R É T R O S P E C T I V E 2 0 0 4 Tumeurs urologiques autres que prostatiques Uralogical tumors except prostate cancer ● P. Beuzeboc* es actualités 2004 ont été marquées par l’avènement, dans les cancers du rein, des thérapeutiques ciblant le récepteur du VEGF et, dans les cancers du testicule, par le consensus européen sur la prise en charge des tumeurs germinales ainsi que par les résultats équivalents d’un cycle de carboplatine comparé à une radiothérapie conventionnelle dans les séminomes de stade I. Il faudra néanmoins s’assurer de l’absence de rechute tardive avant que cela ne devienne un nouveau standard. L TUMEURS DE LA VESSIE Biologie ● CDC91L1, un nouvel oncogène dans le cancer de la vessie. Les données d’une étude réalisée au Johns Hopkins Hospital de Baltimore (1) suggèrent que CDC91L1 (impliqué dans le système d’ancrage des protéines à la surface de la membrane cellulaire au moyen d’un groupe glucosyl-phosphatidyl-inositol) est un nouvel oncogène dans le cancer de la vessie. Les auteurs ont découvert, chez un patient atteint d’un cancer de la vessie, une translocation germinale ponctuelle en 20q11, et ont reconnu le gène CDC91L1 comme le seul dont l’expression était affectée par la translocation. CDC91L1 est amplifié et surexprimé dans environ un tiers des lignées cellulaires, ainsi que dans les cellules primaires de cancer de la vessie et dans des cellules urothéliales oncogéniques transformées par la protéine E7 de l’HPV. CDC91L1 pourra-t-il servir de cible thérapeutique dans le futur ? Statut de p53, de p21 et conservation vésicale dans les cancers invasifs localisés. Garcia del Muro et al. (2) ont conduit une étude dont le but était d’évaluer les niveaux d’expression de p53, p21 et pRB comme facteurs prédictifs de conservation vésicale et de survie chez 82 patients consécutifs atteints d’un cancer de la vessie invasif localisé, et traités par chimiothérapie néoadjuvante et radiothérapie dans un but conservateur. La positivité en immunohistochimie de p53, p21 et pRB était respectivement de 47 %, 52 % et 67 %. En analyse multivariée, la positivité de p53 et de p21 (et non de pRB), notamment si elles sont toutes deux associées, est un paramètre significatif de mauvais pronostic pour la survie avec conservation vésicale. Il pourrait devenir important d’apprécier leur statut dans les tentatives de conservation vésicale. ● * Service d’oncologie du Pr Pierre Pouillart, Institut Curie, Paris. La Lettre du Cancérologue - Volume XIII - n° 6 - novembre-décembre 2004 P53, MIB-1 dans le cancer de la vessie N+. Dans l’expérience de la Mayo Clinic (3), il n’a pas été retrouvé d’association entre p53, MIB-1 et le pronostic des tumeurs N+. La chimiothérapie adjuvante paraît aussi efficace quel que soit le statut de p 53. MIB-1 pourrait être utile pour prédire la réponse à la chimiothérapie. ● Dépistage ● Détection olfactive des cancers de la vessie par les chiens ! Une étude (4) a montré que des chiens peuvent être entraînés à reconnaître les patients souffrant d’un cancer de la vessie sur la base de l’odeur de leur urine. Six chiens ont été entraînés durant sept mois à distinguer l’urine de 36 patients atteints d’un cancer de la vessie de celle de 108 contrôles. Les chiens ont reconnu correctement l’urine des patients atteints d’un cancer de la vessie dans 22 cas sur 54, soit un taux de succès de 41 %, par rapport à une valeur attendue de 14 % pour le simple hasard. L’analyse multivariée suggère que la capacité du chien à reconnaître une odeur caractéristique de cancer de la vessie est indépendante de la présence dans l’urine d’autres composés chimiques détectables classiquement par analyse d’urine. Chirurgie ● Cystectomie immédiate ou différée dans les tumeurs pT1G3 ? Les données rétrospectives de l’équipe de Studer (5) sur une série de 92 patients confirment le concept d’approche conservatrice possible par RTU et BCG, avec une préservation de la vessie dans environ la moitié des cas de tumeur pT1G3. Les résultats sont comparables pour les patients traités par cystectomie immédiate ou cystectomie différée en termes de survie à cinq ans spécifique (54 % versus 69 %) et globale (69 % versus 80 %). ● Qualité de la chirurgie. Influence des facteurs chirurgicaux sur la survie des cancers de la vessie. La qualité de la chirurgie est essentielle (6). À partir de l’essai de phase III MVAC néoadjuvant du SWOG, une analyse multivariée (7) a montré que les variables chirurgicales (marges négatives, curage avec plus de dix ganglions), après ajustement à l’âge, au stade pathologique et au statut ganglionnaire, influençaient la survie postcystectomie, y compris après chimiothérapie néoadjuvante. ● Curage ganglionnaire extensif dans les cancers de la vessie. Des études avaient montré une corrélation entre la survie et l’étendue