? Lung cancer: what’s new between september 2010 and september 2011? D. Moro-Sibilot* L’ année écoulée a été très riche en nouvelles informations et recommandations. En effet, 3 congrès, l’American Society of Clinical Oncology (ASCO®), le World Conference on Lung Cancer (WCLC) et l’European Society for Medical Oncology (ESMO), ont apporté une masse d’infor­mations scientifiques de haut niveau. De plus, plusieurs recommandations ont été mises à notre disposition, comme celles portant sur la prise en charge spécialisée éditées par l’Institut national du cancer (INCa), relatives à la démarche diagnostique et au bilan préthérapeutique des cancers bronchiques à petites cellules (CBPC) et non à petites cellules (CBNPC) ainsi que la conduite à tenir devant un nodule pulmonaire (1). L’ASCO® n’a pas été en reste avec, d’une part, l’actualisation des recommandations concernant la chimiothérapie (CT) des stades IV (2) et, d’autre part, une recommandation sur la nécessité d’évaluer le statut mutationnel de l’Epidermal Growth Factor Receptor (EGFR) avant de choisir la première ligne de CT. Sur le plan de l’actualité de l’industrie pharmaceutique : acceptation par l’Agence européenne des médicaments (European Medicines Agency [EMA]) de l’indication en première ligne chez les patients porteurs d’une mutation activatrice de l’EGFR pour l’erlotinib ; obtention, par la même instance, du traitement par pémétrexed + cisplatine en première ligne suivi de pémétrexed en maintenance chez les patients porteurs de carcinomes non épidermoïdes dès lors qu’ils n’ont pas progressé pendant le traitement de première ligne. L’erlotinib, qui a une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour son utilisation en maintenance chez des patients stabilisés par une CT, perd en revanche son remboursement dans cette indication, tout en gardant son AMM. En 2011, les efforts de l’INCa et le dynamisme des 28 plateformes d’analyse moléculaire des cancers ont été salués dans l’ensemble des congrès de cancérologie. Ces analyses moléculaires bénéficient maintenant à des milliers de patients, et la situation en France est aujourd’hui bien meilleure que celle d’autres pays, notamment d’Amérique du Nord. L’élargissement des analyses est en cours avec l’analyse en routine de plusieurs anomalies : ainsi, depuis janvier 2011, 14 863 analyses de l’EGFR ont été réalisées, 9 104 analyses de la mutation T790 de l’EGFR, 11 779 profils de KRAS, 2 822 profils du réarrangement EML4-ALK. D. Moro-Sibilot Épidémiologie et dépistage L’histologie varie sans cesse, avec l’émergence des cancers du non-fumeur, l’inexorable diminution des carcinomes épidermoïdes et l’augmentation des adénocarcinomes (3). Une partie de l’explication tient à la modification de la composition des cigarettes. Le fait de fumer est nocif, personne ne le nie, mais le marketing laisse penser à tort que certaines cigarettes sont moins nocives que d’autres. Ainsi en est-il des cigarettes dites “légères”, dont la consommation explique sûrement l’augmentation des adénocarcinomes périphériques. Les cigarettes mentholées avaient mauvaise réputation, à tort puisqu’une étude du Journal of the National Cancer Institute démontre que leur toxicité est comparable à celle des autres cigarettes (4). Tout le monde connaît la responsabilité du tabagisme dans l’apparition de tumeurs des poumons, mais aussi d’autres organes. Une méta-analyse a établi le rôle du tabagisme dans l’apparition de lymphomes non hodgkiniens (5). * Pôle de cancérologie et de médecine aiguë communautaire, UM d’oncologie thoracique, CHU de Grenoble ; INSERM U823, Grenoble. La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 1 - janvier 2012 | 21 Points forts Mots-clés »» Les cancers bronchiques doivent bénéficier d’un diagnostic moléculaire. »» Erlotinib ou géfitinib peuvent être prescrits en première ligne chez les patients dont la tumeur présente une mutation de l’EGFR. »» La maintenance de continuation par pémétrexed améliore la survie sans progression. »» La maintenance par pémétrexed améliore la survie sans progression par rapport au bévacizumab seul. Cancers bronchiques Épidémiologie Dépistage Chimiothérapie Thérapeutiques ciblées Highlights »» A molecular diagnosis should be performed in Lung cancer. »» Erlotinib or gefitinib may be prescribed in the first line treatment of patients whose tumor present an EGFR mutation. »» Continuation maintenance with pemetrexed improves progression free survival. »» Continuation maintenance with pemetrexed bevacizumab improves PFS over bevacizumab alone. Keywords Lung cancer Epidemiology Screening Chemotherapy Targeted therapy L’intérêt pour le dépistage s’est renouvelé cette année, presque 10 ans après les études qui avaient enthousiasmé la communauté scientifique, enthousiasme suivi d’une phase de traversée du désert. Deux études majeures montrent, pour le National Lung Screening Trial (NSLT) [6], l’intérêt de la tomodensito­métrie pour le dépistage des cancers pulmonaires, et, pour le Prostate, Lung, Colorectal and Ovarian (PLCO) Cancer