M I S E A U P O I N T Les troubles vésico-sphinctériens des paraplégies traumatiques ● J.J. Labat*, P. Costa** P O I N T S F O R T S P O I N T S F O R T S ■ Les vessies neurologiques diffèrent en fonction de la topographie de la lésion neurologique responsable : – les atteintes médullaires peuvent entraîner des mictions dyssynergiques à risque pour le haut-appareil urinaire ; – les atteintes périphériques peuvent entraîner un défaut de contraction vésicale et parfois un défaut de compliance vésicale (surtout dans les neurovessies congénitales) pouvant menacer le haut-appareil urinaire. ■ C’est l’urodynamique qui est l’élément essentiel du suivi longitudinal des neurovessies à risque, dépistant les hautes pressions intravésicales : au-delà de 40 cm d’eau de pression intravésicale, il n’y a plus d’écoulement urétéral : c’est le seuil du danger pour le haut-appareil urinaire. ■ Les neurovessies méritent d’être suivies régulièrement par la clinique, l’urodynamique et l’échographie. ■ L’objectif des traitements n’est pas de restaurer une fonction normale mais de trouver un équilibre vésico-sphinctérien protégeant le haut-appareil urinaire, permettant la continence et respectant l’autonomie du patient. ■ L’autosondage intermittent propre est une méthode de drainage vésical et de miction qui permet d’utiliser et de favoriser la rétention à basse pression et d’assurer la continence urinaire. ■ L’autosondage intermittent propre n’est pas stérile et ne doit surtout pas chercher à l’être ; c’est la fréquence des sondages qui prévient l’infection urinaire. ■ Un régime à basses pressions intravésicales peut être obtenu pharmacologiquement par la mise aux anticholinergiques ou chirurgicalement par les techniques d’agrandissement vésical. es troubles vésico-sphinctériens constituent l’une des déficiences habituellement observées lors des lésions de la moelle épinière. Leurs complications ont été pendant longtemps une cause engageant à court terme le pronostic vital de l’homme spinal. L’étude des dysfonctionnements végétatifs de l’homme spinal, dont ceux de la fonction vésico-sphinctérienne, a connu une évolution considérable, tant en raison des techniques d’exploration (urodynamique) que des L * Clinique urologique, CHU de Nantes. ** Service d’urologie, CHU de Nîmes. La Lettre du Neurologue - n° 9 - vol. V - novembre 2001 possibilités de traitement pharmacologique et physique. Il s’ensuivit une modification des concepts (1) et un abord différent des problèmes de dysurie et de continence, du traitement et de la prévention de certaines complications mais aussi de la notion de la qualité de vie. PHYSIOPATHOLOGIE DES LÉSIONS MÉDULLAIRES Classification usuelle des neurovessies acquises Toute lésion médullaire est susceptible de déséquilibrer l’équilibre vésico-sphinctérien du fait des altérations du besoin, de la perte du contrôle moteur volontaire et d’une altération de l’automatisme et de la coordination vésico-sphinctérienne. Il est habituel de distinguer les différents types de neurovessies en fonction de leurs topographies lésionnelles. ● Les neurovessies périphériques L’atteinte du centre parasympathique sacré est à l’origine d’une aréflexie (acontractilité) du détrusor. Le tonus urétral est amputé de sa composante striée et, suivant que la lésion intéresse ou non le centre sympathique thoraco-lombaire, du tonus cervical. ● Les neurovessies centrales Elles altèrent à la fois le contrôle et la coordination vésicosphinctérienne. Ces neurovessies nécessitent un drainage initial pendant la phase de choc spinal. Après la période de choc spinal caractérisée par une rétention urinaire par acontractilité du détrusor, des contractions vésicales réflexes réapparaîtront. Ces contractions intégrées au niveau sacré sont en général dyssynergiques. ● Les neurovessies mixtes Elles sont secondaires à des lésions dissociées du cône terminal avec destruction du centre parasympathique sacré et préservation du centre somatique strié en territoire sous-lésionnel, à l’origine d’une rétention chronique. LES COMPLICATIONS POTENTIELLES Les déséquilibres vésico-sphinctériens sont générateurs de complications infectieuses, mécaniques, mais aussi de lithiases et de lésions urétrales. L’infection urinaire L’infection urinaire