du curage ganglionnaire. Leissner et al. (8) se sont intéressés à la 253 R É T R O S P E cartographie de l’envahissement ganglionnaire dans une série de 290 cystectomies avec curage extensif (moyenne de 43 ganglions prélevés). Un envahissement ganglionnaire a été retrouvé dans 27,9 % des cas, le pourcentage décroissant de 14 % en obturateur à 2,9 % en latérocave droit au-dessus de la bifurcation aortique. Il n’a pas été identifié de ganglion sentinelle bien défini. Chimiothérapie néoadjuvante et adjuvante ● Méta-analyse de la chimiothérapie néoadjuvante dans les cancers de la vessie urothéliaux. La méta-analyse de chimiothérapie néoadjuvante dans les stades II et III, réalisée à partir de onze essais randomisés (2 605 patients) sur une totalité de seize essais recensés (3 315 patients) et montrant un bénéfice absolu en survie significatif de 6,5 % (p = 0,02) pour les chimiothérapies à base de cisplatine, a été publiée dans le Journal of Urology (9). ● Chimiothérapie adjuvante par paclitaxel/carboplatine dans les cancers avancés de la vessie et du haut appareil. Le Groupe coopérateur hellénique a rapporté l’expérience, après cystectomie, d’une chimiothérapie adjuvante par quatre cycles de paclitaxel (175 mg/m2) et de carboplatine (AUC 5) chez 92 patients présentant une tumeur à extension extravésicale ≥ pT3b (95 %) ou N+ (40 %) (10). La tolérance a été acceptable, avec un taux de neutropénies grade 3/4 et de neutropénies fébriles respectivement de 19 % et 7 %. Soixante-deux pour cent des patients ont reçu la totalité de la dose prévue. Les résultats en termes de survie globale, spécifique et sans récidive à cinq ans apparaissent faibles, respectivement de 28,9 % (IC 95 : 14,8-43 %), 36,6 % (IC95 : 24,4-49,7 %) et 29 % (IC95 : 16,3-42,4 %). Mais aucune conclusion ne peut être tirée de cette expérience, en dehors de la faisabilité de cette association en postopératoire. Notons que l’étude de phase III conduite par l’ECOG a dû être arrêtée en raison d’un problème de recrutement. Le même groupe a publié les données de cette association chez 32 patients opérés d’une tumeur avancée du haut appareil (11). Avec un suivi médian de 40,6 mois, la survie médiane est de 52 % (IC95 : 35 %-64,6 %), la survie sans récidive de 40,2 % (IC95 : 15,8 %-64,6 %) et le taux de récidive locale de 30 %. Association radio-chimiothérapie ● Essai de phase I de chimio-radiothérapie concomitante avec la gemcitabine. Vingt-trois patients atteints d’un carcinome urothélial de la vessie ont été inclus dans un essai de phase I (12) après résection transurétrale maximale de la tumeur, pour recevoir une chimio-radiothérapie concomitante délivrant 60 Gy en 30 séances, associée à deux injections hebdomadaires de gemcitabine, par paliers successifs de 10, 20, 27, 30 et 33 mg/m2. La dose maximale tolérée de gemcitabine a été de 27 mg/m2, avec une toxicité limitante systémique se manifestant par une élévation des enzymes hépatiques, des malaises et des œdèmes. Formes métastatiques ● Le MVAC est plus efficace que l’association docétaxel/ cisplatine. Une étude de phase III du Groupe coopérateur grec 254 C T I V E 2 0 0 4 (13) a comparé en première ligne, chez 220 patients atteints de tumeurs urothéliales inopérables ou métastatiques, une association docétaxel/ cisplatine au MVAC avec G-CSF. Le MVAC s’est avéré significativement supérieur, avec un taux de réponse de 54,2 % versus 37,4 % (p = 0,17), un délai sans progression de 9,4 mois versus 6,1 mois (p = 0,003), et surtout une survie de 14,2 mois versus 9,3 mois (p = 0,026). Tumeurs rares ● Intérêt de la chimiothérapie première dans les carcinomes à petites cellules de la vessie. Les données rétrospectives du MD Anderson Cancer Center (14), évaluées sur 88 cas traités entre 1985 et 2002, ont montré l’intérêt d’une chimiothérapie préopératoire. Pour les patients traités par cystectomie, la médiane de survie spécifique était de 23 mois, avec 36 % de survie sans récidive à cinq ans. Pour les patients traités par chimiothérapie première, la médiane de survie n’était pas atteinte, avec une survie spécifique à cinq ans de 78 % ! Il faut relever que, pour les sept patients traités par une chimiothérapie postcystectomie, la survie n’était pas meilleure qu’avec la cystectomie seule. TUMEURS DU TESTICULE Biologie ● Tumorigenèse. Les tumeurs germinales du testicule dérivent d’un précurseur commun, le carcinome in situ (CIS). L’analyse du profil d’expression du carcinome testiculaire in situ par microarrays a permis de mettre en évidence l’expression forte de plus de 200 gènes (en particulier NANOG, POU5F1), vérifiée par RT-PCR semi-quantitative et hybridation in situ (15). L’étroite similarité avec celui de cellules souches embryonnaires (50 %) explique la pluripotentialité du CIS et rend compte d’une origine prénatale