Screening Trial (7), la confirmation de l’absence d’intérêt de la radiographie thoracique dans cette indication. Le NSLT a largement été présenté dans un article de La Lettre du Cancérologue (8) et ne sera donc pas détaillé ici. L’étude PLCO, récemment publiée, a comparé, chez 154 901 participants âgés de 55 à 74 ans, une radiographie pulmonaire annuelle pendant 4 ans consécutifs à l’absence de radiographie. Les sujets ont été suivis durant 12 ans en médiane (maximum : 13 ans). Cette étude ne montre aucune réduction de l’incidence des cancers pulmonaires (1 696 cas dans le groupe dépisté versus 1 620 dans le groupe témoin) et aucune réduction de la mortalité par cancer. La faible efficacité du dépistage par la radiographie pulmonaire pourrait être liée au fait que, sur les 1 696 cancers déclarés, seuls 307 ont été détectés par la radiographie. Tableau I. Caractéristiques résumées des différentes études randomisées comparant inhibiteur de tyrosine kinase (ITK) et chimiothérapie (CT) dans des populations de patients sélectionnées. Population ITK n Réponse objective Survie sans (%) progression ITK versus CT IPASS Asie Géfitinib 261* 71,2 versus 47,3 HR = 0,48 9,5 IC95 : 0,36-0,64 versus 6,3 mois First-SIGNAL Asie Géfitinib 42* 84,6 versus 37,5 HR = 0,61 IC95 : 0,31-1,22 WJTOG 3405 Asie Géfitinib 172 62,1 versus 32,2 HR = 0,49 9,2 IC95 : 0,34-0,71 versus 6,3 mois NEJ002 Asie Géfitinib 224 73,7 versus 30,7 HR = 0,30 10,8 IC95 : 0,22-0,41 versus 5,4 mois OPTIMAL Asie Erlotinib 154 83 versus 36 HR = 0,16 13,1 IC95 : 0,10-0,26 versus 4,6 mois Europe Erlotinib 174 58,1 versus 14,9 HR = 0,37 9,7 IC95 : 0,25-0,54 versus 5,2 mois EURTAC * Sous-groupe de la population totale. 22 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 1 - janvier 2012 NA ITK de l’EGFR en première ligne thérapeutique Le traitement de première ligne des patients présentant une mutation des exons 19 ou 21 de l’EGFR repose maintenant sur un niveau de preuve élevé : plusieurs études randomisées ont dans ce contexte démontré l’intérêt des inhibiteurs de tyrosine kinase (ITK) [tableau I]. La majorité des études a été réalisée avec le géfitinib. L’étude OPTIMAL et l’étude EURTAC (9, 10) ont été réalisées avec l’erlotinib. L’étude EURTAC est la seule étude randomisée incluant une population caucasienne et l’étude OPTIMAL, une population chinoise. Tous les patients sont, en revanche, porteurs de mutations de l’EGFR. Ces études concordent à la fois entre elles mais aussi avec les études réalisées avec le géfitinib (11-14) pour ce qui est de l’augmentation de la survie sans progression (SSP) dans la population mutée traitée par ITK, sans amélioration, toutefois, de la survie globale (SG) par rapport au groupe de patients traités par CT. La SG est de toute façon modifiée chez ces patients, lors de l’utilisation des ITK en première ligne, ou chez ceux traités par CT première par l’introduction des ITK au-delà de la première ligne. Ces données ont été confirmées par une méta-analyse récemment publiée, la première à notre connaissance, qui a évalué le bénéfice d’un ITK de l’EGFR (géfitinib ou erlotinib) en première ou en deuxième ligne en comparaison avec une CT standard chez 1 260 patients présentant une mutation activatrice de l’EGFR et qui ont été inclus dans 13 études randomisées et contrôlées. Le risque de progression avec les ITK de l’EGFR a été réduit de 70 % pour l’ensemble des études (HR = 0,30 ; IC : 0,22-0,44 ; 2p < 0,00001) alors que la SG est restée inchangée par comparaison avec la CT standard ; cela peut être dû à l’effet crossover. La méta-analyse des études conduites avec le géfitinib et l’erlotinib a démontré, pour la SSP, un HR poolé de 0,19 (2p < 0,0001) pour l’erlotinib et de 0,39 (2p < 0,0001) pour le géfitinib, soit une différence significative en faveur de l’erlotinib en analyse de sous-groupe. Néanmoins, il est important de signaler la grande hétérogénéité de ces études, ce qui limite l’impact de ces résultats (15). Le principal problème dans la discussion de la première ligne tient peut-être à ce qui doit être fait après celle-ci. RÉTROSPECTIVE 2011 Quel que soit le choix, la possibilité de traiter en seconde ligne s’avère un point de réflexion capital. En effet, après CT, un certain nombre de patients ne recevront pas le traitement le plus efficace qu’est l’ITK. Dans la situation radicalement opposée (ITK en première ligne), la progression sous traitement est souvent longue à affirmer et la décision de la seconde ligne est tardive, voire trop tardive, au moment d’une baisse de l’état général ne permettant plus l’administration d’un doublet de CT. Dans ce dernier cas, la CT de référence n’est donc pas utilisée. Enfin, cette réflexion ne prend en compte ni la problématique des CT de première ligne combinées à du bévacizumab, ni celle des traitements de maintenance par CT ou traitement ciblé. Néanmoins, le bon profil de tolérance, la facilité d’administration et la meilleure survie dans le groupe traité par ITK plaident en faveur de ce traitement en première ligne. Il y a donc, de ce