MISE AU POINT La stratégie de maintenance en première ligne de traitement dans les cancers bronchiques non à petites cellules avancés 1 Maintenance strategy in first-line treatment of advanced non-small-cell lung cancer M. Pérol*, L. Odier**, D. Arpin*** L e traitement de première ligne des patients atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) au stade métastatique repose sur une chimiothérapie (CT) associant un sel de platine et un cytotoxique de troisième génération ; en général, la durée du traitement, limitée par la toxicité de la CT, n’excède pas 6 cycles (1). Le bénéfice obtenu étant souvent d’amplitude modeste et, surtout, de courte durée, plusieurs stratégies ont été récemment développées afin de maintenir ce bénéfice thérapeutique le plus longtemps possible, tout en préservant la qualité de vie. Ces stratégies ont été rendues possibles par la disponibilité de molécules cytotoxiques plus actives, mieux tolérées, et de biothérapies ciblées, compatibles avec une administration prolongée. L’ensemble de ces réflexions définit la problématique de la maintenance dans le traitement de première ligne des CBNPC avancés. 1 Article réactualisé d’après © La Lettre du Pneumologue 2010; XIII(3):102-11. * Département de cancérologie médicale, centre Léon-Bérard, Lyon. ** Service de pneumologie, centre hospitalier de Villefranche-sur-Saône. *** Service de pneumologie, hôpital de la Croix-Rousse, Hospices civils de Lyon. Durée du traitement de première ligne dans les CBNPC métastatiques et concept de maintenance durée optimale de la CT de première ligne recommande de ne pas dépasser 4 cycles chez les patients dont la maladie est stabilisée et 6 cycles chez les patients répondeurs (1). Les essais de phase III montrent que le nombre médian de cycles à base de platine administrés en première ligne est de l’ordre de 4 (1). Ce chiffre traduit un nombre non négligeable de tumeurs réfractaires au traitement (environ 30 %), une toxicité cumulative du traitement, mais aussi l’obtention précoce d’une réduction maximale du volume tumoral (2, 3). Plusieurs essais randomisés ont recherché le nombre optimal de cycles d’une bithérapie à base de platine en première ligne (3-6). La prolongation du traitement n’apporte aucun avantage en termes de réponse, de contrôle des symptômes, de qualité de vie ou de survie et tend à majorer les toxicités cumulatives telles que l’anémie ou la neuropathie (5). La méta-analyse de ces essais (7) [incluant 2 essais de maintenance avec la molécule associée au sel de platine] confirme l’absence d’impact sur la survie de la prolongation de la CT de première ligne (HR = 0,97 ; IC95 : 0,84-1,11), malgré une majoration de la survie sans progression (SSP) [HR = 0,75 ; IC95 : 0,65-0,85]. Durée de la chimiothérapie de première ligne Stratégie du “stop and go” L’actualisation des “guidelines” de l’ASCO® (American Society of Clinical Oncology) pour la L’ensemble de ces données plaide donc pour l’utilisation d’une première ligne brève, limitée à 592 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 10 - décembre 2011 LK12-2011.indd 592 13/12/11 15:02 Résumé La stratégie thérapeutique des cancers bronchiques non à petites cellules avancés repose sur l’administration de plusieurs lignes de traitement, déterminées par la constatation d’une progression de la maladie, et séparées par des intervalles libres de tout traitement. La stratégie de maintenance consiste en la poursuite d’un traitement adapté, peu toxique, dès la fin de la chimiothérapie de première ligne, dans le but de maintenir le bénéfice thérapeutique obtenu et d’éviter une progression rapide de la maladie, ce qui pourrait être incompatible avec l’administration d’un traitement ultérieur. Les essais conduits montrent que la stratégie de maintenance prolonge la durée du contrôle de la maladie et améliore la survie de manière cliniquement significative avec le pémétrexed et l’erlotinib. Le gain de survie pourrait être lié à la majoration de la survie sans progression et à l’augmentation de la proportion des patients exposés à plusieurs lignes de traitement actif. La maintenance constitue une option thérapeutique importante en première ligne, particulièrement en cas de maladie d’évolution rapide, avec ultérieurement la nécessité de préciser les critères visant à sélectionner les patients le plus à même de bénéficier de cette stratégie. 4 cycles, ce qui pourrait majorer la proportion de patients susceptibles de bénéficier d’un traitement de seconde ligne (6, 8). En effet, le développement de plusieurs options en seconde ligne de traitement (docétaxel, pémétrexed, erlotinib, géfitinib en Asie) a fait évoluer le traitement des CBNPC avancés vers une stratégie multiligne fondée sur l’administration de plusieurs séquences thérapeutiques, initiées lors de la constatation d’une progression de la maladie et séparées par des intervalles libres de tout traitement (8). Cette stratégie dite du “stop and go” est davantage une nécessité imposée par la toxicité de la CT qu’un concept en soi ; elle a l’avantage d’offrir au patient des périodes de repos thérapeutique qui pourraient préserver la sensibilité des cellules tumorales aux lignes thérapeutiques ultérieures. Elle a l’inconvénient d’un intervalle libre généralement de courte durée et celui d’exposer les patients à un risque de progression clinique rapide n’autorisant plus l’administration d’un traitement de seconde ligne. En effet, seuls 50 à 65 % des patients traités en première ligne par une bithérapie à base de platine reçoivent réellement une seconde ligne de traitement (1, 9), de même qu’un tiers environ de ces patients en cas de contrôle de la maladie à l’issue de la première ligne (10). Le concept de maintenance La maintenance thérapeutique de première ligne peut se définir par la poursuite d’un traitement après obtention de la réponse maximale à une CT P + X ± TC Réponse objective Mots-clés Erlotinib Bévacizumab Gemcitabine Cancer bronchique non à petites cellules Maintenance Pémétrexed d’induction, jusqu’à progression de la maladie (11, 13). Elle ne concerne donc par définition que les patients en réponse ou stabilisés par le traitement d’induction. Cliniquement, cette stratégie répond aux écueils de la stratégie du “stop and go”, avec l’optique de maintenir le bénéfice clinique de la première ligne et d’éviter le risque d’une progression de la maladie inaccessible à tout traitement ultérieur ; elle apparaît donc d’autant plus justifiée que la maladie traitée est d’évolution rapide. Conceptuellement, la stratégie de maintenance offre l’avantage de traiter une charge tumorale résiduelle faible avec une pression thérapeutique constante jusqu’à progression de la maladie. La première option est l’utilisation en maintenance de l’une des composantes du traitement d’induction, fondée sur la constatation d’une sensibilité tumorale au traitement d’induction ; cette stratégie est désormais appelée maintenance de continuation (13). La stratégie alternative consiste à introduire un nouveau traitement répondant au concept de l’administration précoce de traitements sans résistance croisée ; elle permet d’exposer la totalité des patients dont la