est favorisée par la stase, le résidu, les lithiases, mais aussi par le drainage vésical par sonde à demeure ou par sondage intermittent. L’interprétation des analyses cytobactériologiques des urines doit tenir compte de la leucocyturie et de la bactériurie en fonction du mode 381 M I S E A U P O I N T mictionnel. Chez le patient stabilisé, l’augmentation de la fréquence des infections fait suspecter une modification de l’équilibre mictionnel ou la survenue d’une complication (lithiase). Les prostatites sont favorisées par la sonde à demeure ou le reflux intraprostatique des dyssynergies. L’épididymite reste une complication importante, dont l’incidence est évaluée à 30 % (2). L’infection génitale (prostatite, épididymite) met en jeu le pronostic de procréation. La pyélonéphrite chronique est le fait des infections ascendantes récidivantes sur reflux ou lithiase. Le contexte global La lithiase urinaire Controversés chez ces patients, les critères d’infection sont fonction de l’ancienneté des troubles et du mode mictionnel. Ainsi, sous sonde à demeure, ne sont à traiter que les infections cliniques (fièvre, urines sales). Sous sondage intermittent propre, la bactériurie est une conséquence de la technique ; seules les infections symptomatiques (fièvre, urines troubles, phénomènes d’hyperréflexie autonome) sont à traiter chez le patient à domicile. Chez des patients présentant des altérations pariétales du détrusor ou des foyers prostatiques, la stérilisation des urines est illusoire. En pratique, l’examen cytobactériologique n’est jamais systématique et n’est utile que lors de signes cliniques évocateurs. La lithiase rénale est une complication de la phase initiale (lithiase calcique), conséquence de l’immobilisation (hypercalciurie). Elle est prévenue par un lever précoce et le maintien d’une diurèse de 1,5 à 2 l/jour. Elle est différente des lithiases phosphoammoniaco-magnésiennes des infectés chroniques. La lithiase vésicale est la conséquence directe du mode de drainage initial et du résidu ultérieur. Son incidence de 20 % sous sonde à demeure passe à moins de 2 % sous sondage intermittent. La dilatation de la voie excrétrice supérieure La dilatation de la voie excrétrice supérieure est favorisée, d’une part, par l’obstacle fonctionnel à l’écoulement des urines lié à l’hyperpression vésicale (stase), d’autre part, par la présence d’un reflux aggravé par les altérations pariétales (3). L’élévation anormale des pressions vésicales, pendant les phases de remplissage et mictionnelle, est un élément déterminant dans la genèse de la dégradation du haut appareil. Elle peut être secondaire à un trouble de la compliance vésicale ou à une hyperactivité vésicale (contractions vésicales prolongées de forte amplitude des dyssynergies vésico-sphinctériennes). Cette hyperpression vésicale favorise les déformations des parois vésicales, qui peuvent altérer la jonction antireflux induisant un reflux vésico-urétéral. Les lésions urétrales Si les urétrocèles, les fistules périnéo-scrotales, conséquences de la sonde à demeure prolongée, sont devenues rares, les lésions urétrales les plus habituelles sont les rétrécissements urétraux chez les hommes, dus aux autosondages intermittents à long terme. LES ÉLÉMENTS DU SUIVI Si l’analyse d’un trouble vésico-sphinctérien chez le blessé médullaire reste clinique, certaines explorations sont indispensables pour en apprécier le type et les éventuels retentissements. Ces modalités d’examen, détaillées à la période initiale, devront être répétées au cours de l’évolution. L’appréciation du niveau neurologique et des aptitudes fonctionnelles, notamment des membres supérieurs, est nécessaire à la programmation des objectifs rééducatifs. Il faut apprécier la coopération que l’on pourra attendre dans l’immédiat et dans l’avenir en fonction de l’âge, des réactions psychologiques secondaires au traumatisme (dépression), de la survenue de l’adolescence (opposition). L’examen cytobactériologique des urines Le résidu postmictionnel Témoin de la qualité de la vidange, le résidu postmictionnel doit être pratiqué après une miction habituelle par sondage, ou mieux, par échographie. Il ne faut pas avoir la hantise du résidu, qui n’est pas un facteur pronostic essentiel tant