fait, un large consensus pour la réalisation d’analyses moléculaires dès le diagnostic afin d’orienter le plan thérapeutique. Cependant, 20 à 30 % des diagnostics de cancer bronchique reposent uniquement sur la cytologie. Cela pose le problème de l’amélioration de “l’accès au tissu” et donc celui de préférer et d’optimiser les techniques biopsiques. Cela à son tour implique une réflexion pluridisciplinaire sur le choix de la technique biopsique appropriée. La technique choisie doit idéalement avoir la meilleure prédictivité d’obtenir du tissu tumoral en quantité suffisante. Bien entendu, il faut aussi prendre en compte les risques éventuels de la procédure et minimiser la pénibilité par des techniques d’anesthésie ou de sédation appropriées. La décision de pratiquer une biopsie doit intégrer dans les cas les plus difficiles la probabilité d’identifier une anomalie moléculaire de l’EGFR. Ainsi, N. Girard et al. ont établi, chez 2 392 patients non asiatiques porteurs d’un adénocarcinome, un algorithme de décision (figure 1) [16]. Celui-ci donne une probabilité de découverte d’une mutation de l’EGFR chez un patient donné. Une fois le risque évalué sur l’algorithme, on décide de pratiquer ou non une biopsie. Dans tous les cas, l’évolution des patients traités montre qu’il est fondamental pour le patient de répéter les analyses moléculaires au cours de la maladie. Plusieurs approches biopsiques doivent donc être réalisées, ce qui souligne l’absolue nécessité de minimiser la pénibilité des procédures pour favoriser l‘acceptation des patients. Une alternative à la biopsie sera de développer des techniques différentes avec des analyses moléculaires à concevoir ou à améliorer sur les produits d’analyse cytologique ou sur les prélèvements sanguins. Le contexte particulier des patients porteurs de cancers bronchiques avec de nombreuses comorbidités − notamment toutes celles qui imposent des anticoagulants ou des antiagrégants à long terme, situations qui gênent considérablement la réalisation de biopsies − justifie le développement d’analyses alternatives au profil moléculaire sur tissu. Retour du cétuximab en première ligne thérapeutique ? L’étude FLEX a été publiée dans le Lancet en 2009 (17). Elle comparait, chez des patients présentant un CBNPC de stade IV, de Performance Status (PS) 0 à 2 et dont la tumeur était positive pour EGFR en immunohistochimie (IHC) [à partir d’une cellule marquée], une association de cisplatine + ­vinorelbine + cétuximab à une CT par cisplatine + vinorelbine. Cette étude a montré un bénéfice significatif en SG en faveur du groupe cétuximab sur l’ensemble de la population. Les analyses ultérieures en fonction de l’expression de biomarqueurs (mutations de KRAS et d’EGFR, amplification d’EGFR, IHC de PTEN) n’ont pas permis de dégager un sousgroupe de patients bénéficiant plus particulièrement du cétuximab, ce qui a probablement contribué Points Âge (ans) Sexe Paquets-années Nombre d’années depuis l’arrêt du tabac 0 102030405060708090100 95 8570 25 3035 45 60 Femme Homme 400240150 90 55 33 20 12 7,54,5 2,7 1,7 0 0 10 25 AC/SOL Sous-type histologique NOS prédominant Stade Nombre total de points 40 55 PAP BAC IIIB-IV I-II 0 20 40 60 80 100120140160180200 Probabilité d’avoir une mutation activatrice de l’EGFR 0,1 0,2 0,30,40,50,60,7 0,8 0,9 AC/SOL : adénocarcinome solide ; BAC : adénocarcinome lépidique prédominant ; NOS : adénocarcinome Not Otherwise ­Specified ; PAP : adénocarcinome papillaire. Figure 1. Normogramme prédictif de l’existence d’une mutation de l’EGFR. Chacun des paramètres est rapporté à l’échelle de points du haut. Le nombre total de points ainsi additionné est rapporté à une probabilité de mutation de l’EGFR. La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 1 - janvier 2012 | 23 RÉTROSPECTIVE 2011 Cancers bronchiques : quelles sont les nouveautés depuis septembre 2010 ? dans une certaine mesure au rejet de la demande d’AMM dans l’indication des CBNPC (18). Les lames histologiques ont été étudiées à nouveau afin de mettre au point un score d’expression d’EGFR en fonction de l’intensité du marquage (de 0 à 3+) et du taux de cellules marquées pour chaque niveau d’expression. Ce score semble facile à utiliser après apprentissage par les anatomo­pathologistes, et il est reproductible d’un laboratoire à l’autre. Les patients sont séparés en 2 groupes − haut et bas niveaux d’expression d’EGFR − autour d’un seuil de 200 sur une échelle de 0 à 300. Ce seuil a été déterminé en fonction du taux de réponse dans les 2 groupes de patients de l’étude FLEX, puis il a été utilisé pour analyser la SG, la SSP et le temps jusqu’à échec du traitement dans les 2 groupes. Seulement 31 % des patients ont un score supérieur à 200. Les résultats montrent une meilleure SG dans le bras CT cisplatine + vinorelbine + cétuximab, uniquement dans le groupe des patients dont la tumeur exprime fortement EGFR. L’analyse des résultats de SG chez les patients dont la tumeur exprime fortement EGFR montre une persistance du bénéfice dans les différentes