ÉDITORIAL Quelle prise en charge de l’aisselle aujourd’hui dans le cancer du sein ? Which management of the axilla in breast cancer today? “ C Dr MarieChristine Mathieu Gustave-Roussy Cancer Campus – Grand Paris, Villejuif ; membre du comité de rédaction de La Lettre du Sénologue. 1. Houvenaeghel G, Cohen M, Bannier M et al. Pour une désescalade chirurgicale dans le traitement des cancers infiltrant du sein. Bull Cancer 2016;103:S92-5. 2. Vincent L, Margueritte F, Uzan J et al. Synthèse des recommandations nationales et internationales concernant les indications de la technique du ganglion sentinelle et du curage axillaire complémentaire après ganglion sentinelle positif dans la prise en charge des cancers du sein. Bull Cancer 2017. Sous presse. es 20 dernières années, une désescalade dans les traitements du cancer du sein, et tout particulièrement en chirurgie, a été observée. En effet, la qualité de vie après un cancer est un enjeu majeur. En ce qui concerne la chirurgie de l’aisselle, cela a été rendu possible grâce à la procédure du ganglion sentinelle ; cette technique permet d’éviter le curage axillaire et diminue ainsi des complications, en premier lieu le lymphœdème. Elle a fait l’objet d’un tel engouement que le curage n’a plus été complété pour les patientes sans métastase dans le ganglion sentinelle, décision prise sans attendre les résultats des études randomisées comparant curage et abstention, qui ont par ailleurs confirmé l’équivalence en termes de récidives locales et de survie. La technique du ganglion sentinelle est donc maintenant bien établie, avec des indications qui se sont élargies et des méthodes d’identification innovantes. Le curage axillaire n’est plus réalisé chez des patientes initialement sans métastase du ganglion sentinelle et, à la suite des résultats de plusieurs essais randomisés comparant le curage complémentaire à son abstention, il y a eu une extension des indications d’abstention. S’il y a un consensus pour ne plus faire de curage en cas de cellules isolées, et une forte adhésion en cas de micrométastases du ganglion sentinelle, l’attitude à adopter en cas de macrométastases du ganglion sentinelle est encore débattue et non uniformisée. L’étude américaine principale ACOSOG Z-0011 randomisant curage versus abstention chez des femmes ayant 1 ou 2 ganglions sentinelles macrométastatiques a fait et fait toujours débat pour des raisons méthodologiques (arrêt prématuré de l’étude, champs d’irradiation peu renseignés, etc.), ce qui explique qu’un chirurgien et un radiothérapeute puissent avoir des points de vue différents sur la conduite à tenir. Cette désescalade doit être concertée et il faut prendre en compte les autres traitements. D’autres études cliniques, en cours, nous aideront à répondre à cette importante question (1). Les recommandations des sociétés savantes sont parfois divergentes ou non remises à jour (2). Pour les patientes qui souffrent malheureusement de complications, la rééducation a fait d’importants progrès ces dernières années, et il faut se méfier des idées reçues. Dans certains cas, le recours à une chirurgie réparatrice permet d’offrir une réelle amélioration de la qualité de vie. La Lettre du Sénologue • N° 75 - janvier-février-mars 2017 | 0005_LSE 5 5 30/03/2017 10:51:20 ÉDITORIAL Nous remercions C. Loaec et J.M. Classe, C. Mazouni et al., S. Vignes et M. Arrault, C. Becker et S. Alran et al., qui ont bien voulu nous faire part de leur expérience. Nous tenons également à adresser nos plus vifs remerciements à E. Barranger, M. Dejode et Y. Delpech ainsi que Y.M. Kirova, qui ont accepté de nous faire part de leurs points de vue respectifs sur le curage axillaire complémentaire. ” Nous souhaitons que vous trouviez des réponses à vos questions dans ce dossier qui a été proposé et coordonné par Jean-Rémi Garbay. C’était une lourde responsabilité de le reprendre, mais nous avions le souhait qu’il soit publié en sa mémoire, et fidèle à son esprit. AVIS AUX LECTEURS Les revues Edimark sont publiées en toute indépendance et sous l’unique et entière responsabilité du directeur de la publication et du rédacteur en chef. Le comité de rédaction est composé d’une dizaine de praticiens (chercheurs, hospitaliers, universitaires et libéraux), installés partout en France, qui représentent, dans leur diversité (lieu et mode d’exercice, domaine de prédilection, âge, etc.), la pluralité de la discipline. L’équipe se réunit 2 ou 3 fois par an pour débattre des sujets et des auteurs à publier. La qualité des textes est garantie par la sollicitation systématique d’une relecture scientifique en double aveugle, l’implication d’un service de rédaction-révision in situ et la validation des épreuves par les auteurs et les rédacteurs en chef. 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