maladie est contrôlée à un traitement actif supplémentaire (figure). Cette stratégie, également appelée “switch maintenance” (13), a essentiellement été évaluée avec des cytotoxiques ou des inhibiteurs de l’EGFR (Epidermal Growth Factor Receptor) actifs en seconde ligne ; elle a également été dénommée “consolidation” ou de façon inappropriée “seconde ligne immédiate”, le terme “seconde ligne” sous-entendant une progres- Highlights Maintenance avec la thérapeutique ciblée associée à la chimiothérapie Keywords Maintenance de continuation par chimiothérapie Maintenance avec un nouvel agent Y (cytotoxique ou ITK de l’EGFR) P : sel de platine ; X : cytotoxique de troisième génération associé au sel de platine ; TC : thérapeutique ciblée associée en première ligne à la chimiothérapie (bévacizumab ou cétuximab). Treatment of advanced non small-cell lung cancer is usually based on several lines of therapy separated by treatment-free intervals, in which each new line is started when tumor progression is detected. The maintenance strategy consists of continuing an appropriate, well-tolerated treatment immediately after the end of first-line chemotherapy, in order to maintain the initial therapeutic benefit and to avoid rapid clinical deterioration that would rule out further treatment. Clinical trials show that maintenance therapy with pemetrexed or erlotinib provides a significant clinical benefit in terms of disease control and survival. This survival benefit appears to be directly linked to the progression-free prolongation and possibly due to the increase in the proportion of patients who can receive several lines of active treatment. Maintenance therapy is an important option in first-line treatment of non-small cell lung cancer, particularly in case of rapid disease progression, but more reliable criteria are needed to identify the patients most likely to benefit from this approach. Erlotinib Bevacizumab Gemcitabine Non-small-cell lung cancer Maintenance Pemetrexed Figure. Les stratégies de maintenance dans le traitement de première ligne des CBNPC avancés. La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 10 - décembre 2011 | LK12-2011.indd 593 593 13/12/11 15:02 MISE AU POINT La stratégie de maintenance en première ligne de traitement dans les cancers bronchiques non à petites cellules avancés sion de la maladie ce qui, par définition, n’est pas le cas pour la maintenance. La stratégie de maintenance n’est envisageable qu’avec des traitements pouvant être administrés durablement sans toxicité majeure ni altération de la qualité de vie. Résultats des essais cliniques testant le concept de maintenance en première ligne (tableau I, p. 596) Méthodologie des essais testant le concept de maintenance et critères de jugement Maintenance avec une chimiothérapie cytotoxique Les études testant un traitement de maintenance randomisent les patients jugés stables ou répondeurs à l’issue du traitement d’induction entre un bras poursuite du traitement (bras expérimental de maintenance) et un bras contrôle (placebo ou simple suivi), avec mise en route d’un traitement de seconde ligne lors de la progression de la maladie (stratégie du “stop and go”, standard thérapeutique). La démonstration de l’utilité de la maintenance repose sur la mise en évidence soit d’une augmentation de la durée du contrôle de la maladie, c’està-dire de la SSP, soit d’un gain de survie. La SSP a l’avantage de ne pas être affectée par les traitements ultérieurs ; elle constitue ainsi un critère intéressant pour juger du bénéfice d’un traitement de première ligne. Il s’agit toutefois d’un critère relativement imprécis, qui ne prend pas en compte la toxicité ni les progressions symptomatiques ; elle dépend de la périodicité des évaluations de la maladie tumorale et nécessite de préférence une évaluation en double aveugle ou une revue indépendante ; sa corrélation avec une amélioration des symptômes ou de la qualité de vie est souhaitable. La mise en évidence d’une amélioration de la SSP dans les essais de maintenance constitue une première étape, démontrant que cette stratégie est capable de prolonger la durée du contrôle de la maladie. La survie globale demeure le gold standard des critères d’évaluation des traitements en cancérologie ; elle a l’inconvénient, dans l’évaluation d’une stratégie de première ligne, d’être influencée par l’effet des traitements ultérieurs, dont l’impact est croissant dans les CBNPC et difficile à contrôler dans les essais cliniques. La démonstration d’un gain de survie paraît cependant nécessaire pour évaluer l’intérêt de la stratégie de maintenance ; en effet, le surcroît de toxicité et de coût induit par la maintenance ne peut se justifier par un seul bénéfice en SSP si celui-ci n’entraîne pas un bénéfice de survie par rapport au standard actuel du “stop and go”. ◆ Paclitaxel Un essai randomisé a évalué l’intérêt du maintien du paclitaxel hebdomadaire (70 mg/m2) chez des patients répondeurs à une association carboplatine + paclitaxel (12). Malgré une puissance très limitée, la poursuite du paclitaxel en administration hebdomadaire se traduit par un signal d’activité avec une prolongation du temps jusqu’à progression (TTP) et de la survie, au prix d’une toxicité non négligeable : 45 % des patients présentaient en effet une toxicité de grade 3-4. ◆ Gemcitabine La gemcitabine est dépourvue de toxicité cumulative, en dehors de la toxicité hématologique. Elle a été étudiée en maintenance de continuation dans 3 essais de phase III (15-17). Dans le premier essai, 352 patients ont été traités par 4 cycles de cisplatine + gemcitabine ; 206 patients jugés stables ou répondeurs ont été randomisés entre la poursuite de la gemcitabine (1 250 mg/m2 à J1 et J8, cycles de 3 semaines) et une simple surveillance, avec le TTP pour critère de jugement. La gemcitabine en maintenance prolonge significativement le TTP, avec un bénéfice en termes de survie quantitativement important, mais non significatif du fait du manque de puissance de l’essai (médiane de survie de 13 mois dans le bras maintenance versus 11 mois dans le bras surveillance ; p = 0,195). La toxicité s’est révélée modérée : aucun épisode de neutropénie fébrile n’a été observé et 15 % des cycles comportaient une neutropénie de grade 3-4. L’essai français IFCT-GFPC 0502 a confirmé l’impact important de la poursuite de la gemcitabine en termes de SSP chez des patients contrôlés par une CT de type cisplatine + gemcitabine (HR = 0,56 ; IC95 : 0,44-0,72), sans impact significatif sur la survie (médiane de survie passant de 10,8 à 12,1 mois ; HR = 0,89 ; IC 95 : 0,69-1,15). L’essai n’était pas dimensionné pour évaluer un bénéfice de survie (16). Néanmoins, l’analyse exploratoire en sous-groupes montre que le gain de survie est limité aux patients répondeurs à la CT d’induction par cisplatine + 594 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 10 - décembre 2011 LK12-2011.indd 594 13/12/11 15:02 MISE AU POINT La stratégie de maintenance en première ligne de traitement dans les cancers bronchiques non à petites cellules avancés Tableau I. Résultats des principaux essais de maintenance en première ligne de traitement des