2èmes FORUMS Patients 2010 CANCER COLORECTAL Conférence de Presse Pr Philippe ROUGIER, Vice-Président 1 Cancers du Colon et du rectum… Pour une pluridisciplinarité tournée vers les patients Philippe Rougier Fédération des Spécialités Digestives hopital Ambroise Paré 92100 Boulogne - France Agenda de la réunion Généralités sur le cancer colorectal Les options thérapeutiques en 2010 Les perspectives La qualité de vie Discussion et conclusion 3 Généralités 4 Quelle partie du corps est atteinte ? Côlon (ou gros intestin) : - Partie du tube digestif qui suit l’intestin grêle (ou petit intestin) 3 parties : • Côlon droit : cæcum (auquel est accolé l’appendice) + côlon ascendant • Côlon transverse : de l’angle droit à l’angle gauche • Côlon gauche : côlon descendant + côlon sigmoïde Rectum : - Fait suite au côlon sigmoïde (charnière recto-sigmoïdienne) Se termine par le canal anal Se divise en haut, moyen et bas rectum 5 Le CANCER COLORECTAL dans le MONDE Incidence* Western Europe Male Female 39.8 29.0 Eastern Europe Male Female 25.3 18.5 Japan Male Female 39.5 24.6 Australia/ New Zealand Male Female 45.8 34.8 South Central Asia Male Female 5.0 3.8 Northern Africa Male Female 6.0 4.2 Southern Africa Male Female 11.2 8.5 Central America Male Female 8.8 7.9 North America Male Female 44.3 32.8 *Incidence per 100,000 population. Parkin DM, et al. CA Cancer J Clin. 1999;49:33-64. CCR: Importance du problème en France Nouveaux cas / an: 37 913 cas en 2005 H: 19913 ; F: 17500 Incidence*: H: 59,68 ; F: 36,8 Mortalité*: H: 23,2 ; * pour 100 000h (IARC 2006 Ann Oncol 2007): F: 13,2 Le cancer colorectal est-il fréquent ? Régions de forte incidence : - Europe de l’Ouest - Amérique du Nord Incidenc e* Décès Sein 41 845 11 637 Incidence : augmentation lente Prostate 40 209 10 004 France : Cancer Colo rectum 36 257 15 973 Poumon 27 743 27 164 Chiffres pour l’année 2000 •Incidence = •nombre de nouveaux cas annuels (Augmente en Asie) - Plus de 37 000 nouveaux cas/an - = 1 cancer sur 6 ; 3ème cancer le plus fréquent - 2ème cancer chez la femme (derrière le cancer du sein) - 3ème cancer chez l’homme (derrière le cancer de la prostate) - 2ème cause de mortalité par cancer 8 D’où vient le cancer colorectal ? Séquence adénome adénocarcinome Accumulation d’anomalies génétiques Muqueuse colorectale (revêtement de surface interne) normale Dysplasie modérée (de bas grade) Dysplasie sévère (de haut grade) Cancer colorectal 9 D’où vient le cancer colorectal ? Les cellules cancéreuses (malignes) prolifèrent sans contrôle de l’organisme La tumeur se développe d’abord dans la paroi de l’intestin Puis les cellules cancéreuses migrent éventuellement : - - Dans les ganglions lymphatiques (disposés le long d’un vaisseau lymphatique) Dans l’ensemble de l’organisme pour constituer les métastases 10 Quels sont les facteurs de risque environnementaux du cancer colorectal ? Protecteurs Néfastes Activité physique Sédentarité Poids normal Surpoids Apport excessif de calories Fibres alimentaires Régimes riches en protéines (légumes, fruits) (notamment viandes rouges, Vitamines (A, C, D, E) grasses, grillées) Calcium Régimes riches en graisses Anti-oxydants (notamment saturées, animales) Alcool & tabac (sur-risque modéré) 11 Groupes à risque Familles à risque 10% à 30% Lynch: HNPCC 2% à 5% FAP ≤ 1% Cas Sporadiques ≥ 70% 3 niveaux de risque: 3 stratégie de dépistage Burt Gastroenterology 2000;119:837-53 Quels sont les facteurs de risque génétiques du cancer colorectal ? (1/3) Niveaux de risques Très élevé Sujets concernés Risque Fréquence spontané (parmi les de CCR cas de sur CCR) l’existence Syndromes de prédisposition héréditaire : - Polyposes adénomateuses - Syndrome de Lynch <5% 40-100 % 15 % 5-10 % 80 % 3-4 % Antécédent d’adénome « avancé » ou