Dossier thématique
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La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 3 - mars 2007
diarrhée (21 % de grade 1-2), vomissements (19 % de grade 1-2,
7 % de grade 3-4), constipation (19 %), hypertension (5 % de
grade 3-4). Il faut noter 3 toxicités de grade 5 : 2 hémoptysies
et une hémorragie cérébrale.
Au total, le sunitinib en monothérapie a une activité prometteuse
chez les patients ayant un CBNPC prétraités, puisque environ
50 % des patients ont eu un bénéfice clinique. Il a été généra-
lement bien toléré, et les principaux effets indésirables ont été
de grade 1-2 chez des patients en bon état général.
Sorafenib
Le sorafenib (24) est également un inhibiteur de l’activité tyrosine
kinase de plusieurs récepteurs, la plupart transmembranaires :
VEGFR-2 et VEGFR-3, PDGFR-β, Flt-3, RAF et c-KIT. Dans
une étude de phase II également présentée à l’ASCO 2006, les
auteurs rapportent les résultats chez 52 patients traités par
une ou 2 lignes (incluant ou non du gefitinib) pour un CBNPC
métastatique, ne présentant aucun signe de saignement, sans
exclure des patients avec métastases cérébrales asymptoma-
tiques. La dose était de 400 mg x 2/j en continu. Une maladie
stable était observée chez 59 % des patients. Si aucune réponse
objective n’a été notée, une diminution de la taille des lésions
cibles était présente chez 29 % des patients. La survie sans
progression médiane était de 11,9 semaines dans l’ensemble
de la population, et de 23,7 semaines chez les patients stabilisés
par le traitement.
Les toxicités les plus fréquentes étaient modérées : diarrhée (40 %
de grade 1-2), syndrome mains-pieds (37 % de grade 1-2, 10 %
de grade ≥ 3), asthénie (27 %), nausées (25 %) et hypertension
artérielle (4 % de grade ≥ 3). Un accident hémorragique mortel
a été observé chez un patient traité pour un carcinome épider-
moïde proximal après radiothérapie et 30 jours après l’arrêt du
traitement. La qualité de vie des patients n’a pas été altérée tout
au long du traitement.
Enfin, les auteurs montrent qu’une concentration de VEGF plas-
matique élevée lors de la mise en route du traitement est associée
à un pronostic péjoratif, au même titre qu’une absence de dimi-
nution franche de sa concentration au cours du traitement.
Vandetinib
Le vandetinib est un inhibiteur de l’activité tyrosine kinase des
récepteurs transmembranaires VEGFR-2, VEGFR-3, RET et
EGFR. Les études de phase I ont montré qu’il s’agissait d’un trai-
tement bien toléré à des doses inférieures ou égales à 300 mg/j.
Les effets indésirables les plus courants sont un rash, une diar-
rhée et un allongement du QTc asymptomatique. Les données
de deux phases II sont disponibles (25, 26).
La première a comparé, chez 168 patients ayant reçu 1 ou
2 lignes de chimiothérapie, le gefitinib 250 mg/j au vandetinib
300 mg/j (partie A). En cas de progression ou de toxicité limi-
tante, un cross-over était prévu (partie B). Les patients avec
métastases cérébrales n’étaient pas exclus, de même que les
carcinomes épidermoïdes, les patients présentant une hémop-
tysie ou une thrombose profonde. L’objectif principal était la
survie sans progression. La proportion de femmes, de non-
fumeurs et d’adénocarcinomes était comparable dans les deux
groupes. L’objectif principal était atteint, puisque la survie
sans progression était de 11 semaines pour le vandetinib et
de 8,1 semaines pour le gefitinib (HR : 0,69 ; IC95 : 0,5-0,96 ;
p = 0,025). Une réponse objective et un contrôle de la maladie
supérieur à 8 semaines étaient observés respectivement chez
8 % et 45 % des patients sous vandetinib versus 1% et 34% des
patients sous gefitinib.
Les données disponibles pour la partie B de cet essai montrent
un contrôle de la maladie supérieur à 8 semaines chez 24 % des
patients (7/29) passant du vandetinib au gefitinib, et chez 43 %
des patients (16/37) passant du gefitinib au vandetinib ; aucune
différence en survie globale n’a cependant été observée. Ces
données sont difficiles à interpréter en raison des nombreux
biais possibles.
Les toxicités étaient principalement de grade 1-2, les diarrhées,
les céphalées, l’hypertension, l’allongement du QTc et les vertiges
étant un peu plus fréquents avec le vandetinib, et inversement
pour l’éruption cutanée et les nausées/vomissements.
Une deuxième étude de phase II randomisée a été présentée
récemment. Elle comparait, chez 127 patients en échec après
une première ligne à base de sel de platine pour un CBNPC de
stade IIIB/IV, trois bras de traitement : le bras contrôle associait
le docétaxel 75 mg/m² toutes les 3 semaines à un placebo, et les
2 bras expérimentaux associaient au docétaxel du vandetinib
à 100 ou 300 mg/j. Les 3 groupes étaient bien équilibrés, en parti-
culier pour le sexe féminin, le type histologique et le tabagisme.
Les taux de réponse et de contrôle de la maladie supérieurs à
8 semaines étaient de 12 % et 56 % dans le bras contrôle, de
26 % et 64 % dans le bras docétaxel + vandetinib 100 mg/j et
de 18 % et 83 % dans le bras docétaxel + vandetinib 300 mg/j.
La médiane de survie sans progression était de 12 semaines
dans le bras contrôle, de 18,7 semaines dans le bras docétaxel +
vandetinib 100 mg/j et de 17 semaines dans le bras docétaxel +
vandetinib 300 mg/j. Avec le plan statistique défini dans l’étude,
seul le bras docétaxel + vandetinib 100 mg/j avait une survie
sans progression significativement supérieure à celle du bras
contrôle (HR : 0,64 ; IC
95
: 0,38-1,05 ; p = 0,074). Il n’existait pas
de différence en survie globale.
Les résultats d’une étude de phase II randomisée comparant en
première ligne le vandetinib en monothérapie versus vande-
tinib + carboplatine + paclitaxel versus carboplatine + paclitaxel
devraient être présentés dans les mois qui viennent.
La mise en perspective de l’ensemble de ces essais de phase II
évaluant des agents antiangiogéniques montre des résultats
comparables à ceux des drogues actuellement disponibles en
deuxième ligne des CBNPC métastatiques, que ce soit en termes
de taux de réponse objective ou en survie sans progression
(tableau IV) [27]. Ces comparaisons n’ont, bien sûr, qu’une
valeur indicative.
Association de biothérapies
L’existence de cross-talks entre l’EGFR et les VEGFR est à la base
de plusieurs essais testant l’association d’inhibiteurs d’EGFR
et d’inhibiteurs de l’angiogenèse. Une phase I/II préliminaire