qu’il n’y a pas de défaut de compliance vésicale ou de dyssynergie importante (3). L’examen urodynamique Il comprend une cystomanométrie, une urétromanométrie et un électromyogramme du sphincter strié urétral. Il permet de définir : la compliance vésicale (rapport de l’augmentation de volume sur l’augmentation de pression DV/DP), la puissance contractile du détrusor (amplitude et durée de la contraction), la réflectivité (seuil de survenue des contractions). L’examen urodynamique permet de dépister les hautes pressions intravésicales, soit de la phase de remplissage (hypocompliance), soit mictionnelle (dyssynergie), facteurs de dégradation du haut-appareil (rôle péjoratif des pressions intravésicales supérieures à 40 cm d’eau, puisque, au-delà de cette valeur, l’écoulement urétéral ne peut plus avoir lieu). La fonction rénale Elle est explorée par les constantes biologiques habituelles et lors de situations à risque par la scintigraphie rénale (DMSA, DTPA). La situation neuro-urologique La morphologie rénale et vésicale Au cours de l’évolution, la symptomatologie mictionnelle est précisée : sensation de besoin, mode de vidange, résidu, fuites, difficultés de sondage, fréquence des infections. La recherche d’une épine irritative fait partie du bilan : escarre, fécalome, prolapsus rectal, ongle incarné. Stase ou dilatation du haut appareil, altérations pariétales de la vessie, lithiases sont explorées par l’échographie, qui est devenue un examen de surveillance de routine. Sa fréquence de réalisation est fonction du contexte, tous les un à deux ans environ chez le paraplégique. L’UIV avec étude des clichés cystographiques 382 La Lettre du Neurologue - n° 9 - vol. V - novembre 2001 mictionnels permet de juger de l’ouverture du col, du strié et de l’état de la filière cervico-urétrale. L’urétrocystographie rétrograde et mictionnelle reste un examen fondamental pour la mise en évidence d’un reflux. LA PHASE INITIALE La rétention aiguë consécutive à l’acontractilité vésicale, centrale (choc spinal) ou périphérique, impose un drainage immédiat. La sonde à demeure, parfois utile dans les 48 premières heures du fait d’une crise polyurique, doit être mise en place de façon stérile, fixée sur l’abdomen chez l’homme et à la face antéro-interne de la cuisse chez la femme. La diurèse doit être maintenue autour de 2l à 24 heures. Certains lui préfèrent le cathétérisme sus-pubien (4). Très rapidement, il faut lui substituer le sondage intermittent, qui peut être réalisé rapidement par le personnel infirmier, puis par le patient lui-même, permettant une autonomie mictionnelle précoce. La technique repose sur un concept de résistance de l’hôte. La fréquence des sondages serait plus importante que leur stérilité, l’infection étant liée à l’ischémie pariétale provoquée par la distension (5). Son succès repose sur un ensemble associant la fréquence des sondages (6 à 7 par 24 heures), sa réalisation propre mais non stérile, et une diurèse quotidienne de 2 litres. Les sondes sont semi-rigides droites, lavées à l’eau et au savon, séchées, transportées dans un étui sec, et peuvent être réutilisées. Les sondes hydrophiles à basses frictions, dispensant du lubrifiant, non réutilisables, semblent limiter l’incidence des rétrécissements. Ces sondes doivent être prescrites à bon escient. Elles sont justifiées chez l’homme paraplégique jeune, dans l’espoir de limiter le risque de rétrécissement urétral et surtout ceux de prostatite chronique et d’épididymite, facteurs d’infertilité secondaire. Elles ne sont pas justifiées chez la femme ayant une lésion complète, qu’elle soit centrale ou périphérique. La pratique du sondage intermittent par un tiers (les parents, une infirmière) est souvent nécessaire chez le tétraplégique encore incapable de s’autosonder ou chez l’enfant. Cette pratique doit cependant toujours être discutée, car elle majore la dépendance ; par ailleurs, il a été montré que, de toutes les méthodes mictionnelles, c’est l’hétéro-sondage qui est la plus infectante. LA PHASE DE RÉÉDUCATION La rééducation mictionnelle S’il est possible, le déclenchement est effectué en fonction d’un équivalent de besoin ou à heures fixes, toutes les 3 heures, voire initialement plus souvent. Schématiquement, on distingue