de CCR: Élevé - Personnel - Ou chez un apparenté au 1er degré < 60 ans (ou quelque soit l’âge si 2 apparentés) Antécédent personnel de MICI Moyen Population générale (sans symptômes ni antécédents personnels ou familiaux) CCR : cancer colorectal. MICI : maladie inflammatoire chronique intestinale (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique) 13 Groupes à risque Coloscopie de dépistage +++ Familles à risque 10% à 30% Lynch: HNPCC 2% à 5% FAP ≤ 1% Cas Sporadiques ≥ 70% Campagne de dépistage ++ Burt Gastroenterology 2000;119:837-53 Diagnostic : Coloscopie Les options thérapeutiques en 2010 17 Quelle est l’étendue du cancer ? Conditionne pronostic & traitement Stades I Connue après Bilan d’extension métastatique (imagerie abdominale & thoracique) Examen microscopique de la tumeur (et des ganglions voisins) enlevée par le chirurgien Cancer localisé II III Métastases IV = sans métastase décelée Mais rechute possible, notamment si : - Tumeur volumineuse - Complication révélatrice - Ganglion(s) envahi(s) Cancer généralisé = métastase(s) décelée(s) 18 Stade et survie globale Stade I (T1-2 N0): 15% Survie G : 85–90% Stade IV (Tx Nx M+) : 20–25% Survie G < 5% Métastase + Peu infiltrant ganglions+ infiltrant Stade II (T3-4 N0): 20-30% Survie G : 45% (Colon) – 55% (Rectum) Survie G : 65-75% Stade III (Tx N1-2): 30–40% Survie relative à 5 ans – Eurocare III Côlon Rectum Coleman M, Eur J Cancer 2003 Hommes 49.2 45.1 Femmes 51.0 49.4 DIU – Module 3 Comment se prend la décision thérapeutique ? Prise en charge pluridisciplinaire - Le médecin généraliste est consulté lors de l’apparition des symptômes Le gastro-entérologue effectuant la coloscopie pose le diagnostic Le radiologue, l’anatomopathologiste, le biologiste = bilan d’extension En fonction du projet thérapeutique:, le chirurgien (et l’anesthésiste), le radiothérapeute et/ou le cancérologue ou gastroentérologue La prise en charge suppose aussi l’intervention de nombreux autres acteurs (infirmières, aides soignantes, psychologue, diététicienne, A sociale…) Traitements sont codifiés Traitements discutés en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) La consultation d’annonce diagnostique est utilement suivie d’une consultation d’annonce thérapeutique (projet personnalisé de soins) 21 Les traitements ? La chirurgie: de la tumeur primitive et de certaines métastases Doit être complète et respecter des règles précises peut être facilitée par la chimiothérapie La chimiothérapie et les thérapies ciblées - Action directe sur la cellule cancéreuse ou - Action indirecte en la privant des éléments essentiels à sa multiplication - Traitement général (systémique) - rarement local : intra-artériel hépatique, péritonéal… La radiothérapie: traitement local (diminue les récidives) 22 Dans quels cas la chimiothérapie est-elle conseillée après résection ? Cancer localisé (non métastatique) - Stades II à risque et stades III : risque de rechute >15% Rechute = reprise évolutive cancéreuse - Localement ou à distance (métastases) - Jusqu’à 7 années après l’ablation complète de la tumeur intestinale - Chimiothérapie adjuvante postopératoire : vise à détruire les cellules cancéreuses résiduelles=> diminue le risque de récidive+++ Chimiothérapie IV: FOLFOX (48 h tous les 14 jours) ou orale, / 6 mois Adaptée à la tolérance et l’age (5FU/ac Fol seul après 75 ans ?) Stade II à faible risque: surveillance seule 23 Chimiothérapie adjuvante des cancers du colon: intérêt ? …diminuer les récidives et la mortalité. Chirurgie seule 40 à 70% guéris Pas de bénéfice 60 à 30% récidive réduction du risque # 30% Traitements adjuvants Et en cas de Métastases… quel traitement ? Nouvelle vision de la cellule tumorale Cancer Cell Cancer Cell Endothelial cells Cells Epithelial