Mouvements anormaux-Parkinson
La Lettre du Neurologue - Vol. XI - n° 4 - avril 2007
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Mouvements anormaux-Parkinson
Bizarrerie du mouvement anormal
Un mouvement inconnu de l’examinateur n’est peut-être qu’un
mouvement anormal exceptionnel : d’où l’intérêt de la vidéo du
patient, de l’examen clinique répété, de l’électrophysiologie, de
l’approche pluridisciplinaire. Un mouvement paroxystique peut
être psychogène, mais il peut aussi être l’expression d’une dyski-
nésie paroxystique (kinésigénique ou non kinésigénique), d’une
maladie démyélinisante (phénomènes paroxystiques de la SEP,
qui peuvent être reproduits après hyperventilation), ou d’une
prise médicamenteuse (dyskinésies aiguës des neuroleptiques). La
bizarrerie tient beaucoup plus à la non-congruence de diff érents
mouvements anormaux, signes et plaintes chez un même sujet.
DIFFÉRENTS GROUPES
DE MOUVEMENTS ANORMAUX
Tremblements et myoclonies
Tremblement postural
Dans la majorité des cas, le diagnostic de
tremblement essentiel
ne pose pas de problème. Il en va autrement lorsque le tremble-
ment
d’attitude est unilatéral
: l’âge, le début récent (moins de
4 ans), l’évolution rapide, la présence d’une akinésie, même très
minime (pince pouce/index), et d’une rigidité à la manœuvre de
Froment (bien penser à la rechercher non seulement au poignet
mais au coude et à l’épaule, voire sur les autres membres) sont
des arguments forts en faveur d’une forme débutante de
maladie
de Parkinson
. Dans le doute, un DAT scan anormal signe la
perte dopaminergique. Les arguments en faveur d’un tremble-
ment dystonique sont plus complexes : composante proximale
prédominante, tremblement task-specifi c (comme dans le trem-
blement pur de l’écriture ou la dystonie de fonction du musicien
ou du coiff eur tenant ses ciseaux), irrégularité du tremblement,
association avec une posture anormale (la compensation ou la
tentative de contrôle du tremblement peuvent être des facteurs
confondants). L’enregistrement polygraphique est souvent utile
(spasme dystonique, myoclonies surajoutées) [2].
Tremblement irrégulier
Le plus fréquent est le tremblement iatrogène : la prise de
médicaments peut rendre méconnaissable un tremblement.
L’apparition d’un tremblement de repos après prise de neuro-
leptiques est “classique”. Des myoclonies, même en l’absence de
surdosage, peuvent rendre très handicapant un tremblement
essentiel jusque-là bien toléré. Les principaux responsables sont
tous les inhibiteurs de recapture de la sérotonine et les autres
antidépresseurs (tricycliques et quadricycliques), même en
l’absence de surdosage, les immunodépresseurs (ciclosporine,
tacrolimus), le lithium et le valproate de sodium (plus classique).
L’étude de la fréquence du tremblement n’est guère utile, en
raison du recouvrement de fréquence entre l’exagération du
tremblement physiologique iatrogène, certains tremblements
essentiels et, parfois, les tremblements parkinsoniens (surtout
en présence d’une composante d’attitude). En revanche, l’enre-
gistrement polygraphique révèle les myoclonies (3).
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Minipolymyoclonus
Le minipolymyoclonus se traduit par un tremblement rapide,
fi n, irrégulier et distal (main) avec parfois des mouvements
d’abduction-adduction des doigts, qui peuvent être localisés
à un ou deux doigts, et variables. Le plus souvent présent
à l’attitude, il peut être observé au repos et accentué par le
contact (stimulus sensitif) et l’action (4). Observé dans diff érents
syndromes parkinsoniens (MSA, taupathies incluant la DCB
et les syndromes parkinsoniens de la Guadeloupe), il n’est pas
spécifi que et peut être présent dans la maladie de Parkinson
ou la maladie à corps de Lewy (sous dopamine ou avec atteinte
cognitive). Des myoclonies (non limitées aux membres supé-
rieurs) sont également observées dans des formes rapides de
maladie d’Alzheimer. L’exploration électrophysiologique met
en évidence de manière inconstante (et diff érente suivant les
étiologies) une origine corticale.
Myoclonies
L’origine focalisée des myoclonies à un membre supérieur renvoie
de manière quasi systématique à une origine focale mais ne rend
que rarement compte de l’origine de celles-ci (cortex, thalamus,
tronc cérébral). Les caractères associés à ces myoclonies orientent
la démarche diagnostique : caractère rythmique et marche “soma-
totopique” dans les myoclonies corticales, présence de troubles
sensitifs et de signes de main instable ataxique, parfois associés
à de discrets signes cérébelleux (hypotonie, dysmétrie) dans une
lésion thalamique ; signes multiples par contiguïté ou caractère
rythmique (2 à 4 Hz) dans les lésions de la voie dentalo-rubro-
olivaire. C’est à tort que le terme de myoclonies (myoclonies
squelettiques, myoclonies du voile) est utilisé, car il s’agit d’un
tremblement (5). La fréquence basse donne la signature étiolo-
gique et nosologique. Les myoclonies associées à des postures
dystoniques seront détaillées dans la section “dystonies”.
Postures anormales et perte d’agilité
La plainte la plus fréquente concerne l’écriture. En l’absence
de posture anormale, la micrographie est presque synonyme
de
syndrome parkinsonien
, sauf si elle apparaît au cours de la
récupération motrice après accident vasculaire cérébral (la lésion
est alors striatale et la micrographie présente dès le premier
mot, avec une relative vélocité dans le graphisme).
Une posture anormale lors de l’écriture peut être observée chez
un sujet normal, un gaucher, voire un étudiant en médecine…
Elle n’est pas synonyme de dystonie. Dans la
crampe de l’écrivain
(writing tremor) [6], la plainte touche à la vitesse, au confort, à la
lisibilité de l’écriture et à la modifi cation de ces paramètres, chez
un sujet qui maîtrisait parfaitement l’écrit. La posture anormale
du poignet, des doigts et du bras est analysée en vue de la stratégie
thérapeutique (rééducation, toxine botulique, traitement pharmaco-
logique, rarement utile, sauf si un tremblement est associé).
Chez l’enfant, l’écriture n’est pas parfaitement automatisée et la
crampe de l’écrivain est exceptionnelle. La dyspraxie, mal défi nie,
est un piège. Le sujet est maladroit sans posture anormale et
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