CBNPC avancés. Survie sans progression médiane (mois) Essai Survie médiane (mois) Maintenance Bras contrôle Bras maintenance HR (IC95) Bras contrôle Bras maintenance HR (IC95) Maintenance “vraie” par chimiothérapie C. Belani et al. (14) Paclitaxel 6,7* 8,7* NR 13,8* 17,2* 1,02 (0,66-1,57) T. Brodowicz et al. (15) Gemcitabine 2 3,6 0,69 (0,56-0,86) 8,1 10,2 0,84 (0,52-1,38) IFCT-GFPC (16) Gemcitabine 1,9** 3,8** 0,51 (0,39-0,66) NR NR NR C. Belani et al. (17) Gemcitabine 7,7* 7,4* 1,09 (0,81-1,45) 9,3* 8* 0,97 (0,72-1,30) PARAMOUNT (25) Pémétrexed 2,8 4,1 0,62 (0,49-0,79) NR NR – Maintenance par introduction d’un cytotoxique différent V. Westeel et al. (18) Vinorelbine 3 5 0,77 (0,55-1,08) 12,3 12,3 1,08 (0,79-1,48) P.M. Fidias et al. (20) Docétaxel 2,7 5,7 0,71 (0,55-0,92) 9,7 12,3 0,84 (0,65-1,08) Pémétrexed 2,0** 4,0** 0,60 (0,49-0,73)** 10,6 13,4 0,79 (0,65-0,95) T.E. Ciuleanu et al. (23) Maintenance avec les ITK de l’EGFR WJTOG (38) Géfitinib 4,3* 4,6* 0,68 (0,57-0,80) 12,9* 13,7* 0,86 (0,72-1,03) INFORM (39) Géfitinib 2,6 4,8 0,42 (0,32-0,54) 16,9 18,7 0,84 (0,62-1,14) FASTACT (36) Erlotinib 5,4* 6,8* 0,47 (0,33-0,68) 17,1 17,5 1,09 (0,70-1,69) SATURN (40) Erlotinib 2,55 2,83 0,71 (0,62-0,82) 11,0 12,0 0,81 (0,70-0,95) IFCT-GFPC (16) Erlotinib 1,9** 2,9** 0,69 (0,54-0,88) 10,8 11,4 0,87 (0,68-1,13) ATLAS (43) Erlotinib 3,7 4,6 0,72 (0,59-0,88) 13,9 15,9 0,90 (0,74-1,09) EGFR : Epidermal Growth Factor Receptor ; ITK : inhibiteur de l’activité tyrosine kinase ; NR : non rapportée. * Mesuré depuis le début du traitement. ** Revue indépendante de la SSP. gemcitabine, ce bénéfice étant quantitativement important (médiane de survie passant de 10,8 à 15,2 mois ; HR = 0,72 ; IC95 : 0,51-1,04), d’autant que la quasi-totalité des patients du bras contrôle a reçu un traitement de seconde ligne. L’essai américain de maintenance avec la gemcitabine après un traitement d’induction par carboplatine + gemcitabine est entièrement négatif mais deux tiers des patients avaient un PS ≥ 2 au moment de la randomisation (17), ce qui confirme que la maintenance de continuation ne doit être proposée qu’aux patients conservant un bon état général à l’issue de la CT d’induction. ◆ Vinorelbine La vinorelbine a fait l’objet de la première étude évaluant l’adjonction d’un cytotoxique différent après un traitement d’induction. Elle était administrée pour une durée de 6 mois après un traitement par cisplatine + mitomycine + ifosfamide (MIP) dans les CBNPC de stade IV et par MIP suivi de RT dans les stades IIIB (18). La toxicité s’est révélée non négligeable, 12 % des patients développant une infection de grade 3-4. Aucun bénéfice de SSP ou de survie n’a été mis en évidence. Rétrospectivement, le choix de la vinorelbine ne paraît pas judicieux dans le cadre d’une switch maintenance, du fait de son profil de toxicité et de son absence d’activité en seconde ligne. ◆ Docétaxel Le docétaxel apparaît a priori comme un meilleur candidat pour une approche de seconde ligne immédiate, du fait de son activité en seconde ligne (19). Un essai nord-américain a comparé, chez des patients contrôlés par 4 cycles d’un schéma carboplatine + gemcitabine, l’administration immédiate de 6 cycles de docétaxel à son utilisation conventionnelle, conditionnée par la survenue d’une progression tumorale (20). Le critère principal de jugement était la survie. Sur les 566 patients traités par carboplatine + gemcitabine, 309 (54 %) 596 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 10 - décembre 2011 LK12-2011.indd 596 13/12/11 15:02 MISE AU POINT ont été randomisés. L’administration immédiate du docétaxel entraîne un important bénéfice de SSP, avec un gain de survie très net (la médiane passant de 9,7 à 12,3 mois), toutefois non significatif sur le plan statistique (manque de puissance de l’essai). Ce bénéfice paraît essentiellement lié au fait que seuls 63 % des patients du bras contrôle ont effectivement reçu le docétaxel (administration déterminée par une progression tumorale), contre 95 % dans le bras docétaxel immédiat. L’absence de seconde ligne dans le bras contrôle s’explique principalement par l’aggravation clinique consécutive à la progression tumorale. Il est cependant possible que le rythme de surveillance de la tumeur effectué seulement tous les 3 mois dans le bras contrôle ait contribué à un dépistage tardif des progressions tumorales. La médiane de survie des patients effectivement traités par docétaxel est la même dans les 2 bras, que l’administration du traitement ait été précoce ou tardive. ◆ Pémétrexed Le pémétrexed est utilisé en première et seconde lignes dans les CBNPC avancés, avec un profil de tolérance favorable (21, 22). L’analyse par type histologique des données des essais de phase III a secondairement montré une efficacité restreinte aux carcinomes non épidermoïdes (21, 22). Le pémétrexed a été évalué à la fois en switch maintenance (23) et, plus récemment, en maintenance de continuation (24, 25). Le pémétrexed a d’abord été évalué en switch maintenance dans un essai de phase III : les patients stabilisés ou répondeurs après 4 cycles d’une bithérapie à base de platine sans pémétrexed ont été randomisés entre un bras pémétrexed et un bras placebo, administrés toutes les 3 semaines jusqu’à progression de la maladie (23). Le critère principal de jugement était la SSP. Six cent soixante-trois patients ont été randomisés, dont 27 % de femmes, 23 % d’Asiatiques, 27 % de non-fumeurs et 49 % d’adénocarcinomes. La tolérance du pémétrexed en maintenance était favorable : 14,6 % seulement des patients traités ont eu un effet indésirable de grade 3-4. L’administration du pémétrexed en maintenance améliore significativement la SSP (HR = 0,50 ; IC95 : 0,42-0,61) et la survie (HR = 0,79 ; IC95 : 0,65-0,95). Soixante-sept pour cent des patients dans le bras placebo ont reçu un traitement de seconde ligne lors de la progression tumorale (19 % seulement recevant du pémétrexed), contre 52 % dans le bras pémétrexed. La comparaison entre les 2 bras en termes de survie intègre ainsi, dans le bras pémétrexed, 52 % de patients Tableau II. Résultats de l’essai JMEN évaluant le pémétrexed en maintenance en fonction du type histologique de la tumeur (données de SSP issues d’une revue indépendante des données) [23]. Survie médiane (mois) Survie sans progression médiane (mois) Histologie Pémétrexed Placebo HR Pémétrexed Placebo HR Adénocarcinome (n = 328) 16,8 11,5 0,70 p = 0,002 4,6 2,7 0,51 p < 0,00001 Grandes cellules (n = 20) 8,4 7,9 0,98 p = 0,964 4,5 1,5 0,40 p = 0,104 Épidermoïdes (n = 182) 9,9 10,8 1,07 p = 0,678 2,4 2,5 1,03 p = 0,896 Autres (n = 133) 11,3 7,7 0,61 p = 0,025 4,1 1,6 0,44 p = 0,0002 ayant reçu au moins 3 lignes thérapeutiques contre 33 % des patients n’ayant reçu qu’une seule ligne de CT dans le bras placebo. L’analyse conduite en fonction du type histologique montre que le bénéfice thérapeutique est exclusivement lié aux carcinomes non épidermoïdes, avec un gain de survie majeur de l’ordre de 5 mois sur la médiane (tableau II), conduisant à l’autorisation d’utilisation du pémétrexed en maintenance dans ce sous-groupe de patients. Un essai de phase II a utilisé une maintenance de