Classique Nouveau Epithelial Cells Epithelial Cells Quels sont les médicaments utilisés dans le cancer colorectal ? Mécanisme d’action Classe Fluoropyrimidines Médicament Administration 5-fluoro-uracile (5FU) * Raltitrexed Perfusion Bloque la multiplication cellulaire Capecitabine Uracile-tegafur (UFT) oral Dérivés du platine Bloque la multiplication cellulaire Oxaliplatine Perfusion Camptothécines Bloque la multiplication cellulaire Irinotecan Perfusion Antiangiogéniques Bloque l’apport sanguin tumoral Bevacizumab **,*** Perfusion Anti-EGFR Bloque les récepteurs de croissance épidermique (EGFR) à la surface des cellules**** Cetuximab **,*** Panitumumab **,*** Perfusion * ** *** **** Potentialisé par l’acide folinique Thérapies ciblées Anticorps En l’absence d’anomalie (mutation) de la protéine KRAS au sein de la tumeur 27 Les objectifs de la chimiothérapies et des thérapies ciblées Stade IV Stade I 15 % 20-25 % 20-30 % Stade II Traitement « palliatif » 30-40 % Vivre plus longtemps Stade III Et…. 5 à 15% de Résections secondaires Traitement adjuvant Guérir 28 la chimiothérapie et les thérapies ciblées des CCR Augmentent la survie et le confort Permettent des résections secondaires les produits efficaces sont le 5FU, la capécitabine, l’oxaliplatine, l’irinotécan (protocoles FOLFOX ou FOLFIRI ou XELOX et XELIRI) Les thérapies ciblées (bevacizumab et ant-EGFR…) sont efficaces combinées à la chimiothérapie Les toxicités sont en général bien controlées Leurs coûts sont importants justifiant un respect rigoureux des indications En 20 ans la survie médiane des pts ayant un CCRm a été multipliée par 4 Espérance de vie médiane Soins de supports seuls (BSC) 4-6 Bolus 5-FU/LV Meta-analysis JCO 1998 Infusional 5-FU/LV Meta-analysis JCO 2000 Capecitabine Venook Oncologist 2005 11.3 12.1 12-13 Irinotecan + bolus 5-FU/LV Saltz NEJM 2000 14.8 Irinotecan + infusional 5-FU/LV Douillard Lancet 2000 17.4 Bolus 5-FU/LV + oxaliplatin or irinotecan Kalofonos Ann Oncol 2005 17.6 Oxaliplatin + infusional 5-FU/LV (N9741) Goldberg ASCO 2002/2003 18.6 Irinotecan bolus 5-FU/LV + bevacizumab Hurwitz NEJM 2004 20.3 Irinotecan (FOLFIRI) then oxaliplatin (FOLFOX) Tournigand ASCO 2002 Bevacizumab + FOLFIRI or FOLFOX or XELIRI or XELOX; Cetuximab + FOLFIRI or FOLFOX 0 2 4 6 8 10 21.5 >24 12 14 16 Mois 18 20 22 24 26 28 30 32 Dans quels cas la chimiothérapie est-elle conseillée ou nécessaire ? Au stade des métastases (stade IV) - Traitement général recommandé = chimiothérapie et si besoin « thérapies ciblées » - Peut rendre les métastases opérables - Si les métastases restent inopérables : traitement bénéfique si - stoppe la progression de la maladie - Permet de vivre mieux et longtemps - Durée : souvent prolongée plusieurs mois ou années • Plusieurs protocoles possibles • Arrêts temporaires souvent envisageable 32 Métastases hépatiques non résécables…devenues résécables après chimiothérapie Résection chirurgicale Avant traitement FOLFOX 10 cures Post-résection Les perspectives: pluridiscilinarité, concertation, compétence… - Des traitements plus efficaces - Mieux utilisés (combinaisons, alternance, pause…) - Chez des pts sélectionnés (caractère génétique des tumeurs et des patients) - Associant - les tts locaux (chirurgie, radiofréquence, chimio IA, radioembolisation) et - généraux (chimio + tts ciblés) 34 Amélioration de la survie des CCR Côte d'Or – Survie relative par période 100 5-year survival Relative survival 80 1988-91 1996-99 1992-95 1984-87 1980-83 1976-79 60 Median survival 40 20 n = 5,873 0 0 10 20 30 Time in months 40 50 60 Amélioration de la survie au cours du temps – Censurée pour les patients avec résection hépatique Kopetz S et al. JCO 2009 Progrès récents & perspectives (1/2) Imagerie (PET-scan, coloscopie