très probable des tumeurs germinales, suggérant l’importance de facteurs étiologiques agissant in utero. Rôle de c-kit. Jusqu’à présent, la seule façon de prédire un risque de cancer controlatéral (2-5 % des patients) était la biopsie chirurgicale du testicule opposé. Dans l’étude rétrospective d’une série de 224 tumeurs unilatérales et de 61 tumeurs bilatérales (16), il a été retrouvé qu’une mutation somatique activatrice de c-kit (sur le codon 816) était significativement associée au caractère bilatéral (93 % versus 1,3 % ; p < 0,0001). Cette mutation est impliquée dans le développement de la néoplasie intratubulaire. ● Un rationnel biologique en faveur de l’ablation de la tumeur primitive dans les cancers du testicule. Une étude rétrospective (17) a porté sur des tumeurs germinales, séminomateuses ou non, ainsi que sur des lymphomes, comparés à du tissu testiculaire normal. On retrouve, dans les néovaisseaux tumoraux, une surexpression des pompes responsables de l’efflux des cytotoxiques comme la P-gp, mais aussi BRCP et MRP 1 et 2. Cela peut contribuer à des résistances au niveau de la tumeur primitive, dont l’ablation est justifiée, même en cas d’excellente réponse des métastases à la chimiothérapie. ● La Lettre du Cancérologue - Volume XIII - n° 6 - novembre-décembre 2004 R É T R O S P E C Épidémiologie ● Risque familial et cancers du testicule : part de l’hérédité et des facteurs environnementaux ? À partir du registre national suédois (17) ont pu être colligés, entre 1961 et 2000, 4 082 patients avec tumeur testiculaire, parmi lesquels 68 avaient un parent au premier degré également atteint (1,67 %). Le risque est multiplié par quatre en cas d’antécédent chez le père et par neuf en cas d’atteinte chez un frère (le ratio dépend de la différence d’âge entre les deux cas et atteint 10,81 en cas de différence inférieure à cinq ans entre deux frères). On retrouve également une association avec diverses tumeurs chez les parents (côlon, pancréas, bronches, sein, lymphomes) et dans la fratrie (mélanome). Il n’est pas possible de préciser si l’augmentation du risque familial est liée à une prédisposition génétique ou à une exposition à des facteurs environnementaux. ● Cancers du testicule bilatéraux : expérience de l’IGR. C. Théodore (19) a rapporté les données de l’IGR sur 22 ans. Quarante-cinq patients ont présenté une tumeur testiculaire bilatérale (31 métachrones, 14 synchrones), survenant dans 61 % des cas plus de cinq ans après le diagnostic initial, pour une incidence globale de 1,9 % (3,2 % pour les séminomes, 1,4 % pour les tumeurs germinales non séminomateuses [TGNS]). Les principaux éléments associés étaient l’âge inférieur à 30 ans, la stérilité et la suspicion de facteurs génétiques. Le pronostic reste excellent. Ces données vont contre la pratique d’une biopsie controlatérale systématique et posent le problème, dans les tumeurs synchrones, de la possibilité dans certains cas de discuter d’un éventuel traitement conservateur. Consensus thérapeutique ● Le consensus européen pour les tumeurs germinales. Saluons la naissance d’un nouveau groupe, l’EGCCCG (European Germ Cell Cancer Consensus Group), et son article de consensus aux 244 références sur la prise en charge des tumeurs germinales (20), fruit d’un imposant travail de synthèse. Cette nouvelle “bible” fait le point sur le diagnostic, l’histologie, la classification pronostique, les standards et options thérapeutiques à tous les stades de la maladie, la place du PET scan, la surveillance, etc. Indispensable pour la pratique et les cours… Séminome ● Résultats préliminaires de l’essai EORTC 30982. Un cycle de carboplatine fait aussi bien que la radiothérapie dans les séminomes de stade I. Oliver (21) a présenté à l’ASCO les résultats d’un important essai d’équivalence MRC/EORTC ayant inclus 1 447 patients opérés d’un séminome de stade I pour recevoir un traitement adjuvant comportant soit une cure unique de carboplatine AUC = 7 (n = 573), soit une radiothérapie délivrant 20 ou 30 Gy (n = 904). Les deux groupes étaient bien équilibrés. Avec une médiane de suivi de quatre ans, il n’existe, en intention de traiter, aucune différence en termes de survie sans rechute. Néanmoins, même si le cycle unique de carboplatine apparaît La Lettre du Cancérologue - Volume XIII - n° 6 - novembre-décembre 2004 T I V E 2 0 0 4 comme une alternative, il faudra s’assurer de l’absence de rechute tardive avant d’en faire un standard. ● Étude multicentique SEMPET : le PET scan est le meilleur examen pour évaluer la viabilité de la tumeur résiduelle dans les séminomes après chimiothérapie. Cette étude prospective (22) a porté sur 51 patients atteints de séminomes purs métastatiques, chez qui 56 PET scans ont été analysés. La spécificité, la sensibilité, les valeurs prédictives