La réponse au Bevacizumab basée sur le sexe du patient La tumeur au poumon représente aujourd’hui la cause principale de décès due au cancer pour les deux sexes dans de nombreux pays du monde (par exemple aux Etats-Unis). La raison d’une mortalité si élevée est due au fait que la majeur partie des patients présente une maladie métastasique au moment du diagnostique, puisqu’il n’existe pas aujourd’hui de test de prévention secondaire (ou diagnostic précoce) valable et applicable à grande échelle. L’augmentation de la mortalité due au cancer du poumon chez les femmes (malgré le fait que les données sur l’ incidence concernant les autres tumeurs malignes telles que celle du mamelon restent nettement plus élevées) est aussi due principalement à l’étendue de la dépendance tabagique dans la population féminine. Avant la diffusion de médicaments biologiques, le traitement standard (avec des combinaisons comprenant un dérivé du platine) était uniquement représenté par des médicaments cytotoxiques qui enregistraient, toutefois une espérance de vie moyenne de 6 à 8 mois. Il est apparu dans différentes études que les femmes affectées de cancer du poumon, même désavantagées par un profil de tolérance plus mauvais, sont caractérisées par une meilleure survie. La population féminine semble de plus avoir une susceptibilité majeure aux carcinogènes contenus dans la fumée de cigarette. Les raisons précises de ces différences de genre ne sont pas totalement connues. L’introduction des médicaments biologiques, en oncologie pulmonaire, (spécialement l’utilisation des inhibiteurs tyrosine kinase de l’EGFR comme le Gefinitinib et l’ Erlotinib) a fait remarquer cette différence, vu que les femmes sont tout de suite apparues comme une catégorie de patients qui répond le plus à cette classe de médicaments. Il n’existe pas, au contraire, de données similaires en ce qui concerne les médicaments anti-angiogenèse. Une enquête rétrospective conduite au sujet de l’étude clinique ECOG 4599, (étude qui a mené à l’enregistrement du Bevacizumab en association au Carboplatine et Taxol dans le traitement en première ligne contre la tumeur pulmonaire “non-squameuse”), quelques données sont apparues concernant une possible différence de genre relative à l’utilisation de ce médicament biologique. Lors de cette étude, les patients étaient randomisés pour recevoir un traitement chimiothérapeutique standard en association ou non avec le Bevacizumab. L’étude a mis en évidence un bénéfice en terme d’OS (Overall survival: survie globale) d’environ 2 mois chez les patients traités par chimiothérapie associée au Bevacizumab. L’analyse séparée entre les hommes et les femmes met en évidence le fait que seule la population masculine tire profit de ce bénéfice. Quelles peuvent-être les causes de l’absence de bénéfice chez les femmes? Pourquoi l’ajout du Bevacizumab à la thérapie standard n’améliore-t-elle la survie que pour les hommes? L’étude intéressait un total de 850 patients, parmi lesquels 46% étaient des femmes. Il résulte que, parmi les femmes, et par un effet tout à fait aléatoire, les patientes qui utilisaient le Bevacizumab présentaient plus fréquemment des métastases au foie (capable d’empirer déjà par elles seules le cours de la maladie). Au sein du groupe de patientes traitées seulement par chimiothérapie, certaines conditions cliniques favorables étaient en revanche plus représentées, comme par exemple un nombre plus faible de fumeuses et des patientes présentant moins de pathologies associées. Le choix de la seconde ligne, le plus souvent basé sur l’emploi d’un inhibiteur tyrosineKinase peut aussi avoir représenté un facteur discriminant dans l’interprétation des données finales. La masse corporelle et la clearence de la créatinine féminine peuvent aussi contribuer à une réponse diverse au Bevacizumab. De plus, un autre facteur capable de justifier la meilleure survie chez les femmes, pourrait être représenté par la situation hormonale (par exemple l’âge pré ou post menauposal au moment du diagnostique ) capable de conditionner le déroulement de la maladie et la réponse aux médicaments. Il faut dire, par correction, qu’il s’agit aujourd’hui de la seule étude qui décrit une différence de genre dans la réponse au Bevacizumab. Glossaire: Mortalité: nombre de décès imputables à une maladie déterminée (dans le cas qui nous intéresse les décès dus au cancer du poumon.) Incidence: nombre de patients affectés par une maladie déterminée. Inhibiteurs tyrosine-Kinase: médicaments disposant d’un mécanisme à cible dirigée contre certaines molécules présentes dans le cytoplasme cellulaire impliquées dans les mécanismes de réplication tumorale. Anti-angiogenèse: médicaments capables d’inhiber les molécules impliquées dans le mécanisme de prolifération de nouveaux vases sanguins de la part de la tumeur (leur activité peut-être caractérisée aussi bien par l’utilisation des anticorps monoclonaux que par l’utilisation des inhibiteurs tyrosine-kinase) Etude randomisée: étude clinique dans laquelle le patient est, de manière aléatoire et à l’aveugle, désigné pour utiliser un médicament expérimental contre un groupe de contrôle afin d’évaluer le profil d’efficacité et de sécurité du médicament lui-même.