virtuelle) Endoscopie (haute résolution, chromo-endoscopie, prothèses, mucosectomie) Techniques d’ablation des métastases (radiofréquence chirurgicale ou percutanée) Diagnostic génétique des prédispositions héréditaires (Lynch, polyposes) Biologie (facteurs pronostiques, prédiction de l’effet des traitements) Développement des essais cliniques 37 Progrès récents & perspectives (2/2) Nouveaux traitements (anti-angiogéniques, anti-EGFR) Nouvelles stratégies (pause thérapeutique…) Évolutions sociétales (patient partenaire, RCP, Plan cancer) Progrès en survie - 2 fois moins de récidives en cas de cancer stade III - La survie des cancers métastatiques a triplé Les progrès thérapeutiques ont permis maintenant d’atteindre plus de 3 ans de Survie Globale 38 Le futur ? : Un traitement à la carte en fonction des caractéristiques des patients et de leur tumeur? KRAS P53 TS TP Tumeur MSI ERCC 1 Patient Pharmacogénétique : métabolisme des cytotoxiques Demain des Puces pour tous les Patients ? Qualité de vie 40 En 2010… •Augmenter l’index thétapeutique +++ •Quel index ? Efficacité qualité de vie Toxicité dépression La qualité de vie des pts doit être une préocupation constante Face au diagnostic de cancer colorectal ? Aider les patients : - A partager leur souffrance et ainsi la diminuer - À obtenir du soutien (privé et/ou professionnel) - A mieux s’adapter à la maladie - A accepter une aide psychologique 42 Face aux traitements du cancer colorectal ? Informer sur les effets des traitements avec les infirmières et inviter les patients à poser des questions pour: - Aider les patient à mieux maîtriser l’incertitude et l’angoisse - Aider les médecins et soignants à ajuster les traitements à la situation individuelle du patient - A permettre aux patients et soignants de créer un projet thérapeutique commun et rassembler leur force pour se battre contre la maladie 43 Gérer la fin des traitements ? Malgré un certain soulagement, la fin des traitements peut provoquer une angoisse - Savoir que cette angoisse n’est pas inhabituelle, peut aider à la surmonter - Planifier des visites médicales régulières après la fin des traitements, peut diminuer cette angoisse - Faire recours à une aide de soutien psychologique peut parfois être nécessaire pour retrouver son ancien équilibre 44 Cancer : la peur d’en parler Parler du cancer et des traitements - Est souvent libérateur - Permet aux proches de : - Mieux comprendre votre situation - Vous soutenir plus efficacement 45 Echanger et partager avec d’autres patients atteints d’un cancer colorectal L’échange permet de : - Briser la solitude - Connaître différentes pistes de prise en charge thérapeutique - Faire face à la maladie et à ses traitements avec des patients connaissant ou ayant connu le même parcours - Se soutenir mutuellement 46 Aspects relationnels - les proches Le cancer et les traitements peuvent changer l’ aspect et diminuer les forces physiques et psychiques des patients Pour préparer les proches et leur permettre d’anticiper ces changements, de comprendre mieux les patients et de les soutenir, il faut les informer 47 Les cancers colorectaux Points essentiels - Importance du dépistage / prévention - Progrès de la génétique et de la biologie moléculaire - Prise en charge thérapeutique multidisciplinaire • Rôle majeur de la chirurgie • Meilleure connaissance des facteurs pronostiques • Progrès importants des traitements médicaux • Meilleure sélection des traitements • Prise en compte de la qualité de vie • Collaboration Oncologues / Gastroentérologues Discussion 49 Et des coûts de plus en plus élevés € Surface corporelle de 1,7 m2, 3 mois de traitement 14000 12000 10000 8000 6000 4000 2000 0 LV5FU2 FOLFIRIFOLFOX4 FOL FOL FIRI- FIRI- avastin erbitux Coût médicaments uniquement