ÉDITORIAL Cancer : la France dans le peloton de tête “ À l’heure où les Français sont particulièrement moroses, voici, grâce aux résultats de l’étude EUROCARE, quelques raisons d’espérer. Cette étude porte sur 116 registres du cancer de 30 pays d’Europe et inclut les données de 21 millions de patients. Le diagnostic de ceux-ci a été porté entre 1999 et 2007. C’est la cinquième analyse de ce baromètre qui, pour 10 des principaux cancers, dénombre les patients, mais surtout évalue leurs chances de survie en fonction de leur pays et de leur âge. Pr Jean-François Morère Rédacteur en chef de La Lettre du Cancérologue ; service d’oncologie médicale, hôpital Avicenne, Bobigny ; hôpital Paul-Brousse, Villejuif. Elliss-Brookes L, McPhail S, Ives A et al. Routes to diagnosis for cancer - determining the patient journey using multiple routine data sets. Br J Cancer 2012;107(8):1220-6. De Angelis R, Sant M, Coleman MP et al.; the EUROCARE-5 Working Group. Cancer survival in Europe 1999-2007 by country and age: results of EUROCARE-5-a population-based study. Lancet Oncol 2013; pii: S1470-2045(13)70546-1. J.F. Morère n’a pas précisé ses éventuels liens d’intérêts. Globalement, le taux de survie à 5 ans s’élève de façon constante, et ce particulièrement pour le cancer de la prostate (81 %), les lymphomes non hodgkiniens (60,4 %) et le cancer rectal (57,6 %). Si, comme les auteurs de l’étude en font l’hypothèse, la survie des patients atteints de cancer est un élément clé de l’évaluation de l’efficacité des systèmes de santé, “la France n’a pas à rougir de ses résultats”, comme le souligne le Dr Jérome Viguier, responsable du pôle santé publique et soins de l’INCa. Sur 200 000 cas de cancers diagnostiqués entre 2000 et 2007, les taux de survie en France sont mesurés au-dessus de la moyenne européenne, avec des taux supérieurs à 80 % (sein, mélanome, prostate). Si l’on en croit ce principe, certaines organisations semblent à éviter, comme celles des îles britanniques et de beaucoup de pays de l’est de l’Europe, où les chiffres sont bien moins spectaculaires. Pour mémoire, un article sur la proportion “shocking” de patients, en particuliers âgés, dont le diagnostic de cancer était réalisé tardivement et aux urgences des hopitaux britanniques. Les raisons mises en avant pour expliquer de bons résultats sont, ainsi, un bon accès aux soins, l’intensité du dépistage, mais aussi les facteurs socioéconomiques et le mode de vie. Espérons que nos responsables ne se contenteront pas de cette photographie jaunie de 2008, mais sauront s’inspirer de ces résultats pour maintenir un certain modèle français à l’heure où la précarité guette de plus en plus de nos compatriotes. Hommage 430 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 11 - décembre 2013 ”