RÉTROSPECTIVE 2004
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La Lettre du Cancérologue - Volume XIII - n° 6 - novembre-décembre 2004
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Intérêt du PET scan pour la détection du cancer du rein ?
Dans une série de 66 patients (38) présentant un carcinome rénal
à cellules claires, la sensibilité du PET scan pour la détection de
la tumeur primitive s’est révélée limitée, n’étant que de 60 %,
pour une spécificité de 100 % (versus respectivement 92 % et
100 % pour le scanner). Pour le diagnostic de métastases, la sen-
sibilité est meilleure, de l’ordre de 75 %. Le seul intérêt du PET
scan est sa bonne spécificité qui le rend utile uniquement en cas
d’hyperfixation.
Traitement adjuvant
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Vaccin à base de cellules tumorales rénales autologues.
Une étude multicentrique allemande de phase III (39) a
montré que, après néphrectomie radicale, un traitement
adjuvant par un vaccin à base de cellules cancéreuses rénales
autologues semblait bénéfique, et pouvait être envisagé chez
les malades présentant un carcinome localisé de plus de
2,5 cm de diamètre. Cinq cent-cinquante huit patients
atteints de tumeurs de stade pT2-3b pN0-3 M0 ont été
randomisés avant la chirurgie entre vaccin et absence
de traitement adjuvant. À cinq ans et à 70 mois, les risques
de progression de la tumeur (hazard-ratio) étaient
respectivement de 1,58 et 1,59 en faveur du groupe vacciné ;
les taux de survie sans progression étaient respectivement de
77,4 % et 72 % dans le groupe vacciné, contre 67,8 % et
59,3 % dans le groupe contrôle. La vaccination a été bien
tolérée.
PRONOSTIC DES FORMES LOCALISÉES
Algorithmes prédictifs de rechute après néphrectomie
Frank et al. (40) ont construit des algorithmes de surveillance
personnalisés à partir de l’expérience de la Mayo Clinic repo-
sant sur l’analyse de 1 864 patients néphrectomisés entre 1970
et 2000. Les sites de rechute, par ordre décroissant de fré-
quence, sont le thorax (16 %), l’abdomen (10 %), l’os (7 %) et
le cerveau (4 %). Les principaux facteurs indépendants de
rechute sont le stade TNM selon la classification de 2003, la
taille, le grade et la nécrose, auxquels il faut ajouter les marges
positives pour les rechutes abdominales.
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Différence de valeur pronostique entre thrombose de la
veine rénale et thrombose de la veine cave inférieure ? La
signification pronostique du niveau d’atteinte veineuse est
controversée. Les données de 226 patients traités entre 1989
et 2001 par néphrectomie et thrombectomie tumorale (41),
117 avec atteinte de la veine rénale et 109 avec atteinte de la
veine cave inférieure, ont été revues et comparées à celles de
654 patients avec néphrectomie sans thrombus veineux.
Chez les patients N0M0, le risque de récidive était
significativement augmenté en cas de thrombus (p = 0,005),
mais la différence n’était pas significative en analyse
multivariée incluant le stade T, le grade de Führman et le PS
(ECOG). La survie spécifique était similaire chez les
patients avec thrombus tumoral de la veine rénale ou de la
veine cave inférieure sous-diaphragmatique (T3b, p = 0,53).
En revanche, en analyse multivariée, les patients avec
thrombus au-dessus du diaphragme (T3c) ont un pronostic
plus défavorable (p = 0,020).
En conclusion, pour les patients pT3b, le stade et le grade sont
de meilleurs indicateurs pronostiques de l’atteinte veineuse.
Pronostic des formes métastatiques
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Facteurs pronostiques chez les patients traités pour un
cancer du rein métastatique. La survie médiane d’une série
rapportée par Motzer et al. (42) de 251 patients métastatiques
inclus dans 29 essais cliniques consécutifs est de 10,2 mois.
Elle augmente pour les patients pris en charge après 1990,
atteignant 12,7 mois. L’analyse des facteurs pronostiques
portant sur cette dernière population montre que sont associés à
un pronostic péjoratif un indice de Karnofsky bas, une anémie
ou une hypercalcémie. Si aucun de ces facteurs n’est présent,
la survie est de 22 mois, alors qu’elle n’est plus que de
5,4 mois si deux ou trois d’entre eux sont présents.
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Algorithmes de prédiction de la survie des cancers
métastatiques traités par néphrectomie et immunothérapie.
Leibovich et al. (43) ont développé un algorithme capable
de stratifier la survie des cancers du rein métastatiques après
néphrectomie et traitement par IL-2. En analyse multivariée d’une
série de 173 patients, le statut ganglionnaire, la présence de signes
généraux, le site des métastases, le type sarcomatoïde et la valeur
de la TSH sont corrélés à la survie, permettant de créer un sys-
tème de score pour stratifier les patients en trois groupes. Les
taux de survie à un, trois et cinq ans sont respectivement de 92 %,
61 % et 41 % pour le groupe à bas risque, de 66 %, 31 % et 19 %
pour le groupe intermédiaire et de 1 % à un an et 0 % à trois ans
pour le groupe à risque élevé.
Il est important d’avoir ces données à l’esprit pour interpréter les
résultats des essais cliniques.
Immunothérapie des formes métastatiques
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Supériorité des associations IL-2/IFN sur un schéma
IFN/ vinblastine. Cet essai prospectif randomisé (44) ayant
inclus 341 patients comparait deux bras d’une association IFNα
sous-cutané + IL-2 sous-cutanée + fluoro-uracile i.v., à laquelle
s’ajoutait un rétinoïde oral dans un des deux bras, à une
association IFN sous-cutané + vinblastine. La tolérance globale
de ces associations est satisfaisante. Les taux de réponse sont,
pour chaque bras, de 31 %, 26 % et 20 %. Surtout, les deux
bras associant IL-2 et IFN ont des survies de médianes de 25
et 27 mois, significativement supérieures à celle de 16 mois
observée dans le bras IFN/vinblastine.
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Valeur pronostique de l’interleukine 6, de l’interleukine 10
et du VEGF. Le Groupe français d’immunothérapie (45),à
partir de prélèvements réalisés avant traitement chez
138 patients traités dans l’étude randomisée comparant IL-2
i.v., IFNαs.c. et une combinaison d’IL-2 et d’IFNα, a montré
que l’IL-6 sérique était détectable dans 70 % des cas, et que
l’IL-10 et le VEGF étaient élevés dans 8 % et 71 % des cas.