continuation par pémétrexed associé au bévacizumab après 6 cycles d’une association carbo platine + pémétrexed + bévacizumab chez 50 patients atteints d’un CBNPC non épidermoïde (24), avec un profil de tolérance favorable, 9 patients recevant plus de 18 cycles et 7 plus de 24 cycles. Les résultats en termes de SSP et de survie, avec une médiane respectivement de 7,8 et 14,1 mois, sont en partie liés à la sélection de patients de pronostic relativement favorable. Ce schéma est actuellement comparé à l’association carboplatine + paclitaxel + bévacizumab suivie de bévacizumab en maintenance, évaluée dans l’essai PointBreak. Le pémétrexed a surtout été évalué en maintenance de continuation dans un essai de phase III (essai PARAMOUNT) dont les résultats préliminaires ont été rapportés à l’ASCO® cette année (25). Cinq cent trente-neuf patients atteints de carcinome non épidermoïde contrôlé par 4 cycles de cisplatine + pémétrexed ont été randomisés entre poursuite du pémétrexed ou d’un placebo. L’objectif principal de l’essai a été atteint avec une prolongation significative de la SSP (médiane passant de 2,8 à 4,1 mois ; HR = 0,62 ; IC95 : 0,49-0,79), avec de manière analogue à l’essai français pour la gemcitabine (16), un bénéfice supérieur pour les patients répondeurs par rapport aux patients uniquement stabilisés par la CT d’induction (25). Les résultats La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 10 - décembre 2011 | LK12-2011.indd 597 597 13/12/11 15:02 MISE AU POINT La stratégie de maintenance en première ligne de traitement dans les cancers bronchiques non à petites cellules avancés de survie, disponibles l’an prochain, permettront de mieux cerner les patients bénéficiant le plus de la stratégie de maintenance de continuation. Maintenance en première ligne avec une thérapeutique ciblée ◆ Bévacizumab et cétuximab Deux essais évaluant l’adjonction du bévacizumab, anticorps monoclonal anti-VEGF inhibant la néoangiogenèse tumorale à la CT de première ligne, ont démontré un gain en SSP (22, 23) et en survie avec le schéma carboplatine + paclitaxel (22) dans les CBNPC avancés non épidermoïdes. Le cétuximab est un anticorps chimérique ciblant le domaine extracellulaire de l’EGFR. L’essai FLEX (24) a montré un bénéfice en termes de survie en associant le cétuximab à une CT de première ligne comparativement à la CT seule dans les CBNPC avancés. Ces essais ont tous comporté la poursuite en maintenance de l’anticorps monoclonal après l’arrêt de la CT (26-28), mais leur design ne permet pas d’évaluer le rôle de la maintenance dans le bénéfice observé. ◆ Inhibiteurs de l’activité tyrosine kinase de l’EGFR (ITK de l’EGFR) Les ITK de l’EGFR constituent des candidats intéressants pour un traitement de maintenance en première ligne. Administrés par voie orale, leur profil de tolérance est généralement favorable, marqué principalement par de fréquents rashs cutanés acnéiformes et une diarrhée rarement sévère. Dans l’essai BR.21, l’erlotinib a obtenu un bénéfice significatif en termes de survie par rapport à un placebo en deuxième et troisième lignes (29), ce qui n’a pas été le cas dans l’essai ISEL avec le géfitinib (30), probablement en raison d’une dose relativement plus élevée pour l’erlotinib, davantage susceptible d’inhiber la forme sauvage de l’EGFR. La découverte des mutations activatrices du gène de l’EGFR a permis secondairement de disposer d’un biomarqueur prédictif de l’efficacité des ITK de l’EGFR (31). L’administration conjointe des ITK de l’EGFR avec la CT de première ligne n’apporte aucun bénéfice par rapport à la CT seule (32-35). L’analyse de la survie “en landmark” de l’essai TRIBUTE après l’arrêt de la CT montre toutefois un bénéfice en termes de survie pour les patients poursuivant l’erlotinib en monothérapie, ce qui constitue un argument en faveur de l’administration séquentielle en main- tenance de l’erlotinib (36). Un essai de phase II randomisé conduit en Corée a incorporé une maintenance par erlotinib après un traitement de première ligne intercalant l’administration d’erlotinib (de J15 à J28) avec une CT de type cisplatine ou carboplatine + gemcitabine comparativement à cette même CT associée à un placebo (36). L’erlotinib apporte un bénéfice important en termes de SSP (HR = 0,47 ; IC95 : 0,33-0,68), mais sans gain de survie. Il est difficile d’évaluer dans ce résultat la part liée à la phase de maintenance par l’erlotinib et celle liée à la phase de son administration alternée avec la CT. Plusieurs essais ont évalué l’introduction précoce en maintenance d’un inhibiteur de l’EGFR, géfitinib ou erlotinib, dès la fin du traitement d’induction. Le géfitinib a été testé comme traitement de consolidation dans les CBNPC localement avancés, après une radio-chimiothérapie concomitante suivie d’une première consolidation par docétaxel (37). De manière inattendue, cet essai a montré une influence délétère du géfitinib sur la survie, qui s’explique par un excès de décès liés à l’évolution du cancer (possible interaction négative entre l’effet de la RT thoracique et le géfitinib). Le second essai avec le géfitinib, réalisé au Japon, comparait, chez des patients atteints de CBNPC avancés non éligibles à une radiothérapie, un bras standard avec 6 cycles d’une bithérapie à base de platine et un bras expérimental introduisant le géfitinib de manière séquentielle après les 3 premiers cycles de CT (38). La SSP apparaît significativement améliorée avec l’introduction précoce du géfitinib (HR = 0,68 ; IC95 : 0,57-0,80), sans que cela se traduise par un bénéfice en termes de survie (HR = 0,86 ; IC 95 : 0,72-1,03), hormis pour le sous-groupe des adénocarcinomes. Plus récemment, une étude également conduite exclusivement en Asie a montré la capacité du géfitinib à prolonger la SSP par rapport à un placebo (médiane à 4,8 versus 2,6 mois avec le placebo ; HR = 0,42 ; IC 95 : 0,32-0,54), sans impact sur la survie. Malgré une analyse disponible pour une minorité de patients, le bénéfice paraît essentiellement lié aux patients ayant une tumeur mutée pour l’EGFR (39). L’erlotinib a fait l’objet de 3 grandes études de maintenance : 2 en monothérapie (16, 40-42) et la troisième en association avec le bévacizumab (43). L’essai SATURN (40) a inclus 889 patients contrôlés après 4 cycles d’une CT de première ligne à base de platine et randomisés entre l’introduction immédiate d’erlotinib (150 mg/j) et un placebo. Le critère 598 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 10 - décembre 2011 LK12-2011.indd 598 13/12/11 15:02 MISE AU POINT principal de jugement était la SSP. La population de l’essai a comporté 25 % de femmes, 14 % de patients d’origine asiatique, 40 % de patients ayant un carcinome épidermoïde, 17 % de non-fumeurs et 45 % de répondeurs à la CT. L’essai a démontré une prolongation significative de la SSP pour l’erlotinib avec un HR à 0,71 (IC95 : 0,62-0,82). L’analyse menée dans les différents sous-groupes cliniques n’a mis en évidence aucune catégorie clinique de patients ne bénéficiant pas de l’erlotinib en maintenance (tableau III). L’analyse des biomarqueurs de la voie de l’EGFR (41) montre que seule la présence d’une mutation activatrice