Par ailleurs, des stéréotypies sont assez
souvent notées chez les enfants autistes
ou déficients mentaux ; dans ces cas,
elles sont un symptôme parmi d’autres.
LES MYOCLONIES
Les myoclonies sont des contractions
brèves (< 600 msec) et simultanées de
muscles agonistes et antagonistes. Elles
touchent le plus souvent le visage et les
membres supérieurs. Il faut être très
prudent devant une suspicion de myo-
clonies, car elles peuvent être de diffé-
rentes origines. Certaines myoclonies
sont d’origine épileptique, mais nous ne
parlerons ici que des myoclonies non
épileptiques. Seul l’enregistrement des
événements cliniques au cours d’un
électroencéphalogramme permet de
trancher sur leur nature. Si l’origine épi-
leptique est exclue, on recherchera en
première intention les causes bénignes
de myoclonies.
Myoclonus bénin du sommeil
du nouveau-né
Il s’agit de sursauts myocloniques répé-
titifs qui intéressent les membres ou
tout le corps. Ils sont observés quasi ex-
clusivement lors du sommeil, plus rare-
ment à l’endormissement. Les myoclo-
nies sont habituellement présentes dès
les premiers jours de vie. On peut les
observer au cours des six premiers
mois. Le diagnostic est quasiment
confirmé par la disparition des symp-
tômes avec le réveil. L’enregistrement
EEG ne retrouve pas de modification du
tracé lors des sursauts myocloniques.
Myoclonies d’endormissement
Il s’agit d’événements physiologiques
qui existent quasiment chez tous les in-
dividus. Les myoclonies d’endormisse-
ment sont souvent isolées, pouvant être
parcellaires, multifocales ou générali-
sées. De façon non exceptionnelle, l’en-
fant raconte qu’il les ressent. Elles don-
nent alors le plus souvent une sensation
de chute dans le vide. Elles surviennent
toujours à l’endormissement. Il n’est pas
rare qu’elles entraînent un éveil. Elles
sont parfois très intenses, pouvant en-
traîner un saut du plan du lit. Elles
n’existent pas lors de la veille.
Elles sont facilement mal interprétées
chez les patients ayant une épilepsie, du
fait, en particulier, de l’attitude « hyper
attentive » des parents de ces patients.
Les parents sont très souvent inquiets et
observent énormément leur enfant à la
recherche d’une crise épileptique. Cela
leur fait signaler ces événements. Il faut
parfois savoir aller jusqu’à l’enregistre-
ment électroencéphalographique pour
les rassurer sur la nature non épilep-
tique de l’événement. Le tracé élec-
troencéphalographique ne doit pas en-
registrer d’anomalie concomitante à
l’événement. La polygraphie EMG-EEG
apporte une information importante.
Myoclonus bénin du nourrisson
Le myoclonus bénin du nourrisson ap-
paraît entre trois et neuf mois. Sa fré-
quence augmente rapidement à plu-
sieurs épisodes quotidiens, puis il dispa-
raît en quelques mois. Les épisodes se
caractérisent par des sursauts myoclo-
niques de la tête et des épaules, tou-
chant parfois les membres supérieurs.
Ces manifestations surviennent souvent
en série dans les phases d’éveil, parfois
favorisées par l’excitation ou la frustra-
tion. Il existe un équivalent que l’on
nomme « shuddering attacks » (frémis-
sements), qui correspond à un accès de
frissons. Les « shuderring attacks » sont
observés au même âge ; il s’agit dans ce
cas de tremblements de la tête et/ou
des épaules.
Dans ces deux entités, les nourrissons
ont un développement psychomoteur
normal et l’enregistrement EEG est sans
anomalie. Ces enfants sont souvent
adressés en neurologie pour suspicion
de spasmes infantiles. L’évaluation cli-
nique et l’enregistrement permettent
d’écarter une origine épileptique.
LES DYSKINÉSIES PAROXYSTIQUES
Les dyskinésies paroxystiques se carac-
térisent par des accès intermittents de
mouvements anormaux de différents
types (dystonies, chorée, choréo-athé-
tose). Les dyskinésies paroxystiques
sont rares. Il existe probablement un
certain nombre de formes génétiques
qui ne sont pas complètement caractéri-
sées. Il faut savoir que les dyskinésies
paroxystiques peuvent également être
secondaires (maladies métaboliques,
accidents vasculaires cérébraux, patho-
logies inflammatoires du système ner-
veux central). Les deux types les plus
fréquents se différencient en fonction
de leur mode de survenue.
Dyskinésies paroxystiques
non kinésigéniques
Les dyskinésies paroxystiques non kiné-
sigéniques se caractérisent par des ac-
cès de dystonie ou de choréo-athétose
de durée variable, allant de quelques
minutes à plusieurs heures. Ces accès
peuvent être pluriquotidiens.
Les épisodes surviennent spontané-
ment, mais peuvent être favorisés par le
stress et la fatigue. Les premiers épi-
sodes peuvent survenir dans l’enfance
mais sont aussi observés à l’âge adulte.
La prise en charge thérapeutique est
peu satisfaisante car les accès répon-
dent mal aux traitements.
Dyskinésies paroxystiques
kinésigéniques (DPK)
Il s’agit d’accès de dystonie ou de cho-
réo-athétose très courts qui sont déclen-
chés par le mouvement. Les situations
où l’on observe le plus fréquemment ces
accès sont le lever, l’initiation de la
marche, le saut… Plus rarement
d’autres stimulus peuvent déclencher
un accès : le froid, l’hyperventilation…
La fréquence de survenue des accès est
élevée et peut aller jusqu’à plusieurs
centaines par jour.
Les épisodes débutent entre six et seize
ans. Certains patients peuvent avoir des
crises épileptiques. Il peut également
s’agir de cas familiaux. Les DPK peuvent
être sporadiques ou familiales, trans-
mises selon un mode autosomique do-
minant. Les anti-épileptiques sont le
traitement de choix, notamment la car-
bamazépine ou la phénytoïne. L’acéta-
zolamide peut également être utilisé.
Pour en savoir plus
LANDRIEU P., TARDIEU M. : Neurologie pédiatrique, coll. Abré-
gés, Masson, 2
e
édition, 1997.
FENICHEL G.M. : Clinical Pediatric Neurology, Elsevier/Saun-
ders, 2005.
FERNANDEZ-ALVAREZ E., AICARDI J. : Movement Disorders in
Children, Mac Keith Press, London, 2001.
WOLF D.S., SINGER H.S. : « Pediatric movement disorders : an
update », Curr. Opin. Neurol., 2008 ; 21 : 491-6.
Médecine
& enfance
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