histologies, et même un bénéfice significatif pour les carcinomes épidermoïdes. Chez les Caucasiens, le bénéfice en SG était encore plus marqué. La même méthodologie, présentée lors du congrès de l’ESMO, a été appliquée à l’étude randomisée de phase III BMS099 évaluant carboplatine + paclitaxel ± cétuximab (19). Malheureusement, dans ce travail réalisé sur un effectif beaucoup plus modeste de patients (22 % des patients inclus), il n’a pas été possible de reproduire les résultats observés dans FLEX. Ces résultats seront-ils suffisants pour convaincre les instances d’enregistrement d’une nouvelle demande d’AMM ? Traitements de maintenance Les traitements de maintenance chez les patients en maladie stable ou en réponse après un doublet de CT prennent une place de plus en plus grande dans la stratégie quotidienne de traitement des CBNPC de stade IIIB ou IV ; cette stratégie a été incluse dans les recommandations de l’ASCO® publiées cette année. Ainsi, selon ces recommandations, les patients stables ou en réponse après 4 cycles d’un doublet contenant un sel de platine peuvent ensuite recevoir un traitement de maintenance par ­pémétrexed, dans le groupe histologique non épidermoïde, et par docétaxel Tableau II. Différentes études de maintenance. Molécule Survie sans progression (médiane) Groupe témoin (mois) Groupe maintenance (mois) Survie globale (médiane) Groupe témoin (mois) Groupe maintenance (mois) Maintenance vraie T. Brodowicz et al. Gem 2,0 3,6 HR = 0,69 ; IC95 : 0,56-0,86 8,1 10,2 HR = 0,84 ; IC95 : 0,52-1,38 M. Pérol et al. Gem 1,9 3,8 HR = 0,56 ; IC95 : 0,44-0,72 10,8 12,1 HR = 0,89 ; IC95 : 0,69-1,15 C. Belani et al. Gem 7,7 7,4 HR = 1,09 ; IC95 : 0,81-1,45 9,3 8,0 HR = 0,97 ; IC95 : 0,72-1,3 L. Paz-Ares et al. Pem 2,6 3,9 HR = 0,64 ; IC95 : 0,51-0,81 - - - F. Barlesi et al. Bev P 3,7 7,4 HR = 0,48 ; IC95 : 0,35-0,66 - - - V. Westeel et al. V 3,0 5,0 HR = 0,77 ; IC95 : 0,55-1,07 12,3 12,3 HR = 1,08 ; IC95 : 0,79-1,48 P. Fidias et al. D 2,7 5,7 HR = 0,71 ; IC95 : 0,55-0,92 9,7 12,3 HR = 0,84 ; IC95 : 0,65-1,08 Pem 2,0 4,0 HR = 0,6 ; IC95 : 0,49-0,73 10,6 13,4 HR = 0,79 ; IC95 : 0,65-0,95 Switch maintenance T. Ciuleanu et al. Maintenance avec traitement ciblé ATLAS E 3,7 4,6 HR = 0,72 ; IC95 : 0,59-0,88 13,9 15,9 HR = 0,9 ; IC95 : 0,74-1,09 SATURN E 2,5 2,8 HR = 0,71 ; IC95 : 0,62-0,82 11,0 12,0 HR = 0,81 ; IC95 : 0,7-0,95 M. Pérol et al. E 1,9 2,9 HR = 0,69 ; IC95 : 0,54-0,88 10,8 11,4 HR = 0,87 ; IC95 : 0,68-1,13 Géf 2,9 4,1 HR = 0,61 ; IC95 : 0,45-0,83 9,4 10,9 HR = 0,81 ; IC95 : 0,59-1,12 EORTC Bev : bévacizumab ; D : docétaxel ; E : erlotinib ; Géf : géfitinib ; Gem : gemcitabine ; Pem : pémétrexed ; V : vinorelbine. 24 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 1 - janvier 2012 RÉTROSPECTIVE 2011 Étude PARAMOUNT Pémétrexed 500 mg/m2 Cisplatine 75 mg/m2 + pémétrexed 500 mg/m2 J1-J21, 4 cycles J1-J21 Jusqu’à progression ou toxicité R Placebo i.v. Pémétrexed 500 mg/m2 + bévacizumab 7,5 mg/kg Étude AVAPERL J1-J21 J1-J21 Cisplatine 75 mg/m2 + pémétrexed 500 mg/m2 + bévacizumab 7,5 mg/kg J1-J21, 4 cycles R Jusqu’à progression ou toxicité Bévacizumab 7,5 mg/kg J1-J21 Figure 2. Études de chimiothérapies de continuation présentées cette année. Les 2 études évaluent le pémétrexed. Maintenance par bévacizumab + pémétrexed (n = 128) ; 81 événements Maintenance par bévacizumab (n = 125) ; 104 événements 100 Survie sans progression à partir de la date de randomisation (%) ou erlotinib pour l’ensemble des CBNPC. L’erlotinib et le pémétrexed ont tous 2 obtenu une AMM en Europe en maintenance. Le bénéfice en termes de SSP observé dans les études de T. Ciuleanu et al. (20) et SATURN (21) a été reproduit dans d’autres études (tableau I, p. 24) [22-25] : il est aujourd’hui difficile d’argumenter contre ces études, qui montrent un allongement de la durée jusqu’à la progression ou l’aggravation des symptômes. L’amélioration de la survie sous maintenance est probablement multifactorielle ; elle s’explique très certainement par une augmentation de la durée du contrôle de la maladie, mais une partie du bénéfice est peut-être simplement liée à la difficulté conceptuelle de la comparaison de 2 groupes de patients qui finalement ne reçoivent pas le même nombre de lignes de traitements. Cette difficulté méthodologique est en filigrane dans l’interprétation des études de maintenance, et cela se traduit dans certaines par un taux très inférieur d’accès au traitement de seconde ligne dans le groupe témoin, qui ne reçoit pas de maintenance. Le groupe témoin est de fait inférieur parce qu’il reçoit moins de traitement. Cependant, il devient impératif à l’avenir d’identifier les patients qui vont le plus bénéficier d’une maintenance et aussi de clarifier le type de maintenance souhaitable pour tel ou tel patient. Très simplement, une tumeur volumineuse après 4 cycles de doublet ou la persistance de symptômes sont des arguments pour la maintenance ; en revanche, les caractéristiques cliniques telles qu’un mauvais état général ou l’existence de toxicités persistantes du traitement