deux grands modes mictionnels : la miction réflexe et la miction par poussée abdominale. La réapparition des réflexes sacrés permet l’utilisation de techniques de stimulation, dont la plus classique est la percussion sus-pubienne. Ailleurs, l’hyperpression abdominale peut compenser l’acontractilité du détrusor des lésions périphériques. Quand le niveau lésionnel est suffisamment bas pour préserver les muscles abdominaux, la poussée abdominale est alors la La Lettre du Neurologue - n° 9 - vol. V - novembre 2001 meilleure façon d’exercer une hyperpression intravésicale. La poussée abdominale ne recrée pas des conditions physiologiques de miction ; elle ne permet pas l’ouverture du col qui doit être “forcé” ; elle peut favoriser une bascule antérieure – ou plus souvent postérieure – de la vessie, source de dysurie par obstacle. L’expression manuelle sus-pubienne, ou manœuvre de Crédé, est réservée aux patients n’ayant pas d’abdominaux, donc incapables d’une poussée autre que diaphragmatique. C’est une méthode utilisable par les parents chez le petit enfant. Ses effets délétères sont liés au risque d’apparition d’un syndrome du périnée descendant sur un périnée flasque et à celui d’un reflux vésico-urétéral passif. À cette phase de reprise mictionnelle, l’autosondage intermittent intervient comme mesure du résidu. Le patient, guidé par l’équipe soignante, apprend à étudier ses équivalents de besoin, son mode de déclenchement, la mesure du résidu, et note tous ces éléments sur un catalogue mictionnel. Quel que soit le mode de déclenchement, les objectifs de la rééducation sont l’obtention d’une miction facile et complète sans travail vésical excessif. La pratique des sondages intermittents est arrêtée lorsque la vidange est satisfaisante. Les problèmes Deux types de problèmes peuvent être rencontrés en cours de rééducation : ● La dysurie Elle peut être en rapport : – Avec une dyssynergie vésico-sphinctérienne. Les dyssynergies importantes menacent le haut-appareil urinaire, car elles génèrent des contractions vésicales amples et prolongées perturbant l’écoulement urétéral et favorisant la distension du haut-appareil urinaire. La dyssynergie peut relever d’une rééducation mictionnelle, associée ou non à un traitement médical myorelaxant (dantrolène, baclofène) ou alphabloquant, souvent décevant. Actuellement, on préfère souvent poursuivre l’autosondage intermittent propre en l’associant aux anticholinergiques à dose maximale (chlorure d’oxybutinine), afin d’abaisser les pressions intravésicales, la rétention à basse pression étant alors garante de la continence, d’une part, et d’une meilleure protection du haut-appareil, d’autre part. En cas d’inefficacité des anticholinergiques, on favorisera la vidange vésicale (mais aussi l’incontinence, justifiant alors d’un appareillage de continence). La sphinctérotomie peut être chirurgicale et endoscopique, ou se faire par mise en place d’une prothèse endo-urétrale (6). La toxine botulique A peut être injectée dans le sphincter strié de l’urètre par voie intraurétrale ou par voie périnéale avec efficacité pendant une période de 2 à 3 mois et justifie des réinjections régulières (7). Cette indication n’a pas l’AMM. L’implantation d’une électrostimulation des racines sacrées (technique de Brindley) est une excellente solution, qui permet à la fois l’obtention d’une continence et d’une vidange vésicale complète. Elle consiste à réaliser, chez le paraplégique complet, une section des racines postérieures et à stimuler les racines antérieures sacrées (en intra- et, de plus en plus couramment maintenant, en extra383 M I S E A dural) pour déclencher une série de contractions vésicales permettant la vidange vésicale. Avec plus de 10 ans de recul (8), la méthode a fait la preuve de son efficacité : une continence diurne complète est obtenue dans 73 % des cas, et nocturne dans 86 %. Son coût élevé peut être justifié par l’amélioration durable de la qualité de vie obtenue. – Avec une insuffisance contractile du détrusor. Celle-ci relève de la technique d’autosondage prolongé, seul mode mictionnel conservateur des paraplégies dorsales flasques et des syndromes de la queue-de-cheval, qui prévient les complications périnéales d’une poussée abdominale excessive (descente périnéale, prolapsus génito-urinaires ou rectaux). ● L’incontinence Quelle qu’en soit la cause, l’incontinence génère un inconfort personnel, mais surtout social. L’acquisition de la continence nécessite un long travail rééducatif. Les mictions devront être déclenchées à fréquence rapprochée (toutes les 2 heures au départ), par précaution, la plupart du temps, en fonction des équivalents de besoin quand ceux-ci existent (sueurs, contractures, distension hypogastrique). – L’incontinence par hyperactivité vésicale. Elle est sensible aux anticholinergiques. Le choix de continence est parfois, surtout chez la femme, l’argument principal pour proposer l’autosondage comme mode de miction définitif sous anticholinergiques. En cas d’échappement, et principalement chez la femme, l’implantation d’un électrostimulateur des racines sacrées antérieures est discutée. De nouvelles thérapeutiques intravésicales de l’hyperactivité vésicale sont en cours d’évaluation (drogues vanilloïdes : capsaïcine, résinifératoxine). L’utilisation de la toxine botulinique dans le détrusor semble très prometteuse chez les patients réalisant un autosondage (9). La patiente tétraplégique relève soit d’une sonde à demeure prolongée, soit d’une dérivation de type Bricker, soit d’une électrostimulation ; mais aucune de ces solutions n’est vraiment satisfaisante. Certains préfèrent le cathéter sus-pubien changé mensuellement. – L’incontinence par incompétence sphinctérienne. Elle peut relever d’une intervention chirurgicale. Ce peut être une colpopexie rétropubienne chez la femme ayant une incontinence d’effort, intervention dysuriante nécessitant la poursuite du sondage intermittent ou de l’implantation d’un sphincter artificiel dans les insuffisances sphinctériennes sévères (10). Chez l’homme, l’incontinence est appareillable par des étuis péniens standard, avec bande adhésive séparée (soit mousse, soit hydrocolloïde), ou autoadhésifs. LA PHASE DE RÉADAPTATION, LE SUIVI Les modifications éventuelles de l’équilibre vésico-sphinctérien, avec dégradation possible du haut-appareil, imposent un suivi longitudinal régulier. Il peut s’agir d’un épuisement progressif du détrusor, de la majoration d’une dyssynergie, de l’apparition 384 U P O I N T tardive (parfois plus de deux ans) d’une réflectivité sacrée (atteinte du cône), de lésions par vieillissement de l’appareil urinaire. Il peut s’agir d’une pathologie intercurrente (développement d’un prolapsus après efforts de poussées répétés sur périnée dénervé) ou d’une évolutivité neurologique (cavité syringomyélique sous-lésionnelle). Une surveillance systématique s’impose les premiers mois, deux fois par an les premières années, puis tous les un ou deux ans par la suite, en fonction des facteurs de risque. Si la recherche d’infection ne doit pas être systématique, l’urodynamique, qui détecte les situations à risque, et l’imagerie, qui visualise les lésions installées, restent les éléments clés de cette surveillance, dont dépend l’avenir rénal et génital, mais aussi vital, de ces patients. CONCLUSION Le pronostic des troubles vésico-sphinctériens des blessés médullaires s’est considérablement amélioré au cours de ces dernières années du fait du développement d’instruments de suivi fiables (urodynamique et échographie). L’évolution des techniques neuro-urologiques élargit les choix thérapeutiques et, après l’ère de la mise au point des techniques rééducatives, puis de la vulgarisation de l’autosondage, l’amélioration de la qualité de vie des blessés médullaires bénéficie actuellement du développement de la pharmacologie orale et intravésicale, des techniques d’électrostimulation et de la mise au point de prothèses urinaires. ■ R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Buzelin JM. Urodynamique. Bas-appareil urinaire. Masson 1984 Paris. 2. Perrouin-Verbe B, Labat JJ, Richard I et al. Clean intermittent catheterisation from the acute period in spinal cord injury patients. Long term evaluation of urethral and genital tolerance. Paraplegia 1995 ; 33 : 619-24. 3. Labat JJ, Costa P. Les éléments du pronostic et du suivi des vessies neurologiques. Rev Prat 1993 ; 43 (14) : 1823–6. 4. Noll F, Russe O, Kung E et al. 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