
dossier
CANCER DU REIN : 
les grands débats, 
les grandes questions
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. V - no 2 - avril-mai-juin 2014
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TUMEURS MÉTASTATIQUES : TUMEURS MÉTASTATIQUES : situations particulièressituations particulières
Carcinome à cellules claires du rein métastatique : 
 quand instaurer un traitement médical ?
L. Geoff rois*
* Département  d’oncologie médicale, institut de cancérologie deLorraine, Vandœuvre-lès-Nancy.
L
es évolutions métastatiques des cancers 
du rein restent fréquentes ; 10 à 40 % 
sont d’évolution synchrone, et environ 
30 % sont d’évolution métachrone, la plupart 
dans les 36 mois. Le pronostic est sombre : 10 % 
de survie à 5 ans. Les localisations pulmonaires 
représentent 50 à 80 % de l’ensemble des locali-
sations métastatiques (autres localisations : foie, 
os, cerveau, sur rénale). Il s’agit d’une maladie 
avec des sous-groupes hétérogènes ; certaines 
formes sont indolentes avec une survie pro-
longée, d’autres présentent des métastases 
parti culières telles que les métastases glan-
dulaires ou pancréatiques, qui semblent de 
meilleur pronostic. Plusieurs classifi cations 
pronostiques − essentiellement clinico-
biologiques − ont pu être établies. La survie est 
fortement corrélée au groupe pronostique (1). 
L’évolution thérapeutique, avec l’avènement 
des thérapies ciblées, a transformé la prise en 
charge de ces patients. De nombreuses ques-
tions ont été soulevées autour de l’utilisation 
de ces traitements, et, en particulier : quand 
commencer le traitement médical ?
Les facteurs influençant l’instauration d’un 
traitement peuvent être résumés de la façon 
suivante : le pronostic sombre connu de la 
maladie métastatique, l’angoisse du patient et 
ses connaissances concernant la maladie, l’effi  -
cacité prouvée des thérapies ciblées. Quel que 
soit le groupe pronostique, les thérapies ciblées 
ont démontré un bénéfi ce thérapeutique net-
tement supérieur à celui de l’immunothérapie 
précédemment utilisée. Enfi n, les recommanda-
tions thérapeutiques ont clairement défi ni un 
algorithme de prise en charge thérapeutique 
et d’utilisation de ces diff érentes molécules (2).
Les freins à l’instauration du traitement seraient 
essentiellement liés au rapport bénéfi ce/risque 
et à la survenue d’eff ets indésirables, fréquents 
pour certains sujets, chroniques pour d’autres, 
et entraînant une lassitude du patient. Ces 
eff ets indésirables sont rarement graves, mais 
des toxicités de grade IV ont tout de même pu 
être observées. D’autres limites à l’instaura-
tion du traitement sont à prendre en compte, 
comme les comorbidités et certaines fragilités 
observées chez les patients, en particulier chez 
les sujets âgés, et certains antécédents, comme 
les pathologies cardiovasculaires et les pro-
blèmes métaboliques ou endocriniens. Enfi n, 
le coût pourrait intervenir comme un élément 
mineur dans la décision. Si, dans la majorité 
des cas, un traitement médical est envisagé 
lors du diagnostic d’évolution métastatique, 
parfois, ce traitement médical pourra être 
retardé ou remplacé par un autre.
Alors, quand ne pas instaurer un traitement 
médical ? Lorsqu’un autre traitement est envi-
sageable, tel qu’une chirurgie d’exérèse des 
métastases, qui, en fonction de leur localisa-
tion et de leur nombre, peut permettre d’ob-
tenir des survies prolongées. Cette chirurgie 
peut être, dans certains cas, complétée par une 
irradiation (3). Des facteurs pronostiques de 
l’effi  cacité de la chirurgie des métastases ont 
pu être établis : bon état général, score OMS 
de 0 ou 1, atteinte d’un seul organe, résection 
chirurgicale complète, première rechute méta-
statique, délai de survenue des métastases par 
rapport à la prise en charge initiale supérieur à 
12 mois (4). Une radiothérapie stéréotaxique 
peut être proposée dans certaines situations. 
Les recommandations de l’ESMO 2012 font 
état de la possibilité d’envisager une période 
d’observation avant de commencer le traite-
ment médical. Les modalités d’observation 
ne sont pas clairement défi nies ni même les 
critères de sélection des patients. Une étude 
rétrospective réalisée par le Royal Marsden 
Hospital à partir des cas de 62 patients pré-
sentant une évolution métastatique et ayant 
bénéficié, dans un premier temps, d’une 
observation, puis, en cas de progression 
avérée, d’un traitement, montre que, a priori, 
cette attitude ne serait pas délétère, avec une 
durée moyenne d’observation de 9 mois et 
une survie sans progression sous sunitinib 
en première ligne également de 9 mois (5).
En conclusion, dans la majorité des cas, un 
traitement médical sera instauré lors du diag-
nostic d’évolution métastatique. Dans cer-
taines situations, une période d’observation 
et la mise en œuvre d’un traitement médical 
diff éré lors d’une progression avérée seront 
proposées. De façon schématique, on sug-
gérera de commencer le traitement si le pro-
nostic apparaît défavorable, chez des patients 
polymétastatiques et symptomatiques. On 
proposera de diff érer le traitement médical si 
les métastases sont opérées ou opérables, si un 
autre traitement local est envisageable ou si le 
rapport bénéfi ce/risque est défavorable, en cas 
de maladie lentement évolutive pauci méta-
statique chez un patient asymptomatique. 
Une approche multidisciplinaire est néces-
saire. L’oncologue devra identifi er les facteurs 
indispensables à la décision thérapeutique et 
les situations cliniques particulières. 
■
 L.Geoffrois n’a pas déclaré ses éventuels liens d’intérêts.
1. Heng DY, Xie W, Regan MM et al. Prognostic factors for overall survival in patients with meta-
static renal cell carcinoma treated with vascular endothelial growth factor- targeted agents: 
results from a large, multicenter study. J Clin Oncol 2009;27(34):5794-9.
2. 
Escudier B, Eisen T, Porta C et al.; ESMO Guidelines Working Group. Renal cell carcinoma: 
ESMO Clinical Practice Guidelines for diagnosis, treatment and follow-up. Ann Oncol 
2012;23(Suppl. 7):vii65-71.
3. Pfannschmidt J, Hoff mann H, Muley T et al. Prognostic factors for survival after pulmonary 
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4. Kavolius JP, Mastorakos DP, Pavlovich C et al. Resection of metastatic renal cell carcinoma. 
J Clin Oncol 1998;16(6):2261-6.
5. Fisher R, Pender A, Thillai K et al. Observation as a treatment strategy for advanced renal cell 
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Références