antérieur sont des arguments en sa défaveur. Les biomarqueurs, et en particulier la présence de mutations de l’EGFR, seront un argument pour l’utilisation des ITK. Cependant, il est certain que l’approche ne sera pas identique pour tous mais plutôt taillée sur mesure afin d’être acceptée par les patients, ceux qui les prennent en charge et par nos systèmes de santé. La maintenance de continuation semble indiquée chez les patients conservant un bon état général à l’issue de la CT d’induction. Le second paramètre influençant la survie après maintenance de continuation par gemcitabine est la réponse au traitement initial (association cisplatine + gemcitabine dans l’étude IFCT-GFPC) ; le bénéfice de survie ne concerne que les patients répondeurs à la CT d’induction par opposition aux patients “stables” (26). Dans l’étude PARAMOUNT (figure 2) avec le pémétrexed (27), c’est aussi dans le groupe des patients répondeurs qu’est observée une amélioration de la SSP (les données de SG sont attendues). 75 HR = 0,48 ; IC95 : 0,35-0,66 ; p < 0,001 50 25 0 3,7 0 3 7,4 6 9 12 15 Mois Figure 3. Courbes de survie sans progression établies à partir de la date de randomisation dans l’étude AVAPERL. Dans l’étude AVAPERL (figure 2), présentée par F. Barlesi à l’ESMO 2011 (28), deux tiers des patients ayant reçu une induction ont pu bénéficier d’un traitement jusqu’à progression. Une amélioration significative de la SSP est observée dans le groupe bévacizumab + pémétrexed (figure 3) ; cette amélioration survient à la fois chez les patients répondeurs et chez les patients stables. Là encore, les données de survie sont attendues. La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 1 - janvier 2012 | 25 RÉTROSPECTIVE 2011 Cancers bronchiques : quelles sont les nouveautés depuis septembre 2010 ? En ce qui concerne la switch maintenance, les patients le plus à même de bénéficier de cette stratégie sont ceux qui n’ont que peu de chances de recevoir un traitement de seconde ligne lors de la progression de la maladie, et en particulier ceux ayant uniquement une stabilisation de la maladie au terme du traitement initial. Peut-on cibler la résistance aux ITK ? Que ce soit pour l’EGFR ou, plus récemment, pour EML4-ALK, ces mutations activatrices peuvent être ciblées par des ITK, mais, de façon quasi systématique, des mécanismes de résistance vont apparaître et entraîner la progression de la maladie. Que ces mutations soient présentes dès le diagnostic ou qu’elles apparaissent au fil du temps, la tumeur reste malgré tout un mélange de clones sensibles et de clones résistants. La traduction clinique ou radiologique de la progression de ces clones résistants va conduire le clinicien à arrêter l’ITK avec un risque de “flambée tumorale” (“tumor flare”) lié à la reprise de croissance des clones sensibles. Une étude réalisée chez les patients traités par ITK de l’EGFR (29) a évalué ce risque : environ 23 % des patients présentent un risque de flare, qui est T790M+ T790M– Pas de mutation Non évalué 80 60 40 20 0 – 20 – 40 – 60 – 80 – 100 0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 44 48 52 56 60 Nombre de patients Figure 4. Diagramme en chute d’eau montrant la diminution de la taille tumorale en fonction de l’existence ou non d’une mutation T790M chez des patients traités par l’association afatinib + cétuximab. 26 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 1 - janvier 2012 d’autant plus important que la durée du traitement par ITK avant la progression a été courte (9 versus 15 mois de médiane). D’autre part, l’existence de symptômes au moment de la progression ainsi que les atteintes pleurales et cérébrales sont également des facteurs de risque de flambée tumorale. Cela plaide pour un suivi étroit des malades à risque ainsi que pour une durée raisonnable entre l’arrêt de l’ITK et la reprise d’un traitement ultérieur, en particulier dans les cas d’essais cliniques où une période sans traitement (washout) est préconisée. Dans une étude (30), les mécanismes de résistance aux ITK de l’EGFR ont été évalués chez 37 patients porteurs de mutations activatrices de l’EGFR. De nouvelles biopsies ont été réalisées avant la mise sous ITK et au moment de la progression. On retrouve, comme prévu, la mutation de résistance T790 dans 49 % des cas ; de la même manière, l’amplification de MET est mise en évidence dans 5 % des cas. En revanche, il est important de noter de nouveaux mécanismes de résistance clinique tels que l’amplification de l’allèle de résistance T790M (8 % des cas), la mutation de PIK3CA (qui code pour la sous-unité catalytique p110a de la phospho-inositide 3-kinase (PI3 kinase) [5 %]. Dans 5 % des cas, on observe une transition épithéliomésenchymateuse qui donne un phénotype plus agressif à la tumeur. Enfin, de façon extrêmement surprenante, 14 % des patients ont une tumeur dont le phénotype devient celui d’un carcinome à petites cellules. Dans le même article, le suivi longitudinal de quelques patients montre que le nouveau phénotype va lui aussi varier en fonction de