positive et négative pour évaluer la viabilité tumorale de masses résiduelles après chimiothérapie ont été respectivement de 100 %, 80 %, 100 % et 96 %. Séminome métastatique, monothérapie par carboplatine ou polychimiothérapie. Bokemeyer et al. (23) ont étudié le rôle du carboplatine en monothérapie dans les séminomes métastatiques en “poolant” les résultats de deux essais randomisés représentant une population de 361 patients (184 traités par une combinaison à base de cisplatine, 177 par carboplatine seul). Les patients traités par carboplatine ont une diminution de la survie sans progression à cinq ans (72 % versus 92 % ; p < 0,0001) et de la survie globale (89 % versus 94 % ; p = 0,009). ● Tumeurs germinales non seminomateuses (TGNS) ● Prédiction de la nécrose tumorale dans les TGNS. Le German Testicular Cancer Study Group (24, 25) a essayé de développer un modèle mathématique prédictif de la nécrose tumorale des masses rétropéritonéales résiduelles après chimiothérapie dans une étude portant sur 232 patients (39 séminomes, 193 TGNS). Parmi les patients porteurs d’un séminome, un seul présentait un séminome actif. Pour les TGNS, les résultats révélaient un tiers de nécroses, un tiers de tératomes et un tiers de cancers viables résiduels. L’analyse multiparamétrique après exclusion des séminomes a retrouvé trois facteurs indépendants : le taux d’AFP inférieur à 20 ng/ml avant chimiothérapie, ainsi que le volume tumoral avant et après chimiothérapie. Mais ce modèle n’a pas d’intérêt clinique pratique, les lésions résiduelles devant être enlevées dans la mesure du possible. Intérêt pronostique, dans les formes à mauvais pronostic, de la prédiction de la normalisation des marqueurs à partir de leur décroissance après un cycle. Dans une étude francoaméricaine (avec le MD Anderson), Fizazi et al. (26), à partir de données rétrospectives sur la décroissance de l’AFP et des HCG à J21 (après le premier cycle de chimiothérapie) chez 653 patients inclus dans des essais thérapeutiques (139 classés “à mauvais pronostic”), ont pu montrer qu’un TTN favorable (prédiction d’une normalisation des HCG après deux cycles et des AFP après trois cycles selon une formule logarithmique) était un facteur prédictif fort, indépendant en analyse multiparamétrique pour la survie globale à quatre ans des formes à mauvais pronostic de la classification internationale (83 % versus 58 % ; p = 0,002). Cet article a donné lieu à un éditorial de Toner (27), qui, en ● 255 R É T R O S P E dehors de critiques méthodologiques à partir de données rétrospectives, reste plus attaché à un suivi des marqueurs sur deux mois. Seules des données prospectives permettront de valider l’intérêt de ce TTN. Un essai est actuellement activé par le GETUG dans les formes à mauvais pronostic avec, après un premier cycle de BEP, poursuite de la même chimiothérapie en cas de TTN favorable, ou passage à une chimiothérapie intensive dans le cas contraire. Rechutes : rôle de la chimiothérapie intensive ? Les chances de curabilité des patients en rechute ou en progression après une chimiothérapie à base de platine sont réduites, avec seulement 15 à 30 % de “longs survivants” avec une chimiothérapie à doses conventionnelles. Le groupe allemand (28) a fait le point sur son expérience en utilisant une chimiothérapie de sauvetage à fortes doses (HD), montrant, dans une étude comparative non contrôlée, une amélioration en termes de récidive et de survie globale. La chimiothérapie HD doit être administrée en cas de première rechute avec des facteurs pronostiques défavorables, ou en cas de seconde rechute (voire plus). Dans tous les cas doit y être associée, dans la mesure du possible, la résection chirurgicale complète des masses résiduelles. ● Intérêt de l’oxaliplatine ? Dans une étude de phase II (29), l’association de gemcitabine (1 000 mg/m 2 à J1 et J8) et d’oxaliplatine (130 mg/m2 à J1) chez 35 patients présentant une tumeur germinale gonadique (30), rétropéritonéale (4) ou médiastinale (1), lourdement prétraitée (63 % des patients évalués comme étant réfractaires au cisplatine) a permis d’obtenir 3 RC, une RP avec marqueurs négatifs et 11 RP avec marqueurs positifs, soit un taux de RO de 46 %. Quatre patients sont non évolutifs à 16+, 12+, 4+ et 2+ mois. L’intérêt de l’oxaliplatine a été discuté par Fizazi et al. à partir de l’expérience des centres français (30). L’oxaliplatine est actuellement intégré dans une étude internationale de phase III chez des patients à mauvais pronostic ayant une décroissance défavorable des marqueurs après un cycle de BEP, randomisés entre poursuite du BEP ou chimiothérapie dose dense avec oxaliplatine. ● ● Rechutes tardives. Les rechutes tardives après deux ans, suite à une première ligne de chimiothérapie avec résection complète des masses