Maintenance avec la thérapeutique ciblée
associée à la chimiothérapie
P + X ± TC Réponse objective Maintenance de continuation par chimiothérapie
Maintenance avec un nouvel agent Y
(cytotoxique ou ITK de l’EGFR)
P : sel de platine ; X : cytotoxique de troisième génération associé au sel de platine ;
TC : thérapeutique ciblée associée en première ligne à la chimiothérapie (bévacizumab ou cétuximab).
Figure. Les stratégies de maintenance dans le traitement de première ligne des CBNPC avancés.
La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 10 - décembre 2011 | 593
Résumé
La stratégie thérapeutique des cancers bronchiques non à petites cellules avancés repose sur l’adminis-
tration de plusieurs lignes de traitement, déterminées par la constatation d’une progression de la maladie,
et séparées par des intervalles libres de tout traitement. La stratégie de maintenance consiste en la pour-
suite d’un traitement adapté, peu toxique, dès la fin de la chimiothérapie de première ligne, dans le but
de maintenir le bénéfice thérapeutique obtenu et d’éviter une progression rapide de la maladie, ce qui
pourrait être incompatible avec l’administration d’un traitement ultérieur. Les essais conduits montrent
que la stratégie de maintenance prolonge la durée du contrôle de la maladie et améliore la survie de
manière cliniquement significative avec le pémétrexed et l’erlotinib. Le gain de survie pourrait être lié à
la majoration de la survie sans progression et à l’augmentation de la proportion des patients exposés à
plusieurs lignes de traitement actif. La maintenance constitue une option thérapeutique importante en
première ligne, particulièrement en cas de maladie d’évolution rapide, avec ultérieurement la nécessité
de préciser les critères visant à sélectionner les patients le plus à même de bénéficier de cette stratégie.
Mots-clés
Erlotinib
Bévacizumab
Gemcitabine
Cancer bronchique
non à petites cellules
Maintenance
Pémétrexed
Highlights
Treatment of advanced non
small-cell lung cancer is
usually based on several
lines of therapy separated by
treatment-free intervals, in
which each new line is started
when tumor progression is
detected. The maintenance
strategy consists of continuing
an appropriate, well-tolerated
treatment immediately after
the end of first-line chemo-
therapy, in order to maintain
the initial therapeutic benefi t
and to avoid rapid clinical dete-
rioration that would rule out
further treatment. Clinical trials
show that maintenance therapy
with pemetrexed or erlotinib
provides a signifi cant clinical
benefit in terms of disease
control and survival. This
survival benefi t appears to be
directly linked to the progres-
sion-free prolongation and
possibly due to the increase
in the proportion of patients
who can receive several lines
of active treatment. Mainte-
nance therapy is an important
option in fi rst-line treatment
of non-small cell lung cancer,
particularly in case of rapid
disease progression, but more
reliable criteria are needed to
identify the patients most likely
to benefi t from this approach.
Keywords
Erlotinib
Bevacizumab
Gemcitabine
Non-small-cell lung cancer
Maintenance
Pemetrexed
4 cycles, ce qui pourrait majorer la proportion de
patients susceptibles de bénéfi cier d’un traitement
de seconde ligne (6, 8). En effet, le développement
de plusieurs options en seconde ligne de traitement
(docétaxel, pémétrexed, erlotinib, géfi tinib en Asie)
a fait évoluer le traitement des CBNPC avancés vers
une stratégie multiligne fondée sur l’administration
de plusieurs séquences thérapeutiques, initiées lors
de la constatation d’une progression de la maladie
et séparées par des intervalles libres de tout traite-
ment (8). Cette stratégie dite du “stop and go” est
davantage une nécessité imposée par la toxicité de
la CT qu’un concept en soi ; elle a l’avantage d’offrir
au patient des périodes de repos thérapeutique qui
pourraient préserver la sensibilité des cellules tumo-
rales aux lignes thérapeutiques ultérieures. Elle a
l’inconvénient d’un intervalle libre généralement
de courte durée et celui d’exposer les patients à un
risque de progression clinique rapide n’autorisant
plus l’administration d’un traitement de seconde
ligne. En effet, seuls 50 à 65 % des patients traités en
première ligne par une bithérapie à base de platine
reçoivent réellement une seconde ligne de traite-
ment (1, 9), de même qu’un tiers environ de ces
patients en cas de contrôle de la maladie à l’issue
de la première ligne (10).
Le concept de maintenance
La maintenance thérapeutique de première ligne
peut se définir par la poursuite d’un traitement
après obtention de la réponse maximale à une CT
d’induction, jusqu’à progression de la maladie (11, 13).
Elle ne concerne donc par définition que les
patients en réponse ou stabilisés par le traitement
d’induction.
Cliniquement, cette stratégie répond aux écueils
de la stratégie du “stop and go”, avec l’optique
de maintenir le bénéfice clinique de la première
ligne et d’éviter le risque d’une progression de la
maladie inaccessible à tout traitement ultérieur ;
elle apparaît donc d’autant plus justifiée que la
maladie traitée est d’évolution rapide. Concep-
tuellement, la stratégie de maintenance offre
l’avantage de traiter une charge tumorale résiduelle
faible avec une pression thérapeutique constante
jusqu’à progression de la maladie. La première
option est l’utilisation en maintenance de l’une
des composantes du traitement d’induction, fondée
sur la constatation d’une sensibilité tumorale au
traitement d’induction ; cette stratégie est désor-
mais appelée maintenance de continuation (13).
La stratégie alternative consiste à introduire un
nouveau traitement répondant au concept de
l’administration précoce de traitements sans résis-
tance croisée ; elle permet d’exposer la totalité des
patients dont la maladie est contrôlée à un traite-
ment actif supplémentaire (figure). Cette stratégie,
également appelée “switch maintenance” (13), a
essentiellement été évaluée avec des cytotoxiques
ou des inhibiteurs de l’EGFR (Epidermal Growth
Factor Receptor) actifs en seconde ligne ; elle a
également été dénommée “consolidation” ou de
façon inappropriée “seconde ligne immédiate”, le
terme “seconde ligne” sous-entendant une progres-
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