NOUVELLES THÉRAPIES
d’un inhibiteur hautement sélectif de MEK1 et MEK2 qui pré-
vient la phosphorylation et l’activation de la voie des MAP-
kinases impliquées dans de nombreuses voies de transduction
du signal et qui jouent un rôle important dans la prolifération
cellulaire. La dose recommandée par les études de phase I
(abstr. 320 et 321) est de 800 mg par voie orale deux fois par
jour, avec pour effets secondaires le plus fréquemment obser-
vés : diarrhée, fatigue, nausée, œdème périphérique, rash,
vomissement et anorexie de grades 1-2. Il y a eu une réponse
partielle (cancer du pancréas) et 20 stabilisations d’une durée
médiane de 5,4 mois.
INHIBITION DU RÉCEPTEUR DE L’EGF
Parmi les nouvelles thérapies, les molécules agissant par inhi-
bition du récepteur de l’EGF offrent des perspectives thérapeu-
tiques très intéressantes.
Carcinomes épidermoïdes de la tête et du cou (CETC)
Ces tumeurs expriment l’EGF-Rc dans 92 % des cas. Cette
surexpression est corrélée à un mauvais pronostic, avec une
survie sans rechute et une survie globale diminuées. Cette
localisation est donc une cible de choix pour les traitements
inhibiteurs de l’EGF-Rc. Nous avions rapporté les résultats de
l’OSI 774 (Tarceva®) présentés lors de l’ASCO 2001 ; cette
année, ce sont deux autres molécules anti-EGF-Rc pour les-
quelles ont été présentés des résultats prometteurs dans cette
indication.
La première est l’IMC-C225 (Erbitux®, développé par Imclone
Systems), anticorps monoclonal humanisé dirigé contre l’EGF-
Rc (abstr. 925). Il s’agit d’une population hétérogène de
patients présentant un CETC, stables, progressifs ou en rechute
après une ligne de chimiothérapie à base de cisplatine et ayant
reçu une dose totale de cisplatine inférieure à 450 mg/m2. Le
cisplatine était poursuivi ou repris à la même dose (75 mg/m2
ou 100 mg/m2selon le protocole utilisé) pour quatre cycles
toutes les trois semaines, associé à l’anticorps IMC-C225
administré par voie intraveineuse à 400 mg/m2en dose de
charge puis 250 mg/m2hebdomadaires. L’anticorps était
ensuite poursuivi seul chez les patients répondeurs ou stables
jusqu’à ce que le patient progresse. L’objectif de l’étude était
d’évaluer le taux et la durée de réponse, ainsi que la tolérance
de l’association chez les patients ne répondant plus au cispla-
tine. Les résultats présentés ici concernent uniquement la
population homogène de 79 patients ayant progressé malgré la
chimiothérapie à base de cisplatine.
Au total, 885 perfusions hebdomadaires de l’anticorps ont été
administrées aux 79 patients. Trois patients ont été retirés de
l’étude en raison d’une réaction d’hypersensibilité à l’anti-
corps. La toxicité observée correspondait à celle habituelle-
ment retrouvée avec cette classe de molécules : nausées et
asthénie, mais surtout une toxicité cutanée caractéristique à
type d’érythème et de rash acnéiforme. La donnée intéressante
concernant la toxicité est la corrélation entre les toxicités cuta-
nées et la réponse au traitement, qui n’a pas été retrouvée avec
d’autres molécules anti-EGF-Rc comme l’inhibiteur de tyro-
sine kinase ZD 1839 (Iressa®). De façon intéressante, cette cor-
rélation se retrouve également dans l’étude sur l’IMC-C225
dans le cancer du côlon métastatique, avec un taux de réponse
de 29 % chez les patients présentant une toxicité cutanée
contre 3 % pour les patients n’ayant pas présenté de toxicité
cutanée (p < 0,001). Au total, parmi les 79 patients progressifs
traités, neuf ont présenté une réponse (11,5 %) et 13 une stabi-
lisation (16,7 %), soit un “bénéfice clinique” (concept utilisé
pour ce type de nouvelle thérapie non conventionnellement
cytotoxique et regroupant les réponses et les stabilisations) de
28,2 %. Les patients répondeurs ont progressé après une durée
médiane de 155 jours (plus de 5 mois). Le cetuximab est bien
toléré et n’augmente pas la toxicité du cisplatine en associa-
tion. Il permet de rattraper des patients progressifs sous cispla-
tine, normalement réfractaires aux traitements. La molécule
mérite donc d’être évaluée en première ligne de traitement des
CETC en association au cisplatine.
Un essai a également été présenté dans les CETC avec une
autre molécule inhibitrice de la tyrosine kinase intracytoplas-
mique de l’EGF-Rc, Iressa®(ZD 1839). Il s’agit ici de
52 patients présentant un CECT métastatique ou en rechute
après une première ligne de traitement : chimiothérapie et
radiothérapie : 42 patients, chimiothérapie seule : deux
patients, radiothérapie seule : sept patients, et un patient vierge
de traitement. Les patients ont reçu Iressa®en monothérapie à
la dose de 500 mg par jour et ont été évalués après 8 semaines
de traitement. Parmi les 40 patients évaluables, il y a trois
réponses complètes, cinq réponses partielles (soit un taux de
réponse objective de 20 %), 14 stabilisations et 18 progres-
sions. Huit patients sont encore sous traitement à sept mois. La
principale toxicité est la survenue d’un rash acnéiforme de
grades 1-2 chez plus de la moitié des patients, non corrélé à
l’efficacité thérapeutique.
Cette étude suggère donc une bonne efficacité de la molécule
chez ces patients de mauvais pronostic, avec une bonne tolé-
rance et la possibilité d’améliorer l’efficacité des thérapeu-
tiques en première ligne.
Les résultats des essais avec le ZD 1839 (Iressa®). dans le can-
cer bronchique non à petites cellules (Ideal 1 et 2) ont été pré-
sentés à l’ASCO 2002 et sont détaillés dans le chapitre sur les
cancers bronchiques.
Cancers colorectaux
Le cetuximab (IMC-C225) est également développé dans les
cancers colorectaux : des résultats très intéressants de l’asso-
ciation de la molécule au CPT-11 avaient été présentés au
cours de l’ASCO 2001. Cette année, ce sont les données de
traitement en monothérapie qui ont été rapportées par la même
équipe (abstr. 504). Dans cet essai réalisé chez 57 patients pro-
gressifs après traitement par 5 fluoro-uracile et irinotécan, le
cetuximab seul a permis d’obtenir six réponses partielles
(10,5 %) et 21 stabilisations (36,8 %) d’une durée minimale de
12 semaines. Le temps médian jusqu’à progression était de
50 jours, et la survie médiane n’est pas encore atteinte. Cette
activité en monothérapie d’une molécule supposée cytosta-
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La Lettre du Cancérologue - volume XI - n° 3 - mai-juin 2002
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