de l’EGFR est prédictive d’un bénéfice en termes de SSP significativement supérieur, avec un HR à 0,10 en présence d’une mutation ; le bénéfice en termes de SSP lié à l’erlotinib demeure significatif avec un EGFR sauvage (HR = 0,78 ; IC95 : 0,630,96), témoignant du fait que ce bénéfice n’est pas uniquement dépendant des mutations de l’EGFR (tableau IV). On note enfin sous erlotinib un retard à l’aggravation des symptômes, significatif pour la douleur et la consommation d’antalgiques, sans dégradation de la qualité de vie. Ce gain sur la SSP se traduit par un bénéfice en termes de survie avec un HR à 0,81 (IC95 : 0,70-0,95), demeurant significatif pour les tumeurs dépourvues de mutation de l’EGFR (HR = 0,77 ; IC95 : 0,610,97) [40]. L’analyse post-étude montre que 72 % des patients du bras contrôle ont reçu un traitement lors de la progression (ITK de l’EGFR pour seulement 21 % des patients) contre 71 % dans le bras erlotinib. Cependant, si le bénéfice en termes de SSP paraît similaire pour les patients répondeurs et les patients stables sous CT d’induction, le gain de survie n’est significatif que pour les patients stabilisés par la CT d’induction (42) [tableau III]. Ces constatations ont conduit à l’approbation, par l’Agence européenne du médicament, de l’erlotinib en maintenance chez les patients stabilisés par la CT d’induction, quelle que soit l’histologie de la tumeur. L’essai IFCT-GFPC 0502 a inclus 834 patients traités par une CT d’induction de type cisplatine + gemcitabine ; 464 patients stables ou répondeurs (dont 27 % de femmes, 38 % de non-fumeurs, 65 % de patients ayant un adénocarcinome et 53 % de répondeurs à la CT d’induction) ont été randomisés entre 1 bras contrôle (surveillance) et 2 bras de maintenance, l’un par la gemcitabine, l’autre par l’erlotinib (16). L’erlotinib améliore significativement la SSP (HR = 0,69 ; IC95 : 0,54-0,88) [tableau I, p. 596] ; le bénéfice en termes de SSP paraît homogène, indépendamment du sexe, du tabagisme, de l’histologie Tableau III. Résultats de l’essai SATURN en fonction des sous-groupes cliniques de patients et de la réponse au traitement d’induction (40-42). SSP Survie n HR (IC95) Erlotinib versus placebo n HR (IC95) Erlotinib versus placebo Tous les patients 884 0,71 (0,62-0,82) 889 0,81 (0,70-0,95) Hommes 654 0,78 (0,66-0,92) 659 0,88 (0,74-1,05) Femmes 230 0,56 (0,42-0,76) 230 0,64 (0,46-0,91) Caucasiens 744 0,75 (0,64-0,88) 746 0,86 (0,73-1,01) Asiatiques 128 0,58 (0,38-0,87) 131 0,66 (0,42-1,05) Adénocarcinomes 401 0,60 (0,48-0,75) 403 0,77 (0,61-0,97) Épidermoïdes 359 0,76 (0,60-0,95) 360 0,86 (0,68-1,10) Non-fumeurs 152 0,56 (0,38-0,81) 152 0,69 (0,45-1,05) Ex-fumeurs 242 0,66 (0,50-0,88) 244 0,75 (0,56-1,00) Fumeurs 490 0,80 (0,67-0,97) 493 0,88 (0,72-1,08) Patients répondeurs* 394 0,74 (0,60-0,92) 394 0,94 (0,74-1,20) 487 0,68 (0,56-0,83) 487 0,72 (0,59-0,89) Patients stables* * Sous chimiothérapie d’induction. Tableau IV. Résultats de la maintenance par erlotinib pour la SSP dans l’essai SATURN en fonction des biomarqueurs de l’EGFR (41). SSP n IHC FISH Mutation de l’EGFR Mutation de KRAS 742 488 449 494 % HR (IC95) Erlotinib versus placebo Test d’interaction Négatif IHC+ 84 0,69 (0,58-0,82) IHC– 16 0,77 (0,51-1,14) FISH+ 48 0,68 (0,51-0,90) FISH– 52 0,81 (0,62-1,07) EGFR muté 11 0,10 (0,04-0,25) EGFR sauvage 89 0,78 (0,63-0,96) KRAS muté 18 0,77 (0,50-1,19) KRAS sauvage 82 0,70 (0,57-0,87) Négatif p = 0,0185 Négatif IHC : immunohistochimie. FISH : nombre de copies du gène par hybridation in situ. et de la réponse au traitement d’induction (16). L’impact sur la survie paraît positif quoique non significatif (HR = 0,87 ; IC95 : 0,68-1,13), en tenant compte du manque de puissance. Comparativement à l’essai SATURN (40), l’administration d’un traitement de seconde ligne chez 91 % des patients du bras contrôle dans cette étude a pu réduire le gain de survie induit par la maintenance. L’essai ATLAS (43) a évalué l’adjonction d’erlotinib au bévacizumab maintenu après l’arrêt de la CT chez La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 10 - décembre 2011 | LK12-2011.indd 599 599 13/12/11 15:02 MISE AU POINT La stratégie de maintenance en première ligne de traitement dans les cancers bronchiques non à petites cellules avancés des patients atteints d’un CBNPC non épidermoïde et traités par une association CT + bévacizumab en première ligne, l’objectif principal étant de démontrer un gain en SSP (essai en double aveugle versus placebo). L’essai a été interrompu lors de l’analyse intermédiaire après l’inclusion de 743 patients (dont 48 % de femmes, 17 % de non-fumeurs et 82 % de patients ayant un adénocarcinome), démontrant un bénéfice significatif en termes de SSP pour le bras erlotinib (HR = 0,72 ; IC95 : 0,59-0,88), sans toutefois que celui-ci se traduise par un bénéfice en termes de survie. Ce gain est d’amplitude identique chez les hommes et les femmes, mais il est plus important chez les non-fumeurs (HR = 0,34 ; IC95 : 0,19-0,61) que chez les fumeurs et les ex-fumeurs (HR = 0,76 ; IC95 : 0,62-0,93). Interprétation des résultats des essais de maintenance Les essais récents évaluant le concept de maintenance (tableau I, p. 596) montrent que 50 % des patients contrôlés par une bithérapie à base de platine voient leur maladie progresser dans les 2 à 3 mois suivant l’arrêt du traitement, ce qui constitue un argument fort pour développer des stratégies destinées à maintenir le bénéfice thérapeutique initial. La prolongation du traitement de première ligne des CBNPC avancés accroît la durée du contrôle de la maladie, avec probablement un effet sur la SG (44). La stratégie de maintenance permet d’augmenter de façon suffisamment prolongée la durée du traitement de première ligne pour avoir un impact sur la SSP, voire sur la survie, avec une toxicité acceptable. Elle s’adresse à une population sélectionnée sur l’efficacité et la tolérance d’une bithérapie à base de platine, ne représentant que 45 à 60 % des patients traités en première ligne. Ces patients éligibles à la maintenance ont un meilleur pronostic que la totalité des patients traités en première ligne, ce dont il faut tenir compte dans l’interprétation des données de survie. L’effet de la maintenance sur la SSP, quelles qu’en soient les modalités, est remarquablement homogène, avec une réduction relative du risque de progression de l’ordre de 30 à 40 % (tableau I, p. 596), sans détérioration apparente de la qualité de vie (données toutefois très partielles) et un retard à l’aggravation des symptômes (23, 40). L’impact de la stratégie de maintenance sur la survie est plus contrasté, se traduisant par une réduction d’environ 20 % du risque de décès pour les essais testant un cytotoxique actif (gemcitabine, docétaxel, pémétrexed) ou l’erlotinib (essai SATURN) [15, 16, 20, 23, 40]. Plusieurs méta-analyses des essais de maintenance conduits entre 2003 et 2010 ont été réalisées, dont une publiée (45, 46), confirmant globalement l’impact positif sur la SSP (HR = 0,84 ; IC95 : 0,80-0,88) et sur la survie (HR = 0,87 ; IC95 : 0,82-0,94) [46]. Le premier mécanisme explicatif du bénéfice de survie lié à la maintenance thérapeutique découle directement