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La Lettre du Sénologue - n° 19 - janvier/février/mars 2003
Aux États-Unis sont parues les recommandations de l’Ameri-
can Society of Breast Surgeons (Laurel. ASBS 2001) :
– nécessité d’un niveau d’expérience suffisant pour valider la
technique (10 procédures pour un taux de détection supérieur
à 85 %, au moins 20 procédures GS + curage pour un taux de
faux négatifs inférieur à 5 %) ;
– contre-indications à la technique : N1, tumeur multifocale,
chimiothérapie ou irradiation antérieure pour cancer du sein,
traitement chirurgical antérieur du sein ou de l’aisselle ;
– recommandation d’un suivi des patientes qui auront eu un
ganglion sentinelle sans curage.
Au Canada sont parues les recommandations du Steering Com-
mittee on Clinical Practice Guidelines for the Care and Treat-
ment of Breast Cancer (Can Med Assoc J 2001 ; 165 : 166-73) :
– toujours l’apprentissage avec 30 procédures GS systémati-
quement suivies de curage pour un taux de détection au moins
égal à 85 % et un taux de faux négatifs au plus égal à 5 %, 10 de
ces cas devant être N+ ;
– toujours une technique réservée aux chirurgiens pratiquant
fréquemment la chirurgie du sein ;
– les contre-indications sont : N1, cancer localement évolué,
cancer multifocal, chirurgie ou irradiation antérieure du sein ;
– nécessité d’une information précise des patientes sur les béné-
fices, risques et inconnues actuelles de la technique, le nombre
de procédures effectuées par le chirurgien, son taux de détection
et son taux de faux négatifs ;
– le traitement adjuvant est toujours défini en fonction de l’étude
histologique standard des ganglions (et non de l’immunohisto-
chimie).
En France, rappelons d’abord que les Standards Options
Recommandations sur le cancer du sein non métastatique “ne
recommandaient pas la technique du GS en pratique courante”
dans leur édition de 2001.
L’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé a
fait paraître, en janvier 2003 (www.anaes.fr), un “rapport d’étape
sur la technique du GS dans le cancer du sein” qui a pour objectif
un état des lieux (avis d’experts et revue de la bibliographie),
mais qui ne se veut pas un ensemble de recommandations.
DOSSIER
La révolution (oui, oui, certains disent que c’est un pas aussi
grand que l’arrivée de la chirurgie conservatrice), la révolution,
donc, instaurée par Giuliano au début des années 90 est en marche.
Le grand problème, actuellement, est celui de la diffusion de la
technique. À partir de quand va-t-on reconnaître comme standard
une technique ? Entre les partisans du curage-geste thérapeutique,
qui veulent attendre les résultats des essais en cours (2005 pour
les optimistes…), et les autres, qui pensent que la possibilité de
limiter la morbidité aux femmes N– ne doit pas attendre, la
bataille fait rage. Les consensus, recommandations et autres gui-
delines commencent donc à fleurir.
En 2001, des experts de toutes nationalités se sont réunis à
Philadelphie pour une “conférence de consensus”, en fait l’avis
d’un panel d’experts (Schwartz et al. Cancer 2002 ; 94 : 2542-
51). Ils ont conclu à la faisabilité de la technique du ganglion
sentinelle pour la classification et le diagnostic de métastases
ganglionnaires axillaires dans les cancers du sein T1, T2, N0.
Ils ont recommandé la pratique de la technique de détection
combinée (isotope + colorant), mais n’ont pu proposer de
standard pour les modalités techniques (sites d’injection…). Ils
ont souligné la necessité d’un apprentissage de l’ensemble de
l’équipe (chirurgiens, médecins nucléaires, pathologistes), maté-
rialisé par la réalisation d’une phase initiale de procédures GS
systématiquement suivies d’un curage axillaire avec enregis-
trement des données pour obtenir un taux de détection d’au
moins 95 % et un taux de faux négatifs inférieur à 5 % ; le
nombre de procédures est donné à titre indicatif : 20 à 30, avec
un nombre suffisant (mais non précisé) de N+ pour calculer le
taux de faux négatifs. Ils ont également insisté sur la nécessité
d’un entretien par la pratique “fréquente” (là encore non chiffrée)
de ce type de chirurgie. Ils ont rappelé les contre-indications de
la procédure GS : N1, chimiothérapie préopératoire, allergie au
bleu ou aux colloïdes, grossesse, chirurgie axillaire antérieure.
Ne sont pas des contre-indications : une chirurgie récente sur le
sein, un cancer multifocal mais limité à un quadrant. L’utilité du
GS dans les cancers du sein in situ, notamment de grande taille,
reste à préciser. Enfin, pour l’examen anatomopathologique du
GS, l’étude immunohistochimique n’est pas recommandée en
routine. La définition des micrométastases entre 2 et 0,2 mm est,
à ce propos, reprécisée (cf. nouvelle classification UICC).
D’abord et toujours, le ganglion sentinelle (GS)
2001-2003
Quoi de neuf
en chirurgie ?
●S. Giard
(Département de sénologie, centre Oscar-Lambret, Lille)
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