l’introduction d’une CT ou de la réintroduction des ITK. Enfin, le phénotype “petites cellules” semble très sensible au traitement de référence étoposide + cisplatine. Au-delà des mécanismes de résistance, ce travail souligne la nécessité de réévaluer le type histologique et mutationnel en cours de traitement. L’association cétuximab + afatinib semble intéressante chez les malades résistant aux ITK. En effet, après des résultats favorables sur des modèles animaux de xénogreffe, cette association a été évaluée chez l’homme en phase Ib. La dose de l’association retenue a été la suivante : afatinib 40 mg/j + cétuximab 500 mg/m 2 toutes les semaines. Dans une étude ultérieure de phase II, présentée au congrès du WCLC (31), 61 patients ont été inclus : ils étaient porteurs de la mutation de l’EGFR, présentaient préalablement une réponse sous erlotinib ou géfitinib ou avaient une maladie stable depuis plus de 6 mois sous erlotinib RÉTROSPECTIVE 2011 ou géfitinib. Le taux d’efficacité clinique a été très élevé (réponse complète, réponse partielle, stable : 95 %) [figure 4], en particulier dans la population porteuse d’une mutation T790M avec un profil de toxicité acceptable. Une toxicité cutanée de grade supérieur à 3 n’était observée que chez 9 % des patients. L’évaluation ultérieure de cette association prometteuse est attendue. Le réarrangement EML4-ALK peut être ciblé par le crizotinib. Cette molécule a obtenu l’accord de la Food and Drug Administration (FDA) le 26 août 2011 et elle est maintenant commercialisée aux États-Unis sous le nom de Xalkori®. Cette molécule est disponible en France soit par l’intermédiaire d’études cliniques, soit par une demande d’ATU nominative réservée aux patients ne pouvant pas participer à un des essais en cours. Une étude rétrospective (32) portant sur 82 patients traités par crizotinib a montré une survie à 1 an de 74 % (IC95 : 63-82) et une survie à 2 ans de 54 %, résultats bien supérieurs aux données historiques concernant la CT. Les mécanismes de résistance secondaire au crizotinib commencent à être élucidés. À ce jour, 6 mutations différentes dans le domaine tyrosine kinase d’ALK entraînant la résistance aux inhibiteurs d’ALK ont été identifiées (33). Une de ces mutations secondaires, L1196M, entraîne une modification conformationnelle de la poche kinase (mutation gatekeeper) gênant l’accès de l’ITK à sa cible, alors que les autres (L1152R, C1156Y, F1174L, L1198P, D1203N) entraînent des modifications stériques jouant à la fois sur la fixation du crizotinib et sur celle de l’ATP (34-36). De plus, les cellules résistant au crizotinib peuvent aussi développer des voies de signalisation alternatives, telles que l’amplification de c-Met d’ALK, ou activer la voie de l’EGFR (33). Une seconde catégorie de molécules, les inhibiteurs de Heat shock protein 90 (Hsp90), est à l’étude chez les patients présentant un réarrangement. EML4-ALK est généralement associé dans la cellule à de multiples “chaperons cellulaires”, dont Hsp90. Les inhibiteurs d’Hsp90 dissocient ces associations et entraînent la dégradation d’EML4-ALK ainsi qu’un effet antitumoral dans les modèles animaux (37). De plus, les lignées cellulaires porteuses des mutations de résistance au crizotinib (L1196M et F1174L) gardent la même sensibilité aux inhibiteurs d’Hsp90 que les lignées sans mutation. Des résultats préliminaires chez l’homme de 2 inhibiteurs, la rétaspi­mycine (IPI-504) et le ganétespib (STA-9090), montrent des signes encourageants d’efficacité. Nouvelles cibles thérapeutiques Le ciblage thérapeutique devient donc une réalité du quotidien, essentiellement, pour l’instant, dans les adénocarcinomes ; dans ce groupe, la population des non-fumeurs a bénéficié de l’apport thérapeutique de cette nouvelle approche. La fréquence des anomalies moléculaires varie selon le type ethnique de la population étudiée et, bien sûr, selon le type histologique. Dans les carcinomes épidermoïdes, qui ont été les laissés-pour-compte de cette démarche, ce sont désormais près de 12 événements moléculaires (mutations, délétions, amplifications) qui ont été caractérisés avec une fréquence allant de 2 à 45 % (figure 5). Mais le plus intéressant est sans conteste la mise en évidence d’altérations que l’on peut cibler par des molécules, comme des mutations ponctuelles du Fibroblast Growth Factor Receptor 2 (FGFR2) [5 %], de PI3KCA (9 %), de BRAF (3 %), du Platelet-Derived Growth Factor Receptor (PDGFR) [9 %], de la kinase Discoidin Domain Receptor 2 (DDR2) [4 %] ou des amplifications de FGFR1 (20 à 25 %) et d’EGFR (10 %) [tableau III, p. 28]. L’analyse informatique des sites enzymatiques de ces kinases et des spécificités des différents ITK des chimiothèques des laboratoires a permis notamment d’identifier le dasatinib comme une molécule pouvant cibler la kinase DDR2. EGFR ampl 10 % ■ ■ ■ ■ BRAF mut 3% FGFR1 ampl FGFR2 mut PI3KCA mut PTEN mut/del DDR2 mut 4% ■ ■ ■ ■ FGFR1 ampl 20-25 % CCND1 ampl CDKN2A del/mut PDGFRA ampl/mut EGFR ampl FGFR2 mut 5% ■ ■ ■ ■ MCL1 ampl BRAF mut DDR2 mut ERBB2 