de la prolongation de la SSP (tableau I, p. 596), qui paraît suffisamment importante pour se traduire en gain de survie, malgré l’effet confondant potentiel des lignes ultérieures. Cela présuppose que le traitement de maintenance n’altère pas l’efficacité du traitement de seconde ligne, ce qui est le cas dans l’essai IFCTGFPC 0502, qui montre une activité comparable du pémétrexed (seconde ligne fixée identique dans les 3 bras) sans et avec maintenance par gemcitabine ou erlotinib (16). Le second mécanisme pouvant conduire à un gain de survie par une maintenance thérapeutique est lié à l’effet “timing” propre à la maintenance, c’està-dire à une activité potentiellement supérieure des traitements administrés précocement sur une maladie résiduelle par rapport à leur action sur une maladie en rechute. Cependant, la survie des patients qui reçoivent effectivement un traitement de seconde ligne à la progression de la maladie paraît équivalente à celle des patients traités en maintenance avec la même drogue, du moins en ce qui concerne la médiane (20). En d’autres termes, l’efficacité des traitements testés (docétaxel, pémétrexed, erlotinib) semble identique quel que soit le moment de leur administration, en maintenance ou lors de la progression de la maladie (20, 40, 47-49). Le bénéfice en termes de survie enregistré dans les essais de maintenance pourrait enfin être dû à l’augmentation de la proportion de patients exposés à plusieurs lignes de traitement (20, 47-49) ; en effet, malgré une surveillance rapprochée (toutes les 6 semaines), environ un tiers des patients surveillés après la fin de la CT d’induction ne reçoivent pas de traitement de seconde ligne. La raison principale en est une détérioration rapide de l’état clinique lors de la progression de la maladie, incompatible avec l’administration d’un traitement supplémentaire. La maintenance est donc une stratégie qui permet d’exposer davantage de patients à plusieurs traitements actifs, particulièrement lorsqu’elle comporte 600 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 10 - décembre 2011 LK12-2011.indd 600 13/12/11 15:02 MISE AU POINT un changement de traitement. Cependant, plusieurs arguments laissent penser que ce troisième mécanisme n’est pas la seule explication au bénéfice en termes de survie observé dans les essais de maintenance : l’accès à la seconde ligne, lorsqu’il est prévu, concerne 91 % des patients contrôlés par la CT d’induction et étroitement surveillés dans l’essai IFCT-GFPC 0502 (16), et l’effet des stratégies de maintenance sur la SSP semble plus important dans ce même essai pour les patients recevant une seconde ligne de traitement (50) ; par ailleurs, la divergence tardive des courbes de survie (16, 40) n’est pas en faveur d’un bénéfice qui concernerait uniquement les patients n’accédant pas à un traitement de seconde ligne dans le bras contrôle. De même, si l’on considère à titre exploratoire les patients ayant reçu la totalité de la séquence thérapeutique prévue dans le bras contrôle (première ligne, observation et seconde ligne par pémétrexed) et dans le bras comportant une maintenance par erlotinib (première ligne, maintenance par erlotinib et seconde ligne par pémétrexed) dans l’essai IFCTGFPC 0502, on note un bénéfice significatif de survie favorisant la stratégie de maintenance (HR = 0,71 ; IC95 : 0,53-0,95) [16]. La maintenance en pratique clinique La stratégie de maintenance s’impose donc comme une option thérapeutique à l’issue d’une CT d’induction à base de platine ayant obtenu le contrôle de la maladie. La première question est celle de l’identification des patients les plus susceptibles de bénéficier d’une maintenance par rapport à la stratégie habituelle du “stop and go”. Certains patients peuvent probablement profiter d’une pause thérapeutique à l’issue de la CT d’induction, à la condition qu’un traitement de seconde ligne puisse être administré. L’analyse des essais ne retrouve pas de caractéristique clinique susceptible d’identifier a priori les patients pour lesquels il n’est pas souhaitable d’attendre la progression tumorale pour traiter (20). Plusieurs éléments doivent être pris en compte dans le choix de délivrer une maintenance thérapeutique : – la probabilité de recevoir une seconde ligne à la progression de la maladie : les facteurs prédictifs d’accès à la seconde ligne sont davantage d’ordre pronostique, probablement liés à l’agressivité intrinsèque de la maladie plutôt qu’à l’efficacité du traitement de première ligne (9) ; – la qualité de la réponse à la CT d’induction pour la stratégie de switch maintenance : si le bénéfice en termes de durée de contrôle de la maladie est similaire pour les patients répondeurs et les patients stabilisés, la traduction en bénéfice de survie paraît supérieur pour les patients stables (23, 42), probablement en raison d’une moindre activité de la seconde ligne chez ces patients (50) et de l’effet de l’introduction d’un nouveau traitement ; à l’inverse, le bénéfice de la maintenance de continuation semble supérieur pour les patients répondeurs à la CT d’induction (16, 25) ; – l’analyse des situations cliniques : rapidité d’évolution de la maladie suggérant le maintien d’une pression thérapeutique, caractère encore symptomatique de la maladie au terme du traitement d’induction, volume tumoral important avec métastases viscérales, toxicité du traitement de première ligne ; – la connaissance de biomarqueurs, notamment de la présence de mutations activatrices de l’EGFR, incitant à l’utilisation d’un ITK de l’EGFR si celui-ci n’a pas été utilisé en première ligne (39-41) ; – le souhait du patient, qui est à l’évidence un élément important de cette décision. Si le choix d’une pause thérapeutique est effectué, la difficulté à prédire la probabilité individuelle d’être traité en seconde ligne ainsi qu’une médiane de SSP inférieure à 3 mois incitent au minimum à une surveillance très rapprochée des patients durant cette pause. En cas d’adoption d’une stratégie de maintenance, sachant que 2 traitements ont été approuvés dans cette indication (pémétrexed en switch maintenance pour les patients ayant un carcinome non épidermoïde, erlotinib pour les patients stabilisés par le traitement d’induction), le choix de la modalité de maintenance fera intervenir plusieurs facteurs : histologie, qualité de la réponse au traitement d’induction, toxicités du traitement d’induction, profils d’administration et de tolérance très différents du pémétrexed et de l’erlotinib, choix du patient. Si la présence de mutations de l’EGFR constitue un critère évident du choix d’un ITK de l’EGFR, ceux-ci seront probablement utilisés dès le début de la première ligne et maintenus jusqu’à progression (51). Par ailleurs, le bénéfice en termes de survie obtenu par l’erlotinib en maintenance demeure clairement significatif pour les tumeurs ayant un EGFR sauvage (40). La discussion entre une maintenance de continuation et une switch maintenance va principalement reposer sur la réponse au traitement d’induction : il semble logique de réserver la maintenance de La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 10 - décembre 2011 | LK12-2011.indd 