386
Act. Méd. Int. - Hypertension (12), n° 4, avril 2000
progrès en
Progrès en prévention
alors qu’il augmente chez les femmes
sous placebo ; le risque relatif diminue
donc et, au terme des quatre ans de l’essai,
on n’observe plus de différence significa-
tive entre les deux groupes.
Tentative d’explication…
Comment, d’une part expliquer cette discor-
dance, entre l’essai HER et les enquêtes d’ob-
servation antérieures ? Et pourquoi, d’autre
part, le risque relatif observé avec le THS
augmente-t-il lors de la première année de
l’étude HER, puis diminue-t-il par la suite ?
La première hypothèse serait que le THS,
tel qu’utilisé dans l’étude HER, n’a pas
d’effet sur le risque cardiovasculaire, et
que le profil observé d’augmentation ini-
tiale du risque et de décroissance ultérieu-
re n’est que le fruit du hasard (29). Cette
absence d’effet, contredisant ceux des
études d’observation, pourrait en partie
être expliquée par des biais de sélection et
d’observance évoqués plus haut (12) et/ou
par le type de progestatif utilisé dans
l’étude HER, l’acétate de médroxyproges-
térone, dont l’action pourrait contrebalan-
cer les effets bénéfiques des estrogènes. Il
s’agit, parmi les progestatifs, de celui qui
a les effets les moins favorables sur le
HDL-cholestérol. Cette première hypo-
thèse n’emporte pas la conviction, car elle
mêle au raisonnement des résultats de pré-
vention primaire et de prévention secon-
daire. Que le résultat de l’étude HER
remette en question les résultats des
enquêtes d’observation de prévention
secondaire répond à une logique indiscu-
table. En revanche, qu’ils jettent l’op-
probre sur l’ensemble des résultats des
enquêtes de prévention primaire ne relève
pas d’une logique évidente. On ne parle pas
des mêmes patientes ni du même risque. Il
n’est pas immédiat de tenir pour acquis
que la probabilité de faire un premier
accident coronarien est analogue à la pro-
babilité de faire un nouvel accident,
compte tenu qu’on en a déjà présenté un
(et, bien sûr, non fatal).
La seconde hypothèse pose que l’alter-
nance effet délétère puis effet bénéfique
du THS au cours du temps serait due à un
processus réel mais opposé du traitement
utilisé. Après quatre ans de suivi, l’effet
net du traitement est nul, mais que serait-
il advenu si l’on avait poursuivi l’étude
au-delà de ce terme : l’effet bénéfique mis
en évidence dans les études d’observation
aurait-il alors émergé (29) ? Il est souvent
difficile aux études d’observation de
mettre en évidence ce type d’effets délé-
tères initiaux. On pourrait évoquer, par
exemple, que certains groupes de femmes
seraient plus sensibles aux effets délétères
du THS dès sa mise en route (pendant les
quatre premiers mois de traitement) et
que, progressivement, les effets délétères
du traitement seraient moins prévalents
que les effets bénéfiques.
Quoi qu’il en soit, avant de conclure à
l’absence d’effet protecteur cardiovascu-
laire du THS, il paraît nécessaire d’at-
tendre les résultats d’autres études pros-
pectives randomisées, en particulier
celles qui offriront un suivi supérieur à
cinq ans. On attendra ainsi, par exemple,
les résultats (prévus pour 2007 !) d’un
nouvel essai clinique, le Women Health
Initiative Trial, dont l’objet est d’évaluer
les bénéfices et les risques du THS. Il
s’agit d’un essai clinique lancé aux
États-Unis et randomisant THS contre
placebo, avec un recrutement nécessaire
de 27 000 femmes, âgées de 50 à 79 ans,
et suivies pendant neuf ans (30).
Ces questions encore non résolues doivent
stimuler l’identification de patientes à
risque d’événements cardiovasculaires à
l’institution du THS. Un risque initial
accru pourrait être associé à des facteurs
de risque génétiques portant, par exemple,
sur les facteurs de coagulation, à la pré-
sence de plaques athéromateuses plus vul-
nérables au cours de la mise en route du
traitement ou encore à l’existence de cer-
taines interactions médicamenteuses qui
favoriseraient l’augmentation de facteurs
sanguins procoagulants.
Les alternatives thérapeutiques
Les diphosphonates
S’ils ont prouvé qu’ils prévenaient, de
façon aussi satisfaisante que le THS, la
déminéralisation osseuse et le risque de
fractures vertébrales et non vertébrales, ils
n’ont, bien évidemment, aucun effet sur
les bouffées de chaleur ni sur les signes de
carence estrogénique et n’ont pas non plus
d’effet sur le plan cardiovasculaire (2, 4,
6, 7). En leur faveur, il faut aussi souligner
qu’ils n’augmentent pas le risque de can-
cer du sein.
Les modulateurs spécifiques des récep-
teurs des estrogènes (SERM)
Ce sont des stéroïdes, de structure
proche de celle des estrogènes, capables
de se lier aux récepteurs des estrogènes
mais d’y induire un effet agoniste sur
certains tissus et antagoniste sur d’autres :
le SERM (Selective Estrogen Receptor
Modulator) idéal serait donc celui ayant
un effet agoniste sur l’os et la paroi vas-
culaire, mais un effet antagoniste sur
l’endomètre et le sein !
Le tamoxifène
Il n’a pas d’effet sur les bouffées de chaleur.
Il diminue le risque de cancer du sein, chez
les femmes à risque, de 45 %. Il augmente
le risque de maladie veineuse thrombo-
embolique de façon identique au THS. Il
n’a pas d’effet sur l’ostéoporose (4).
Le raloxifène (2, 4, 19, 31, 32)
Il diminue le risque de cancer du sein de
75 % à trois ans. Il diminue le risque de
fracture vertébrale de 30 à 50 %. Il ne
modifie pas le risque de fracture non ver-
tébrale. Il augmente la densité minérale
osseuse d’environ 2 % aux différents
sites. Il ne s’accompagne pas d’une aug-
mentation du risque de cancer de l’endo-
mètre. Il n’a pas d’effet sur les bouffées de
chaleur. Il diminue le LDL-cholestérol
sans augmenter les triglycérides. Il aug-
mente le risque d’événements thrombo-