CAS CLINIQUE Mots-clés Keywords

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CAS CLINIQUE
Mots-clés
Adénocarcinome bronchique – Bévacizumab – Réponse complète histologique
Keywords
Lung adenocarcinoma – Bevacizumab – Complete histologic response
Réponse complète histologique
d’un adénocarcinome bronchique
avancé après traitement
par carboplatine-paclitaxel
plus bévacizumab
Complete histologic response for advanced lung adenocarcinoma after
carboplatin-paclitaxel plus bevacizumab treatment
K. Chouahnia*, G. Des-Guetz*
L
e bévacizumab en association avec la chimiothérapie en
situation avancée dans le cancer bronchique non à petites
cellules non épidermoïde a montré un bénéfice en survie.
Cependant, en situation péri-opératoire, les données sur la place
du bévacizumab restent extrêmement rares.
Nous rapportons ici le cas d’un patient opéré d’un adénocarcinome bronchique après un traitement comportant l’association
carboplatine + paclitaxel + bévacizumab ayant conduit à une
réponse complète radiologique et histologique.
de morphologie et d’immunophénotype non lieberkühniens,
avec TTF-1, CK7 et CK20, CD56, chromogranine A et PSA négatifs.
La ponction sous scanner de la lésion lobaire inférieure droite
confirme le diagnostic de carcinome à grandes cellules. La
tomographie par émission de positons (PET scan) montre une
fixation de la lésion droite et gauche (figures 1 et 2).
La tumeur est classée T3N0M1 (nodule controlatéral), une chimiothérapie comportant carboplatine + paclitaxel associés au bévacizumab est alors administrée.
Il s’agit d’un patient, né en 1963 et ayant comme antécédent
une hypertension artérielle bien contrôlée par une association d’antagonistes de l’angiotensine II et de diurétiques, opéré
d’une hémicolectomie droite en 1997 pour un adénocarcinome
­lieberkühnien.
Après 4 cures, le PET scan montre une régression métabolique
complète des 2 foyers droit et gauche, sans aucun autre foyer
fixant à distance (figures 1 et 2).
E x a m e n e t o b s e r v a t i o n La fibroscopie bronchique de contrôle après la 5e cure ne retrouve
aucun reliquat tumoral au niveau latéro-basal droit. Les explorations respiratoires fonctionnelles montrent un volume expiratoire
maximal par seconde s’élevant à 89 % de la théorique (3,92 l).
En 2009, un examen pour une toux persistante révèle une volumineuse masse latéro-basale droite mesurant 70 mm et un nodule
controlatéral lobaire inférieur de 37 × 15 mm.
La fibroscopie bronchique retrouve un bourgeon nécrotique latérobasal droit, et la biopsie révèle un carcinome à grandes cellules,
* Service d’oncologie médicale, hôpital Avicenne, Bobigny.
606 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 10 - décembre 2010
Il est décidé, dans un premier temps, de réaliser une lobectomie
inférieure droite puis, dans un deuxième temps, une lobectomie
inférieure gauche.
Six semaines après la 6e cure, une lobectomie inférieure droite
avec curage ganglionnaire (11, 10, 7, 4/2) par thoracotomie vidéo
assistée est réalisée. L’analyse anatomo-pathologique de la pièce
opératoire retrouve une nécrose tumorale complète (pT0N0).
Les suites opératoires sont simples.
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▲ Figure 1. Fixation de la lésion lobaire supérieure droite avant et après 4 cycles de chimiothérapie par carboplatine + paclitaxel + bévacizumab.
▼ Figure 2. Fixation de la lésion lobaire inférieure gauche avant et après 4 cycles de chimiothérapie par carboplatine + paclitaxel + bévacizumab.
Le patient ne souhaite pas d’intervention sur la lésion lobaire
inférieure. Une surveillance trimestrielle lui est alors proposée.
Le patient est toujours en rémission complète (dernier PET scan
réalisé en septembre 2010 sans fixation pathologique).
D i s c u s s i o n Les thérapeutiques ciblant la néoangiogenèse ont rapidement intégré
l’arsenal thérapeutique du cancer. Le bévacizumab, un anticorps
recombinant humanisé monoclonal, dirigé contre le VEGF (Vascular
Endothelial Growth Factor), a montré son efficacité dans 5 localisations tumorales (côlon, sein, poumon, rein et, plus récemment,
dans le cancer de l’ovaire). Il peut être administré en association
avec une chimiothérapie ou avec une cytokine, et en monothérapie.
Dans le cancer du sein et le cancer colorectal en situation
avancée, le bévacizumab a démontré son efficacité en termes de
survie lorsqu’il est associé à une chimiothérapie. Dans le cancer
bronchique non à petites cellules non épidermoïde, le bévacizumab
en association avec une chimiothérapie comportant un sel de
platine a amélioré la survie des patients en traitement de première
ligne (1, 2), et en traitement de maintenance (3), avec un profil
de tolérance acceptable (4). Un gain en survie a également été
observé dans le cancer neuro-endocrine à petites cellules diffus,
lors de l’association platine + étoposide + bévacizumab (5).
En traitement adjuvant du cancer du côlon, l’adjonction du
bévacizumab à la chimiothérapie n’a pas montré de bénéfice en
survie par rapport au traitement standard (6). Dans le cancer
du sein localement avancé ou inflammatoire, 72 % à 87 % de
réponses histologiques, 22 % à 33 % de réponses complètes
La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 10 - décembre 2010 | 607
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histologiques (7, 8) et 67 % de réponses partielles (9) ont pu
être observées, avec toutefois des complications postopératoires portant sur le retard de cicatrisation des reconstructions
mammaires. En effet, des complications ont été observées dans
16 % des cas quand la chirurgie avait été réalisée 6 semaines
après la dernière cure de bévacizumab (10), et dans 24 % des cas
à 4 semaines de l’administration de bévacizumab (9).
Dans le cancer bronchique non à petites cellules, le bévacizumab
en traitement adjuvant est en cours d’évaluation dans le cadre de
l’essai ECOG 1505 (11). Cet essai de phase III compare une chimiothérapie à base de sels de platine avec ou sans bévacizumab pour
les stades IB (T supérieur ou égal à 4 cm) ainsi que pour les stades II
et IIIA non N2. Les résultats de cet essai seront connus en 2012.
Actuellement, dans le cancer bronchique non à petites cellules, on
ne dispose que de données parcellaires sur l’association bévacizumab + chimiothérapie en situation pré-opératoire (12). La réponse
complète histologique observée dans ce cas nous laisse supposer
que le bévacizumab associé à la chimiothérapie pourrait permettre
des réductions tumorales majeures, rendant ainsi opérables des
tumeurs qui ne l’étaient pas initialement, et sans complications
additionnelles. Cependant, seul un essai comparatif de grande
ampleur pourrait confirmer ou infirmer cette observation.
■
Références bibliographiques
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