résiduelles, sont rares (1-5 %). Le risque est classiquement corrélé à la masse tumorale initiale et à la présence de tératome dans la tumeur primitive. La deuxième ligne de chimiothérapie n’est pas bien standardisée. L’équipe de Kuczyk (31) a rapporté son expérience monocentrique sur 14 cas, sans retrouver de corrélation avec le stade clinique initial et la présence d’une composante tératomateuse dans la tumeur initiale. Séquelles ● Leucémies secondaires après chimiothérapie intensive. L’équipe d’Indianapolis (32) a rapporté trois cas de leucémie myéloïde sur une série de 113 cas traités par de fortes doses d’étoposide et de carboplatine, avec un délai moyen de 16 mois (11 à 256 C T I V E 2 0 0 4 21 mois) après allogreffe. Ce taux de 2,6 % n’est pas différent de celui attendu chez des patients traités par chimiothérapie standard de rattrapage. ● Impact du cancer du testicule et de ses traitements sur l’intégrité de l’ADN du sperme. Dans une étude longitudinale suédoise de l’index de fragmentation (DFI) de l’ADN du sperme (33) réalisée chez 74 patients, le DFI (exprimé en pourcentage/total) après orchidectomie était identique à celui des témoins, alors que la radiothérapie en entraînait une augmentation transitoire jusqu’à deux ans (18 % versus 13 % ; p = 0,03) et que la chimiothérapie, à l’inverse, le diminuait (7,3 % versus 11 % ; p = 0,028). ● Fertilité après traitement. Les données toulousaines recueillies dans une série de 446 patients (34) ont montré que 67,1 % des patients désireux d’une paternité se révélaient fertiles (contre 91,2 % avant le traitement). Les taux de conception observés en cas de radiothérapie ont été inférieurs à ceux notés en cas de chimiothérapie. CANCER DU REIN Petites tumeurs localisées ● Histoire naturelle des petites tumeurs rénales de diagnostic fortuit ? La plupart des tumeurs rénales sont découvertes de manière fortuite. Une équipe de Toronto (35) a conduit une étude prospective de l’histoire naturelle d’une série de 32 masses rénales inférieures à 4 cm, compatibles avec un diagnostic de cancer du rein et retrouvées chez 29 patients présentant un refus ou une contre-indication à la chirurgie. Avec un suivi médian de 27,9 mois, approximativement un tiers des lésions ont augmenté de volume. La croissance a été nulle ou lente dans la majorité des cas, laissant la possibilité d’une période de surveillance initiale chez des patients sélectionnés, âgés ou fragiles, avec comorbidités importantes notamment. ● Radiofréquence des tumeurs primitives. Hwang et al. (36) ont publié les résultats précoces, avec une médiane de suivi de un an, d’une série de 17 patients présentant 24 tumeurs héréditaires de moins de 3 cm traitées par radiofréquence percutanée ou laparoscopique. À un an, le diamètre tumoral moyen avait diminué de 2,26 à 1,62 cm sur les scanners successifs (p = 0,0013), et 23 tumeurs ne prenaient plus le contraste. Il sera nécessaire d’attendre les résultats à distance pour valider d’éventuelles approches conservatrices par ce type de technique. Néphrectomie partielle par laparoscopie. La néphrectomie partielle par voie laparoscopique est une alternative pour les tumeurs de moins de 4 cm. L’évaluation à long terme de l’expérience de l’équipe du Johns Hopkins Hospital à Baltimore (37) sur 48 patients a montré, avec un recul moyen de trois ans, le maintien d’un très bon résultat (absence de récidive : 95,8 %). ● La Lettre du Cancérologue - Volume XIII - n° 6 - novembre-décembre 2004 R É T R O S P E C ● Intérêt du PET scan pour la détection du cancer du rein ? Dans une série de 66 patients (38) présentant un carcinome rénal à cellules claires, la sensibilité du PET scan pour la détection de la tumeur primitive s’est révélée limitée, n’étant que de 60 %, pour une spécificité de 100 % (versus respectivement 92 % et 100 % pour le scanner). Pour le diagnostic de métastases, la sensibilité est meilleure, de l’ordre de 75 %. Le seul intérêt du PET scan est sa bonne spécificité qui le rend utile uniquement en cas d’hyperfixation. Traitement adjuvant ● Vaccin à base de cellules tumorales rénales autologues. Une étude multicentrique allemande de phase III (39) a montré que, après néphrectomie radicale, un traitement adjuvant par un vaccin à base de cellules cancéreuses rénales autologues semblait bénéfique, et pouvait être envisagé chez les malades présentant un carcinome localisé de plus de 2,5 cm de diamètre. Cinq cent-cinquante huit patients atteints de tumeurs de stade pT2-3b pN0-3 M0 ont été randomisés avant la chirurgie entre vaccin et absence de traitement adjuvant. À cinq ans et à 70 mois, les risques de progression de la tumeur (hazard-ratio) étaient respectivement de 1,58 et 1,59 en faveur du groupe vacciné ; les taux de survie sans progression étaient respectivement de 77,4 % et 72 % dans le groupe vacciné, contre 67,8 % et 59,3 % dans le groupe contrôle. La vaccination a été bien tolérée. PRONOSTIC DES FORMES LOCALISÉES Algorithmes prédictifs de rechute après néphrectomie Frank et al. (40) ont construit des algorithmes de surveillance personnalisés à partir de l’expérience de la Mayo Clinic reposant sur l’analyse de 1 864 patients néphrectomisés entre 1970 et 2000. Les sites de rechute, par ordre décroissant de fréquence, sont le thorax (16 %), l’abdomen (10 %), l’os (7 %) et le cerveau (4 %). Les principaux facteurs indépendants de rechute sont le stade TNM selon la classification de 2003, la taille, le grade et la nécrose, auxquels il faut ajouter les marges positives pour les rechutes abdominales. Différence de valeur pronostique entre thrombose de la veine rénale et thrombose de la veine cave inférieure ? La signification pronostique du niveau d’atteinte veineuse est controversée. Les données de 226 patients traités entre 1989 et 2001 par néphrectomie et thrombectomie tumorale (41), 117 avec atteinte de la veine rénale et 109 avec atteinte de la veine cave inférieure, ont été revues et comparées à celles de 654 patients avec néphrectomie sans thrombus veineux. Chez les patients N0M0, le risque de récidive était significativement augmenté en cas de thrombus (p = 0,005), mais la différence n’était pas significative en analyse multivariée incluant le stade T, le grade de Führman et le PS (ECOG). La survie spécifique était similaire chez les patients avec thrombus tumoral de la veine rénale ou de la veine cave inférieure sous-diaphragmatique (T3b, p = 0,53). ● La Lettre du Cancérologue - Volume XIII - n° 6 - novembre-décembre 2004 T I V E 2 0 0 4 En revanche, en analyse multivariée, les patients avec thrombus au-dessus du diaphragme (T3c) ont un pronostic plus défavorable (p = 0,020). En conclusion, pour les patients pT3b, le stade et le grade sont de meilleurs indicateurs pronostiques de l’atteinte veineuse. Pronostic des formes métastatiques ● Facteurs pronostiques chez les patients traités pour un cancer du rein métastatique. La survie médiane d’une série rapportée par Motzer et al. (42) de 251 patients métastatiques inclus dans 29 essais cliniques consécutifs est de 10,2 mois. Elle augmente pour les patients pris en charge après 1990, atteignant 12,7 mois. L’analyse des facteurs pronostiques portant sur cette dernière population montre que sont associés à un pronostic péjoratif un indice de Karnofsky bas, une anémie ou une hypercalcémie. Si aucun de ces facteurs n’est présent, la survie est de 22 mois, alors qu’elle n’est plus que de 5,4 mois si deux ou trois d’entre eux sont présents. Algorithmes de prédiction de la survie des cancers métastatiques traités par néphrectomie et immunothérapie. Leibovich et al. (43) ont développé un algorithme capable de stratifier la survie des cancers du rein métastatiques après néphrectomie et traitement par IL-2. En analyse multivariée d’une série de 173 patients, le statut ganglionnaire, la présence de signes généraux, le site des métastases, le type sarcomatoïde et la valeur de la TSH sont corrélés à la survie, permettant de créer un système de score pour stratifier les patients en trois groupes. Les taux de survie à un, trois et cinq ans sont respectivement de 92 %, 61 % et 41 % pour le groupe à bas risque, de 66 %, 31 % et 19 % pour le groupe intermédiaire et de 1 % à un an et 0 % à trois ans pour le groupe à risque élevé. Il est important d’avoir ces données à l’esprit pour interpréter les résultats des essais cliniques. ● Immunothérapie des formes métastatiques ● Supériorité des associations IL-2/IFN sur un schéma IFN/ vinblastine. Cet essai prospectif randomisé (44) ayant inclus 341 patients comparait deux bras d’une association IFNα sous-cutané + IL-2 sous-cutanée + fluoro-uracile i.v., à laquelle s’ajoutait un rétinoïde oral dans un des deux bras, à une association IFN sous-cutané + vinblastine. La tolérance globale de ces associations est satisfaisante. Les taux de réponse sont, pour chaque bras, de 31 %, 26 % et 20 %. Surtout, les deux bras associant IL-2 et IFN ont des survies de médianes de 25 et 27 mois, significativement supérieures à celle de 16 mois observée dans le bras IFN/vinblastine. ● Valeur pronostique de l’interleukine 6, de l’interleukine 10 et du VEGF. Le Groupe français d’immunothérapie (45), à partir de prélèvements réalisés avant traitement chez 138 patients traités dans l’étude randomisée comparant IL-2 i.v., IFNα s.c. et une combinaison d’IL-2 et d’IFNα, a montré que l’IL-6 sérique était détectable dans 70 % des cas, et que l’IL-10 et le VEGF étaient élevés dans 8 % et 71 % des cas. 257 R É T R O S P E Aucun de ces facteurs circulants n’est corrélé à la réponse au traitement. L’IL-10 n’est pas corrélée à la survie sans