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La Lettre du Cancérologue - volume VII - n° 3 - juin 1998
J29 et vinblastine 5 mg/m2/sem./5 sem.) suivie à J50 par une
radiothérapie (60 Gy/2 Gy par fraction, 152 patients) ; radio-
thérapie (69,6 Gy bifractionné/1,2 Gy par fraction,
154 patients). La toxicité aiguë post-radiothérapie de grade
supérieur ou égal à 3 est plus fréquente dans le groupe bifrac-
tionné ; de la même manière, les séquelles post-radiques tar-
dives sont plus fréquentes dans le groupe chimioradiothérapie
et dans le groupe bifractionné. L’association chimiothérapie et
radiothérapie donne les meilleurs résultats en termes de survie
par rapport aux autres modalités de radiothérapie, qui s’avèrent
comparables (p = 0,04). Le plus grand bénéfice est obtenu
pour les patients jeunes et les tumeurs non épidermoïdes. La
présentation sous forme de poster n’a pas donné d’information
concernant le contrôle local de la maladie, ni sur le mode de
progression local ou métastatique.
Comme à l’accoutumée, la chimiothérapie a tenu une grande
place dans le congrès et, cette année, les résultats des études de
phase III nous permettent de mieux progresser dans la défini-
tion du schéma standard de première ligne. I.E. Smith (abst.
1759) a présenté un essai de phase III randomisé comparant
3 et 6 cures de mitomycine C, vinblastine, cisplatine (MVP).
Deux cent vingt-cinq patients de stades IIIA, IIIB, IV ont reçu
soit trois cures soit six cures de mitomycine C 8 mg/m2(cures
1, 2, 4, 6), vinblastine 6 mg/m2et cisplatine 50 mg/m2. Les cri-
tères de jugement dans cette étude étaient la survie, le contrôle
des symptômes et le taux de réponse. Le taux de réponses
objectives dans les deux groupes de patients traités n’était pas
statistiquement différent ; il était de 32 % chez les patients
ayant reçu trois cures de MIP et de 37 % chez les patients en
ayant reçu six (p = 0,2). Il faut noter que toutes les réponses
sont survenues pendant les trois premières cures, et que seul un
patient est passé d’une réponse partielle à la troisième cure à
une réponse complète à la sixième cure. Il n’y a pas eu de dif-
férence significative dans le taux de contrôle des symptômes.
Ce contrôle des symptômes, quand il est survenu, a toujours
été obtenu dans les trois premières cures de chimiothérapie. Il
n’y a pas eu non plus de différence statistique dans la durée
médiane du contrôle des symptômes, le nombre de patients
asymptomatiques à un an, la médiane de survie
(6,8 mois contre 7 mois) et la survie à un an (23 % dans les
deux groupes). La qualité de vie est toutefois meilleure chez
les patients ne recevant que trois cures. Ces résultats ne plai-
dent pas en faveur d’une chimiothérapie conventionnelle étalée
dans le temps, mais plutôt en faveur d’une chimiothérapie de
courte durée. Cela ne répond toutefois pas à la question de
l’intérêt d’un éventuel traitement d’entretien différent de la
chimiothérapie d’induction.
Le difficile problème de la chimiothérapie des patients âgés a
été évoqué lors de la présentation des résultats de l’étude multi-
centrique randomisée comparant un groupe de patients âgés de
70 ans ou plus, de stade IV ou IIIB, traités par vinorelbine seule
ou par “best supportive care” (BSC) uniquement (F. Perrone,
abst. 1752).
La vinorelbine a été administrée à la dose de 30 mg/m2à J1 et
J8 toutes les 3 semaines pendant 6 cycles au maximum
(76 patients) ; 78 patients n’ont pas reçu de chimiothérapie
(groupe BSC). Dans le groupe vinorelbine, on observe 20 %
de réponses objectives. La tolérance à la chimiothérapie a été
bonne, avec seulement 12,4 % des patients présentant une toxi-
cité de grade 3 ou 4, essentiellement représentée par de la
constipation (4 patients) et une hématotoxicité (4 patients).
L’effet de la chimiothérapie se traduit par une augmentation
nette et significative de la survie (log rank : p = 0,04), avec une
survie médiane, une survie à 6 mois et une survie à un an res-
pectivement de 27 semaines, 54 % et 27 % dans le groupe
vinorelbine et de 21 semaines, 39 % et 5 % dans le groupe
BSC.
L’étude de la qualité de vie par les échelles EORTC QLQ C-
30 et LC13 n’a pas mis en évidence de détérioration de la qua-
lité de vie dans le groupe traité par chimiothérapie.
Cette étude amène plusieurs commentaires : tout d’abord, elle
démontre l’intérêt de l’utilisation de la chimiothérapie chez les
patients de plus de 70 ans ; d’autre part, il s’agit d’une nouvelle
étude comparant chimiothérapie et BSC, en faveur de l’utilisa-
tion de la chimiothérapie. Cela va dans le sens de ce qui a été
montré dans les méta-analyses de P.J. Souquet et du NSCLC
Collaborative Group. Enfin, il faut remarquer le bon taux de
réponse en monothérapie de la vinorelbine, et cela même si,
comme dans cette étude, on supprime le J15 habituel.
Les modalités d’administration de la gemcitabine et du cispla-
tine ont été étudiées ; ces deux drogues se sont avérées être
synergiques sur des modèles expérimentaux. F.A. Shepherd
(abst. 1816) a analysé les six études de phase II combinant de
la gemcitabine et du cisplatine.
Ces études associent gemcitabine 1 000 à 1 500 mg/m2en
30 minutes à J1, J8 et J15 toutes les 4 semaines et cisplatine
100 mg/m2J1 ou J2 ou J15, ou bien 30 mg/m2J1, J8 et J15.
Une analyse de régression logistique de différents facteurs pro-
nostiques incluant les modalités d’administration du cisplatine
a été réalisée. Elle a montré que l’administration du cisplatine
à J2 ou J15 était associée à un taux de réponse meilleur que
celui des autres modalités d’administration (42 % contre 29 %,
p = 0,034). D’autre part, une analyse de régression de Cox
mettait en évidence un gain de survie pour les patients traités
en J2 ou J15 (p = 0,002). M.R. Green (abst. 1798) a établi des
conclusions similaires en ne retenant pas d’avantage évident à
l’administration du cisplatine sur un mode hebdomadaire.
L’évaluation des nouvelles drogues et la recherche du meilleur
schéma de chimiothérapie dans les cancers non à petites cel-
lules impliquent de comparer une association de cisplatine et
d’une nouvelle drogue au cisplatine seul. Toutes les associa-
tions comportant une nouvelle drogue se sont avérées supé-
rieures, en termes de réponse, au cisplatine seul (tableau I,
page 108). Cet avantage en termes de réponse se traduit par un
gain en survie, qu’il s’agisse de survie globale ou de survie sans
progression. Il n’y a pas de gain de survie globale dans l’étude
présentée par U. Gatzemeier et associant paclitaxel et cispla-
tine ; en revanche, il y a une différence dans la survie sans pro-
gression en faveur du bras paclitaxel et cisplatine. Cela peut en
partie s’expliquer par des différences dans les traitements de
seconde ligne, avec notamment une différence dans l’utilisation
des taxanes, et d’autre part par des doses différentes de cisplatine
dans les deux bras de l’étude (75 mg/m2bras paclitaxel et cis-
platine contre 100 mg/m2bras cisplatine seul).