Q U E S T I O N S / R É P O N S E S ous souhaitons que cette nouvelle rubrique favorise les échanges. Faites-nous parvenir vos critiques, vos idées, vos questions, y compris sur les articles déjà publiés. Les auteurs et/ou le comité de rédaction y répondront. ? Y a-t-il une limite d’âge de prescription du traitement hormonal substitutif après la ménopause ? Quelles sont les modalités du THS chez la femme âgée ? Il n’y a pas en théorie d’âge limite au-delà duquel il serait contre-indiqué de donner un THS chez une femme ménopausée. La seule limite peut concerner dans la pratique l’acceptabilité de ce traitement, d’ailleurs plus sur un plan psychologique qu’organique. En effet, les récepteurs hormonaux, de façon physiologique, restent fonctionnels après la ménopause, et les estrogènes résiduels, même à des concentrations dix fois inférieures à celles de la phase préménopausique, gardent un rôle essentiel dans la régulation du métabolisme phosphocalcique de la femme âgée. De plus, l’efficacité osseuse du THS est établie quelle que soit l’ancienneté de la ménopause des femmes traitées ; ce traitement diminue de 30 à 50 % le niveau de remodelage osseux et de moitié le risque de fracture du fémur. Le THS constitue toujours une des meilleures options de traitement de la femme à risque fracturaire fémoral. La prescription d’un THS après 65 ans doit obéir à des règles simples. On expliquera à la patiente le but de ce traitement ainsi que la possibilité de survenue d’effets indésirables (saignements, mastodynies...). On éliminera systématiquement les contre-indications à la prise d’estrogènes (qui sont les mêmes qu’en début de ménopause) et on fera pratiquer un examen gynécologique (sténose cervicale ?) et une mammographie. L’apport estrogénique sera initialement le plus faible possible (la présentation en gel se prête bien à cette modulation de dose), à augmenter si nécessaire en fonction de la tolérance clinique (mastodynies). Chez la femme âgée, des doses de moitié inférieures à celles utilisées en début de ménopause sembleraient suffisantes pour stopper la perte osseuse. On y associera systématiquement (en l’absence d’hystérectomie) un progestatif pris de façon concomitante à l’estrogénothérapie, cela afin d’éviter la survenue d’hémorragies de privation qui seraient mal vécues à cet âge. La surveillance gynécologique est ensuite identique à celle de toute femme sous traitement hormonal substitutif. Moyennant ces précautions, le THS est le plus 36 souvent très bien accepté et ne pose pas plus de problèmes chez la femme âgée qu’en début de ménopause. De par ses effets préventifs des principales complications du vieillissement, osseux mais aussi vasculaire et cérébral, le THS sera sans doute à l’avenir de plus en plus souvent prescrit à des femmes âgées. Le rhumatologue a certainement un rôle important à jouer à ce niveau. Dr J.M. Pouillès ? Quelles aiguilles utiliser pour la pratique des épidurales au cabinet médical ? Il est conseillé d’utiliser des aiguilles fines d’un calibre ne dépassant pas 7/10e de millimètre et à biseau court pour réduire le risque de brèche durale, toujours possible et à l’origine de céphalées secondaires, dont il est important de prévenir le patient. Pr D. Wendling ? Quelle est la place des bisphosphonates dans le traitement actuel des algodystrophies ? Les bisphosphonates n’ont aucune place en pratique clinique dans la prise en charge thérapeutique des algodystrophies. Quelques études non contrôlées suggèrent, de façon variable, des effets favorables, notamment sur la douleur. Toutefois, une étude contrôlée contre placebo (dont les résultats n’ont, à ce jour, pas encore été publiés) n’a pas confirmé ces données favorables. Il est possible que l’inclusion de patients, très hétérogènes par le site et la durée d’évolution de l’algodystrophie, puisse expliquer ces résultats négatifs. Dans l’attente des résultats d’autres études contrôlées en cours, il est important de rappeler qu’aucun des bisphosphonates, y compris le pamidronate par voie intraveineuse, n’a actuellement d’AMM dans cette indication. Ph. Orcel