601 601 13/12/11 15:02 MISE AU POINT Conflits d’intérêt. L’auteur déclare avoir reçu des fonds de recherche des laboratoires Lilly et Roche, ainsi que des honoraires pour des fonctions de conseil de la part de ces 2 laboratoires. La stratégie de maintenance en première ligne de traitement dans les cancers bronchiques non à petites cellules avancés continuation aux patients répondeurs au traitement d’induction (16, 25) et l’introduction d’un nouvel agent aux patients seulement stabilisés à l’issue de ce traitement (23, 42). Cependant, le bénéfice de survie obtenu par la switch maintenance ne se cantonne pas exclusivement aux patients stables, ce qui peut expliquer qu’il soit quantitativement supérieur au gain de survie obtenu par la maintenance de continuation (45), dont seuls les patients répondeurs semblent bénéficier (16). La gemcitabine apparaît ainsi comme une option intéressante en maintenance de continuation, notamment pour les répondeurs au schéma cisplatine + gemcitabine et pour les carcinomes épidermoïdes (16) tandis que le pémétrexed pourrait s’avérer être une option comparable en cas de carcinome non épidermoïde contrôlé par le schéma cisplatine + pémétrexed, sous réserve des résultats de survie de l’essai PARAMOUNT (25). Conclusion La maintenance en première ligne de traitement des CBNPC avancés constitue un progrès stratégique important, ayant démontré sa capacité à prolonger très significativement la durée du contrôle de la maladie avec un impact non négligeable sur la survie, au prix d’un surcroît de toxicité acceptable, notamment avec la gemcitabine, le pémétrexed ou l’erlotinib. La maintenance constitue d’ores et déjà une option thérapeutique en fin de CT de première ligne. Les étapes suivantes consisteront à mieux identifier les patients le plus susceptibles de bénéficier de cette stratégie, à déterminer les modalités optimales de maintenance pour chaque patient et à explorer d’autres combinaisons en maintenance, notamment avec les traitements antiangiogéniques (52). ■ Références bibliographiques 1. Azzoli CG, Baker S, Temin S et al. American Society of Clinical Oncology clinical practice guideline update on chemotherapy for stage IV non-small-cell lung cancer. J Clin Oncol 2009;27:6251-66. 2. Larsen H, Sorensen JB, Nielsen AL, Dombernowsky P, Hansen HH. Evaluation of the optimal duration of chemotherapy in phase II trials for inoperable non-small-cell lung cancer. Ann Oncol 1995;6:993-7. 3. Smith IE, O’Brien ME, Talbot DC et al. Duration of chemotherapy in advanced non-small-cell lung cancer: a randomized trial of three versus six courses of mitomycin, vinblastine and cisplatin. J Clin Oncol 1991;19: 1136-43. 4. Von Plessen C, Bergman B, Andresen O et al. Palliative chemotherapy beyond three courses conveys no survival or consistent quality-of-life benefits in advanced non-small-cell lung cancer. Br J Cancer 2006;95: 966-73. 5. Socinski MA, Schell MJ, Peterman A et al. Phase III trial comparing a defined duration of therapy versus continuous therapy followed by second-line therapy in advancedstage IIIB/IV non-small-cell lung cancer. J Clin Oncol 2002; 20:1335-43. 6. Park JO, Kim SW, Ahn JS et al. Phase III trial of two versus four additional cycles in patients who are non progressive after two cycles of platinum-based chemotherapy in non-small-cell lung cancer. J Clin Oncol 2007;25: 5233-9. 7. Lima JP, dos Santos LV, Sasse EC et al. Optimal duration of first-line chemotherapy for advanced non-small-cell lung cancer: a systematic review with meta-analysis. Eur J Cancer 2009;45:601-7. 8. Socinski MA, Stinchcombe TE. Duration of first-line chemotherapy in advanced non-small-cell lung cancer: less is more in the era of effective subsequent therapies. J Clin Oncol 2007;25:5155-7. 9. Hensing TA, Schell MJ, Lee JH, Socinski MA. Factors associated with the likelihood of receiving second line therapy for advanced non-small-cell lung cancer. Lung Cancer 2005;47:253-9. 10. Gerber DE, Rasco DW, Le P, Yan J, Dowell JE, Xie Y. Predictors and impact of second-line chemotherapy for advanced non-small-cell lung cancer in the United States: real-world considerations for maintenance therapy. J Thorac Oncol 2011;6(2):365-71. 11. Gridelli C, Maione P, Rossi A et al. Potential treatment options after first-line chemotherapy for advanced NSCLC: maintenance treatment or early second-line? Oncologist 2008;14:137-47. Retrouvez l’intégralité des références bibliographiques sur notre site www.edimark.fr Agenda Francophones d’oncologie médicale 15-17 mars 2012, Lille Grand Palais Informations : FOM 2012 - Colloquium Tél. : 01 44 64 15 15 E-mail : [email protected] Site Internet : http://www.fom-k.net/ 602 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 10 - décembre 2011 LK12-2011.indd 602 13/12/11 15:02 mise au point La stratégie de maintenance en première ligne de traitement dans les cancers bronchiques non à petites cellules avancés Références bibliographiques (suite de la p. 602) 12. Mok TSK, Ramalingam SS. Maintenance therapy in nonsmall-cell lung cancer. Cancer 2009;115:5143-54. 13. Fidias P, Novello S. Strategies for prolonged therapy in patients with advanced non-small-cell lung cancer. J Clin Oncol 2010;28(34):5116-23. 14. Belani C, Barstis J, Perry MC et al. Multicenter, randomized trial for stage IIIB or IV non-small-cell lung cancer using weekly paclitaxel and carboplatin followed by maintenance weekly paclitaxel or observation. J Clin Oncol 2003; 21:2933-9. 15. Brodowicz T, Krzakowski M, Zwitter M et al. Cisplatin and gemcitabine first-line chemotherapy followed by maintenance gemcitabine or best supportive care in advanced non-small-cell lung cancer: a phase III trial. Lung Cancer 2006;52:155-63. 16. Pérol M, Chouaid C, Milleron B et al. Maintenance with either gemcitabine or erlotinib versus observation with predefined second-line treatment after cisplatin-gemcitabine induction chemotherapy in advanced NSCLC: IFCTGFPC 0502 phase III study. J Clin Oncol 2010;28 (Suppl.): A 7507. 17. Belani C, Waterhouse DM, Ghazal H et al. Phase III study of maintenance gemcitabine and best supportive care versus best supportive care following standard combination therapy with gemcitabine-carboplatin for patients with advanced non-small-cell lung cancer. J Clin Oncol 2010;28 (18S): A 7506. 18. Westeel V, Quoix E, Moro-Sibilot D et al. Randomized study of maintenance vinorelbine in responders with advanced non-small-cell lung cancer. J Natl Cancer Inst 2005;97:499-506. 19. Shepherd FA, Dancey J, Ramlau R et al. Prospective randomized trial of docetaxel versus best supportive care in patients with non-small-cell lung cancer previously treated with platinum-based chemotherapy. J Clin Oncol 2000;18:2095-103. 20. Fidias PM, Dakhil SR, Lyss AP et al. Phase III study of immediate compared with delayed docetaxel after frontline therapy with gemcitabine plus carboplatin in advanced non-small-cell lung cancer. J Clin Oncol 2009;27:591-8. 21. Hanna N, Shepherd FA, Fossella FV et al. Randomized phase III trial of pemetrexed versus docetaxel in patients with non-small-cell lung cancer previously treated with chemotherapy. J Clin Oncol 2004;22:1589-97. 