Médecine
& enfance
EXAMEN CLINIQUE
L’interrogatoire précise la topographie
des douleurs, les facteurs déclenchants,
leur nature mécanique ou inflammatoi-
re, leur ancienneté, leur évolutivité,
ainsi que leur intensité. Cette évalua-
tion est souvent difficile, d’autant plus
que l’enfant est petit et que l’anxiété
maternelle est grande ; elle est complé-
tée par la recherche de facteurs fami-
liaux particuliers, d’antécédents trau-
matiques ou infectieux récents.
L’examen clinique comporte quatre élé-
ments :
présence ou non d’un syndrome in-
fectieux ;
présence ou non de signes neurolo-
giques : évaluation de la force muscu-
laire, des réflexes et de la sensibilité, re-
cherche de signes d’irritation pyramida-
le, d’une déformation des pieds évo-
quant un dysfonctionnement nerveux ;
présence ou non d’un syndrome ra-
chidien : raideur considérable du rachis
interdisant un enroulement normal lors
de la flexion antérieure du dos ;
présence ou non d’anomalies ortho-
pédiques des membres inférieurs (cer-
taines affections des membres infé-
rieurs, comme l’épiphysiolyse de
hanche, sont parfois sources de dou-
leurs lombaires).
Le dépistage d’un trouble de la statique
(scoliose ou cyphose) est certes impor-
tant, mais il doit être interprété avec pru-
dence dans ce contexte douloureux. Les
scolioses essentielles sont asymptoma-
tiques, les cyphoses des syndromes de
Scheuermann rarement douloureuses.
EXAMENS
COMPLÉMENTAIRES
Des radiographies simples de face et de
profil, centrées sur la zone douloureuse,
ou segmentaires (rachis dorsal, puis ra-
chis lombaire) si la topographie est in-
certaine, complètent cette première ap-
proche.
Un examen biologique est indispen-
sable si les douleurs évoluent dans un
contexte fébrile.
Très souvent, ce bilan clinique et radio-
logique est suffisant pour conduire à un
diagnostic, ce qui rend strictement inu-
tile le recours à des examens plus ap-
profondis.
Dans les cas où une incertitude étiolo-
gique persiste, les hypothèses diagnos-
tiques orientent le choix des examens
complémentaires :
la scintigraphie osseuse est le premier
examen à proposer si les radios sont né-
gatives. Elle permet de confirmer ou
non l’origine osseuse des douleurs et
leur topographie. Son analyse, lorsqu’el-
le est positive, permet de cerner la cause
des douleurs et reste déterminante dans
le choix d’éventuels examens supplé-
mentaires. Si les radios sont positives, la
scintigraphie osseuse reste une alterna-
tive non négligeable à l’IRM ;
l’IRM n’est à envisager en première
intention qu’en présence de signes neu-
rologiques. Sinon, elle succède à la scin-
tigraphie. Elle analyse l’axe médullaire,
les structures osseuses, les parties
molles (disque vertébral, structures at-
tenantes aux corps vertébraux…) ;
le scanner, examen irradiant et diffi-
cile à réaliser chez le petit enfant, n’est
prescrit en général que dans le cadre
d’un bilan pré-opératoire ; cependant il
est parfois demandé pour affiner un
diagnostic (ostéome ostéoïde) et dans
l’évaluation des tumeurs osseuses sus-
pectes de malignité.
D’autres examens très spécialisés sont
encore possibles : leur indication relève
de cas très particuliers.
Une hiérarchie bien conduite du choix de
ces examens évite « d’aller à la pêche dia-
gnostique », attitude peu recommandée.
ÉTIOLOGIES
Trois groupes peuvent être individuali-
sés :
une pathologie exhaustive plus ou
moins sévère, pouvant frapper à tout
Un dos douloureux peut être l’expression d’un petit dérange-
ment rachidien bénin, comme il peut témoigner d’une patholo-
gie rachidienne sous-jacente de gravité et de sévérité variables.
Un examen clinique simple mais rigoureux permet de choisir
avec discernement les examens complémentaires qui condui-
ront à un diagnostic étiologique précis. Ainsi, des conseils
éclairés, un traitement adapté pourront être proposés.
Le dos douloureux de l’enfant
et de l’adolescent
J.P. Chaumien, chirurgie infantile, clinique CCBB, Boulogne-Billancourt
mars 2009
page 119
120325_UNI_119_121 18/03/09 17:19 Page 119