C’ Éducation thérapeutique : un nouveau rapport… 1

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Santé Éducation
ÉDITORIAL
Éducation thérapeutique :
un nouveau rapport…1
C’
est d’abord à l’hôpital, en diabétologie ou pneumologie, que l’éducation thérapeutique est apparue. Elle
s’est aussi développée dans les soins de 1er recours,
notamment grâce aux réseaux de santé, aux maisons du
diabète ou aux programmes de certains organismes financeurs (Assurance maladie, Mutualité sociale agricole,
etc.). Néanmoins, 70 % des programmes autorisés sont
encore réalisés en établissement de santé.
1 L’éducation
thérapeutique du
patient, une pièce
maîtresse pour
répondre aux
nouveaux besoins de
la médecine.
Académie de
médecine, décembre
2013.
2 Rapport préparé
par un groupe de
travail piloté par
Claude Jaffiol,
Pierre Corvol,
Gérard Reach,
Arnaud Basdevant et
Éric Bertin.
4
Avec les recommandations de la Haute Autorité de santé
(HAS) [2007] et son inscription dans le code de la santé
publique (2009), l’éducation thérapeutique a obtenu une
reconnaissance institutionnelle. Elle est d’ailleurs
mentionnée dans la stratégie nationale de santé, “comme
un outil majeur de réussite de la prise en charge globale
avec une participation entière et éclairée des patients
acteurs de leur santé”. En revanche, force est de constater
que les rapports et les recommandations produits depuis
plus de 10 ans n’ont pas été suivis de mesures conséquentes pour ce qui concerne la formation initiale des
professionnels de santé, l’organisation de l’éducation
thérapeutique dans les soins de 1er recours et la pérennisation de ses financements. Citons pour mémoire et
sans prétention d’exhaustivité :
• Éducation pour la santé, éducation thérapeutique :
quelles formations en France ? État des lieux et recommandations. Mars 2002, B. Sandrin-Berthon.
• L’éducation thérapeutique dans la prise en charge
des maladies chroniques : analyse économique et
organisationnelle. Rapport d’orientation. Février 2008,
HAS.
• Pour une politique nationale d’éducation thérapeutique. Septembre 2008, C. Saout, B. Charbonnel,
D. Bertrand.
• L’éducation thérapeutique intégrée aux soins de
premier recours. Novembre 2009, Haut Conseil de la
santé publique (HCSP).
• Éducation thérapeutique du patient : propositions pour
une mise en œuvre rapide et pérenne. Juillet 2010,
D. Jacquat.
Dans le rapport qu’elle vient à son tour de publier2, l’Académie de médecine constate que “la mise en œuvre de l’éducation thérapeutique ne va pas de soi”, puis analyse les
difficultés organisationnelles que rencontrent notamment
Santé Éducation - 01 - Janvier-Février-Mars 2014
les soignants de 1er recours. Ses recommandations, à court,
moyen et long terme, portent principalement sur la formation des soignants éducateurs, la coordination et le financement des activités. Si nous ne pouvons qu’être d’accord
avec les grandes lignes de ce rapport, il nous inspire quelques
commentaires qui viennent prolonger la réflexion.
L’Afdet promeut une éducation thérapeutique “incorporée”
aux soins. En ce sens, l’importance accordée par l’Académie à la posture éducative des soignants rejoint nos
préoccupations. Cette posture, cette manière d’être et
d’entrer en relation avec le patient, cette approche dite
“centrée sur la personne” est au cœur de toute démarche
éducative : elle devrait constituer un axe majeur de la
formation initiale et continue des soignants. L’acquisition
de cette compétence par tous les professionnels de santé
permettrait l’accès de chaque patient à une éducation
thérapeutique devenue indissociable des soins.
Comme le recommande l’Académie, la mise en œuvre
d’une éducation thérapeutique tout au long du parcours
de santé nécessite la coordination territoriale des activités. Ajoutons qu’elle rend également nécessaire l’adéquation des pratiques éducatives aux conditions d’exercice
de chaque catégorie de professionnels : l’approche par
programme est issue des pratiques hospitalières et
s’avère souvent inadaptée aux soins ambulatoires de
proximité. Reconnaître officiellement la démarche éducative des soignants de 1er recours et aussi la contribution d’autres professionnels et d’associations de patients,
devrait s’accompagner d’un effort de modélisation des
pratiques, comme l’avait initié le HCSP dans son rapport
de 2009.
Enfin l’éducation thérapeutique auprès des personnes
fragilisées – par leur grand âge, leur polypathologie, leur
handicap, leur maladie psychiatrique, leur isolement
géographique ou leur précarité sociale – nécessiterait
une réflexion approfondie et des recommandations spécifiques. C’est un sujet que l’Afdet s’efforcera d’inscrire
dans ses nouveaux projets et de mettre à l’agenda de ses
différents espaces d’échanges et de rencontres.
Nous vous souhaitons une belle année 2014.
Pour le Comité scientifique de l’Afdet,
Régis Bresson et Brigitte Sandrin
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