La Lettre du Rhumatologue - n° 252 - mai 1999 Q U E S T I O N S / R É P O N S E S ? ? Existe-t-il encore des indications de butée cotyloïdienne dans les dysplasies de hanche ? Des régimes alimentaires peuvent-ils avoir un intérêt dans le traitement de la PR ? La butée ostéoplastique vise à traiter une insuffisance de couverture du toit du cotyle chez un patient jeune (sujet de moins de 50 ans et pour lequel il n’y a pas une arthrose trop évoluée – pincement articulaire inférieur à 50 % de la valeur normale) ayant une hanche douloureuse. L’influence d’un régime alimentaire sur l’évolution de la polyarthrite rhumatoïde a été envisagée à la suite d’observations d’une exacerbation de la maladie après la prise d’un aliment précis. En fait, trois cas de figure peuvent être envisagés : – Suppression d’un aliment précis qui semble déclencher les poussées par un mécanisme “allergique” : il n’y a aucun résultat formellement confirmé et seules quelques observations ponctuelles avec des aliments qui diffèrent selon les individus peuvent créer un doute, ces constatations d’exception n’étant nullement généralisables. – Modifications de l’alimentation (suppression du blé, du lait...) : le jeûne améliore la polyarthrite rhumatoïde ; il n’y a cependant aucun argument raisonnable en faveur d’un bénéfice lié à la suppression de tel ou tel aliment, et, en revanche, un risque non négligeable de dénutrition... – Essais de modifications alimentaires portant sur les acides gras : ces manipulations sont justifiées par des bases théoriques. Quel que soit le régime, le but est de favoriser la production d’eicosanoïdes par une autre voie que celle de l’acide arachidonique, ce dernier permettant la formation des dérivés les plus pro-inflammatoires. Le premier modèle est celui des régimes enrichis en acide eicosapentaénoïque et en acide docosahexaénoïque (oméga 3 retrouvés dans les huiles de poissons). Le second modèle repose sur l’apport d’acides gras polyinsaturés de la catégorie des oméga 6, essentiellement l’acide gamma linolénique, pour augmenter la formation de prostaglandines suppressives. Leur efficacité est confirmée par de nombreuses études randomisées réalisées en double aveugle contre placebo, mais elle est faible, et essentiellement limitée à une amélioration des échelles visuelles de douleur. On peut donc les considérer comme un traitement d’appoint de la maladie. Il faut rappeler que l’insuffisance cotyloïdienne se définit par une trop grande obliquité du toit (angle HTE supérieur à 10 et/ou un défaut de couverture du toit, avec un angle VCE inférieur à 25° sur le cliché de face ou sur le faux profil du bassin). Le principe du traitement de la butée vise à mettre en place un greffon osseux qui complète le toit du cotyle à la fois en externe et dans un plan sagittal en avant. Il s’agit d’une intervention nécessitant 7 à 10 jours d’hospitalisation, avec une reprise progressive de la marche. Les résultats de cette intervention ont été revus par la Société française de chirurgie orthopédique. Ils montrent qu’avec un recul de plus de dix ans, les meilleurs résultats sont obtenus dans les insuffisances cotyloïdiennes pures (70 % de succès). Ce taux s’abaisse pour atteindre environ 58 % lorsqu’une arthrose secondaire évoluée était déjà présente. Ces résultats sont nettement moins bons (50-60 %) lorsqu’il y a une subluxation associée de la tête fémorale. Dans ce cas, il est recommandé d’associer à la butée une ostéotomie de correction. Par conséquent, il y a toujours des indications à la mise en place d’une butée dans les insuffisances cotyloïdiennes sans arthrose évoluée, c’est-à-dire avec une préservation d’au moins 50 % de l’épaisseur du cartilage. X. Chevalier À n o s A. Saraux l e c t e u r s Vous pouvez adresser votre question (une à trois lignes) au rédacteur en chef : Professeur Bernard Combe, Fédération de Rhumatologie, Hôpital Lapeyronie, 371, avenue du Doyen-Gaston-Giraud, 34295 Montpellier Cedex 5. La Lettre du Rhumatologue - n° 252 - mai 1999 37 Q U E S T I O N S / R É P O N S E S ? ? ? 38 La Lettre du Rhumatologue - n° 252 - mai 1999