Un essai de phase II européen a quant à lui testé l’association
docétaxel-cisplatine, toujours chez des patients ayant un can-
cer de l’estomac avancé (non résécable et/ou métastatique)
(12). Les patients recevaient 8 cycles de docétaxel 85 mg/m2
J1 + cisplatine 75 mg/m2J1 toutes les 3 semaines. Un effectif
de 48 patients a été traité. Le taux de réponse observé est de
56 %. Le temps jusqu’à progression a été de 6,6 mois et la sur-
vie globale de 9 mois. La toxicité principale est hématolo-
gique, avec 81 % de neutropénies de grades 3-4 et 32 % d’ané-
mies de grades 3-4. Il faut noter que 9 patients ont eu une
neutropénie fébrile, sans qu’il y ait de décès toxique. Ces
résultats sont encourageants et incitent à poursuivre les essais
comportant du docétaxel, mais il faut également ajouter que
cet essai s’adressait uniquement aux patients ayant un indice
de performance de 0 ou 1.
L’étude INT 0116 de l’intergroupe américain a été présentée à
l’ASCO (abstr. 1). Il s’agit d’une étude comparant la chirurgie
seule à la chirurgie suivie d’une séquence chimiothérapie
(FUFOL), association radiochimiothérapie (45 Gy + FUFOL)
puis FUFOL. Un effectif de 603 patients de stade Ib à IV M0 a
été stratifié selon le centre et le stade (N0, N1, N2). L’analyse
de la toxicité montre un taux de neutropénies de grades 3-4 de
54 %, associé à 33 % de toxicité digestive et 1 % de décès
toxiques. L’incidence des rechutes locales est de 29 % dans le
bras sans traitement complémentaire, contre 19 % dans le bras
traité. La survie globale et la survie sans progression sont en
faveur du bras traité en adjuvant (respectivement 35 versus
28 mois et 30 versus 19 mois). Cependant, une des critiques de
cet essai est la qualité médiocre de la chirurgie, puisque 54 %
des patients avaient eu une résection non satisfaisante (< D1),
30 % avaient une résection D1 et 10 % une résection D2. On
peut donc se demander si l’effet thérapeutique de la radio-
chimiothérapie n’a pas simplement contrebalancé l’effet délé-
tère d’une chirurgie insuffisante.
Un essai français de la FFCD comparant une chimiothérapie
adjuvante 5-FU-cisplatine versus chirurgie seule a inclus
278 patients sur les 400 initialement prévus (abstr. 1017). Le
schéma était le suivant : 5-FU 800 mg/m2/j en continu de J1 à
J5, suivi un mois plus tard de 5-FU 1 g/m2/j de J1 à J5 en
continu associé à du cisplatine à la dose de 100 mg/m2(J1 ou
J2). La toxicité a été importante, puisque la moitié des patients
ont eu une toxicité de grades 3-4. Les différences de survie
sans progression et de survie globale ne sont pas significatives
(survie globale 44 mois dans le groupe contrôle et 46 mois
dans le groupe traité).
L’essai espagnol initié en 1988 s’est intéressé au traitement
adjuvant dans le cancer de l’estomac (13). Il s’agit d’une étude
de phase III dans laquelle les patients ayant un adénocarci-
nome gastrique de stade III réséqué étaient randomisés entre
un simple suivi et une chimiothérapie adjuvante mensuelle
(mitomycine 20 mg/m2J1 puis tegafur 400 mg x 2/j pendant
3mois). Cent quarante-huit patients ont été inclus sur une
durée d’environ 7 ans. Avec un recul médian de 3 ans, les
auteurs observent un avantage en survie sans récidive et en
survie globale en faveur du bras traité à titre adjuvant (survie à
5 ans 56 % versus 36 %). Ce type d’essai alimente le débat sur
le traitement adjuvant dans le cancer de l’estomac, d’autant
que le schéma utilisé dans cette étude ne peut pas être consi-
déré à l’heure actuelle comme optimal.
Une méta-analyse communiquée à l’ASCO a porté sur
20 études adjuvantes (chirurgie versus chirurgie puis chimio-
thérapie), sur un effectif de 3 788 patients (abstr. 1017). Les
résultats montrent qu’il existe un bénéfice faible mais signifi-
catif en termes de survie en faveur de la chimiothérapie. Les
anthracyclines, en revanche, ne semblent pas apporter de béné-
fice par rapport à un schéma sans anthracyclines. La prise en
compte d’études plus récentes (comportant du cisplatine)
devrait donner davantage de renseignements.
Parmi les nouvelles drogues testées dans le cancer de l’esto-
mac, signalons l’étude comparant le Marimastat®(inhibiteur
des métalloprotéinases) à un placebo (abstr. 929). La popula-
tion étudiée est hétérogène : patients métastatiques non prétrai-
tés, patients avec résection incomplète, patients répondeurs à
un premier schéma thérapeutique. Il n’y a pas de différence
significative entre les deux groupes, même s’il existe une ten-
dance en faveur du groupe Marimastat®. Les auteurs ont pu
néanmoins déterminer certains sous-groupes de patients chez
lesquels il existe un bénéfice en survie (patients répondeurs à
un premier traitement, patients non métastatiques). Même
si l’avantage en survie n’est pas obtenu dans cet essai sur
369 patients, il faut signaler qu’il s’agit d’un des premiers
essais d’envergure testant l’efficacité de ce type de molécules,
dont le mécanisme d’action est différent de celui des drogues
habituellement utilisées en chimiothérapie.
CANCER DU PANCRÉAS
Les principales nouveautés dans le cancer du pancréas ont été
communiquées lors du congrès de l’ASCO. En situation adju-
vante, l’essai ESPAC 1 (abstr. 923) a comparé, selon un plan
factoriel 2 x 2, la chimiothérapie, une association radio-chi-
miothérapie (5-FU + 45 Gy) et l’absence de traitement adju-
vant. La chimiothérapie employée était une association 5-FU
bolus + acide folinique hebdomadaire. Outre les patients inclus
dans le plan factoriel, une autre partie de l’étude randomisait,
d’une part, observation seule versus chimiothérapie et, d’autre
part, observation seule versus radio-chimiothérapie. Les com-
paraisons directes (hors plan factoriel) montrent un avantage
en survie en faveur de la chimiothérapie, alors qu’il n’y a pas
de bénéfice en survie pour la radio-chimiothérapie. L’analyse
du plan factoriel, quant à lui, ne met pas en évidence de diffé-
rence significative entre les 4 bras.
En situation avancée, une étude de phase II randomisée a com-
paré du 5-FU seul (1 g/m2/j, 4 jours toutes les 3 semaines), de
l’oxaliplatine seul (130 mg/m2/3 semaines), et l’association des
deux (abstr. 1 018). Le nombre de patients par bras est faible
(respectivement 16, 18 et 31 patients), mais deux bras ont d’ores
et déjà été interrompus pour défaut d’efficacité : aucune réponse
n’a été observée avec le 5-FU seul ou avec l’oxaliplatine en
monothérapie. L’association 5-FU-oxaliplatine entraîne un taux
de réponse de 9,7 %, avec une médiane de temps jusqu’à pro-
gression de 4,9 mois et une survie globale de 9,2 mois.
CANCERS DIGESTIFS
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La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 6 - décembre 2000