ampl Ampl : amplifié ; del : supprimé ; mut : muté. Figure 5. Répartition des anomalies moléculaires identifiées dans les carcinomes épidermoïdes. La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 1 - janvier 2012 | 27 p 90 : RÉTROSPECTIVE 2011 Cancers bronchiques : quelles sont les nouveautés depuis septembre 2010 ? Tableau III. Quelques molécules actuellement à l’étude dans différentes anomalies moléculaires. Anomalie moléculaire Médicament ou molécule à l’étude Incidence (%) Erlotinib, géfitinib Nouveaux pan-HER 10-15 Crizotinib Inhibiteurs Hsp90 3-5 Trastuzumab PF 299804 2 2 GDC-0941, XL147 XL765, PX-866 BEZ235, BKM120 2 XL184, ARQ 197, MetMAb 5 Mutation de RAS et RAF Sorafénib, GSK1120212 AS703026, AZD6244 3-30 Amplification de FGFR1 BJG398, AZD4547, TKI258 ? 10-20 Mutation de l’EGFR Réarrangement d’EML4-ALK Anomalies de HER2 Mutation Amplification Mutation de PI3K Amplification/mutation de MET EGFR : Epidermal Growth Factor Receptor ; FGFR : Fibroblast Growth Factor Receptor ; HER2 : Human Epidermal Growth Factor Receptor 2 ; Hsp 90 : Heat shock protein 90 ; PI3K : phospho-inositide 3-kinase. Associations de thérapeutiques ciblées Améliorer l’efficacité des traitements ciblés existants en les associant dans une population non sélectionnée, ou, mieux encore, dans une population sélectionnée sur 1 ou plusieurs biomarqueurs, est une voie de recherche d’avenir. Les difficultés sont nombreuses, en particulier celles liées à des interactions pharmacocinétiques, notamment entre petites molécules inhibitrices de kinase, celles liées à la toxicité additionnelle des associations ou enfin celles, plus terre à terre, de la compétition industrielle entre laboratoires par nature peu enclins à la collaboration avec des concurrents. Plusieurs exemples d’association viennent ouvrir avec succès cette nouvelle voie. La voie de signalisation de c-Met est complémentaire de la voie de l’EGFR, le blocage simultané in vitro des 2 voies de signalisation avec un anticorps monoclonal ciblant le récepteur Met et l’erlotinib a démontré l’activité de cette association. Le MetMAb est un anticorps monoclonal en développement chez l’homme pour le ciblage de Met. L’étude OAM4558g, présentée dans les récents congrès de cancérologie − ESMO 2010, ASCO® 2011 et WCLC 2011 (38) −, est un essai randomisé de phase II comparant MetMAb et placebo associés à l’erlotinib. Cent trente-sept patients ont été inclus dans cette étude. Ceux traités dans le groupe erlotinib + placebo pouvaient 28 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 1 - janvier 2012 recevoir le MetMAb au moment de la progression. Cette étude comportait 2 objectifs principaux : la SSP du groupe en intention de traiter (ITT) et la SSP du groupe présentant une forte expression de c-Met en IHC. À côté des critères d’inclusion habituels (CBNPC de stade IIIB-IV, PS 0-2, deuxième ou troisième ligne thérapeutique), un critère prévoyait qu’il y ait suffisamment de tissu conservé pour des études translationnelles. Les patients inclus avaient, dans au moins 75 % des cas, des cancers non épidermoïdes. L’hyperexpression de Met a été observée chez 52 % des patients évalués. Même si cette étude n’a pas montré d’amélioration de la SSP ni de la survie dans la cohorte analysée en ITT, une amélioration de la SSP et de la SG était cependant notée dans l’analyse du sousgroupe présentant une hyperexpression de c-Met. Le bénéfice du MetMAb ne semble pas dépendre de la mutation de l’EGFR, puisqu’il persiste lorsqu’on exclut les patients mutés. En revanche, dans le sous-groupe des patients présentant une expression faible de c-Met et traités par MetMAb, il semble que la SSP soit plus faible. Le profil de toxicité était comparable dans les 2 groupes de patients, avec cependant des œdèmes périphériques de grade 1-2 dans le groupe MetMAb. De manière intéressante, l’étude du groupe erlotinib + placebo a montré l’impact pronostique défavorable de la forte expression de Met. Nous avons vu plus haut une autre association intéressante combinant un ITK et un anticorps monoclonal : l’association afatinib + cétuximab. D’autres sont évaluées, comme notamment celles avec le bévacizumab. Le sorafénib est un inhibiteur multikinase administré par voie orale. En évaluation dans les CBNPC dans une étude randomisée de phase II, l’erlotinib (150 mg/j) associé au sorafénib (400 mg × 2/j) a été comparé à l’association erlotinib + placebo chez des patients porteurs de CBNPC en progression après 1 ou 2 lignes de traitement (39). Les critères de jugement de cette étude étaient la SSP et le taux de réponse. Cent soixante-huit patients ont été inclus. Cette étude n’a pas montré de grande différence de SSP ni de réponse. En revanche, les analyses des sous-groupes EGFR sauvage et EGFR non amplifié suggéraient un bénéfice de survie, de SSP et de SG avec le sorafénib (67 patients avaient un EGFR sauvage ; SSP médiane : 3,38 mois dans le groupe sorafénib versus 1,77 mois dans le groupe placebo [p = 0,018] ; SG médiane : 8 versus 4,5 mois). L’association n’apportait pas