progression et à la survie globale. En dépit d’une corrélation significative avec la survie, le VEGF n’apparaît pas comme un facteur pronostique indépendant en analyse multifactorielle, à l’inverse de l’IL-6, facteur pronostique indépendant pour la survie sans récidive et la survie globale. ● Interleukine 2 et interféron alpha sous-cutané. Tourani et al. (46) ont rapporté les résultats finaux de l’étude de phase II SCAPP III ayant inclus 122 patients traités par une association sous-cutanée d’IL-2 et d’IFNα. À la fin de la période d’induction de 12 semaines, le taux de réponse objective était de 21 %. Vingt-sept pour cent des patients ont développé une toxicité sévère nécessitant une réduction des doses, un retard ou un arrêt du traitement. Les taux de survie à un, deux et quatre ans étaient respectivement de 63 %, 38 % et 17 %. La survie à trois ans était de 20 % pour les patients avec deux facteurs de mauvais pronostic et de 37 % en l’absence d’un tel facteur, ou avec un seul (p = 0,016). Réintroduction de l’immunothérapie dans les cancers du rein. Ravaud et al. (47) ont rapporté une expérience de réintroduction de l’immunothérapie chez 35 patients prétraités qui ont reçu un schéma associant IL-2 9 MU cinq jours par semaine, une semaine sur deux, IFN 6 MU cinq jours par semaine avec l’IL-2 et 5-FU 750 mg/m2 J1-J5 toutes les quatre semaines. Le taux de réponse est de 5,7 % (stabilité 40 %), et la survie de 14 mois. Les facteurs prédictifs étaient la réponse à la première ligne, le PS et le délai jusqu’à la première rechute. ● Traitements cibles ● CCI-779 : un agent actif dans le cancer du rein ? Cet essai de phase II randomisé (48) a testé plusieurs dosages du CCI-779 dans le cancer du rein métastatique en rechute. Le CCI-779 est un inhibiteur de la kinase mTOR dont la tolérance globale est relativement satisfaisante, avec les effet secondaires de grade 3-4 suivants : hyperglycémie, hypophosphatémie, anémie, hypertriglycéridémie. La toxicité et l’efficacité ne semblent pas être dose-dépendantes. Le taux de réponses objectives est de 7 %, avec un cas de réponse complète, et des réponses mineures sont observées dans 26 % des cas. La survie médiane est de 15 mois. Thérapie ciblant l’EGF-R (Epidermal Growth Factor Receptor). De multiples études (49) ont montré l’existence très fréquente d’une surexpression de l’EGF-R. Rowinsky et al. (50) ont rapporté les résultats d’une étude de phase II ayant inclus 88 patients avec l’anticorps monoclonal ABX-EGF. L’incidence de rashs sévères s’est avérée un peu plus importante qu’avec les autres inhibiteurs de l’EGF-R (90 % des patients pour des doses ≥ 1,5 mg/kg). L’activité thérapeutique a été limitée en termes de réponse objective (6,6 %) et de survie sans progression (100 jours). Ces résultats sont cohérents avec les essais concernant le cetuximab ou d’autres inhibiteurs de l’EGF-R. ● 258 C T I V E 2 0 0 4 ● Bortézomib. Les auteurs (51) ont rapporté avec le bortézomib (Velcade®), un inhibiteur du protéasome, 4 RO sur 37 patients évaluables (11 % ; IC 95 : 3-25 %), avec respectivement, chez ces patients, des durées de réponse de 8, 8+, 15+ et 20+ mois. Ces résultats suggèrent que le bortézomib peut avoir un effet antitumoral chez certains patients, mais le faible pourcentage de répondeurs ne justifie pas son utilisation en routine. Il est nécessaire de faire des efforts pour caractériser le profil biologique associé à une réponse clinique. ● Antiangiogéniques. VEGF et son récepteur représentent une cible privilégiée pour des traitements spécifiques dans les cancers du rein. Chez les mutants VHL, il existe une stabilisation d’HIF-1, véritable “chef d’orchestre” de gènes activés par l’hypoxie. Il se fixe notamment sur la région régulée par l’hypoxie des gènes VEGF et PDGF représentant la base du traitement ciblé de molécules comme le SU 11248 et le BAY 43-9006 qui ont pour substrat les tyrosines kinases des récepteurs de VEGF et PDGF. Trois études rapportées à l’ASCO 2004 ont démontré l’efficacité d’une inhibition ciblée du VEGF ou : – Motzer et al. (52) ont présenté les résultats d’une étude multicentrique de phase II ayant inclus 63 patients traités après échec d’une première ligne d’immunothérapie par du SU 11248 oral à la dose de 50 mg par jour selon un schéma de quatre semaines de traitement suivi par deux semaines d’arrêt. Le SU 11248 est un inhibiteur de tyrosine kinase présentant une activité à la fois sur les récepteurs de VEGF, PDGF, KIT et FLT3. Ce traitement s’est montré actif, avec un taux de réponse partielle de 33 % (plus 37 % de stabilisation supérieure à trois mois), et bien toléré en dehors de l’asthénie. Il faut également insister sur un temps médian jusqu’à progression de 8,3 mois, particulièrement élevé en comparaison des contrôles historiques du MSKCC publiés