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Éditorial
● J.F. Morère
A
Risque cumulé (%)
É
L
Hommes
Fumeurs
Arrêt du tabac à 60 ans
Arrêt du tabac à 50 ans
Arrêt du tabac à 40 ans
Arrêt du tabac à 30 ans
Non-fumeurs
SCO 2003, trois comme trois points clés de cette
nouvelle réunion de l’American Society of Clinical Oncology, trois comme trois take home messages de prévention à diffuser le plus largement possible. Une
fois de plus, ce congrès mondial a fourni une riche matière au développement multidisciplinaire de la prise en charge thérapeutique du cancer. Trois informations ont cependant particulièrement imprimé leur marque cette année.
A
Une fois n’est pas coutume, le traitement médical du cancer bronchique a occupé le devant de la scène. Grâce aux résultats de
l’étude IALT (International Adjuvant Lung Cancer Trial), la chimiothérapie adjuvante du cancer bronchique non à petites cellules gagne ses lettres de noblesse. Cette étude portant sur
1 867 patients de 33 pays a comparé les effets de la chirurgie seule
à ceux de la chirurgie suivie de chimiothérapie. Cette chimiothérapie influence significativement la survie sans récidive (39 %
versus 34 %) et la survie globale (45 % versus 40 %). Cet essai
de grande envergure est la première étude qui démontre objectivement le bénéfice d’une chimiothérapie adjuvante dans ce type
de cancer. Selon T. Le Chevalier (Institut Gustave-Roussy), coordinateur de l’essai : “un bénéfice de 5 % en survie est suffisamment significatif pour recommander la pratique d’une chimiothérapie après la chirurgie... Ce bénéfice est comparable à
celui qui a été observé précédemment dans les cancers du sein
où la chimiothérapie adjuvante est devenue un standard”.
La deuxième information essentielle vient du couronnement de
la combinaison FOLFOX dans le traitement adjuvant des cancers coliques. Après avoir démontré son efficacité en situation
métastatique, cette combinaison s’est en effet logiquement imposée comme chimiothérapie adjuvante dans l’étude MOSAIC
coordonnée par A. de Gramont (hôpital Saint-Antoine). Le risque
de rechute est significativement diminué à trois ans (survie sans
rechute 77,9 % versus 72,9 %). Ce gain est obtenu au prix d’une
augmentation des neutropénies de grades 3-4. Il faut cependant
souligner que la tolérance neurologique est satisfaisante puisque
si une toxicité de grade 3 est observée chez plus de 10 % des patients, cette neuropathie est régressive (1 % de persistance un an
après la fin du traitement).
Ces deux études méthodologiquement peu critiquables portant sur
de larges effectifs, nous apportent des arguments forts pour changer nos pratiques rapidement.
La Lettre du Cancérologue - Volume XII - no 3 - juin 2003
Âge
Figure 1. Cette courbe démontre que le sevrage tabagique réduit
significativement le risque de mortalité par cancer du poumon.
Arrêter le plus tôt possible donne les meilleurs résultats. Faites passer... !
Le nouvel anticorps monoclonal bevacizumab (Avastin®) ciblant le vascular endothelial growth factor constitue la troisième
bonne surprise de ce meeting. Son association à une chimiothérapie combinant irinotécan-5 fluoro-uracile et acide folinique donne de meilleurs résultats que la même chimiothérapie
utilisée seule dans les cancers coliques métastasés. Elle est surtout capable d’influencer significativement la survie. Cette
étude valide pour la première fois la stratégie fondée sur le traitement anti-angiogénique des cancers chez l’homme. Selon
Hurwitz (Duke University) investigateur principal : “cette étude
particulièrement importante parce qu’elle démontre un bénéfice
de survie est une preuve de principe de la valeur des thérapeutiques ciblées en général et de la thérapeutique anti-angiogénique en particulier”.
Les trois take home messages, eux, nous ont été délivrés par Sir
Richard Peto de l’université d’Oxford :
1. un fumeur sur deux sera tué par les conséquences de son
tabagisme ;
2. un quart mourra jeune, 35-69 ans dans “ses plus belles années” ;
■
3. stopper son tabagisme “marche”.
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