d’excès de toxicité rédhibitoire. RÉTROSPECTIVE 2011 Conclusion La place des traitements ciblés augmente d’une année sur l’autre. Médicaments réservés au-delà de la première ligne il y a quelques années, ils apparaissent aujourd’hui dès la prise en charge initiale de la maladie. Prescrits initialement sans étude de biomarqueur, ils sont maintenant associés à l’existence d’un biomarqueur, compagnon qui conditionne le droit de les prescrire. Cette approche améliore bien entendu l’index thérapeutique de ces médicaments, donnant à ceux qui en bénéficient potentiellement le plus les molécules les plus actives. Cette approche de maîtrise médicalisée de la prescription est probablement la seule à même de nous permettre dans un avenir proche de soutenir le progrès tout en contenant les dépenses en cancérologie. ■ Conflit d’intérêts. L’auteur déclare avoir un conflit d’intérêts avec Roche, Eli Lilly, Pfizer, Boehringer Ingelheim France (consultant, orateur, investigateur) et Astra Zeneca (orateur). Retrouvez l’intégralité des références bibliographiques sur www.edimark.fr Inscrivez-vous dès maintenant REGARDS CROISÉS CLINICIENS/BIO-PATHOLOGISTES et recevez par e-mail les analyses des articles majeurs de la littérature en oncologie thoracique, décryptée pour vous par un duo d’experts clinicien et bio-pathologiste SUR LA LITTÉRATURE EN ONCOLOGIE THORACIQUE www.edimark.fr/revues-presse/onco-thoracique Une nouvelle rubrique dans le paysage de l’oncologie thoracique court toujours Nos experts le risque d’une redondance avec les nombreux médias déjà existants. C’est avec Julien Adam (Villejuif), Marie Brevet (Lyon), cet enjeu d’innovation que nous avons fait le choix d’établir les principes Alexis Cortot (Lille), Sébastien Couraud de cette revue bibliographique “Regards croisés, cliniciens/bio-pathologistes, (Lyon), Nicolas Girard (Lyon), sur la littérature en oncologie thoracique“. Les experts retenus sont d’une part Ludovic Lacroix (Villejuif) des cliniciens, d’autre part des médecins ou chercheurs engagés dans la biologie translationnelle. Ils sont tous de la génération montante, Premières analyses celle dont le cursus universitaire a fortement été marqué par la biologie • Un décès sur cinq évitable ? et les biostatistiques. Ce double regard permet l’examen des aspects pratiques • Fréquences et paramètres cliniques associés et potentiellement innovants d’études issues majoritairement de revues angloaux mutations du gène BRAF dans les adénocarcinomes bronchiques saxonnes dédiées essentiellement à la recherche translationnelle en oncologie • Un regard simple sur la biologie moléculaire thoracique. Les applications cliniques ou en recherche clinique de ces analyses du cancer bronchique critiques seront mises en exergue. • Amplification de FGFR1 dans le cancer Bien évidemment une large place sera faite à tout ce qui concerne bronchique non à petites cellules la personnalisation thérapeutique. Le démembrement des adénocarcinomes • Évolutions histologique et génotypique en de nombreux types dont certains sont porteurs d’une mutation oncogénique des adénocarcinomes bronchopulmonaires présentant une résistance acquise est pour nous une fascinante opportunité d’améliorer les traitements. L’erlotinib aux inhibiteurs de l’EGFR et le géfitinib prescrits dans les adénocarcinomes avec mutation de l’EGFR • Mutations du gène DDR2 : une nouvelle sont le début d’une nouvelle page thérapeutique qui va se poursuivre cible thérapeutique dans les carcinomes avec d’autres médicaments ; le crizotinib ciblant EML4-ALK sera sûrement épidermoïdes bronchopulmonaires le prochain venu, d’autres suivront… Les carcinomes épidermoïdes n’étaient pas concernés par ce démembrement. Les analyses critiques de nos experts reviennent sur des études montrant que certains drivers oncogéniques sont aussi présents dans les cancers épidermoïdes. Sous l’égide de Les essais cliniques de molécules correspondantes suivront. Avec le soutien institutionnel Nous souhaitons à cette rubrique un bel avenir et, à tous, une bonne lecture. Pr Denis Moro-Sibilot (Grenoble), coordinateur Directeur de la publication : Claudie Damour-Terrasson Rédacteur en chef : Jean-François Morère (Bobigny) La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 1 - janvier 2012 | 29 RÉTROSPECTIVE 2011 Cancers bronchiques : quelles sont les nouveautés depuis septembre 2010 ? Références bibliographiques (suite de la p. 29) 1. INCa. Cancer du poumon, bilan initial. INCa 2011. 2. Azzoli CG, Temin S, Aliff T et al. 2011 focused update of 2009 american society of clinical oncology clinical practice guideline update on chemotherapy for stage IV non-smallcell lung cancer. J Clin Oncol 2011;29(28):3825-31. 3. Coebergh J. Lung cancer survival: striking regional differences. WCLC 2011: abstr. PL01.3. 4. Blot WJ, Cohen SS, Aldrich M, McLaughlin JK, Hargreaves MK, Signorello LB. Lung cancer risk among smokers of menthol cigarettes. J Natl Cancer Inst 2011; 103(10):810-6. 5. Castillo JJ, Dalia S, Shum H. 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