récemment (J Clin Oncol 2004;22:454). Pour confirmer son intérêt thérapeutique, une étude de phase III doit comparer en première ligne métastatique le SU 11248 à l’interféron ; – la deuxième (53) concernait le BAY 43-9006 (sorafenib), un nouvel inhibiteur de RAF kinase et de VEGF-R2. Sur les 63 patients évaluables présentant un cancer du rein métastatique, le taux de RP a été de 39 % ; – la troisième (54) évaluait, dans un essai de phase II, l’association de bevacizumab (10 mg/kg toutes les deux semaines) et d’erlotinib (Tarceva®, 150 mg/j) dans des cancers exclusivement à cellules claires, en première ou en deuxième ligne métastatique. Soixante-deux patients (68 % traités en première ligne) ont été inclus. Le taux de réponse objective a été de 21 % (avec plus de 45 % de stabilité ou de réponse mineure). Avec une médiane de suivi de onze mois, les survies sans progression à six mois et un an étaient respectivement de 67 % et de 50 %. La tolérance a été globalement bonne. Les effets indésirables ont été essentiellement de grade 1/2 : effets indésirables cutanés (rash 89 %) ou digestifs (diarrhées 71 %, nausées/vomissements 32 %) et hypertension (27 %). Il faut relever seulement 5 % d’hémorragies de grade 3/4. Par ailleurs, une étude randomisée (55) portant sur 353 patients a montré que l’addition de thalidomide (escalade de dose de La Lettre du Cancérologue - Volume XIII - n° 6 - novembre-décembre 2004 R É T R O S P E C 200 mg/j à 1 000 mg/j maximum) à de l’interféron à faible dose (1 MU x 2 par jour) augmente de façon modeste la survie sans progression (3,8 mois versus 2,8 mois ; p = 0,04), mais pas la survie globale (10,8 mois versus 12,2 mois ; p = 0,93). Elle diminue, en revanche, la qualité de vie. Formes particulières ● Le cancer du rein à cellules chromophobes (CRCC). La série de 61 cas publiée par Peyromaure et al. (56) permet de faire le point sur cette tumeur, qui représente environ 4 % des cancers du rein. La découverte est essentiellement fortuite (68,8 % des cas), et sans syndrome paranéoplasique (fièvre, anémie, polycythémie, etc.). L’âge moyen est de 58 ans, la taille tumorale de 6,9 cm. L’imagerie montre une tumeur solide homogène, parfois kystique et calcifiée. Toutes les tumeurs sont N0M0 ; le grade nucléaire est bas (1 ou 2) dans 88,5 % des cas. La coloration au fer colloïdal est toujours positive. Le pronostic est excellent, sans aucun décès spécifique ni rechute, avec un suivi médian de 49,5 mois. ● Tumeurs sarcomatoïdes. La composante sarcomatoïde est définie par la présence de cellules fusiformes. Sur une série de plus de 2 800 tumeurs (57), 5 % présentent une telle composante, qui semble préférentiellement associée aux formes à cellules claires plutôt que papillaires. La composante sarcomatoïde est significativement associée à un très mauvais pronostic (médiane de survie de huit mois). Cette gravité fait que ces formes justifient des études spécifiques. Nanus et al. (58), dans une étude de phase II réalisée sur 18 patients présentant une tumeur sarcomatoïde ou rapidement évolutive et recevant une combinaison de doxorubicine (50 mg/m2) et de gemcitabine (1 500 à 2 000 mg/m2) toutes les deux ou trois semaines avec un support de G-CSF, ont rapporté 7 RO (2 RC, 5 RP), avec une durée de réponse de cinq mois. CANCER DU PÉNIS Suivi à long terme des cancers du pénis traités chirurgicalement D’Ancona et al. (59) ont rapporté les résultats d’une série de 26 patients atteints de cancer du pénis épidermoïde, tous traités par pénectomie et curage inguinal bilatéral modifié, un examen extemporané conduisant à un curage complet en cas d’envahissement ganglionnaire. Les taux de complications ont été respectivement de 39 % et 87 % pour les curages modifiés et complets. Deux patients sur 18 N- ont rechuté en locorégional dans les deux ans suivant la chirurgie. Complications du curage inguinal dans les cancers péniens Une autre série (60) a évalué les complications du curage inguinal, chez 41 patients traités sur 10 ans, d’un cancer épidermoïde du pénis. Vingt-deux patients ont subi un curage inguinal bilatéral. Les principales complications observées ont été le lymphocèle (12 %) le lymphœdème (10 %), les infections (7 %) et, plus tardivement, la nécrose (2 %). La Lettre du Cancérologue - Volume XIII - n° 6 - novembre-décembre 2004 T I V E 2 0 0 4 Comme dans l’étude précédente, l’idée semble se dégager que le curage inguinal pratiqué dans le même temps opératoire que la chirurgie pénienne représente une option chirurgicale raisonnable. ■ R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Guo Z, Linn JF, Wu G et al. CDC91L1 (PIG-U) is a newly discovered oncogene in human bladder cancer. Nat Med 2004;10(4):374-81. 2. Garcia del Muro X, Condom E, Vigues F et al. 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