REVUE DE PRESSE
coordonnée par
le Dr F. Beygui
La Lettre du Cardiologue • n° 451 - janvier 2012 | 9
Commentaire
Cette étude, observationnelle, comporte donc
les limites inhérentes à cette approche. Les méca-
nismes pouvant expliquer le surrisque d'IDM chez
les insomniaques sont hypothétiques (hypertonie
sympathique, hypertension artérielle, modifica-
tions endocrines et métaboliques, effet pro-
inflammatoire) ; néanmoins le lien paraît bel
et bien exister, en insistant sur l'aspect quali-
tatif du sommeil (on peut dormir peu et bien).
Les apnéiques n'ont pas été recherchés dans la
cohorte, mais les quelques questions à poser à
nos patients pour apprécier leur sommeil pour-
raient facilement, en cas d'insomnies, permettre
une protection supplémentaire contre le risque
d'IDM par l'adoption de mesures hygiénodiété-
tiques simples.
Référence bibliographique
Laugsand LE, Vatten LJ, Platou C, Janszky I. Insomnia and
the risk of acute myocardial infarction: a population study.
Circulation 2011;124:2073-81.
pérateur au moins 1fois par semaine (8%) était associée en analyse multivariée et après
ajustement à un surrisque d'IDM de 1,45(IC95
:
1,18-1,8), 1,3(IC95
:
1,01-1,68) et 1,27(IC95
:
1,03-1,57) respectivement. Il existait une relation dose-dépendante entre l’intensité de ces
manifestations et le risque d'IDM (p=0,003). Les résultats étaient confirmés après des
analyses de sensibilité excluant les 5premières années de suivi, les patients avec pathologie
somatique ou l'emploi de sédatifs. Un effet saisonnier a été observé (lien plus fort entre des
difficultés d'endormissement et un IDM en période de faible luminosité). Aucune différence
entre les sexes n'a été mise en évidence, et l'exclusion des patients sous sédatifs renforçait
le lien insomnies-IDM, suggérant un possible effet bénéfique des sédatifs par réduction
des difficultés d’endormissement.
ABA
Commentaire
La DAoA est rare, mais grave, de présentation
atypique dans 25% des cas ; le fait d'être une
femme, un sujet non blanc en Europe, d'avoir de
la fièvre et une insuffisance cardiaque doit, en cas
de douleur thoracique non typique, y compris chez
les patients pontés ou opérés (valves), conduire
à évoquer une DAoA. Les centres non tertiaires
doivent impérativement être sensibilisés à ces
formes et aux formes typiques, et s'organiser en
réseau avec les centres chirurgicaux au moyen de
protocoles de diagnostic (scanner ou IRM) et de
transfert urgent.
Référence bibliographique
Harris KM, Strauss CE, Eagle KA et al. The International
Registry of Acute Aortic Dissection (IRAD). Correlates of
delayed recognition and treatment of acute type A aortic
dissection. Circulation 2011;124:1911-8.
Registre international des dissections aortiques
aiguës de type A : analyse des causes de retard
de diagnostic et de prise en charge chirurgicale,
à propos de 894 patients
Les dissections aortiques aiguës de type A (DAoA) représentent une urgence chirurgicale,
avec un taux horaire de décès de 1à 2% à partir du début des douleurs ; bien que de
nouvelles recommandations (américaines) viennent d'être éditées, les lacunes de la prise
en charge doivent être connues pour être corrigées.
Le registre IRAD (International Registry of Acute Aortic Dissection) a inclus 894patients
présentant une DAoA (< 14jours) non traumatique de 1996à 2007sur 24centres de 11pays.
Les facteurs de retard au diagnostic et à la prise en charge chirurgicale ont été analysés.
Le temps moyen entre l'arrivée aux urgences et le diagnostic était de 4,3heures (1,5à
24h), en amélioration dans le temps (4,5h entre1996et1999, et 4,2h au-delà) ; le fait
d’être une femme, l’absence de symptômes typiques (douleur thoracique ou dorsale brutale
violente, hypotension, asymétrie des pouls) ou la présence de fièvre ou d'insuffisance
cardiaque, ainsi que la présentation initiale dans un centre non tertiaire entraînaient un
retard au diagnostic. Le temps moyen entre le diagnostic et la chirurgie était de 4,3heures
(2,4-24h, en amélioration : 4,8h puis 4h), avec un retard en cas d'antécédents de chirurgie
cardiaque, en particulier de pontages, de présentation non brutale ou non algique, ou dans
un centre non tertiaire, et chez les sujets de couleur non blanche (en Europe uniquement :
barrière linguistique ?). La nature du premier test diagnostique modifiait les délais : un ECG
anormal avec une ischémie myocardique (20% des DAoA), une radiographie de thorax
faussement rassurante (20% des cas), ou un hématome aortique faisant à tort repousser
la chirurgie provoquaient un retard de diagnostic et de prise en charge, alors que le scanner
raccourcissait les délais. Les patients les plus gravement atteints (hypotension, ischémie
de jambe, tamponnade, choc, coma) étaient les plus rapidement diagnostiqués et traités.
ABA