22. Scagliotti GV, Parikh P, von Pawel J et al. Phase III study comparing cisplatin plus gemcitabine with cisplatin plus pemetrexed in chemotherapy-naive patients with advanced-stage non-small-cell lung cancer. J Clin Oncol 2008;26(21):3543-51. 23. Ciuleanu TE, Brodowicz T, Zielinski C et al. Maintenance pemetrexed plus best supportive care versus placebo plus best supportive care for non-small-cell lung cancer: a randomized, double-blind, phase III study. Lancet 2009;374: 1432-40. 24. Patel JD, Hensing TA, Rademaker A et al. Phase II study of pemetrexed and carboplatin plus bevacizumab with maintenance pemetrexed and bevacizumab as firstline therapy for nonsquamous non-small-cell lung cancer. J Clin Oncol 2009;27:3284-9. 25. Paz-Ares LG, De Marinis F, Dediu M et al. PARAMOUNT: Phase III study of maintenance pemetrexed plus best supportive care (BSC) versus placebo plus BSC immediately following induction treatment with pemetrexed plus cisplatin for advanced non-squamous non-small-cell lung cancer. J Clin Oncol 2011;29(18s): abstr. CR7510. 26. Sandler A, Gray R, Perry MC et al. Paclitaxel-carboplatin alone or with bevacizumab for non-small-cell lung cancer. N Engl J Med 2006;355:2542-50. 27. Reck M, von Pawel J, Zatloukal P et al. Phase III trial of cisplatin plus gemcitabine with either placebo or bevacizumab as first-line therapy for nonsquamous non-small-cell lung cancer: AVAiL. J Clin Oncol 2009;27:1227-34. 28. Pirker R, Pereira JR, Szczesna A et al. Cetuximab plus chemotherapy in patients with advanced non-small-cell lung cancer (FLEX): an open-label randomised phase III trial. Lancet 2009;373:1525-31. 29. Shepherd FA, Rodrigues Pereira J, Ciuleanu T et al. Erlotinib in previously treated non-small-cell lung cancer. N Engl J Med 2005;353:123-32. 30. Thatcher N, Chang A, Parikh P et al. Gefitinib plus best supportive care in previously treated patients with refractory advanced non-small-cell lung cancer: results of a randomised, placebo controlled, multicentre study (Iressa Survival Evaluation in Lung Cancer). Lancet 2005;366:1527-37. 31. Mitsudomi T, Yatabe Y. Mutations of the epidermal growth factor receptor gene and related genes as determinants of epidermal growth factor tyrosine kinase inhibitors sensitivity in lung cancer. Cancer Sci 2007;98:1817-24. 32. Giaccone G, Herbst RS, Manegold C et al. Gefitinib in combination with gemcitabine and cisplatin in advanced non-small-cell lung cancer: a phase III trial - INTACT 1. J Clin Oncol 2004;22:777-84. 33. Herbst RS, Giaccone G, Schiller JH et al. Gefitinib in combination with paclitaxel and carboplatin in advanced non-small-cell lung cancer: a phase III trial - INTACT 2. J Clin Oncol 2004;22:785-942. 34. Gatzemeier U, Pluzanska A, Szczesna A et al. Phase III study of erlotinib in combination with cisplatin and gemcitabine in advanced non-small-cell lung cancer: the Tarceva Lung Cancer Investigation Trial. J Clin Oncol 2007;25: 1545-52. 35. Herbst RS, Prager D, Hermann R et al. TRIBUTE: a phase III trial of erlotinib hydrochloride (OSI-774) combined with carboplatin and paclitaxel chemotherapy in advanced non-small-cell lung cancer. J Clin Oncol 2005; 23:5892-9. 36. Mok TS, Wu YL, Yu CJ et al. Randomized, placebocontrolled, phase II study of sequential erlotinib and chemotherapy as first-line treatment for advanced non-small-cell lung cancer. J Clin Oncol 2009;27:5080-7. 37. Kelly K, Chansky K, Gaspar LE et al. Phase III trial of maintenance gefitinib or placebo after concurrent chemoradiotherapy and docetaxel consolidation in inoperable stage III non-small-cell lung cancer: SWOG S0023. J Clin Oncol 2008;26:2450-6. 38. Hida T, Okamoto I, Kashii T et al. Randomized phase III study of platinum-doublet chemotherapy followed by gefitinib versus continued platinum-doublet chemotherapy in patients (pts) with advanced non-small-cell lung cancer: results of West Japan Thoracic Oncology Group trial (WJTOG). J Clin Oncol 2008;26(suppl.): abstract 8012. 39. Zhang L, Shenglin M, Song X et al. Efficacy, tolerability, and biomarker analyses from a phase III randomized, placebo-controlled, parallel group study of gefitinib as maintenance therapy in patients with locally advanced or metastatic non-small-cell lung cancer (INFORM; C-TONG 0804). J Clin Oncol 2011;29(18s): abstr. LBA7511. 40. Cappuzzo F, Ciuleanu T, Stelmakh L et al. Erlotinib as maintenance treatment in advanced, non-small-cell lung cancer: a multicentre, randomised, placebo-controlled phase III study. Lancet Oncol 2010;11(6):521-9. 41. Brugger W, Triller N, Blasinska-Morawiec M et al. Biomarker analyses from the phase III placebo-controlled SATURN study of maintenance erlotinib following first-line chemotherapy for advanced NSCLC. J Clin Oncol 2009;27 (18s): abstract 8020. 42. Coudert B, Ciuleanu TE, Park K et al. Survival benefit with erlotinib maintenance therapy relative to prior chemotherapeutic response: a subanalysis of the phase III SATURN study in NSCLC. ESMO-IASLC 2010. J Thorac Oncol 2010; 5 (Suppl. 1): abstract 2040. 43. Kabbinavar FF, Miller VA, Johnson BE et al. Overall survival in ATLAS, a phase IIIb trial comparing bevacizumab therapy with or without erlotinib after completion of chemotherapy with bevacizumab for first-line treatment of locally advanced, recurrent, or metastatic non-small-cell lung cancer. J Clin Oncol 2010;28(18s): abstr. 7526. 44. Soon YY, Stockler MR, Askie LM, Boyer MJ. Duration of chemotherapy in advanced non-small-cell lung cancer: a systematic review and meta-analysis of randomized trials. J Clin Oncol 2009;27:3277-83. 45. Zhang X, Zang J, Xu J et al. Maintenance therapy with continuous or switch strategy in advanced non-small-cell lung cancer. A systematic review and meta-analysis. Chest 2011;140(1):117-26. 46. Behara M, Owonikoko TK, Chen Z et al. Single-agent maintenance therapy for advanced-stage non-small cell lung cancer: a meta-analysis. J Clin Oncol 2011;29(18s): abstr. 7553. 47. Schiller J, Ramalingam SS. Duration of chemotherapy for metastatic non-small-cell lung cancer: more may be better after all. J Clin Oncol 2009;27:3265-7. 48. Socinski MA. Re-evaluating duration of therapy in advanced non-small-cell lung cancer: is it really duration or is it more about timing and exposure? J Clin Oncol 2009; 27:3277-83. 49. Stinchcombe TE, Socinski MA. Treatment paradigms for advanced stage non-small-cell lung cancer in the era of multiple lines of therapy. J Thorac Oncol 2009;4:243-50. 50. Weiss GJ, Rosell R, Fossella F et al. The impact of induction chemotherapy on the outcome of second-line therapy with pemetrexed or docetaxel in patients with advanced non-small-cell lung cancer. Ann Oncol 2007;18:453-60. 51. Mok TS, Wu YL, Thongprasert S et al. Gefitinib or carboplatin-paclitaxel in pulmonary adenocarcinoma. N Engl J Med 2009;361:947-57. 52. Barlesi F, Scherpereel A, Gervais R et al. AVAPERL1 (MO22089): maintenance bevacizumab with or without pemetrexed in patients with advanced nonsquamous nonsmall-cell lung cancer treated with first-line bev-cisplatinpem: interim safety data. J Clin Oncol 2011;29(18s): abstr. 7562. 852 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 10 - décembre 2011 LK12-2011.indd 852 13/12/11 12:18