74
La Lettre du Pharmacologue - Volume 14 - n° 3 - mars 2000
Avec l’importance croissante accordée au métabolisme hépa-
tique des médicaments en raison des interactions médicamen-
teuses qui en découlent, il est de plus en plus fréquent d’être
confronté (notamment dans les RCP européennes) à des recom-
mandations obscures du type “médicament contre-indiqué avec
les inhibiteurs du CYP 3A4”, faisant appel à des notions sur le
métabolisme des médicaments inconnues de la majorité du
corps médical, y compris pharmacologique. Qui n’a pas été, un
jour, confronté avec un jeune collègue sûr de lui vous affirmant
en pleine réunion avec un perfide dédain “mais, enfin, tout le
monde sait que le médicament X est métabolisé par le
CYP 2C19 et inhibe le CYP 2D6 !” Eh bien, grâce aux sites du
mois, vous allez pouvoir non seulement vérifier les dires de ces
jeunes prétentieux mais encore rapidement obtenir assez d’in-
formations bien colligées pour leur faire un cours magistral sur
le sujet, afin de remettre les pendules à l’heure !
Le premier site, édité par le Dr D. A. Flockhart, de l’unité de
pharmacologie clinique de l’université de Georgetown (États-
Unis), m’a été conseillé par le Dr J. Weissenburger. Cette page
se présente sous la forme de tableaux dont les têtes de colonnes
sont les différentes isoformes de CYP à l’intérieur desquelles
vous trouverez, rangés par classe pharmacologique, les médi-
caments métabolisés par chacune de ces enzymes. Chaque
médicament est lui-même un lien hypertexte qui, lorsque vous
cliquez dessus, vous amène aux références bibliographiques
concernant l’identification de son métabolisme. Après le tableau
“substrats”, vous pouvez consulter le tableau “inhibiteurs”,
configuré de façon identique, mais, cette fois-ci, les médica-
ments cités sont des inhibiteurs du CYP affiché en haut de la
colonne. Les Ki (reflétant la puissance de l’inhibiteur) de cer-
tains médicaments sont même indiquées. Un troisième tableau
résume les “inducteurs des différents CYP”. Enfin un dernier
tableau présente les caractéristiques génétiques des CYP, et
notamment les isoformes, dont l’expression est génétiquement
déterminée (métaboliseurs lents et rapides). Signalons au pas-
sage que l’ensemble du site de la division de pharmacologie
clinique est très intéressant, en particulier pour les médicaments
et l’intervalle QT. Un site à visiter et à garder en signet.@@@
Le deuxième site représente la référence pour les spécialistes
en métabolisme des xénobiotiques cytochromes P450-dépen-
dants. Vous y trouverez la nomenclature officielle, l’ensemble
des CYP humains, animaux, bactériens et végétaux, les
séquences de leurs gènes, enfin de la “science dure”, comme
la dénomment les chercheurs fondamentaux. C’est l’Encyclo-
paedia Universalis des cytochromes P450 ; pour les adeptes de
la médecine clinique, munissez-vous d’une aspirine. @
Comparable au précédent,
il s’agit de son équivalent européen toujours très fondamental ;
des notions de biochimie et de biologie moléculaire sont indis-
pensables pour en tirer pleinement parti, paracétamol pour les
autres. @
Avec ces trois références Internet, le métabolisme des médica-
ments n’aura plus aucun secret pour vous, et vous saurez com-
INTERNET